[Alice Scarling] Lacrimosa

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lacrimosa

Lacrimosa
Tome 01 d’Un requiem pour Sascha
Alice Scarling
Milady, mai 2014
Bit-lit
Prix 7,10 €
312 pages

Orpheline, nonne, allumeuse, musicienne, tueuse de vampires…
Mes amis m’appellent Sascha, mes ennemis ne me connaissent pas. Cela dit, je ne sais pas vraiment non plus qui ou ce que je suis. Ça ne m’a jamais empêchée de profiter de la seule chose positive que cette vie a bien voulu me donner : mon pouvoir, posséder le corps de n’importe qui d’un simple contact. Ce don étrange me permettait d’éliminer les suceurs de sang, ceux qui ont brisé mon existence. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Raphaël. Énigmatique, létal, irrésistible, totalement immunisé contre mon pouvoir… et en mesure de me fournir la vengeance qui m’échappe depuis tant d’années.

Sascha est une jeune femme un peu paumée. Elle a été abandonnée à sa naissance à la porte d’un couvent, elle a eu une nonne pour mère adoptive et elle a dû assister au massacre des religieuses qui formaient sa famille par des vampires. Seule au monde, sans rien savoir de son identité et de son origine, elle avance désabusée dans la vie. En plus, elle a un don particulier : elle peut posséder les gens au simple contact avec leur peau. Elle s’en sert pour vivre, en dépouillant la jeunesse argentée dans des clubs. Accessoirement, elle tue les vampires qui traversent sa route pour venger les nonnes. Pourtant, à cause de ce don, elle ne s’ouvre à personne et est très secrète : comment expliquer ce qu’elle ne connaît pas ? Elle-même est perdue.
Elle joue dans un groupe de rock, les Nightshade, avec Julien, Damien et Nicolas. Nicolas qui est amoureux d’elle et squatte son énorme appartement, jusque-là vide et froid et gris, dans l’espoir de le transformer en chez-eux. Ces trois garçons sont ce qu’elle a de plus proche après la mort de sa mère, pourtant, eux non plus ne la connaissent pas, ils ne la comprennent pas.

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Voyez-vous, quand Sascha possède quelqu’un (ou plusieurs “quelqu’uns” dans une soirée), elle ressent comme une gueule de bois et une envie de sexe. D’une, elle ne boit pas ni ne se drogue sinon c’est dangereux. De deux, elle ne peut pas avoir d’orgasme sous peine de se retrouver dans la peau de son amant du moment. Alors quand elle passe la nuit avec Nicolas, on ne sait pas trop bien qui est le plus frustré : Sascha parce qu’elle doit se retenir ou Nicolas parce qu’il croit qu’il ne peut pas satisfaire la fille dont il est amoureux ?

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Pour les garçons, Sascha, tout en étant leur amie, est capricieuse, égoïste, un peu ivrogne, quelqu’un sur qui on ne peut pas (ou plus) compter. Elle veut se défendre, elle veut expliquer son comportement, mais elle s’en empêche de peur de les effrayer.
Sascha, pour le lecteur, est une héroïne trouble. Elle est à l’aise dans son corps et c’est une allumeuse innée, certes, mais sous cette carapace, c’est une fille totalement perdue qui ne sait pas comment faire pour être normale, qui ne sait pas comment être avec les gens. Elle n’est pas mauvaise. Même si elle veut venger sa famille et tuer tous les vampires qu’elle croise, elle n’est pas rancunière. Si vous lui demandez pardon bien comme il faut, elle peut pardonner les actes les plus perturbants. Elle n’est pas comme la plupart des héroïnes de bit-lit : elle n’a aucun sens de la répartie, regrette souvent ses mots parce qu’ils ne sortent pas comme elle veut, elle pleure à chaque fois qu’elle n’arrive plus à faire semblant d’être forte, elle ne sait pas se défendre, ne sait pas se faire pardonner parce qu’elle compense une bourde par une autre. Pour quelqu’un qui a un don aussi puissant (et inquiétant), Sascha est drôlement humaine, confuse, attachante.
Puis arrive Raphaël, que Sascha pense être un vampire, mais elle est loin du compte. Le lecteur devine son identité bien avant Sascha. Il a des allures de Duncan MacLeod (du clan MacLeod) avec sa longue veste et son épée (à la différence qu’il a des cheveux et des yeux gris). Lui, elle ne peut pas le posséder. Mais en échange, elle peut aller beaucoup plus loin dans sa vengeance. Mais jusqu’où vraiment ?
Dans ce roman, alors qu’on pense atteindre un but, on découvre qu’il y a encore quelque chose derrière la porte. On trouve un nouveau problème, un nouveau point d’interrogation. Rien n’est jamais réellement résolu, que des révélations qui provoquent d’autres questions qui s’ajoutent aux précédentes. À la toute dernière phrase du roman, on veut tourner la page et… que se passe-t-il après ?! (Les cliffhangers devraient être interdit par l’OMS.)

