Conseils d’écriture

20 astuces pour bien appauvrir un texte de fiction

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Marre des conseils condescendants ? Fatigué de cette quête sans fin pour la perfection de vos textes de fiction ?
Pas de problème, grâce à [Espaces Comprises], faites le tour des astuces qui à coup sûr dénatureront votre récit :

  1. Faites des phrases qui, individuellement sorties de leur contexte, n’ont plus aucun sens. (Chaque nouvelle phrase devrait être une lutte pour votre lecteur, c’est le meilleur moyen qu’il se souvienne de vous.)
  2. Plus les hyperboles seront énormes, plus ce sera une tuerie de la mort qui tue. (Et plus vous serez certain que le lecteur à bien compris ce que vous vouliez dire.)
  3. Soyez condescendant avec vos lecteurs. (Si l’un venait à s’en apercevoir parce qu’il est aussi intelligent que vous – pas « plus » que vous, faut pas non plus déconner –, ça aura le mérite de tester son humilité.)
  4. Utilisez des abrv. et autres SSAAR – Super Simple Acronymes À Retenir –, surtout sans les expliquer. (Ça fait mystérieux, rien de tel pour coller un lecteur à la page.)
  5. Pourquoi utiliser ne serait-ce qu’une passe de correcteur automatique ? Vous êtes bien au-dessus de ça, non ?
  6. N’hésitez pas à mélanger les métaphores, ça permet de faire rouler une pierre deux coups dans la mousse. (Et puis il n’y a rien de mieux qu’une métaphore pour exprimer précisément ce qu’on a à dire, pas vrai ?)
  7. Expliquez toujours avec de longs passages référencés, articulés et bien présentés. Évitez les explications courtes et efficaces qui permettraient au lecteur de ne pas décrocher. (Il est là pour apprendre quelque chose, pas pour se détendre.)
  8. Rien de mieux pour entretenir le suspense que………. des points de suspension. (C’est l’un des plus grands signes de votre créativité.)
  9. En cas de doute, utilisez toujours un cliché. (Ça signifiera toujours quelque chose pour un certain pourcentage de vos lecteurs, tant pis pour les autres.)
  10. Ce n’est pas que la double négation ne soit incorrecte en elle-même, mais il ne faudrait pas que le lecteur ne puisse pas s’en sortir sans un minimum de réflexion, vous ne croyez pas ?
  11. Ne vous embarrassez pas avec la ponctuation. Les points, les doubles points, les virgules, les points-virgules… C’est très surfait. Vous êtes là pour raconter une histoire, laissez donc le lecteur trouver son propre rythme.
  12. Répétez-vous. Dans la même phrase, dans le même paragraphe ou dans le même chapitre, répétez-vous. Surtout avec des mots bien éculés qui ne sortent pas de l’ordinaire. (Ça aidera le lecteur à mieux s’endormir quand il lira votre livre dans son lit.)
  13. Ne variez jamais le rythme de votre récit, malheureux ! (Une fois le lecteur habitué, il ne faudrait surtout pas le surprendre, de peur qu’il lâche le livre qu’il a entre les mains.)
  14. Ignorez l’environnement. Vous le savez, ce sont les personnages qui font l’histoire, eux seuls comptent. Alors que l’histoire se passe dans un sous-marin, un centre commercial, le Grand Canyon, ou un asile d’aliénés, ne changez rien à leurs réactions, ne les laissez surtout pas interagir naturellement avec leur monde extérieur. (Vos personnages sont les seuls maîtres de leur destinée !)
  15. Réécrire et retravailler son texte, c’est pour les faibles. Seuls les plus médiocres ont besoin de retoucher leur art, c’est évident. (En fait la logique dicte que si vous devez revoir votre travail, c’est que vous n’êtes pas un génie… laissez tomber l’écriture, faites du macramé.)
  16. Ajoutez tout un passage dans une langue inventée ou étrangère (ça fait local).
  17. Sachez rester générique dans vos choix de vocabulaire. Utilisez des verbes au sens large, des adjectifs faibles, des noms peu précis et des allocutions plates. (C’est plus rapide à écrire, et ne vous inquiétez pas, l’imagination du lecteur fera le reste.)
  18. Abusez des incohérences et des Deus ex machina (parce que TGCM).
  19. Refusez tout travail éditorial externe, un éditeur ne peut que malmener votre texte et ne comprendra jamais votre style (on est un artiiiiste ou pas).
  20. Donnez de la consistance à votre écriture. Voix passives, adverbes rebondis et autres longues phrases à rallonge montreront au lecteur que vous n’êtes pas seulement un auteur, mais un écrivain, un vrai.

