Étapes de création d’un ebook – 2e partie

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2e étape : la conversion

Le moyen le plus simple revient à utiliser le site Feedbooks, à y copier/coller vos documents, à les publier gratuitement, juste le temps de récupérer les fichiers epub et Kindle, puis à les retirer du site.

C’est cependant une solution qui reste amateur, valable si vous souhaitez juste offrir un extrait de vos textes en format numérique sur votre site, mais pas si vous souhaitez vendre – les fichiers créés par ce biais comporteront la mention Feedbooks.

Je recommande de créer des fichiers sans DRM (digital rights management, verrous numériques). Les DRM empêchent en effet la conversion et la sauvegarde des fichiers ebook par les lecteurs, ce qui est préjudiciable pour ces derniers, et sont aisément contournés par les pirates de tous bords.

Amazon est le seul distributeur à permettre la conversion directement à partir de fichiers Word (.doc). Personnellement, je préfère utiliser le logiciel Mobipocket creator. Il existe un tutoriel en anglais que je recommande. Si j’utilise Mobipocket, c’est qu’il me permet de compresser au maximum mes fichiers Kindle, ce qui diminue mes « frais de livraison » à chaque vente d’ebook sur Amazon et améliore ma marge.

Vous n’êtes pas obligé(e) d’utiliser la table des matières de Mobipocket. En utilisant les feuilles de style de Word, il y a moyen de créer un sommaire comportant des hyperliens pour chaque titre de chapitre. Il n’est pas indispensable de le faire, mais cela facilite la navigation à l’intérieur du livre et c’est plus professionnel.

Il importe de remplir les champs de métadonnées quel que soit le distributeur. Les métadonnées correspondent à la signature numérique de votre fichier. Par exemple, pour un fichier de type Word, vous accédez aux propriétés pour savoir qui est le créateur du document. Les métadonnées sont un peu plus étendues : elles comprennent non seulement le nom de l’auteur, mais celui de l’éditeur s’il y a lieu, l’ISBN, la description du livre (quatrième de couverture), et parfois même la couverture, que vous pouvez y intégrer directement.

En théorie, on peut se passer des métadonnées internes au fichier epub, car tous ces renseignements, il vous faut les communiquer de nouveau dans les champs appropriés sur les sites ou fichiers excel des distributeurs concernés. Il n’est en général pas nécessaire d’intégrer la couverture de l’ebook dans les métadonnées. Attention, pour Apple, non seulement ce n’est pas nécessaire mais il ne faut pas le faire, sous peine de voir votre fichier epub refusé (oui, Apple utilise l’epub, un format commun aux PC et Mac, tout comme les fichiers .RTF).

Votre fichier de départ doit être « propre », c’est à dire que les polices de caractère prises en compte par les ebooks sont basiques, pas au-delà de la taille 14, les lettrines ne sont pas prises en compte, et les césures ne sont pas définies par vous, mais par le matériel utilisé (liseuse). Ainsi, la Kindle Paperwhite ne pratique pas la césure, là où les dernières Bookeen et Kobo proposent l’option. Dans le corps du texte de votre traitement de texte, veillez à ce que le style reste partout sur « standard », et ce afin d’éviter les surprises.

J’ai tendance à inclure une présentation de l’ouvrage (de type quatrième de couverture) au début de l’ebook (je parle ici du corps du livre), afin que le lecteur sache de quoi il s’agit s’il ne l’a plus lu depuis longtemps. Je le fais, même si j’ai déjà rentré la présentation dans le champ de métadonnées de l’ebook.

À des fins promotionnelles, je rentre aussi la description de mes autres ouvrages en fin de fichier, avec des liens hypertextes vers mon site et mon blog. Il est aussi possible de procéder à des échanges de présentation avec d’autres auteurs, afin d’essayer de «  partager le lectorat  ».

Pour les fichiers EPUB, auparavant, j’utilisais le logiciel Calibre couplé au logiciel Sigil. Calibre permet d’assurer une conversion de manière simple (personnellement, dans l’onglet présentation, je supprime l’interligne automatique entre paragraphes, pour resserrer le texte). Le logiciel Sigil ne travaille qu’à partir de fichiers epub déjà constitués. Il permet, avec l’onglet « Insert », puis « SGF Chapter marker », d’insérer très facilement des chapitres, puis de générer une table des matières sans avoir à le faire sous Calibre (moins fiable, selon mon expérience).