Les –

  • Sascha est une fille confuse, du coup, on a parfois du mal à comprendre sa façon (inappropriée) de réagir.

Les +

  • Ce roman est un nanoroman français !
  • Une superbe couverture (pour commencer!).
  • L’histoire comme autant des poupées gigognes (on trouve une façon d’avoir une réponse, on se retrouve avec une nouvelle question et une idée de réponse). On veut la suite.
  • Le chapitre 13 : j’ai le sentiment qu’avant, Sascha s’apitoie un peu trop sur son sort. Dans ce chapitre très touchant, elle se dévoile et on comprend beaucoup mieux ce qu’il se passe dans sa tête. À partir de ce chapitre, elle essaie de se reprendre en main (même si ce n’est pas aisé) et c’est très appréciable.
  • Raphaël (pas besoin de dire plus).
  • La vision qu’on nous donne de l’endroit le plus menaçant/inquiétant de notre histoire. Celui où on voudrait éviter d’atterrir, mais qui a l’air quand même pas mal.
  • Raphaël.
  • La fin (hein ?!).

La suite et la fin de Lacrimosa s’appellent Dies iræ (tome 2) et Agnus Dei (tome 3). Ces titres font (un peu) peur…
Merci aux éditions Milady de m’avoir permis de lire ce roman (alors que je bavais littéralement sur les extraits que l’auteur publiait sur Twitter !).

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[Défi] Les 24 heures de la nouvelle

Parole à Jérôme Cigut, créateur des 24 Heures de la nouvelle qui se déroulera du 31 mai au 1er juin prochain.

Les 24 Heures de la Nouvelle 2014, qu’est-ce que c’est ?

C’est un grand jeu, un potlatch à l’ère du numérique.
Concrètement : du 31 mai au 1er juin prochains, des dizaines d’auteurs francophones (39 l’an dernier, au moins 44 cette année), confirmés ou non, vont se donner 24 heures pour rédiger chacun une histoire complète d’au moins 5 000 signes (espaces comprises ^^) autour d’une contrainte qui sera dévoilée à la dernière minute. Chaque auteur pourra ensuite publier son texte sur le site des 24 Heures, ainsi que sur son propre blog.
Tout le monde peut participer — les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 25 mai. Ah, et la contrainte n’est pas choisie par une éminence grise : elle est tirée au sort parmi toutes les propositions des participants. Jusqu’à la dernière minute, personne ne sait ce qui va s’appliquer.

D’où vient l’idée ?

À l’origine, d’une BD qui m’avait fait découvrir Boulet, Le Ténébreux. L’histoire m’avait beaucoup impressionné, mais je suis tombé de ma chaise quand j’ai appris qu’il l’avait réalisée en une seule journée, lors des 24 Heures de la BD d’Angoulême.
J’aurais adoré faire la même chose, mais je suis incapable de dessiner, même si ma vie en dépendait. Par contre, je sais (vaguement) écrire… et de fil en aiguille, c’est ainsi que nous avons lancé les 24 Heures de la Nouvelle l’an dernier.

Pourquoi « donner » gratuitement une nouvelle sur Internet, au lieu de l’envoyer à un éditeur ?

