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La fanfiction vue par une pas-si-fan

This entry is part 1 of 4 in the series La fanfiction

Prenez une saga à grand succès pour adolescentes et jeunes adultes (et moins jeunes) qui raconte l’histoire d’une fille maladroite qui va vivre chez son père dans une ville paumée. Elle y rencontre le bôgosse du lycée, celui pour qui toutes les filles soupirent, et un ami d’enfance, un bôgosse-en-devenir.1 Elle tombe follement amoureuse du premier qui est en réalité un vampire végétarien qui brille au soleil alors que le second, qui en pince pour elle, est un loup-garou. Vous savez, l’ennemi mortel du premier. Jusque là, tout va bien. (Enfin, pas pour tous.) Maintenant, prenez cette autre saga à succès pour les moins jeunes qui raconte l’histoire d’une jeune fille qui rencontre le bôgosse, non plus du lycée, mais du monde des affaires. Comme dans la première saga, la jeune fille vierge est attirée par le « fruit interdit », mais ne craignez rien, il y aura de quoi colmater la frustration sexuelle causée par la lecture du premier (enfin, pas pour tous).
Qu’ont ces deux histoires en commun ? La seconde saga découle de la première. Un roman somme toute chaste avec des valeurs traditionnelles (le vampire est un puceau de 106 ans qui veut attendre le mariage avant de voir le loup (pas le garou)) écrite par une Mormone est devenu une romance pornographique sado-masochiste. Magie de la fanfiction. Et je me suis souvenue (comme si j’avais besoin qu’on me le rappelle) pourquoi je n’aimais pas la fanfiction ou plutôt, ses dérives.

En classe de quatrième, lorsque nous avons terminé de lire La Nuit des Temps de Barjavel, notre professeur de français nous a demandé d’imaginer ce qui aurait pu se passer avant la scène finale. J’ai changé la fin, bien sûr, je l’ai réécrite de façon plus Hollywoodienne (je n’imaginais pas une seconde que celle que j’allais devenir écrirait parfois des fins comme celle de la Nuit des Temps parce que c’est le bien). C’était ma première et dernière incursion dans le monde de la fanfiction.

Suite à une discussion avec Roxane Dambre, j’ai voulu plonger dans cet univers particulier, pas celui, ponctuel des classes de français en collège, mais l’autre, celui où les auteurs sont sérieux dans leur démarche. Je n’écris pas de fanfics, je ne lis pas de fanfics, je ne suis pas intéressée par les fanfics. Étant farouchement contre l’idée qu’on puisse déformer ce que j’ai choisi pour mes personnages mûrement réfléchis, je voulais comprendre pourquoi la fanfiction avait tant de succès, pourquoi d’autres auteurs (qui ont autant sué pour leurs œuvres que moi) acceptaient, allant même jusqu’à être « honoré » de savoir ses personnages vivre ailleurs que dans leurs livres.
Personnellement, je ne me sentirais pas honorée mais plutôt insultée. Dixit Robin Hobb« Ce n’est pas flatteur, c’est insultant. Toutes les fanfictions que j’ai lues jusqu’à présent, basée sur mon univers ou celui d’autres écrivains, avaient changé le travail méticuleux de leurs auteurs originels pour encadrer avec la fantaisie de l’auteur de fanfiction. Des romances sont inventées, des genres changés, des fétiches créés et les fins sont modifiées. Ce n’est pas de la flatterie. Pour moi, c’est l’auteur de fanfiction qui dit “L’auteur originel a vraiment foiré son histoire, alors je vais la réparer, voici comment elle aurait dû se dérouler”. » Et, n’étant pas toujours sympathique avec mes propres personnages, je comprends les propos de GRR Martin : « Personne d’autre que moi n’a le droit de maltraiter le peuple de Westeros ».

Lorsque je me suis lancée dans l’écriture de La Réelle Hauteur des Hommes, je me suis posée la question de savoir quel était le degré de séparation entre la fanfiction et l’inspiration. Je n’ai jamais caché que l’idée m’est venue en visionnant une scène particulière de la première saison de Games of Thrones (GRR serait fier…). Mais je n’ai pas récupéré le monde, l’histoire ou les personnages de cette scène. Je me suis inspirée d’une phrase, je l’ai transposée dans le monde actuel, et j’ai créé mon histoire.  Je ne suis pas du tout contre l’inspiration, au contraire. Si jamais mes personnages vous incitent à créer vos propres histoires et vos propres univers, là, oui, je serai flattée et très, très, fière.

Avec tous ces a priori, je n’étais pas prête à ce que l’article préparé par Valéry K. Baran me fasse changer d’avis. Je ne lirai toujours pas des fanfics et je ne veux toujours pas des fanfics basées sur mes univers. Mais mes propos seront beaucoup plus nuancés, à l’avenir. (Parce que j’adore Antigone.) (Et parce que j’adore Marvel et j’ai l’impression que les auteurs originels font de la fanfiction avec leurs propres œuvres vu le nombre de versions de chaque personnage.) (Surtout si je veux qu’on adapte mes histoires à la télé…) (Ou au cinéma, je ne suis pas sectaire.)

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  1. Il y a pas mal d’histoires construites sur ce schéma, Roxane vous le confirmera. []
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31 réponses à La fanfiction vue par une pas-si-fan incluant les trackbacks et les pings.

  1. AgatheK a dit :

    A la lecture de l’article, je me demande si les gens (en général) n’ont pas un soucis avec la définition de fanfiction. La question de la différence entre fanfiction et inspiration se pose effectivement, d’autant qu’il existe pas mal de licences « participatives », pour lesquels plusieurs personnes vont venir apporter leur pierre à l’édifice – Doctor Who par exemple, série ou livres officiels. Idem pour ce qu’on appel les réécritures : quelles sont les limites exactes ?
    Perso, je reste une pro-fanfic, et je pense qu’à partir du moment où on lit un livre, on va forcément avoir notre propre vision de l’œuvre, de son univers, de ses héros. Si un auteur n’est pas capable d’accepter ce fait ou si ça l’énerve, il devrait, à mon sens, réfléchir très sérieusement à la question avant de publier. Je trouve qu’au fond, vouloir empêcher les fanfics, c’est vouloir empêcher les lecteurs d’imaginer et de rêver.