En ce moment, je bâtis mes fichiers epub directement à partir du traitement de texte que j’utilise, à savoir LibreOffice. Je continue à utiliser Sigil, mais juste pour la vérification finale de l’epub, même plus pour le chapitrage.

Pour cela, je suis allé récupérer le plugin Writer to ePub sur Internet. Puis dans l’onglet « Outils » de Libre Office, en sélectionnant « Gestionnaire d’extensions », je l’ai ajouté.

Il me suffit ensuite de créer tous mes titres de chapitres (juste les titres de chapitre, pas les chapitres entiers) à l’aide des feuilles de style en titre 1 (en limitant la police de caractère à la taille 14, les tailles supérieures n’étant de toute façon pas gérées par les ebooks) pour obtenir un chapitrage automatiquement. Je rentre les métadonnées, je laisse les préférences par défaut, je lance la conversion et c’est magique, tout se fait tout seul (l’epub est créé dans le même répertoire que celui du document converti). C’est une solution ultrasimple une fois que le plugin est installé, plus encore que de définir des hyperliens sous Word.

Et maintenant, les différents logiciels en images :

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Étapes de création d’un ebook – 1ère partie

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Vous êtes auteur édité de longue date, mais votre éditeur n’a pas inclus les droits numériques dans votre contrat d’édition, ou ne les exploite en aucune manière. Vous êtes jeune auteur et, en analysant le marché, vous vous êtes aperçu(e) que les ventes de liseuses numériques avaient décollé depuis 2011 en France, que l’ebook allait devenir dans le futur le moyen de distribution rêvé puisque ne comportant pas de retours et limitant considérablement le risque financier. Dans un cas comme dans l’autre, il est temps de proposer au public vos textes au format numérique. Voici donc quelques exemples parmi d’autres d’étapes de la création d’ebooks qui permettront aux auteurs d’ouvrages non illustrés de numériser leur(s) roman(s) de manière simple et rapide.

1ère étape : ISBN et exclusivité

Si j’ai tenu à lier le sujet du numéro ISBN, numéro d’identification de votre livre, à celui de la distribution exclusive ou non, c’est que le principal acteur du livre numérique, loin devant tous les autres en ce qui concerne la visibilité qu’il procure aux auteurs indépendants, Amazon, ne demande pas d’ISBN et propose une option d’exclusivité, appelée KDP Select.

En d’autres termes, pour ceux qui auraient à l’esprit de profiter des fonctionnalités de KDP Select, à savoir la gratuité de leur ouvrage pour une période promotionnelle de cinq jours maximum et la mise à disposition (contre paiement à chaque téléchargement) dans la bibliothèque de prêt du Kindle, en échange de l’exclusivité pour trois mois de leurs ouvrages sur Amazon, il y a matière à questionner l’utilité d’un numéro ISBN.

Que cela soit clair, je déconseille fortement l’exclusivité. Certes, les concurrents d’Amazon commencent seulement à comprendre que tous les auteurs indépendants réunis pèsent à peu près 25% des ventes d’ebooks, soit autant que les deux plus gros éditeurs aux États-Unis.

Certes, le modèle économique des concurrents d’Amazon semble lié au modèle des gros éditeurs, et les Kobo, Apple et consorts ne commencent à miser que très prudemment sur les auteurs indépendants, avec beaucoup de retard.

Mais le poids économique des auteurs indépendants va finir par faire pencher la balance. C’est irrémédiable. Aux États-Unis, l’essor de l’ebook est allé de pair avec la progression des ventes d’ebooks des auteurs indépendants, et le basculement des auteurs de milieu de liste vers l’autoédition.

Ainsi, dans le milieu de la SFFF (science-fiction, fantasy, fantastique), on estime que le seuil des 50% d’ebooks vendus par rapport aux livres papier a été dépassé outre-Atlantique.