Pour la même raison que beaucoup d’auteurs tiennent un blog, une page Facebook, un compte Twitter, un Pinterest : pour toucher les lecteurs, exposer son identité et son univers. Mais au final, nous sommes des écrivains. Ce que nous faisons, ce que les gens attendent de nous, ce sur quoi ils nous jugent, ce sont d’abord et avant tout nos histoires. Donc pourquoi ne pas proposer à l’occasion un avant-goût, une bouchée ?
Et puis je ne suis pas sûr qu’Internet et l’édition traditionnelle s’opposent réellement. Si vous adorez les notes de Boulet, vous pouvez les acheter sur papier chez Delcourt. De même, Cory Doctorow offre la version électronique de ses romans sur son site depuis des années : si vous les aimez, vous pouvez les acquérir.
L’attrait supplémentaire des 24 Heures, ce sont les liens et les opportunités qu’elles créent. Au fil des pages, les internautes peuvent découvrir des auteurs qu’ils n’auraient peut-être jamais connus autrement, aller explorer leurs blogs, et de là peut-être franchir le pas et lire leurs autres écrits. Cela a beaucoup moins de chances d’arriver si chacun se focalise uniquement sur son propre blog et dépend du hasard des moteurs de recherche.

D’autant que sans les 24 Heures, ces nouvelles n’auraient peut-être jamais existé.

C’est vrai : nul ne sait si vous auriez eu l’idée de cette histoire si une autre contrainte avait été tirée au sort.
De plus, je vois cela comme un texte « bonus » : sans les 24 Heures, peut-être ne passerais-je que deux ou trois heures à écrire ce week-end-là — certainement pas assez pour rédiger une histoire complète.
Ah, et j’oubliais : c’est aussi très drôle de découvrir après coup comment les amis ont réussi à se dépatouiller de la contrainte, de leur côté !

Des coups de cœur, parmi les textes de l’an dernier ?

Beaucoup ! J’ai beaucoup aimé Une langue morte, d’Alex Evans — un conte d’Heroic Fantasy qui rappelle le Robert E. Howard de Conan le Barbare, mais avec une sensibilité féminine très intéressante. Également Mile High Club de mon camarade hongkongais Stewart McKay (en anglais), qui a sublimé la contrainte pour bâtir un récit choral, dans un avion. Et que dire d’Il suffit de passer le pont de Luce Basseterre, qui nous a dynamité la contrainte façon puzzle : il fallait caser cinq titres de chansons du même artiste, elle en placé… quarante-deux. Allez les lire ! Et peut-être, rejoignez-nous ?

Alors, partants ? Vous avez jusqu’au 25 mai pour vous inscrire ! Clic !

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Lettre aux jeunes auteurs qui se lancent

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Chers jeunes auteurs,
J’ai été comme vous. D’ailleurs, je suis toujours une « jeune auteure », puisque je n’ai pas encore fait mes preuves dans le milieu de l’édition. Mais j’ai déjà essuyé pas mal d’échecs et vu des vertes et des pas mûres. Même si je suis partisane du « il faut tomber pour apprendre », il n’y a aucun mal à dire à ceux qui viennent juste derrière nous « attention, il y a un trou ». Alors, si je peux vous éviter de tomber dans un trou, peu importe sa taille, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas.
Voici donc cinq conseils. Ce ne sont que des suggestions, après, vous êtes libres de les suivre.
Ou pas.

01 – N’envoyez jamais de premiers jets.

Qu’est-ce qu’un premier jet ? C’est l’histoire (avec un début, un milieu et une fin) telle que vous l’avez écrite la toute première fois, sans relecture ou correction. En bref : c’est un brouillon complet ! Un roman publié n’est pas un premier jet : il est relu, corrigé, décortiqué, pendant des mois s’il le faut. C’est un réel travail. Prenez conscience qu’écrire c’est  5 % d’inspiration et 95 % de sueur.
Et des larmes aussi.

02 – Ne vous lancez pas dans une multilogie dès le départ.

Les trilogies ont toujours existé, mais depuis quelques années, on n’entend que ça de la part des jeunes auteurs. Écrivez d’abord un roman, avec une vraie fin (les fins ouvertes sont bien sûr acceptées). Travaillez-le vraiment. Si vous avez envie d’en faire une série, le seul conseil que je vous propose c’est de la terminer avant de la soumettre. Ça vous évitera des blocages d’écriture ou même des incohérences dans l’intrigue.

03 – Faites attention au fond et à la forme.