    • Jo Ann a dit :

      Imaginer est une chose, à mon avis. Inspirer quelqu’un, je trouve ça formidable.
      Et je ne trouve pas incompatible l’envie de faire lire ses histoires aux gens et interdire la fanfiction. Rien n’interdit de prendre une idée dans sa lecture et créer quelque chose d’autre, mais de là à prendre les personnages tels quels et l’univers, il y a une marge.

  2. Al a dit :

    Bonjour,

    J’ai décidé de répondre à cet article parce que je fais actuellement un mémoire en littérature sur la fanfiction (oui oui, ce n’est pas une blague aha) et j’ai effectivement entendu dire que des auteurs se sentaient insultés par le fait que leurs histoires soient reprises.
    Ce que je vais répondre n’est pas dans le but de te faire changer d’avis mais peut-être de te montrer les « avantages » de la fanfiction, ou en tout cas, ce qu’on peut y trouver de bien.
    En effet, les fanfictions ne sont pas toutes dans la lignée de Fifty Shades of Grey (merci mon Dieu sinon je n’en lirai plus depuis longtemps) et il y en a qui sont extrêmement intéressantes. Pour commencer, je voudrais dire que, en grande majorité, les auteurs de fanfictions sont de grands fans de l’oeuvre originale et ne veulent pas se hisser au-dessus de leur auteur favori ni dénigrer leur travail. En revanche, il y a des frustrations parfois quand on lit un livre. On aurait voulu qu’il se passe ceci ou cela (si on se réfère à Game of Thrones, la mort de certains personnages est absolument horrible). J’ai du mal à comprendre ce qu’il y a d’irrespectueux à ne pas vouloir qu’ils meurent, si l’on reprend l’exemple ci-dessus. De plus, il y a le fameux « disclaimer » qui demande aux auteurs de fanfiction de bien citer l’oeuvre originale et dire qu’elle ne leur appartient pas. Et surtout, ces auteurs sont avant tout des amateurs et ils ne sont pas rémunérés (sauf ceux qui publient leurs fanfictions sur Amazon…). Personnellement, je pense que les auteurs devraient être flattés par les écrits des fans. Certes ils modifient vos mondes, vos personnages, ce que vous avez voulu dire. En revanche, ils décident de changer, continuer, ou autre, l’histoire car ils veulent la faire vivre encore et pour moi, c’est aussi une manière de vous montrer que vos oeuvres, ils les adorent et ne veulent pas les lâcher.
    De plus, la fanfiction permet aussi au lecteur, qui a toujours été passif, de s’exprimer sur l’oeuvre, de pouvoir en parler avec d’autres. Par exemple, moi qui n’écris pas, je passe par le biais des fanfictions pour pouvoir parler des oeuvres que j’aime. D’ailleurs, il y a beaucoup de débats sur la psychologie des personnages ou des univers et c’est vraiment chouette de pouvoir lire la version des autres lecteurs. En fait, je trouve que la fanfiction a l’avantage de laisser le lecteur s’exprimer, d’entrer en action, en quelques sortes. Alors, certes, on est d’accord, il y a des aberrations du type Fifty Shades of Grey, ou des fanfictions où les personnages n’ont plus rien à voir avec l’oeuvre originale. Cependant, je crois qu’il est intéressant de donner aux lecteurs le droit de s’exprimer sur leurs lectures. On pourra m’objecter qu’ils pourraient le faire autrement (par des articles de blogs ou autre) mais il y a aussi quelque chose de magique à imaginer ce qui aurait pu se passer, à recréer un univers.
    Enfin, je dirai aussi que la fanfiction est un exercice génial en ce sens qu’il permet de construire une histoire à partir de quelque chose. On n’est pas lâché devant la feuille blanche. Alors, certes, on peut dire que ça n’en fait pas de vrais auteurs, mais ça permet aussi au « commun des mortels » de pouvoir s’exprimer. De plus, certains auteurs de fanfiction se servent de cette expérience pour passer à autre chose (c’est comme ça que je vois l’évolution du travail de Valéry K. Baran, que j’ai d’abord admirée en tout que « Kumfu » ;)).

    Voilà voilà, je pense que je vais m’arrêter. Encore une fois, je respecte tout à fait ton avis et cette réponse n’est pas dans le but de dire « c’est moi qui ai raison et c’est toi qui as tort, nah ! ». Je voulais juste faire partager mon expérience de lectrice ;).

    Bonne soirée :).

    • Jo Ann a dit :

      Merci, Al. 🙂

      Avant de faire appel à Valéry, j’ai fait des recherches pendant plusieurs semaines, j’ai lu les pours et les contres. J’au vu les arguments des auteurs originaux et des auteurs de fanfics, j’ai pu comprendre quelques-uns. Je sais bien que ce n’est pas tout Fifty Shades, mais dans ce cas-ci, c’était juste pour illustrer les dérives (je pense que c’est une dérive dans le sens où un auteur a le droit d’avoir ses principes et de les partager dans son œuvre sans qu’il soit moqué ou qu’on décide à sa place ce qui semble le mieux. C’est pour ça que je me revois dans les paroles de Robin Hobb.
      J’adore l’échange entre un auteur et un lecteur, que je sois des deux côtés de la barrière, j’aime, par exemple, quand une de mes lectrices me fait part de ses hypothèses concernant mon histoire (s’il y a une suite) ou pendant une lecture en live. J’encourage, d’ailleurs, parce que ça m’amuse, me fait plaisir de voir à quel point elle est investie. Mais mon plaisir s’arrêterait pile au moment où on me dirait « j’ai écrit une fanfic avec tes personnages ». Si j’ai décidé qu’une scène (ou une histoire) s’arrêtait à tel endroit, ça fait partie de mon travail d’écriture et de mon droit d’écrivain. Je ne veux pas qu’on écrive pour moi.
      Je peux comprendre les auteurs qui sont pour.
      Mais je reste encore dans les contres.
      (On fera le bilan dans cinq ans pour voir ? 😀 )

  3. Whitewolf a dit :

    Hum. En clair, je n’ai pas le droit de rêver, d’interpréter, d’imaginer et de raconter mes rêves ? Mais si tu tiens tellement à avoir un contrôle total sur tes histoires, il ne faut pas les publier. Publier, c’est soumettre à la critique, à l’avis, à l’interprétation.

