Chroniques

Accepter la (mauvaise) critique

This entry is part 1 of 2 in the series Accepter la critique

Les anglophones disent que, si on ne supporte pas la chaleur, on devrait rester en dehors de la cuisine. Pour les écrivains, c’est exactement pareil. Si vous ne supportez pas la critique, ce n’est pas la peine de faire lire votre roman. Faites imprimer votre livre en un exemplaire avec une belle illustration et votre nom dessus, rangez-le sur votre étagère et passez à autre chose.
Dès l’instant où vous décidez de vous faire publier, vous devez créer une armure. Publier signifie être exposé sur la place publique et cette exposition est parfois douloureuse.

Bill va acheter votre roman à 20 € (à 2 € près). Rien que le prix lui donne le droit de le manger, de le déchirer ou de le brûler. Mais étant un livrophile, Bill va lire votre livre. Et puis, catastrophe. Il va le détester. Et il va partager son avis avec d’autres, que ce soit à l’écrit (presse écrite, internet, etc.) ou à l’oral (un dîner entre amis, un club de lecture, etc.). Et vous aurez vent de cette critique dure. Objective ou juste mesquine, armez-vous.
Vous allez être déprimé pendant une semaine en criant que le monde est injuste et que vous êtes incompris, vous allez cesser de vous alimenter et abandonner l’écriture parce que ça ne vaut pas la peine de se faire des frayeurs si c’est pour de si mauvais résultats ou alors, vous allez recommencer. Bien sûr, les deux premières réactions font partie de la chose, vous n’êtes pas meilleur ni pire qu’un autre. Une critique négative fait un mal de chien du tonnerre de Zeus, alors pleurez si vous voulez, mais revenez vite parce qu’il y a du travail.

Nombreux sont les écrivains qui n’acceptent pas cet autre côté de la publication. Bill n’a pas le droit de critiquer. Sacrebleu, Bill n’a jamais rien écrit de sa vie ! Comment ose-t-il ?!
Avez-vous jamais été chef de cuisine avant de critiquer un restaurant ?
Avez-vous jamais été cinéaste avant de critiquer un film ?
Avez-vous jamais été musicien avant de critiquer un album ?
Je pourrais continuer encore longtemps, mais vous avez saisi l’idée. Bill a le droit (et le devoir ?) de vous critiquer. S’il a le droit de vous encenser (quel plaisir de lire qu’on est le coup de cœur de quelqu’un !), il a le droit de vous descendre. Avec ou sans tact, ça dépend de son humeur du jour.

La critique, c’est comme une blessure. Au moment où on la lit (ou l’écoute), c’est comme arracher le sparadrap. Ensuite, ça démange un peu, mais c’est bon signe : ça guérit.

La critique (quand bien argumentée, surtout) peut vous aider à avancer. Avant de soumettre vos textes à un éditeur ou de vous auto-publier, faites-vous bêta-lire. Écoutez/lisez les commentaires. Si plusieurs critiques abondent en un sens, prenez-les en compte, retravaillez vos faiblesses. Faites une pause. On n’a jamais les idées claires entre le moment d’écrire et le moment de corriger, entre la relecture et l’envoi, entre le refus et la déprime. Si vous accumulez les refus, faites une autre pause – un arrêt, plutôt – et passez à autre chose.

Plus on écrit, mieux on écrit. C’est mathématique.

Réédition 19 novembre 2012

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19 réponses à Accepter la (mauvaise) critique incluant les trackbacks et les pings.

  1. Je l’imprime et je le colle au dessus de mon lit (et au dessus de mon bureau, sur mon frigo, je me le mets en marque-page…)

  2. Merci pour cet éloge de la critique.
    En effet, toute critique est… positive, même la plus négative ! Tout dépend de l’interprétation que l’auteur va faire des critiques qu’il reçoit de son livre.
    Soit il les ressent comme des attaques, et dans ce cas les critiques perdent leur intérêt, soit il met son égo et sa fierté de côté pour écouter les critiques et les prendre en compte pour s’améliorer. Et dans ce cas, c’est tout bénef.
    Dans tous les cas, je reconnais bien que : ça fait mal ! Mais c’est un mal pour un grand bien à qui sait avoir l’esprit ouvert dans une démarche constructive.
    A bientôt, Fred

    • Jo Ann a dit :

      Et surtout (j’aurais dû l’ajouter, d’ailleurs !), ce n’est pas PERSONNEL, ce n’est pas une attaque. On reprend et on recommence. C’est dur, mais c’est ainsi. 🙂

  3. Charlotte a dit :

    Etant championne pour mal prendre une critique (même les bonnes, je me demande pourquoi ! Je suis chiante, je sais…), je vais imprimer cet article et me le coller juste au dessus de mon ordi ! Merci !