Entourez-vous de personnes de confiance (ou des professionnels) et corrigez minutieusement votre roman. Être éditeur, c’est un métier. Des centaines de manuscrits s’accumulent et un éditeur ne va pas perdre son temps à décortiquer votre écriture. Faire des fautes ou écrire en langage texto (j’exagère à peine) vaut à votre tapuscrit un passe-droit dans la corbeille. Faites-vous bêta-lire et/ou corriger, et respectez les normes typographiques (elles peuvent changer selon les éditeurs, renseignez-vous).

04 – Renseignez-vous et ciblez bien les éditeurs.

N’envoyez pas vos tapuscrits n’importe où ! Renseignez-vous ! Sachez cibler vos envois. Ne vous étonnez pas d’être refusé (malgré la qualité de votre prose) si vous soumettez un roman avec des vampires à un éditeur qui ne fait que de la blanche (= sans une once de fantaisie possible). Élargissez votre listing, il n’y a pas que les éditeurs germanopratins. Fouillez un peu, demandez des avis, prenez en compte les témoignages sur le web. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu.

05 – Ne payez ni éditeur ni agent littéraire, jamais.

Si vous ne vous lancez pas dans l’autopublication, ne payez jamais pour être publié.
Si un agent littéraire vous demande de le payer avant de démarcher pour votre roman, fuyez. Un agent est payé avec un pourcentage de vos droits d’auteur, alors il a intérêt à bien vendre votre roman.
Si un éditeur vous demande une participation financière, fuyez. C’est du compte d’auteur et vous serez grillé pour pas mal de temps.

Enfin, écrivez.
Écrivez tout le temps.

 

Billet publié le 22 mai 2013

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L’espace-temps éditorial expliqué aux bébés-auteurs (deuxième partie)

bbEn septembre dernier, on avait rapidement vu ce qu’était l’espace-temps éditorial pendant les soumissions. Aujourd’hui, on parlera de l’espace-temps éditorial après acceptation du manuscrit. Le bébé-auteur pense que les galères sont finies. Que nenni. Ce serait trop simple.
Mais avant toute chose, si cette étape vous concerne, BRAVO !

9 – Le calendrier éditorial n’est pas le vôtre

Quand on propose enfin un contrat, le bébé-auteur pense que c’est bon, que l’attente est finie. Mais non, les amis, ça ne se passe pas comme ça. Déjà, l’éditeur va donner une date, et là, ça peut un peu faire refroidir les ardeurs et descendre l’enthousiasme. Certains éditeurs ont des plannings sur plusieurs années, donc un premier roman peut être publié en tant que deuxième si on trouve un second éditeur pour un autre roman entre-temps (simple).
Il y a des éditeurs qui acceptent toujours des manuscrits même si leur calendrier est bouclé pour plusieurs années, d’autres clôturent leurs soumissions pour un temps (in)déterminé. Le bébé-auteur qui n’a pas vérifié leurs sites risque une fessée.

10 – Le travail éditorial

Vu le nombre de fois où un manuscrit peut circuler entre l’auteur et l’éditeur, le bébé-auteur ne doit pas essayer de prévoir le temps qu’il faudra. Quand on a terminé un premier passage, on aura droit à un second. Dans la joie et la bonne humeur. À ce stade, on a marre de se relire et on a besoin de vacances. (Mauvaise pioche.) Le texte peut revenir deux, trois, quatre fois (et encore). À chaque passage, on trouve encore des couacs ; quand il n’y en a plus, il y en a encore.
Si vous êtes perfectionniste, choisissez un autre métier.

11 – Le BAT

Le bébé-auteur ne connaît pas toujours l’existence du BAT, le « bon à tirer ». C’est la toute dernière relecture avant l’impression si on est publiés en papier (l’équivalent numérique est le BAN, « bon à numériser »). On reçoit la maquette (en papier ou en .pdf) et on nous dit « c’est pour hier ».
On laisse tout tomber, famille, amis, travail, vie. Jusqu’à présent, c’était plutôt cool, côté délais. Il faut relire son texte et relever les dernières coquilles en 12, 24 ou 48 (les chanceux !) heures (le bébé-auteur a intérêt à écrire court ou à lire vite, c’est selon). Et là, misère. Des coquilles, il en reste. On a même envie de changer des trucs, mais… le BAT ne sert pas à ça. On relève les fautes, on les envoie et c’est fini. On n’a plus son mot à dire.
Sauf si on est publié en numérique et là, le fichier peut être modifié même après publication (mais, entre vous et moi, c’est (un peu) mauvais signe).

