Concilier études et publication : Samantha Bailly

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[Espaces Comprises] : Pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Samantha Bailly : En quelques mots, Samantha Bailly, 24 ans, un master de lettres et d’édition en poche. Après presque deux ans à travailler dans la société de jeux vidéo Ubisoft, je me consacre à présent à l’écriture. J’ai à mon actif des parutions assez variées : roman de fantasy, roman contemporain, roman épistolaire, thriller, conte pour enfants, pour des éditeurs tels que Bragelonne, Milady, Rageot, Volpilière ou encore nobi nobi !

Ça, c’est sur le papier. De façon plus spontanée et viscérale en une phrase : l’aiguille de ma boussole inté­rieure a toujours pointé sur le verbe « écrire ».

[EC] : Comment t’organises-tu ?

SB : Pour résumer, écrire est pour moi une nécessité que j’ai apprivoisée. [Pendant mes études], la période la plus représentative a été l’écriture du tome 2 d’Au-delà de l’Oraison, La Chute des Étoiles, durant mes études. Je savais que j’avais huit mois pour écrire un million de signes. J’ai donc, comme d’habitude, découpé mon roman en parties, puis en chapitres, tout en sachant que l’organisation peut parfois évoluer durant l’écriture. Ensuite, j’ai créé mon planning. En me donnant ainsi des objectifs par semaine, j’écrivais ensuite dès que possible : sur des pauses, le soir, en cours parfois… L’inspiration trouve toujours son chemin. 😉

[Aujourd’hui], j’ai des périodes d’écriture intensive et d’autres de repos, où je me nourris de ce qui m’entoure, où je m’imprègne d’atmosphères. C’est un cycle que je commence à bien connaître. J’ai écrit mes précédents romans en parallèle de mes études ou de mon emploi. À présent, j’ai la chance de pouvoir vivre de l’écriture et donc d’enfin faire tourner mes journées exclusivement autour de ma passion. Je crée un tableau Excel récapitulant mes projets, puis un planning plus détaillé. C’est une circulation permanente entre l’inspiration intensive, spontanée, et un découpage rigoureux de mon temps. Pour pallier la solitude du métier, je vais parfois travailler en open-space, par exemple chez les éditions Bragelonne qui ont la gentillesse de m’accueillir.

[EC] : Est-ce que tes études ont influencé ton écriture ?

SB : Mon parcours scolaire et universitaire a été très enrichissant. D’ailleurs, je l’ai souvent dit, c’est quand mon prof de philo a parlé d’oraison funèbre qu’a germé l’idée d’Oraisons. Dans ma façon de voir les choses, l’écriture est un alambic. Parmi bien d’autres choses, les cours lui ont fourni de nombreux éléments essentiels pour enclencher l’alchimie. Élève appliquée, j’ai toujours pris énormément de notes, mais des notes agrémentées de précisions dans la marge, par exemple « Tiens, notion intéressante pour le tome 2 », ou « Ah, fait de société qui pourrait s’appliquer à Volplume », etc.

[EC] : Est-ce que ton écriture a influencé tes études ?

SB : Oui, dans le sens où mon objectif principal a toujours été celui d’écrire. De façon très prosaïque, j’ai bien vite compris que pour vivre et être indépendant, il faut étudier, trouver un travail, gagner de l’argent. Je me suis alors dit que j’allais tout faire pour conjuguer ma passion avec le réel, en me rapprochant au maximum de ce qui me passionne. C’est pour cela que j’ai choisi de faire des études de lettres, puis d’édition.

[EC] : Comment jonglais-tu entre les études et les parutions ?

SB : Concilier les études et les parutions n’a jamais été un problème : l’université offre une véritable flexibilité. La vraie difficulté a été de jongler ensuite entre les études, le travail et l’écriture. Trois vies en une. Honnêtement, cela m’a drainé énormément d’énergie, ce qui m’a permis de placer mes limites.

[EC] : Comment conciliais-tu les études et les interventions ?

SB : Comme je le disais, cela n’a jamais vraiment été un problème, écrire, faire des salons, intervenir, est une activité extra-scolaire comme les autres, bien qu’un peu atypique à mon âge.

[EC] : Comment était perçue l’écriture dans ton entourage scolaire ?

SB : Écoute, je n’ai pas fait de sondage (rires). Mon « entourage étudiant proche » m’a beaucoup soutenue lors de la parution de mon premier roman en 2009, à l’époque où j’étais encore en licence. Certains m’ont aidée à aller démarcher les librairies, ont fait de la promo via les réseaux sociaux, etc. Je leur en suis très reconnaissante.