Il est donc fort probable que la SFFF soit, avec la romance, les livres érotiques et le polar, le premier domaine à basculer du côté indépendant de la Force en France. Et dans ce cas, les concurrents d’Amazon suivront, contraints et forcés.

Donc, privilégiez le plus grand nombre de distributeurs possible, pour ne pas favoriser l’un d’eux, préserver votre future indépendance et ne pas nuire aux lecteurs qui ne possèderaient pas un Kindle. Faites en sorte de ne pas tarir les petits ruisseaux si vous voulez un jour avoir une grande rivière. En d’autres termes, ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier.

Vous pouvez récupérer le Formulaire d’autoédition pour le particulier demandeur d’un ISBN auprès de l’AFNIL : http://wwww.afnil.org, les numéros vous seront ensuite envoyés. Libre à vous de les utiliser pour les ouvrages numériques ou papier de votre choix. Les ISBN permettent en théorie un meilleur repérage de vos ebooks sur Internet, donc mieux vaut ne pas les négliger pour les distributeurs concurrents d’Amazon.

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Le droit de citation

Conformément au droit d’auteur, nul ne peut utiliser un texte sans l’accord express de son créateur. C’est un principe juridique, autrement dit une règle générale à appliquer dans tous les cas, du moins en théorie car il existe des exceptions au droit d’auteur, définies par l’article L 122-5 du code de la propriété intellectuelle.

La partie qui nous intéresse est l’alinéa 3, qui concerne le droit de citation, aussi appelé droit de courte citation. Décryptage.

1/ Le texte de loi

« Lorsque l’œuvre a été divulguée, l’auteur ne peut interdire :

[…]

3° Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source :

a) Les analyses et courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées ;

b) Les revues de presse ;

c) La diffusion, même intégrale, par la voie de presse ou de télédiffusion, à titre d’information d’actualité, des discours destinés au public prononcés dans les assemblées politiques, administratives, judiciaires ou académiques, ainsi que dans les réunions publiques d’ordre politique et les cérémonies officielles ;

d) Les reproductions, intégrales ou partielles d’œuvres d’art graphiques ou plastiques destinées à figurer dans le catalogue d’une vente judiciaire effectuée en France pour les exemplaires mis à la disposition du public avant la vente dans le seul but de décrire les œuvres d’art mises en vente ;

e) La représentation ou la reproduction d’extraits d’œuvres, sous réserve des œuvres conçues à des fins pédagogiques, des partitions de musique et des œuvres réalisées pour une édition numérique de l’écrit, à des fins exclusives d’illustration dans le cadre de l’enseignement et de la recherche, à l’exclusion de toute activité ludique ou récréative, dès lors que le public auquel cette représentation ou cette reproduction est destinée est composé majoritairement d’élèves, d’étudiants, d’enseignants ou de chercheurs directement concernés, que l’utilisation de cette représentation ou cette reproduction ne donne lieu à aucune exploitation commerciale et qu’elle est compensée par une rémunération négociée sur une base forfaitaire sans préjudice de la cession du droit de reproduction par reprographie mentionnée à l’article L. 122-10   »

2/ Ce qu’il raconte, en vrai

Ce texte fixe les conditions cumulatives – c’est-à-dire qui s’ajoutent les unes aux autres – que l’on doit remplir lorsque l’on effectue une citation.

« Lorsque l’œuvre a été divulguée »

Cela peut sembler élémentaire (mon cher Watson), pourtant ça ne l’est pas : toute œuvre que vous décidez de citer sans avoir demandé l’accord préalable de son auteur doit avoir été précédemment rendue publique. Toute citation d’une œuvre inédite sans avoir consulté son créateur au préalable et sans preuve écrite de cet accord sera assimilée à de la contrefaçon et punie comme telle. Vous devez respecter le droit de divulgation.

« Sous réserve que soient indiqués clairement le nom de l’auteur et la source »

Encore une fois, ce sont les bases : le respect du droit moral de l’auteur n’est soumis à aucune condition. Le droit de divulgation a déjà été abordé, il en va de même pour le droit de paternité : si vous choisissez de citer une autre œuvre de l’esprit, pensez à mentionner son titre et son créateur et n’hésitez pas à être précis : ajoutez le nom du traducteur s’il y a lieu, l’édition, le numéro de page, etc. On n’en dit jamais trop.