Cher bébé-auteur,
N’essaie pas de régler ta montre sur l’espace-temps éditorial, ça risque de ne pas servir à grand-chose.  Essaie juste de t’adapter à chaque situation qui se présente et vois les choses du bon côté. Quand tu signes, ne pense surtout pas que ton travail est terminé, au contraire. C’est juste une nouvelle étape et tu vas suer autant, si ce n’est pas davantage, qu’avant et/ou pendant la soumission.
Et si on te dit que c’est l’éditeur qui fait tout et que c’est terminé, alors c’est quelqu’un qui n’y comprend pas grand chose.

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L’espace-temps éditorial expliqué aux bébés-auteurs (première partie)

This entry is part 1 of 3 in the series L'édition expliquée aux bébés-auteurs

bbLes bébés-auteurs sont des êtres qui évoluent dans un monde à part. Si nous vivons dans une dimension et les éditeurs dans une deuxième, je pense que les bébés-auteurs viennent d’une troisième planète. Ils sont innocents, ils ont de grands rêves et tombent des nues lorsqu’ils apprennent les vérités qui font mal. Le pire, c’est que la majorité d’entre nous a déjà eu un moment bébé-auteur embarrassant…

1 – « Six mois pour se publier, c’est long ! »

Le bébé-auteur n’a aucune connaissance de la temporalité de l’édition. Il ne sait pas (encore) que les éditeurs ont leur propre espace-temps et que se faire publier prend, minimum, six mois. Maximum ? Mieux vaut ne pas lui donner des sueurs froides. Il y a des maisons d’édition qui ont des plannings sur plusieurs années.

2 – « J’ai mis mon roman en vente sur Lulu/TheBookEdition parce que j’avais marre d’attendre/les réponses tardent à arriver. »

Le bébé-auteur n’a aucune connaissance de la temporalité de l’édition. Il n’a pas encore appris qu’un des traits de l’écrivain doit être la patience. Sans patience, c’est la porte ouverte à toutes les frustrations. Les réponses (refus inclus) n’arrivent pas la semaine qui suit la soumission. Cela peut prendre des mois. Il y en a même qui arrivent toute une année après l’envoi. Long ? Oui. Extrêmement. Mais c’est la réalité de la chose.
Ensuite, mettre un roman en vente alors qu’on l’a soumis aux éditeurs, c’est une mauvaise idée. Les éditeurs veulent (souvent) de l’inédit, jamais publié (= disponible au public, du coup, même en ligne gratuitement n’est plus de l’inédit).

3 – « J’ai mis mon roman en vente sur Lulu/TheBookEdition pour attirer l’attention des éditeurs. »

Le bébé-auteur a l’impression que les éditeurs ne croulent pas suffisamment sous les manuscrits pour qu’en plus, ils plongent dans les plateformes d’impression à la demande à la recherche de la perle rare.
Le seul moyen d’avoir un éditeur intéressé par quelque chose de déjà publié, c’est son succès.

Cher bébé-auteur,
Tu plonges dans un milieu avec ses bizarreries, mais tu verras, c’est très instructif. Ça ne fait rien si tu ne sais pas toutes ces choses. Nous sommes ici pour t’aider, si tant est que tu veuilles de l’aide (NDLA : les bébés-auteurs n’aiment pas les conseils non-sollicités).
Être écrivain ne veut pas dire qu’il faille juste travailler le scénario de son histoire, corriger et savoir présenter son manuscrit (ça aide beaucoup, par contre). Être écrivain c’est aussi apprendre la patience. Tout est attente. Un éditeur et un Africain sont réglés sur la même montre (NDLA : j’ai le droit de dire ça, je suis africaine) : quand on te dit « demain », c’est sûrement la semaine prochaine ; quand on te dit « bientôt », ne retiens pas ta respiration. Je ne dis pas qu’on s’habitue (la montre africaine me donne des maux de tête), mais il faut composer avec.
Après la soumission, cher bébé-auteur, passe à autre projet, écris un autre roman. Tu verras que tu auras le temps de terminer le premier jet quand tu recevras le premier refus/la première réponse.

Billet originellement publié le 3 septembre 2013.

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