[EC] : Quelle est ton actualité ?

SB : Une année 2013 assez chargée ! Un diptyque de fantasy, Oraisons, qui est réédité en mars chez Bragelonne, un roman contemporain, Ce qui nous lie, à paraître en avril chez Milady dans la collection Grande Romance, et À pile ou face, un thriller young adult à paraître chez Rageot en septembre. Cela paraît assez énorme en une seule année, mais ce sont des projets écrits en amont, et tout se concrétise en simultané.

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La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Épilogue

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Voilà, je vous ai traîné sur dix articles et c’est maintenant que vous allez comprendre que je ne suis en fait rien de plus qu’un sadique, car tout ceci n’était pour rien !

En effet, je n’ai qu’un conseil à vous donner, contrairement à l’adage bien connu : « ne faites pas ce que je dis, faites ce que je fais ».

 Pour forfait illimité*, je ne suis retourné à cette méthode qu’à la moitié du récit. Pour Marqueur 26, un bon quart existait déjà sous forme de roman-feuilleton avant que je ne décide de le convertir en roman et ne commence à gribouiller ma petite phrase de l’étape 1.

Je ne passe pas forcément le temps indiqué pour chaque étape, j’en « bâcle » même quelques-unes. Allez-y, butinez, grappillez ce qui vous est le plus utile. Je ne vois que 3 raisons de les suivre religieusement :

  1. C’est votre premier projet de roman. Si vous passez du court métrage (la nouvelle ou le poème) au long métrage (le roman) ou si c’est, tout simplement, votre première incartade dans l’écriture, les garde-fous vous seront d’autant plus utiles.
  2. Vous êtes perdu. Que ce soit parce que vous n’avez plus écrit depuis longtemps ou parce que vous n’êtes plus au centre de cette zone de création qui vous guide habituellement, le doute peut vous faire renoncer. Vous focaliser sur la méthode peut être le rocher salvateur dans la tempête, le moyen de tenir en attendant une accalmie.
  3. Vous êtes pris par le temps. Étrangement, moins on a de temps pour écrire, plus il est important d’en investir pour formaliser la préparation. De fait, si vous êtes libre et écrivez à la journée longue, vos idées peuvent rester en tête sans se dénaturer par vos autres activités. Par contre, si vous devez jongler avec votre emploi du temps, votre boulot, la famille et autres obligations, vos idées vont finir par se morceler dans la masse de ce que vous avez à penser et retenir au quotidien. Le risque de perdre le fil et de vous laisser submerger par l’ampleur de la tâche qu’est l’écriture d’un roman est alors très grand ! Avoir jalonné le chemin en amont, être capable de vous référer en un coup d’œil à votre plan ou à une fiche de personnage pour rebondir rapidement et reprendre là où vous vous étiez arrêté est alors salvateur pour replonger rapidement dans les méandres de votre œuvre.

Le tiercé gagnant

Comme pour les courses de chevaux, il y avait 10 étapes au départ, je vous livre ici mon tiercé gagnant :

  1. Le plan → C’est mon outil principal durant l’écriture, il me permet de suivre ma progression et, surtout, le soir, de rapidement me replonger là où j’en étais sans avoir à relire systématiquement le ou les chapitres précédents. Un simple coup d’œil me permet de resituer l’action, les notes pour la scène à venir de déclencher mes idées et mon inspiration. Et en cas de besoin pour la cohérence, je peux juste retourner en arrière dans mon tableau pour vérifier vite fait un point ou un autre.
  2. Les fiches de personnages → Ma bible. Elles me permettent de replonger dans la psychologie des protagonistes, de me remémorer leurs petites manies, leurs signes caractéristiques, leur physique, leur accoutrement, etc.
  3. Le synopsis complet → Si j’ai été obligé d’arrêter l’écriture pour un petit moment, il me permet de me rafraîchir la mémoire sur l’atmosphère et, couplé au plan, de repartir au plus vite sans nécessairement devoir relire tout ce qui est déjà couché sur papier.

La beauté de la chose

Pour moi, l’intérêt est de pouvoir travailler et surtout progresser un peu chaque jour, aussi bien pendant la conception (une phrase par-ci, un paragraphe par-là, une fiche de personnage à la fois…) que pendant l’écriture. C’est bien plus motivant quand on visualise sa progression sur un cadran plutôt que d’être dans le flou total, et la segmentation se prête à « optimiser » mon temps voué à l’écriture. (Encore une fois, si j’étais écrivain à temps plein, ou si je pouvais mener un projet d’une traite, il serait peu probable que j’agisse de même.)