    Un lecteur n’aura jamais… Je répète JA-MAIS… Encore une fois JAAAAAAAAA-MAIIIIIIIIIIIS la même sensibilité que l’écrivain, car l’écrivain a dans son esprit des développements que le lecteur ne connait pas. De plus, la lecture, encore plus que les productions vidéos ou vidéos-ludiques, possède cette formidable restriction que sont les mots. Et un mot n’est pas une image. Un mot n’est pas une sensation, n’est pas un son. Un mot, une phrase, est soumis à une interprétation tout à fait personnelle et la somme de chacune de ces interprétations fait que chaque lecteur aura sa lecture d’une œuvre.
    La fanfiction n’est que le prolongement NATUREL de la lecture, et honnêtement la personne qui pense m’interdire de rêver de son histoire se berce d’un utopie violemment décalée de la réalité.

    Et pour rappel, les fanfictions sont aussi vieilles que le fait de raconter des histoires.

    Tu cites Robin Hobb, je me permet donc de citer moi aussi d’autres personnes.
    Commençons par Joss Whedon, que je ne présente plus : « J’aime. J’adore. Je voudrais avoir grandi dans l’ère de la fan fiction, parce que je vivais littéralement ces séries et ces films que j’adorais. Je m’attaquerais à Superman et je ferais simplement revivre le film encore et encore.
    Je pense que c’est un acte glorieux que d’être capable d’être le porteur de la flamme. C’est pourquoi je crée ses séries. Je le les fais pas seulement pour que les gens les aiment puis les oublient, je les fait pour qu’ils ne puissent pas s’en débarasser. C’est ma manière d’être un fan. »
    Ensuite Neil Gaiman, auteur certainement reconnu et dont la parole doit avoir un poids aussi intéressant que Robin Hobb : « Je ne pense pas que je vais perdre mes droits si je laisse des personnes écrire des histoires sur Neverwhere, tant que ces personnes ne prétendent pas vendre des livres utilisant mes personnages. Je n’en lis pas (comme ça, personne ne se demandera si j’ai pris une idée dans sa fanfic).
    Je ne pense pas que mon attitude soit particulièrement rare chez les auteurs. J’ai vu l’autre jour que JK Rowling ne s’opposait pas à la fanfiction sur Harry Potter.[…]
    En tant qu’auteur débutant, ne vous inquiétez pas si les gens écrivent de la fiction avec vos personnages. Si jamais ils le font, considérez que c’est un signe que vous avez probablement créé quelque chose de bien et produit des personnages que les gens aimaient, dans lesquels les gens croient et sur lesquels il ont voulu écrire. Ou bien envie de les imaginer tous nus. Un truc de ce genre. »

    Et je te conseille de prendre deux ou trois heures (au moins) pour parcourir ce site http://etude.fanfiction.free.fr/index.php qui n’a peut-être pas été mis à jour depuis quelques temps, mais dont les contributeurs ont réalisé un formidable travail de compilation, d’explication et de définition dans des domaines juridiques, économiques, philosophiques et sociologiques de la fanfiction (autre chose que ce pseudo-site qu’est Citizen Fan).

    D’ailleurs, j’en profite pour terminer avec un lien issu de ce site. La citation (très controversée) de Robin Hobb que tu utilises fait partie d’un ensemble bien plus long, et cet article de cet auteur a reçu une réponse de Justin Isis : je te met le lien direct http://etude.fanfiction.free.fr/reponseRobinHobb.php

    J’aurai encore cent exemples à te donner, mais je vais te laisser considérer ceux-ci, et je te suggère de revoir ton approche de la lecture, car tu m’as l’air d’être passée complètement à côté du principe de base. Pour ma part, j’espère sincèrement que si je décide enfin de passer du côté de la barrière des écrivains d’histoires originales, mes écrits inspireront d’autres histoires. Ce sera à coup sûr l’une de mes plus belles récompenses, d’avoir su faire rêver mes lecteurs.

    • Jo Ann a dit :

      Alors, il faudrait relire avant de m’accuser de quoi que ce soit.
      J’ai passé des semaines à « étudier » les pours et les contres. Ceci est un avis de quelqu’un qui n’apprécie pas la fanfiction, mais je n’ai jamais imposé mon point de vue à d’autres auteurs. Et si j’étais tellement fermée à cette idée, je n’aurais pas demandé à quelqu’un qui s’y connaît mille fois mieux que moi (en l’occurence Valéry) de montrer le côté positif de l’exercice.
      (Ah, et pour JK Rowling, elle a également dit qu’elle préférerait ne pas avoir des fanfics érotiques parce qu’Harry Potter était, à la base, pour les enfants. Mais, osef, n’est-ce pas ? Ce n’est pas ce qui manque.)
      Tu rêves ce que tu veux, moi aussi j’aime rêver et imaginer avec les personnages d’autres auteurs. Mais je ne me les approprie pas parce que MOI je pense que c’est une appropriation que de mettre sur papier tout ce qui n’a pas été dit dans un roman original.
      Et ne confonds pas être contre la fanfiction et ne pas accepter la critique.