« Les analyses et […] citations justifiées par le caractère […] de l’œuvre à laquelle elles sont incorporées »

Autrement dit, vous ne pouvez pas citer autrui à tort et à travers sans la moindre raison valable. Lorsque vous employez les mots de quelqu’un d’autre, cela doit être pour illustrer votre propos de manière pertinente, en appuyant une argumentation ou en démontrant un point problématique. Dans le cas d’une création romanesque, cela peut être pour expliquer d’où vous tenez certaines de vos sources d’inspiration, ou bien par simple souci d’exactitude historique. Nombreux sont les auteurs qui s’inspirent de mythes, de légendes ou de faits réels. Citer des auteurs qui parlent de ces événements est considéré comme pertinent.

Les points b), c) et d) du texte de loi rejoignent le point a) : on considère que la citation utilisée dans un cadre journalistique, politique, administratif, académique ou judiciaire éclaire une démarche (d’information, de débat, d’instruction, etc.) et est donc justifiée.

« La représentation ou la reproduction d’extraits d’œuvres […] à des fins exclusives d’illustration dans le cadre de l’enseignement et de la recherche »

On rejoint ici le point précédent, mais il est important de remarquer que les organismes d’éducation et d’enseignement bénéficient de conditions particulières. En dehors des « œuvres conçues à des fins pédagogiques », les enseignants peuvent utiliser les textes pour leurs cours. Néanmoins, ils doivent pour cela s’acquitter d’une « rémunération négociée sur une base forfaitaire sans préjudice de la cession du droit de reproduction par reprographie mentionnée à l’article L. 122-10   ».

Encore un texte de loi, et oui. Pour vous clarifier les choses, seuls les établissements d’enseignement – désignés comme « société régie par le titre II du livre III et agréée à cet effet par le ministre chargé de la culture » – disposant d’une autorisation du ministère de la culture peuvent reproduire des œuvres littéraires.

« Les […] courtes citations »

C’est là que la loi devient singulièrement imprécise : qu’est-ce qu’une courte citation ? À quel moment cite-t-on une trop longue partie du texte ? Rien ne nous l’indique précisément. C’est à chacun d’apprécier ce qu’il considère comme suffisant : la loi ne tranchera, en la personne d’un juge, que s’il y a poursuites. L’idéal est donc de s’en tenir au « strict minimum », en ne citant que les parties absolument nécessaires du texte utilisé.

3/ Dernières précisions utiles

Ces dispositions relatives au droit de citation ne sont valables que pour les œuvres littéraires, autrement dit, ne sont pas concernées :

  • Les œuvres cinématographiques ;
  • Les œuvres musicales ;
  • Les œuvres graphiques et plastiques ;
  • Les bandes dessinées.

Pour ces dernières, le cas est bien particulier car non seulement la reproduction est toujours soumise à autorisation, mais en plus une vignette n’est pas considérée comme un extrait : c’est une œuvre à part entière.

Enfin, retenez bien que tout cela s’applique pour les textes du domaine privé : tout ce qui est du domaine public (et notamment les textes de lois) peut être reproduit dans son intégralité sans autorisation préalable… Et encore heureux, sinon je risquerais des poursuites rien que pour cet article!

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Le contrat d’édition : partie 2

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3/ Les obligations de l’auteur

Nous avons vu précédemment quels étaient vos droits en tant que créateur d’une œuvre. Céder ces droits ne se fait pas sans accepter un certain nombre de contraintes car, si l’éditeur s’engage à vous publier, vous n’avez pas encore fini votre part du travail.

Respect des termes du contrat

J’enfonce une porte ouverte, mais mieux vaut insister sur les essentiels. Lisez bien votre contrat avant de signer : il comporte des obligations particulières auxquelles vous devrez vous tenir. Certaines, telles que le délai de remise du manuscrit, peuvent être aisément négociables. Ainsi, mieux vaut demander un mois supplémentaire pour être sûr d’être dans les temps et de faire du bon travail, plutôt que de signer sans regarder et de vous retrouver pris de court.