Et la durée dans tout ça ?

Tous les temps sont purement indicatifs, des limites supérieures à ne pas dépasser afin de fuir la fée procrastination. Je pars du principe que 1 j = 7 h et 1 s = 35 h (mais n’allez pas vous imaginer qu’écrivain est un boulot de bureau relax pour autant). Il va de soi que la première fois, on prend plus son temps pour chaque étape, on cherche ses marques. Par la suite on avance plus vite.

À l’heure actuelle, je tourne à un peu moins de 100 h pour achever le plan, mais structurer augmente ma cadence d’écriture de l’ordre de 33%. Pour vous donner un ordre d’idée, je me suis rendu compte que jusqu’à 300 000 signes espaces comprises, l’investissement n’en valait pas forcément la chandelle. À 300 000, cela s’équilibre (avec le bénéfice ajouté d’une bien meilleure cohérence). Au-delà de 300 000, c’est tout bénéfice. Pour Forfait illimité* et Marqueur 26, c’est entre 75 et 100 h de gagnées, et cela juste pour le premier jet parce qu’en général, la première réécriture est elle aussi grandement réduite de par la diminution des erreurs de cohérence.

Et après ? (ou avant, ou même pendant)

Cette série d’articles ne couvrait volontairement que la conception scénaristique. Ce n’est pas suffisant pour écrire un livre, bien sûr, mais c’est une grosse partie. D’autres points capitaux mériteraient d’autres séries, comme la dramaturgie, la focalisation ou, plus terre à terre, la concordance des temps et la correction. Je vous enjoins à nous rester fidèle, [EC] est là pour ça. 😉

Les recherches :

Qu’elles soient quasi nulles (vous maîtrisez déjà le sujet), partielles (juste besoin de vérifier des dates, lieux, architectures, etc.) ou longues et fastidieuses (vous devez apprendre un sujet complexe), c’est ce qui décidera si vous devrez les entreprendre avant, pendant ou après la phase de conception.

L’écriture :

Les problèmes de genre, styles, syntaxe, vocabulaire, grammaire, lourdeur des phrases, typographie, etc. viennent définitivement après la phase de conception traitée par cette série d’articles.

L’édition :

La préparation de votre « dossier », la prospection des éditeurs, c’est bien entendu la dernière phase (bien après la conception, l’écriture, la relecture et LES correctionS). Ne cherchez pas un éditeur avec un produit qui n’est pas à 110% abouti. À noter que votre synopsis court, avec un petit travail de réécriture pour le passer en bon français, sera parfait pour le « synopsis » parfois demandé par certains éditeurs.

Derniers conseils

C’est la dernière fois que je le répète, promis : Soyez créatif avant tout. Pliez la méthode à votre inspiration et pas l’inverse.

Que ce soit pour cette phase, celle des recherches, de l’écriture, des corrections ou de l’édition, sachez qu’être écrivain, c’est 5% de talent et 95% de travail (allez, 10/90 si vous voulez…). Ce n’est pas un constat que les nouveaux auteurs aiment en général, mais c’est comme ça. Oubliez le savoir inné du Bescherelle et les longues envolées littéraires taillées au cordeau. Si vous êtes vraiment sérieux à propos de l’écriture, le meilleur talent dont vous puissiez vous munir, c’est la persévérance !

Documents & références

Vous trouverez ci-dessous tous les supports finaux qui illustrent cette série.

Les sources d’informations :

Si vous voulez aller plus loin :

  • New Novelist – Un logiciel d’aide à la conception et écriture de roman.
  • oStoryBook – Un logiciel d’aide à la structure de roman ou scénario.
  • Freemind – Un logiciel gratuit de gestion d’idées.
  • Final Draft – La référence en terme d’outil de création scénaristique et scripts.
  • Comment ne pas écrire des histoires ­­– pleins de conseils réalistes sur les erreurs les plus communes des primo-romanciers.
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La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 10

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L’étape 10 – Premier jet (1h/p)

La partie « conception » est maintenant terminée. Nous entrons dans la phase « écriture », cette étape – comme la première – est la plus facile à dévoiler pour moi puisqu’elle se résume en un mot : écrivez !