  4. T’inquiète, Whitewolf, il y a encore trois (je crois) articles à venir sur le sujet.:)
    Et il y sera cité non pas Joss Whedon (qui est intéressant à connaître ^^), mais le cas d’un autre artiste dont la position est proche, le site « etude.fanfiction » fait partie des liens qui sont proposés… Quant à Citizen fan, c’est Alixe elle-même (la créatrice du site etude.fanfiction) qui m’a demandé d’en parler dans les liens, puisqu’elle fait partie justement des gens qui sont intervenus sur le document sur la fanfiction, donc il y aura de quoi faire.
    Enfin, il est normal que Jo Ann présente l’avis « contre ». Il y a toujours des « pour », des « contre », on ne peut nier ni l’un ni l’autre dans ce domaine. Reste toutefois que le gros de l’article a été rédigé par une fan (moi) et que c’est justement Jo Ann qui, sachant parfaitement que je le suis, m’a demandé de le faire. 🙂

  5. Whitewolf a dit :

    Je t’ai lue, et relue, car justement je voulais bien m’assurer d’avoir compris ton article. Et je continue de m’insurger contre cette idée « d’appropriation » des personnages ou de l’univers. Il me semble que tu as l’impression que tu as le sentiment que c’est un vol, alors que je persiste à penser que le fait de publier une œuvre c’est offrir son histoire aux lecteurs. Publier une fanfiction, c’est comme parler d’un livre, d’une série avec des amis, qu’on le fasse à l’oral ou à l’écrit, il n’y a pas de différences… Il n’y a PAS de gains financiers, et je suis persuadé qu’il y a même un gain de popularité pour l’œuvre qui a inspiré les auteurs de fanfictions.
    De plus, et comme le dit explicitement Justin Isis dans sa réponse à Robin Hobb, un écrivain de fanfiction c’est quelqu’un qui a lu l’œuvre, qui l’a très probablement appréciée et qui va sûrement contribuer à améliorer sa popularité autour de lui.
    J’ignore ce dont tu as pu discuter avec Valery K Baran mais tu n’as, semble-t-il, pas retenu ou abordé les bons points. Le vocabulaire que tu emploies envers les auteurs de fanfictions en est particulièrement représentatif.

    • Jo Ann a dit :

      Si je ne donne pas mon accord, oui, je considère que c’est du vol de propriété intellectuelle.
      Si, au contraire, je l’avais donné, ce ne serait évidemment pas la même chose.

      (Et heureusement que je conclus mon billet en disant que je suis un peu plus nuancée. C’était mon disclaimer à moi.)

      • Jo Ann a dit :

        Rectification : ce n’est pas du vol de propriété intellectuelle, mais violation de mon droit moral et du délit de contrefaçon pour l’éditeur.
        (Merci, Anne, pour la précision !)

  6. Whitewolf a dit :

    Je suis très intéressé par avoir un lien vers ce (premier) article car je ne le trouve pas (ou n’ai pas su voir duquel il est question).

  7. Whitewolf a dit :

    « Vol de propriété intellectuelle »

    Ok. Discuter d’un livre autour d’un café avec une amie rentre aussi dans ce cas. Lire une histoire à un enfant pour l’endormir aussi. Parler du dernier film qu’on a vu à son mari aussi.
    Je m’arrêterai là pour le débat. Si vous ne voulez pas perdre le contrôle total de votre univers, ne publiez pas. Sinon, faut assumer. Publier, c’est offrir, c’est partager, c’est faire vivre, faire évoluer. C’est tellement plus que ce que vous semblez penser.
    Mais je tiens à vous le rappeler une dernière fois : la fanfiction est aussi vieille que peut l’être la culture orale. Les Chevaliers de la table Ronde, c’est une fanfiction. L’Odyssée, c’est une fanfiction. L’épopée de Gilgamesh, c’est une fanfiction.

  8. D’habitude, je ne m’immisce jamais dans ce genre de débat houleux et je suis bien consciente qu’un artiste a le droit légal et moral de « protéger » ses créations et de les défendre. Je serais d’ailleurs la première à me battre si ce n’était plus le cas.
    Cependant, je ne voudrais pas que l’on s’imagine que TOUS LES AUTEURS professionnels (j’entends par là ceux qui, comme moi, vivent de leur plume et seulement de leur plume) partagent l’avis de quelques réfractaires aux fanfictions. Je pense même, pour en avoir discuté avec de nombreux confrères français ou étrangers à l’occasion de salons ou de signatures et bien que je ne puisse malheureusement fournir de chiffres fiables, que les auteurs opposés aux fics sont une minorité. J’ai d’ailleurs passé de longues heures de dédicace aux côtés de Robin Hobb, aux Imaginales d’Épinal, et je peux vous assurer que, du moins à cette occasion, je ne l’ai pas vue froncer le sourcil lorsque des lecteurs lui avouaient avoir écrit des fics ou avoir trouvé de l’inspiration dans ses romans (a-t-elle mis de l’eau dans son vin depuis la temporaire et incendiaire « diatribe » à laquelle vous faites allusion et qui lui a valu les foudres des fans et de ses confrères ?).
    Pour ma part, bien que je ne puisse me vanter (hélas !) des chiffres de vente de Robin Hobb ou de R.R. Martin, j’ai néanmoins eu la chance de publier à ce jour une vingtaine de livres dans de prestigieuses maisons d’édition françaises ou étrangères (Flammarion, Lattès/Le Masque, Calmann Levy, Knaurr en Allemagne, Grijalbo en Espagne, Enalios en Grèce, etc.) et je peux m’enorgueillir de quelques – certes modestes – succès. On pourrait donc aisément croire que je suis la candidate idéale pour monter aux créneaux et protéger ses créations bec et ongles mais… non.
    J’ADORE LES FANFICTIONS (de manga, pour ma part), j’adore les lire, en écrire m’amuse follement depuis toujours et je ne me sens pas insultée le moins du monde lorsque les lectrices (car ce sont généralement les lectrices qui en écrivent) concoctent leurs propres histoires avec mes personnages ou m’envoient des dessins de ces derniers. Je trouve cela touchant et très mignon, au contraire, et… oui, « flatteur », en effet, même si cela semble vous choquer et vous paraître révoltant. De plus, je sais d’expérience que la fanfic est un merveilleux moyen de faire écrire les ados ou de les amener à la lecture (le professeur dont il est question dans cet article l’a d’ailleurs très bien compris). Il y a une vingtaine d’années, j’avais d’ailleurs créé, avec quelques amis auteurs, une association qui avait pour but de développer la lecture et l’écriture à travers les fanfictions de manga et de comics. Moi-même, à l’instar de beaucoup de confrères, j’ai commencé à écrire en rédigeant des fics (dans mon cas de sagas comme « Elric le nécromancien » ou « Dragonlance »). Et j’utilise encore souvent les fics pour « tester » des scènes ou des situations auprès du public avant de les inclure dans un roman. Vous savez, sans les fans et leurs fanfics, bien des séries (comme Star Trek, pour ce citer que la plus connue), seraient en mal de scénars car les productions donnent souvent leur chance à ces auteurs/fans.
    Après, il faut raison garder, bien entendu. Il y a fanfic et fanfic. Mais, comme certains l’ont très bien dit dans les commentaires précédents, être romancier, c’est aussi accepter que les lecteurs s’approprient les personnages, en tombent amoureux et les fassent vivre dans leurs fantasmes et des histoires à eux.
    Un jour, une lectrice m’avait envoyé un magnifique courrier, comme tous les auteurs rêvent d’en recevoir un jour, et qui se concluait ainsi :
    « (…)ce que j’aime tant dans vos livres, c’est que je m’attache tellement à vos personnages que je n’ai jamais l’impression que l’histoire s’arrête avec le mot fin. Vous arrêtez juste de la raconter, voilà tout…(…) »
    S’il c’est vrai que des personnages de roman sont parfois « prenants » au point que les lecteurs continuent à les imaginer – voire à raconter leurs aventures à travers de fanfictions – alors, oui, un auteur doit se sentir vraiment, même si cela semble insupportable, vraiment très flatté ^___-