Ne soyez pas rabat-joie : partagez vos astuces et/ou habitudes personnelles pour bien saccager un texte, les commentaires sont là pour ça.
(Et bonne Rentrée ! 🙂 )

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27 réponses à 20 astuces pour bien appauvrir un texte de fiction incluant les trackbacks et les pings.

  1. Enfin de vrais conseils utiles! ˆˆ

  2. Caroline a dit :

    Changer d’intrigue en cours de route, votre lecteur sera heureux d’abandonner avant la fin un personnage qui tourne en rond.

  3. Jeanne a dit :

    Ah, enfin quelqu’un qui mâche le travail de l’éditrice que je tente d’être !
    N’oublie pas les facilité « j’ai été » pour « je suis allée » : ça fait peuple, c’est bien . On reste à la hauteur de l’acheteur de supermarché qui se sent compris. A mort l’élitisme !

  4. Jeanne a dit :

    facilitéS ! (enfin, les fautes c’est bien aussi : ça fait vivre les correcteurs).

  5. Nicolas Kempf a dit :

    Yeah, super exercice ! ça fait ressortir plein de choses !
    Voici 6 items en plus :

    Faites des apartés dans les digressions dans les incises dans les flashbacks dans les redondances. Le lecteur aime par-dessus tout ne plus savoir où il en est.

    Histoire de bien montrer ce qui est important, soulignez vos sous-entendus avec des « Ce détail compte », « c’est important », « étrange »… C’est important ! De façon générale, affirmer quelque chose est bien plus efficace que de le rendre évident au lecteur.

    Vous écrivez pour les adultes ? Faites-le bien. Vous écrivez pour les enfants ? Faites n’importe quoi. Un enfant est comme un adulte, en plus con. Il avalera n’importe quelle aberration. Corollaire : si vous n’êtes pas assez doué pour écrire pour les adultes, écrivez pour les enfants (ou les ados).

    Soyez créatif avec la situation d’énonciation : pourquoi tout raconter à la 3e personne, à la 1e ? Variez au sein d’un chapitre, d’une page ; si vous êtes à la 1e personne, variez le locuteur. Sans oublier de varier les temps utilisés. Il paraît que le lecteur, parfois, aime la variété…

    PRésentez votre manuscrit comme un porc. La typographie est un média artistique. LA rude beauté d’un mélange de corps, de polices, de soulignements gras majuscules italiques, passe avant l’élégance et la sobRIETE, TELlement SURFaites…

    Ne vous documentez pas, gardez la fraîcheur de celui qui ne sait pas. Vous voulez parler de piraterie ? Mélangez frégate et galère, corsaires et pirates, ne parlez que de grand-voile, de lever l’ancre, de rhum, de perroquet. Faites que toutes les manœuvres, comme larguer les voiles, virer de bord, tirer une bordée, prennent deux secondes montre en main. Ce n’est pas comme s’il y avait déjà eu des fictions sur le sujet, qui plaçaient la barre très haut. Le lecteur se sentira mieux immergé dans l’action si vous lui proposez un univers d’opérette. D’ailleurs, en règle générale, le lecteur ne se rend jamais compte quand on se fout de sa g…

  6. Changer les noms de vos personnage ou au moins l’écriture (jamais la plus simple non plus) histoire que tout le monde soit content.

    Sinon c’est une chouette liste mais malheureusement je reconnaît un peu trop à mon goût des travers que j’ai eu (j’ose parler au passé… )

    • Kanata a dit :

      Merci Maëlle, plus qu’un pour la trentaine. Oui, effectivement Lynneh (h muet) c’est plus cool que Line ou Lyn ou même Lynne, dans le doute disséminons les trois dans le texte 😉

  7. Ping : Quoi de neuf cette semaine? (du 01 au 07 septembre) - Catherine Loiseau - Catherine Loiseau

  8. Pierre-Louis a dit :

    Un exemple ! Un exemple.

    Juste pour voir si je suis capable de lire un texte qui respecte ces dix commandement.

    Je suppose qu’on pourrait en rajouter d’autres, du genre, « ne jamais faire de saut de ligne », histoire de faire condensé et d’économiser du papier (pensez à nos forêts).