Entre le « pensez ! » de la première étape et le « écrivez ! » de la dernière vous avez maintenant une structure et surtout un plan. Appuyez-vous sur ce dernier pour vous lancer et suivre votre progression. Selon l’inspiration, vous pouvez tout à fait écrire les scènes dans le désordre selon votre humeur et votre temps.

Il y aurait évidemment bien des choses à dire sur la phase d’écriture elle-même, mais ce n’est pas le propos de cette série d’articles qui se concentrait sur la conception… peut-être plus tard dans une autre série… pour le moment, je dois vous laisser et aller écrire 😉

Cet article est court, mais restez branché. « L’épilogue » qui clôturera cette série sera plus conséquent et vous donnera accès à tous les supports et modèles de documents utiles pour suivre toutes les étapes. Une publication hors-série prévue pour dimanche.

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Itinéraire d’un roman en ligne

Au cours des dernières années, beaucoup de personnes m’ont contactée pour me demander des conseils, pour me faire part de leur désir de mettre leurs propres écrits en ligne afin de se faire connaître. Après 11 ans d’existence, mon site (et par extension, mon roman) a acquis une certaine notoriété et reçoit environ 1 000 visites par mois (ça a un peu baissé depuis que je n’y publie plus de nouveaux chapitres).

Alors, publier son roman sur internet va-t-il vous apporter une certaine notoriété et vous ouvrir toutes les portes ? La réponse est claire : non.

Un peu d’histoire…

Quand j’ai décidé de mettre en ligne ma saga, nous étions alors en janvier 2002 et internet n’était pas ce qu’il est aujourd’hui. Les blogs n’existaient pas, php n’existait pas, Facebook non plus, et faire son propre site n’avait rien d’une partie de plaisir. En conséquence, il y avait beaucoup moins de sites qu’aujourd’hui, ce qui rendait la concurrence bien moins rude.

À l’époque, j’ai mis le roman en ligne plus pour m’amuser à faire un site et lui donner un contenu que pour vraiment recueillir des critiques. Une amie à moi avait fait de même (ce qui m’a donné l’idée de l’imiter, vu qu’elle se sentait un peu seule), puis une amie à elle, et une amie de cette amie, et nous nous sommes vite retrouvées à quatre à se partager nos quelques rares lecteurs.

Nous tournions alors en circuit plus ou moins fermé et c’était assez frustrant. Les trois autres ont arrêté, mais j’ai persévéré, ce qui n’a pas toujours été évident (mettre autant d’énergie dans quelque chose qui ne m’apportait strictement aucune satisfaction n’était pas facile). Un jour, j’ai décidé que si je voulais vraiment faire les choses, je devais les faire bien. Donc j’ai potassé des sites expliquant le référencement, j’ai acheté un nom de domaine (j’étais chez Free, comme beaucoup de gens à l’époque), j’ai commencé à faire un peu de promo…

En deux semaines, je suis passée de la fin de la page 36 sur Google pour « roman en ligne » à la troisième place. Tout de suite, les choses ont commencé à changer. Je me suis mise à fréquenter les forums, j’ai fait imprimer de jolies cartes postales et cartes de visite que j’ai distribuées sur les salons littéraires près de chez moi, puis moins près…

Faire la promo du site a été un véritable investissement, à la fois en temps, en énergie, et m’a coûté des sous, mais au final, les visites ont enfin décollé.

Du coup, oui, ça a marché, mais à quel prix ! J’ai eu la chance d’être au bon endroit au bon moment (début du web « populaire »), d’avoir les compétences requises pour mettre en place une structure (d’abord un site internet au design assez moyen sans trop de fonctionnalités, puis quelque chose de plus poussé avec de l’interactivité), compétences que j’ai acquises dans ce seul but (j’ai dû apprendre le html, les css, puis php, actionscript et la création des graphismes), et d’avoir un roman dont la qualité littéraire, sans être transcendante, était à des lieues de ce qui était posté alors sur le net. Il n’est pas trop difficile de sortir du lot quand le lot est petit et constitué de concurrents assez moyens (mes trois « concurrentes » étaient, quant à elles, excellentes, mais elles avaient abandonné des années auparavant), il l’est davantage quand on essaie de se faire une place parmi des milliers d’autres, ce qui est le cas aujourd’hui. « Au royaume des aveugles, le borgne est roi. »

Est-ce que mon site aurait eu le succès qu’il connaît actuellement si je l’avais créé l’an dernier ? Clairement non. Si j’avais su avant de commencer tout ce qu’il faudrait faire pour arriver là où je suis, j’aurais peut-être laissé tomber.