    • Jo Ann a dit :

      Merci pour votre intervention !
      Mais je tiens à répéter que ceci n’est que *mon* point de vue et je ne l’impose pas, et je ne veux pas l’imposer, d’ailleurs. C’est pour cette raison que je démarre avec mon « non » puis je m’efface pour les articles « pour » à venir. Je comprends qu’il y a du bon, je comprends l’intérêt, mais ce voyage sera sans moi. 🙂

  9. Ping : Article sur la fanfiction | Valéry K. Baran & Opelleam

  10. Alixe a dit :

    Whitewolf, je suis ravie que tu aimes mon site, mais je voudrais prendre un peu la défense de citizen fan.
    Mon site a pour objectif de rendre compte des études menées sur la fanfiction. C’est assez pointu et n’a de chance de n’intéresser que ceux qui s’intéressent déjà au sujet.
    Le documentaire a voulu témoigner, auprès de non-fan, de la richesse des productions de fans, fans qui sont souvent brocardés dans les reportages qui sont fait sur eux. La documentariste a fait preuve de beaucoup de respect pour les personnes qu’elle a interrogées, et aucune ne s’est senti trahie par le montage. Son but est de montrer à quel point le monde des fans est riche et créatif et comment il permet à des personnes d’acquérir des compétences ou d’utiliser des talents cachés, ce que le monde professionnel ne leur permet pas forcément.
    Je pense que de ce point de vue là, c’est assez réussi. Elle a aussi réussi à trouver et interroger des universitaires (Sébastien François et Henry Jenkins) pro-fanfiction, ce qui n’était pas gagné.
    Je pense que ce serait super si un montage des ces témoignages passait à la télé (mais pour le moment, personne n’en a voulu, il parait que cela n’intéresserait pas les téléspectateurs).

  11. Alixe a dit :

    Oups, je pensais que mon messages précédent serait sous celui de Whitewolf ce qui le rendrait plus compréhensible.

    Réponse à Jo Ann, maintenant.
    Merci d’avoir exprimé ton avis sur la question.
    Je comprends ton argumentation, ainsi que celle de GRR Martin ou Hobbs. Oui, il n’y a rien d’anormal à avoir une relation forte avec un monde et des personnages qu’on a créés et ne pas apprécier qu’ils soient « dénaturés » par d’autre auteurs qui vont nécessairement faire des choix qu’on aurait pas fait. Tous les auteurs ne réagissent pas ainsi, mais cela ne veut pas dire que ce sentiment doit être nié quand il est ressenti.

    Cependant, je pense que c’est une mauvaise interprétation (la plupart du temps) que de penser qu’un auteur de fanfiction produit une nouvelle version parce qu’il pense que l’original est mauvais. Je ne peux pas parler pour tous les auteurs de fanfic (tout comme les auteurs originaux, ils ne sont pas tous dans les mêmes dispositions), mais la plupart considèrent leur version comme une simple alternative à l’original – lequel gardera toujours un statut particulier. Ce n’est donc pas du tout une remise en cause de ton travail que d’imaginer d’autres aventures dessus.

    Personnellement, je n’écris pas sur Harry Potter pour flatter Mme Rowling ou lui rendre hommage. J’écris dessus parce que son monde et ses personnages ont éveillé des choses en moi, ont dû toucher des sentiments, des sensations importantes, et que j’ai besoin de m’exprimer dessus. Ça vient comme ça, je ne choisis pas de faire de la fanfiction plutôt que de l’original. [Je te dis ça à titre de témoignage, pas pour prétendre que c’est mal de ne pas apprécier cela.]