    • Kanata a dit :

      Ouh là… un exemple qui reprend tous ces points c’est difficile, et dangereux pour vos yeux. Mais un bon mixte pourrait donner :

      Ces yeux bleu comme les flammes qui trempaient l’acier des épées bavardes forgées par le maître forgeron du clan étaient si clairs qu’on aurait pu y voir son âme par transparence si ce n’était pour la pupille noir aussi sombre que le plus profond des puits de l’enfer qui lui donnaient cet air farouche que tous redoutaient très fort surtout lorsqu’il était colère, ou saoul, ou pire les deux !!!
      Jeg liker å skrive dumme ting for å illustrere artikler, det er fortsatt morsomt. pensa-t-il dans sa tête dans le patois du clan qu’eux seuls utilisent encore dans la contrée.
      Et en cela il n’avait pas tort… On ne pouvait même que lui donner raison, et il le savait bien qu’il était dans son bon droit en pensant cela, même si les anciens ne le comprenaient pas.
      C’est bien là que le mystère des disparitions des jeunes vierges effarouchées réside ! Et lui : Krarraghaginanan, fils de Zuckrimanotag n’a pas peur de la cave aux trolls. Parce que la peur c’est pour les faibles, et Krarraghaginanan est un barbare, un vrai, il ne connait donc pas la peur (les barbares sont immunisaient contre la peur, qui dans la contrée de Vallamagroganick est considérée comme un virus). Il entra donc dans la cave puante dont l’odeur nauséabonde était vraiment insoutenable tellement elle sentait mauvais, au point d’indisposer quiconque, mais pas Krarraghaginanan, non, pas lui !! Mais là : une surprise l’attend de pied ferme : les trolls lui tendent un piège ! Un terrible piège machiavélique dont il n’a aucune chance de sortir vivant…

      La bataille avait été rude, et il était épuisé jusque dans ses muscles les plus profonds. Heureusement que la grotte s’était effondrée juste avant l’assaut final, parce que à un contre trente, même lui le valeureux, intrépide et redoutable Krarraghaginanan n’aurait eu aucune chance de s’en sortir face aux hideux monstres puants. Par chance, également, il avait sauté in extrémis hors de la grotte et evité le plus gros de l’éboulement. La grotte n’était plus, scellée à tout jamais, enfermant avec elle son terrible secret (et une trentaine de trolls). Mais lui, Krarraghaginanan, avait survécu à la grotte. La grotte maudite où son amour inavoué avait sans doute trouvé la mort, sacrifié comme tant d’autres sur l’autel des monstres puants qui vivaient dans la grotte.
      Il ramassa son épée couverte de sang séché vert-kaki comme la mousse qui poussait sur l’arbre à miel près du camp, et rentre chez lui pour lui aussi sécher ses larmes que son honneur a refusé de faire couler, et pour oublier; oublier la grotte…

      Voilà… j’ai essayé de ne pas trop forcer sur les fautes pures, histoire que ça reste « lisible » 😉

  9. Peckinpah a dit :

    Commentaire franchement condescendant, pour le coup. Ainsi l’acheteur de supermarché ne serait qu’un pauvre lecteur ignorant les règles de conjugaison, de grammaire, de syntaxe. Beau mépris (de classe ?). J’ose espérer que votre « travail d’éditrice » en devenir se fait avec davantage de respect, des lecteurs comme des auteurs.

  10. Ten a dit :

    J’avoue être assez d’accord avec le dernier commentaire. Autant je me suis bien amusé, autant j’ai pris la douche froide en lisant le commentaire sus-nommé… Cela semble démontrer une mentalité assez… inquiétante, surtout pour quelqu’un qui se revendique éditeur…

    Pour le reste, c’était amusant, je dois l’avouer. Et l’exemple en pratique n’est pas mauvais. La première phrase met bien dans le bain

    • Kanata a dit :

      Ha ben si, justement, c’est très mauvais malheureux ! Enfin, comme écriture, parce que comme exemple, c’est pas mal, à moins que ce ne soit le contraire…

      Quant à la polémique en cours, je dirais que ça dépend du supermarché et des promos en cours dans le rayon bière 😉

  11. J’adore l’exemple… à mourir de rire (pardon, mais c’est trop bon)… Enfin, il ferait peur s’il était sérieux (bien que je pense avoir éculé certains clichés dans mes premiers écrits… )

    • Kanata a dit :

      Oui, heu, comment dire, je le souligne tout de même, au cas où :
      Cet exemple a été écrit par un professionnel confirmé et psychologiquement stable.
      N’ESSAYEZ PAS DE FAIRE LA MÊME CHOSE À LA MAISON, vous pourriez blesser vos premiers lecteurs.

  12. J’adore la 1ère phrase, elle est grandiose !

  13. Aeledril a dit :

    Kanata… Je t’adore! ^^

  14. Bifron a dit :

    Prévoir des dizaines de personnage avec des noms étranges et tous similaire…

  15. Crazy a dit :

    Dis-donc fillot, quand est-ce que tu reviens te baigner avec les grenouilles ? ^^

    Bel exemple, en tk ça sent le vécu ^^

    • Kanata a dit :

      Humpf !
      Deux tournois de plus dans l’année et un changement de DSI… je commence tout juste à m’en remettre.
      Je vais revenir, mais Death Wish est désormais à la bourre 🙁

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