Le bilan ?

Maintenant, est-ce que mettre mon roman en ligne m’a offert des opportunités que je n’aurais pas eues sans cela ? Non, encore une fois. Il ne faut pas croire qu’un éditeur va vous envoyer un mail pour vous supplier de daigner lui faire parvenir votre chef-d’œuvre, il aura bien assez à faire avec tous les manuscrits envoyés par la poste ou les traductions de best-sellers américains. Au cours de toutes ces années, UN éditeur m’a contactée et il s’agissait d’une maison d’édition québécoise assez douteuse qui était d’ailleurs en faillite.

Les éditeurs sont-ils sensibles au fait que le roman ait remporté son petit succès sur internet ? Je n’en ai pas vraiment l’impression. On parle ici d’un livre gratuit, c’est à peine mieux que les prospectus que ces gens distribuent dans la rue. Bon, j’exagère un peu, mais le succès de quelque chose de gratuit n’intéressera pas vraiment un éditeur français (les éditeurs américains, c’est peut-être différent).

Mais alors, pourquoi tout cela ?

Vous êtes sans doute en train de vous demander quel est l’intérêt de toute cette démarche qui consiste à perdre du temps, de l’argent, de l’énergie pour gagner une notoriété complètement inutile ?

Les lecteurs.

Les lecteurs donnent tout leur sens à cette expérience littéraire. Leurs critiques, leurs encouragements, leur envie de découvrir la suite font que cette démarche au bilan négatif devient une source de plaisir et de satisfaction.

Donner la possibilité aux lecteurs de commenter a été vraiment enrichissant pour moi et leurs remarques m’ont été utiles dans la réécriture du tome 1 et dans l’écriture du reste de la saga. Je me suis améliorée grâce à eux et je suis persuadée que l’histoire a beaucoup profité de cette interaction avec ce qui est au final son public-cible.

J’ai toujours été très honnête avec les lecteurs, déjà parce que c’est dans ma personnalité, mais surtout par respect pour eux. Je ne vais pas annoncer des statistiques de téléchargements mirobolantes, je ne vais pas modérer les commentaires pour ne garder que ceux qui sont positifs, je ne vais pas me faire de la pub en me faisant passer pour une fan. Si j’arrive un jour à quelque chose, je veux que ce soit grâce à la qualité de mon travail et pas grâce à un coup de bluff. Cela dit, peut-être qu’en bluffant un peu, j’aurais décroché un super contrat avec Spielberg pour une série télé, on peut toujours rêver. ^^

Au final, bonne ou mauvaise idée ?

Si vous pensez que mettre votre roman en ligne est un bon moyen de vous faire connaître, faites plutôt une parodie de Gangnam style sur Youtube. Si vous espérez être lu et obtenir des critiques, vous pouvez essayer, mais il vous faudra beaucoup de patience et beaucoup de travail. Tournez-vous plutôt vers les forums de bêta-lecture, l’ambiance y est en général très bonne et ce sera probablement plus enrichissant. Si vous voulez juste être lu, écrivez un roman érotique.

Malheureusement, le temps des romans en ligne est plus ou moins révolu, et à moins d’avoir un coup de chance incroyable ou d’avoir une célébrité qui va vous faire de la pub, il vous sera très très difficile de vous faire connaître ainsi.

J’ai conscience d’avoir une vision très sombre de tout cela, mais après onze ans, je crois que j’ai un peu fait le tour de la question. Cela dit, je ne regrette rien. Si je devais refaire les choses, je les referai, mais probablement pas de la même manière.

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La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 9

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L’étape 9 – Créer le plan (1s)

Voilà ! Je suis désolé de vous avoir traîné jusque-là, je peux bien vous l’avouer maintenant : tout ça n’était que pour en arriver à cette étape du plan. Mais vous savez ce qu’on dit, « le plus important n’est pas la destination, mais le voyage lui-même ».

Si vous êtes moitié comme moi, vous êtes serein à cette étape et bouillez d’impatience de commencer à écrire. L’histoire est maintenant vôtre, vous la comprenez sur plusieurs niveaux, les personnages sont de bonnes connaissances et vous avez déjà des scènes bien précises qui les mettent en action. Alors allez-y, construisez le squelette.