    Concernant le droit moral… longtemps, j’ai été en faveur de cette clause du droit français. Tout comme je trouvais normal qu’on permettent aux auteurs de vivre de leur plume.
    Mais j’en suis revenue maintenant, pas tant que les principes sont mauvais, mais que la manière dont ils sont appliqués est néfaste pour la création en général.
    Toute création s’appuie sur l’expérience vécue et l’expérience racontée (entre autre, dans d’autres créations). On n’invente rien, on reformule. C’est un élément très important de la création.
    Bloquer la création inspirée d’une création sur minimum 100 ans (70 ans après la mort de l’auteur) est une aberration. On a jamais fait ça, ni jamais protégé ses idées (elles même pas si originales que ça) sur de si longues périodes, avec autant d’acuité.
    De même, certaines œuvres qui font partie de la culture commune ne devraient pas être confisqués par la volonté d’une seule personne à tous ceux dont elle fait partie de l’imaginaire. Que la fondation Moulinsart, des années après la mort d’Hergé, refuse l’utilisation de vignettes de livres dans un blog humoristique est d’un point de vue général très préjudiciable (l’auteur changeait le texte pour faire coller le dessin à l’actualité). A l’heure où les média permettent des diffusions mondiales d’histoires (les séries télévisées, films, livres), bloquer tout ce que les personnes pourraient créer autour de ces connaissances communes est totalement à contre-courant.

    A l’origine les droits d’auteur ont été fait pour protéger la création. Le durcissement des loi et l’interprétation stricte des tribunaux décourage aujourd’hui la création.

    Voilà ma réflexion générale sur les droits d’auteurs actuels. Ma conclusion sera que les sentiments et les ressentis, même respectables, doivent parfois céder devant l’intérêt général.

  12. Whitewolf a dit :

    Alixe ~> Merci de ton intervention. Je suis assez critique envers Citizen Fan, car c’est un site très orienté, sûrement à cause du fait qu’il soit sponsorisé (ou autre terme plus précis) par France Télévision. Je trouve qu’il se contente d’effleurer un sujet là où ton propre d’Étude Fanfiction site allait chercher plus profondément. Mais bon, c’est un débat qui n’a pas sa place ici. Je tiens à te féliciter (et tes collaborateurs aussi) cependant pour le fantastique travail réalisé sur Étude Fanfiction.

    Je m’associe si tu es d’accord à ton discours sur le fait qu’un auteur de fanfiction n’a probablement jamais la prétention de vouloir faire mieux que l’original. Une fanfiction n’est que la retranscription d’une interprétation, une forme de critique (sans connotation négative), la libération d’une idée, d’un sentiment.
    Quant au droit moral… Je suis le petit ami depuis des années d’une jeune femme qui s’est lancée depuis bientôt deux ans dans le monde de l’édition. Cette jeune femme a eu auparavant une très forte expérience de la fanfiction, vu qu’elle a créé un site dessus (qui tourne encore et est relativement fréquenté). Et nous avons souvent discuté de la fanfiction, du droit d’auteur, du droit moral… Le fait est qu’il n’y a pas de réponse absolue, mais tant qu’elle n’est pas monétisée, je ne vois pas en quoi la fanfiction est un préjudice pour l’auteur.

  13. Alixe a dit :

    Whitewolf : Oh non, Citizen fan n’est absolument pas sponsorisé. La documentariste a découvert le monde des fans par hasard et l’a trouvé passionnant. Se sentant elle même devenir une « fan » (de Castle) elle a voulu témoigner dessus. Ça coute cher produire un documentaire, c’est son métier, elle a donc cherché à le vendre (ou plus exactement à obtenir les fonds pour payer les frais de production). Son objectif (pour le moment non atteint), est de faire passer un documentaire auprès du grand public (à la télé, donc), pour réhabiliter les fans. France Télévision a acheté un projet établi de documentaire, ce n’est pas un travail sur commande.

    Je peux affirmer, ayant été en contact avec la documentariste au tout début, que les recherches et le début du tournage ont été entrepris avant de savoir qui allait diffuser le produit fini.

  14. White Bird a dit :

    Je partage l’avis de @Whitewolf. J’ajouterais que la fanfiction n’est pas un plagiat, mais un autre imaginaire appliqué à un univers qu’on affectionne particulièrement. Je me sens particulièrement mal à l’aise face à cet article et à certain de ses commentaires, qui j’ai l’impression, font un peu l’amalgame et oublient le respect immense que témoigne un auteur de fanfiction envers l’auteur de l’oeuvre original. Ayant moi même commencé par de la fanfiction à l’âge de 14 ans, avant de créer mon propre univers, je me sens en droit de parler de ma propre expérience.

    Sans la fanfiction je n’aurais jamais pu découvrir ma passion pour l’écriture. Je ne prétends pas avoir le niveau de mes auteurs préférés. J’ai aussi toujours respecté le souhait des auteurs qui ne voulaient pas voir de fanfictions de leurs œuvres. Je pense qu’en plus de rassembler une communauté de fans, ce domaine permet à de nouveaux auteurs potentiels de se jeter à l’eau. L’interdire complètement c’est, pour moi, empêché les fans de continuer à faire vivre les personnages et l’histoire, en plus de leur interdire de se les approprier. Mon avis n’engage cependant que moi, je ne souhaite pas l’imposer, je comprends même tout à fait l’avis contraire. J’ai même parfois honte de dire que j’écrivais des fanfictions tellement l’image renvoyée est péjorative…

    • Jo Ann a dit :

      La réputation doit être la même pour la romance et autres « mauvais genres », même si la fanfiction a sa catégorie à part. 🙂
      Je connais des auteurs publiés qui ont la fanfiction en grande estime et certains en écrivent toujours, même après publication. Ça ne me viendrait jamais à l’esprit d’y porter un jugement quelconque. Je peux ne pas accepter des fanfictions de mes textes/univers, mais je ne suis pas sectaire. 🙂