  4. Laura a dit :

    Idem. Je l’imprime sur-le-champ, l’encadre et le place au-dessus de mon bureau!

  5. Kanata a dit :

    J’ai pas de problème avec la critique moi, je suis ouvert d’esprit d’abord ! Mais Bill… y va se prendre un coup boule ! Voilà, c’est dit, après, bon… il fait comme il le sent Billou…
    (On va pas se laisser emmerder par des lecteurs non plus, c’est vrai quoi !)

    • Jo Ann a dit :

      On ne touche pas à Bill, tu le sais bien !

      • Kanata a dit :

        C’était pour montrer la face cachée de l’auteur respectable (et ce qui arrive à ceux qui piétinent les Tagada tombées par terre… Il peut dire ce qu’il veut, mais qu’il fasse gaffe où il marche ! Moi j’ai une règle : moins de 10 secondes par terre, c’est encore comestible.)

  6. Tout est dit ! Excellent article. 🙂

  7. Nessendyl a dit :

    Excellent article, j’ai beaucoup aimé le ton!
    Oui, les commentaires durs, ça pique. Ça pique même parfois très très fort!
    Mais c’est normal, effectivement. Même si sur le coup… :p

  8. Je ne suis pas à 100% d’accord avec le contenu de l’article. 😉

    Je suis d’accord sur le ton et sur le fait qu’il faut rappeler aux auteurs qu’ils s’exposent en VENDANT leurs livres. Après tout, on peut comprendre que quelqu’un ne soit pas content de l’investissement qu’il a fait.

    MAIS tout dépende de la façon dont Bill fait sa critique. Il me semble que le Bill évoqué ici est plutôt correct. Or il arrive qu’il y ait des critiques qui ne le soient pas. Je prends le cas d’un auteur de ma connaissance qui s’est vu vraiment démolir par un commentaire sur Amazon… alors même que le commentateur avouait… ne pas avoir lu plus de dix pages du livre ! Bref, un avis négatif argumenté, je dis oui ! Mais hélas, tout le monde n’a pas le sens de la mesure et un avis négatif virulent et non argumenté peut ébranler un auteur. Et ce serait bien dommage s’il se laissait atteindre alors que son livre peut vraiment apporter quelque chose aux autres.
    Bref, dans le cas de cette connaissance, il a fini par contacter l’auteur du commentaire en lui expliquant à quel point il s’était senti blessé et la personne a accepté de ne laisser que les critiques « argumentées » et de préciser qu’il n’avait pas achevé la lecture du livre en question.

    Je donne cet exemple pour signaler qu’on peut aussi dialoguer avec un lecteur pas content. 😉

    Enfin, autre suggestion : je conseille de bien demander à ses amis, à ses « fans », de ne pas encenser notre livre outre-mesure lorsque eux font des commentaires. Le but n’est pas d’allécher des lecteurs potentiels, qui seront au final peut-être déçus dans leurs attentes, mais d’exposer ce qui leur a plu dans l’histoire. C’est ce que mes lecteurs ont fait et c’est assez drôle d’ailleurs, car tous mes « amis » et « proches » se sont cantonnés à des commentaires bienveillants mais pas dithyrambique (merci le correcteur orthographique intégré ! :-p) et ont souvent mis des 4… alors que de parfaits inconnus se sont pâmés et ça, ça fait en effet super plaisir ! :-p

    Désolée pour la longueur de ce commentaire ! ^^

    • Jo Ann a dit :

      Personnellement (et là je ne parle vraiment que de mon point de vue d’écrivain), jamais je ne contacterai quelqu’un qui a descendu mon livre pour dire que j’ai été blessée par ses propos.

  9. Caroline a dit :

    Je viens de lire une réflexion intéressante sur le sujet, du coup je me suis souvenue de ton article et venue coller le lien ici pour ceux qui souhaitent approfondir. Il s’agit du blog d’une auteure jeunesse, ses articles sont souvent passionnants.
    http://clementinebleue.blogspot.fr/2016/01/les-passions-de-lame-la-vulnerabilite.html

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