En vous référant à votre synopsis complet, le but est d’étendre et segmenter l’histoire en une suite de scènes facilement manipulables et réorganisables. Pour cela, vous avez le choix des armes : fiches cartonnées et crayon (je l’ai fait, la preuve en image),  tableau dans un tableur (mon outil de choix désormais). Il y a même des logiciels spécialisés d’aide à l’écriture avec un module pour gérer le plan. Je suis peut-être un geek, mais même moi je n’ai pas encore été jusque-là, Excel me suffit.

Le strict minimum à faire figurer dans chaque scène est :

  • Identification (numéro et/ou titre) ;
  • Le point de vue utilisé (quel personnage voit/vit la scène) ;
  • Brève description de l’action (juste des rappels, parfois un simple mot qui refera jaillir votre idée).

Vous pouvez ajouter autant d’informations que nécessaire qui dépendent du genre, du style, de l’histoire. Voici quelques exemples mis en situation :

  • Nombre de signes désirés dans la scène : si vous avez du mal à tenir une certaine prose, ou à viser un total de signes particuliers, cela permet de garder un œil sur le compteur au fur et à mesure ;
  • Personnages impliqués dans la scène : si vous avez des « troupes » ou autres groupes qui s’affrontent, il est parfois sympa de savoir à quoi tout le monde s’occupe ;
  • Date/heure : si la chronologie est cruciale pour l’histoire, gardez un œil dessus pour éviter les incohérences. Obligatoire dès que vous donnez dans le voyage dans le temps ou le thriller course-poursuite. Note : j’utilise souvent une datation relative par rapport au début de l’histoire ou un évènement majeur, du genre jour 2, jour 3, etc. ;
  • Localisation : identifier les lieux de l’action si votre histoire se passe un peu partout. Cela évite les gaffes du genre un héros qui se retrouve de Paris à New York en 30 minutes. Quoique, si vous êtes dans la SF, c’est possible 😉 ;
  • Intrigue/fil conducteur : si vous avez une histoire à tiroirs, garder un œil sur le développement des sous-histoires est en général une bonne idée ;
  • Dialogue : pour ne pas perdre ces traits de génie qui vous sont venus concernant un dialogue particulier ;
  • Conflit : vous êtes un peu faible à maintenir du conflit ? Forcez-vous à trouver une source de conflit dans chaque scène : un retard, une désobéissance, un accident, un dilemme, etc. Même un petit truc ponctuel ajouté à cette scène particulière apportera un peu de tension à cette dernière ;
  • Etc. C’est votre bébé, mettez tout ce qui vous aide à garder le cap. Au début, on a tendance à en mettre des tonnes, puis avec les mécanismes qui s’enclenchent on devient de plus en plus bref et les plans s’allègent.

Exemple

Chap PdV personnage Que se passe-t’il ? Personnages impliqués Date/heure

Conflit

dialogues/idées

Notes

1 Vanessa Craft Elle retourne au labo après une courte nuit de sommeil et y retrouve son mari qui vient de passer une nuit blanche. Vanessa Kevin Jour 1 8:00 Il n’a pas remarqué l’heure matinale et semble penser que nous sommes toujours la veille et que sa femme s’est juste absentée quelques minutes. Elle lui amène ses sempiternels bagels au chocolat. Il s’apprête à sortir sans pantalon.
2 Kevin Craft Il se sert une boisson chaude au distributeur. Kevin Femme de ménage Jour 1 8:05 Il pense que la femme de ménage est une chercheuse. Dialogue de sourds entre le savant et la femme, mais celle-ci ne se démonte pas, elle connaît le gaillard. Introduire son penchant pour les potages aux légumes (choix mis en place juste pour lui dans le distributeur ?)
3 Eugene Black Il reçoit un rapport sur l’intervention des Casques Bleus au Moyen-Orient. Black Jour 1 8:00-9:00 L’intervention ruine ses projets  Tout en narratif, il est seul dans son bureau
4 Vanessa Craft Elle explique à son mari que leur dernière simulation a sauvé des vies, les Casques Bleus déployés à temps ont pu enrayer les débordements. Vanessa Kevin Jour 1 8:05-9:00 Kevin ne mesure pas la valeur humaine de la chose, juste la validation de son travail Nuancer le manque d’empathie de Kevin par la présence de sa femme. Attention de ne pas en faire un être trop froid tout de même.
5 Vanessa Craft Réunion budgétaire. Vanessa Kevin Conseil d’administration Jour 1 11:00-13:00 Les besoins de Kevin sont trop importants

Des logiciels dédiés peuvent aider de manière plus efficace qu’un simple tableau, notamment pour les histoires comportant de multiples récits, intrigues et interactions entre personnages.

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