  15. Maneeya a dit :

    Bonjour j’ai été surprise, autant par l’article lui-même et les violents commentaires que cela à susciter (pas tous heureusement). Je précise que j’écris de la fanfiction donc c’est sur que je l’ai un peu mal pris néanmoins j’ai apprécié la démarche de renseignement que tu as eu avant d’écrire ton article.
    Je vais pas revenir sur tous les bons points de la fanfiction (tu les connais), c’est un genre qui a ses détracteurs. Par contre, j’ai souvent vu des auteurs de fanfiction à la limite de l’idolâtrie des auteurs alors j’espère que tu ne vois vraiment pas ça comme du vol ou un manque de respect.
    Mais mon principal avis sur la fanfiction, c’est que ce n’est pas si différent du pastiche ou de la parodie. Personnellement, écrire une fanfiction me permet de me creuser la tête, de comprendre les personnages, pourquoi ils ont agi comme ça et pas comme ci, m’interroger sur le cadre ect. Peut-être que je deviens fanatique mais pour moi c’est un art à part entière pour lequel je me donne beaucoup de mal, aussi bien pour que cela coïncide avec l’œuvre original et qu’il y est une trame.
    En tout cas, c’est toujours précieux d’avoir l’avis d’un auteur même s’il diverge du mien. Mais sache qu’il y a des lecteurs (je ne pense pas être la seule dans ce cas) qui à chaque livre lu, imagine une suite, un moment qui n’est pas décrit ou autre car l’oeuvre les a fait voyager, leur a transmis une idée ou des sensation et s’ils ne peuvent pas publier le fruit de ceci, ce seront des mots qui resteront sûrement enfermés sur un document world ou office paumé ou sur une feuille qui jaunira année après année. Personnellement cette idée m’attriste.
    Quoi qu’il en soit, je te souhaite bonne continuation.

    • Jo Ann a dit :

      Merci pour ton commentaire, Maneeya. 🙂

      Je serais plutôt du genre à suggérer de transformer la fanfiction écrite en œuvre originale, justement pour ne pas être forcé de les archiver. Je trouverais triste, aussi, d’avoir ces mots oubliés dans un tiroir.

  16. Le Changenom a dit :

    L’idée est mignonne…Le problème avec la transformation en original, c’est la sensation de vol que ça inspire. Si j’écris une histoire sur deux de mes personnages préférés, qui sont, à priori bien reconnaissables, et dans un monde particulier, à moins d’un UA, et je publies ensuite sous couvert d’original alors que tout m’a été inspiré par une oeuvre que j’ai aimé et que je respecte, ça fait de moi un plagieur, un voleur d’idée. Et pour beaucoup, je pense, ça compte énormément : on admire l’auteur, il est hors de question de lui faire ce genre d’affronts… Et une grande part de l’esprit de la fanfiction réside dans le partage avec d’autres personnes comme nous, et qui n’aura jamais lieu si on publie sous couverture.

    • Jo Ann a dit :

      Quand je compare Twilight (que j’ai lu) à Fifty Shades (que je n’ai pas lu, mais à force d’en entendre parler…), je me demande si j’aurais su faire le lien entre les deux. Dans ce cas particulier, le passage à l’original ne me semble pas un « vol », mais je peux comprendre.
      (Ceci dit, je sais que ce n’est peut-être pas le meilleur exemple… :-))

  17. Season C. a dit :

    Bonjour !

    Je ne sais pas trop si ce commentaire aura un intérêt, ni si j’ai vraiment voix au chapitre, mais la question de la fanfiction – au sens actuel du terme – me fascine vraiment.

    Votre article est très intéressant, parce qu’il est nuancé. Vous arrivez à présenter les deux points de vue généraux, en plus du vôtre, sans tomber dans l’exagération, ou la passion, et c’est rare, surtout sur internet, donc déjà : merci pour ça.

    J’ai lu aussi les commentaires qui suivaient, et à leur façon ils étaient tous intéressants, mais je me demandais si je ne pouvais pas apporter un autre ressenti. Parce qu’en réalité je suis une traîtresse. J’ai joué dans les deux camps, et je ne sais lequel choisir – j’ai l’impression que deux camps s’affrontent dans ce domaine !

    L’écriture, c’est une passion et mes premières « longues » histoires ont été, je l’avoue en baissant la tête, des fanfictions. A vrai dire, j’étais trop petite (je devais avoir onze ans ?) pour réfléchir plus loin que « Y’a pas la suite, l’auteur est mort, en plus… Personne regarde ? Bon, j’y vais, j’écris la suite… »

    Le point positif majeur, pour l’auteur de fanfiction, c’est que c’est facile. On joue à la poupée, en fait. On entre dans un monde. Et puis, surtout, on aime déjà les personnages ! C’est plus dur de se créer des personnages de toutes pièces, et d’apprendre à les aimer. Enfin, je trouve…
    Pour ma part, la fanfic m’a appris la construction de chapitres, l’emploi de mots de vocabulaire plus percutants, la formation d’une pseudo-intrigue, à finir une histoire. Par la suite, en la faisant lire, j’ai appris à gérer un mini-lectorat, à apprendre à recevoir une critique, à m’enthousiasmer de l’enthousiasme d’un lecteur assidu. Mais au final ça restait un peu frustrant.

    J’ai pu me mettre à l’écriture de fictions originales, et à m’y éclater, un peu plus tard. Et je gardais cette idée : « la fanfiction, ah, que c’est bien quand même ! » Naïvement, j’étais convaincue que les auteurs devaient être flattés d’avoir des fanfictions sur leurs oeuvres, et que je serais enchantée d’avoir un jour des milliers de fanfics sur mes histoires – on a tous le droit de fantasmer, non ?

    Et c’est là que j’ai découvert le cas Robin Hobb. Ma première réaction ? « Hystérique, il faut vraiment qu’elle se calme… » J’ai lu sa lettre, j’ai aussi lu l’histoire d’un auteur à laquelle elle fait allusion, et qui s’était littéralement fait spolier un tome de sa série littéraire par une auteur de fanfic (en gros, la gentille auteur autorisait les fanfics et échangeait régulièrement avec ses fan-auteurs ; une auteur de fanfic écrit une histoire qui ressemble au prochain tome « officiel » ; l’auteur lui signale gentiment, affolée, qu’elle est en train d’écrire la même chose et qu’elle ne veut avoir aucun ennui ; les choses dégénèrent et l’auteur est obligée de reprendre tout son dernier tome…).

    Je suis d’accord avec le fait qu’on puisse penser « Mais écris ta propre histoire, bon sang ! Je l’ai fait, donc c’est pas bien sorcier ! », comme Robin Hobb, mais ça ne m’empêchait pas de me ranger dans le camp des pro-fanfics. Parce que j’aimais jouer à la poupée, et que je ne voyais pas le problème pour les auteurs reconnus qu’on joue avec les poupées qu’ils avaient créées.

    Et puis, un beau jour, un lecteur m’écrit. Il était adorable – il l’est toujours -, comme la plupart des lecteurs qui écrivent aux écrivains-en-herbe comme moi. Après avoir demandé des détails, posé des hypothèses pour le tome suivant… il m’avoue qu’il écrit pour lui et pour une amie une fanfiction racontant le passé d’un des personnages principaux et sa romance avec la narratrice.

    Là, je vous assure que la vérité – surtout lorsqu’on sait très bien quel est le réel passé du personnage et que NON, il ne sortira JAMAIS avec la narratrice – c’est qu’on se contracte de partout, qu’on devient tout rouge, et qu’on fronce furieusement les sourcils en tapant du pied par terre.

    « C’est MAAAA poupééééée !!!! »

    Et oui, en une seconde (enfin, trois, le temps de lire l’explication de mon lecteur), j’ai compris pourquoi Robin Hobb était hystérique.
    Parce qu’en fait, les auteurs de fanfiction ne jouent pas avec une poupée distribuée à la chaîne, non ! Ils jouent avec la poupée d’un écrivain, une poupée que l’écrivain a dessinée, fabriquée, à qui il a designé toute une garde-robe. Je ne pense pas que tous les écrivains réagissent de la même façon : on peut s’en moquer royalement, hausser les épaules en sachant bien que l' »autre » finira par se lasser de la poupée et la rejeter au loin. Ou alors c’était notre poupée adorée, et rien que de voir un étranger lui mettre des ballerines au lieu de ses rangers habituelles, ça nous donne des boutons.
    Je pense que Robin Hobb tient énormément à ses personnages, elle se range dans la catégorie possessive. Et à vrai dire, je ne sais pas si beaucoup d’auteurs – ceux qui écrivent avec l’amour de leurs personnages – apprécient beaucoup qu’on leur chipe leurs poupées pour faire n’importe quoi avec.

    Il y a aussi le « si l’auteur ne veut pas qu’on écrive des fanfics, il n’a qu’à pas publier ! ». Pour être honnête, je trouve que les échanges avec les lecteurs font partie intégrante de ma passion, et sans publication…. c’est difficile d’en trouver ! En plus, qui critiquerait, sinon ? Parce que la critique, c’est ce qui nous permet d’avancer, tout de même !
    Et puis, ça ne se fait pas de dire à un enfant « Va jouer avec ta poupée sous l’escalier, comme ça, y’a pas un gamin qui te la piquera ! ». Non, le gamin il en est fier de sa poupée, il veut aller montrer ce qu’il a créé à tout le monde, et se la raconter toute la journée. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il l’a fabriquée tout seul, qu’il ne l’a pas achetée toute faite !

    Tout ça pour dire que je n’ai toujours pas d’avis tranché sur la question. Juste une suite d’expériences, qui pourrait permettre de mieux comprendre les réactions enflammées des uns et des autres ?

    C’est un peu trop long, et sans doute pas très clair, j’en suis désolée : c’est la première fois que j’écris un commentaire pour un article. Je ne sais pas si ça intéressera quelqu’un, mais je tenais à donner mes points de vue !

    Bonne continuation et merci pour cet article !
    Sea

    • Jo Ann a dit :

      Merci beaucoup pour ton commentaire, Sea ! Surtout que je comprends tout à fait cette réaction concernant sa poupée. 🙂
      Imaginons qu’on ait un duo de héros qui ne peuvent pas se passer l’un de l’autre (ils peuvent s’envoyer des piques comme être complices, au choix). Un lecteur trouve que c’est le couple parfait (y en a pour tous les goûts). Mais oh, misère : dans le tome suivant, pas encore publié, le duo découvre qu’ils sont en réalité frère et sœur (ou frère et frère, ou sœur et sœur). Je sais bien qu’il y a des gens friands d’histoires d’inceste, mais ce n’est pas le cas de tout le monde… Je suis sûre que l’auteur (qui avait une idée bien précise de ses persos) piquerait une crise (d’hystérie ou pas…).

  18. B-Dawn a dit :

    Je voulais juste te dire Al, merci pour cette analyse qui, je trouve, est très représentative du l’univers des fanfictions. Etant moi même fan et auteure de certaines fics, je me retrouve dans ce que tu as écris.
    Chacun est libre d’aimer ou non les fanfictions mais ce que je voudrais ajouter, c’est qu’il ne faut pas oublier que ça ne concerne pas seulement les livres mais également les films, les séries, etc …
    Lorsque plusieurs personnes lisent un même livre et en viennent à en discuter, ils n’auront pas tous les mêmes impressions et ils n’arriveront pas tous aux mêmes conclusions. Chacun lit avec son propre point et donc interprétera le livre à sa manière, ce qui parfois peut différer de ce que l’auteur a voulu faire passer. Si cette personne décide de mettre son interprétation par écrit, personnellement, je ne vois pas le problème. Bien sûr comme Al l’a précisé, parfois une fanfiction découle du fait que le lecteur est frustré par rapport à quelque chose ayant (ou pas) eu lieu. Là encore, je ne vois pas où est le problème. Il m’est arrivé à plusieurs reprises de lire un livre ou de regarder une série/film et malgré le fait d’avoir aimé, d’être restée sur ma faim, d’être déçue par la fin, d’être frustrée par quelque chose…
    Au final, je dirais que la fanfiction tout autant qu’un blog, est juste un moyen comme un autre de s’exprimer, voilà 😉

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