De même, le contrat précisera le nombre d’exemplaires auteur que vous recevrez, les conditions de distribution d’exemplaires gratuits, etc. Autant de paramètres qui prendront de l’importance une fois le processus éditorial engagé et qu’il vaut mieux connaître.

Plagiat, extraits, respect d’autrui

Cela peut sembler élémentaire, mais il est toujours bon de le rappeler : en signant un contrat d’édition, vous garantissez à l’éditeur que vous êtes l’auteur de cette œuvre

Si vous citez l’œuvre de quelqu’un d’autre, cela doit être fait dans le respect du droit de citation. Celui-ci fera l’objet d’un article sur [EC], mais sachez que les principes de base à respecter sont les suivants : le texte que vous citez doit déjà avoir été publié avec l’accord de son auteur et vous devez respecter son droit moral, c’est-à-dire, a minima, citer le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre. Enfin, la citation n’est autorisée que « dans la mesure du but à atteindre », autrement dit : la plupart du temps, il vous est interdit de la reproduire en totalité. Vous devez vous contenter des extraits ayant un rapport direct avec votre propos.

De plus, vous vous engagez à ne pas diffamer qui que ce soit et à respecter la vie privée d’autrui. Le manquement à ce principe simple peut avoir de lourdes conséquences.

Corrections éditoriales

Les fameuses corrections éditoriales dont nous parle si bien Roxanesont parfois mal vues des aspirants à l’édition. Les uns se sentent incompris, les autres ont l’impression de trahir leur texte, enfin certains se sentent dépossédés de leur œuvre. Sachez qu’en signant un contrat, vous vous engagez à passer par là. L’éditeur ne vous demande pas ces corrections pour le simple plaisir de vous faire réécrire votre texte, mais bien pour l’améliorer ! Alors certes, on pourra vous suggérer de supprimer des passages entiers qui vous tiennent à cœur. On pourra vous faire supprimer des tournures de phrases couramment utilisées et que vous croyiez sincèrement correctes. On pourra critiquer certains effets de style dont vous étiez très fiers. C’est dur. Parfois, votre fierté en prend un coup. Mais croyez-moi, c’est pour le mieux – et de toute manière, c’est obligatoire. Si cela peut vous rassurer, sachez que chacun des articles [EC] est corrigé par Vanessa et Jo Ann, qui appliquent à chaque fois des corrections, parfois en quantité industrielle. Mais on finit par s’y faire.

Cet article après être passé entre les mains de Jo Ann et Vanessa. Plutôt impressionnant!

Promotion

Ne croyez pas que, parce que vous avez trouvé un éditeur, votre livre ne dépend plus de vous. Vous vous devez de participer, dans la mesure de vos moyens, à la promotion de votre texte. Ainsi, vous pouvez démarcher les librairies près de chez vous, en parler sur le net, vous inscrire à des manifestations culturelles…

4/ Les obligations de l’éditeur

Bien entendu, signer un contrat engage au minimum deux parties et l’auteur n’est pas le seul à avoir des obligations.

Respect des termes du contrat (encore)

Si l’auteur a une date limite de remise du manuscrit, l’éditeur a une date limite de publication, après quoi le contrat devient caduc.

Avec le respect des droits d’auteur, c’est l’une des obligations les plus importantes de l’éditeur. Nombreux sont ceux qui ont eu des soucis avec leurs auteurs car ils étaient dans l’incapacité de tenir ce délai. Bien sûr, cela ne veut pas dire que votre livre paraîtra dans les deux semaines. Mais ce délai doit être raisonnable et vous pouvez considérer qu’au-delà d’un an, il est excessif.

Processus éditorial

L’éditeur est donc en charge du processus éditorial. Celui-ci recouvre plusieurs services qu’il doit fournir gratuitement et obligatoirement à l’auteur (à moins d’éditer à compte d’auteur, mais c’est une autre histoire).

Ainsi, l’éditeur prend en charge les corrections éditoriales – soumises à l’approbation de l’auteur – et les corrections typographiques, qui peuvent être menées indépendamment. L’éditeur se charge également de la mise en page et de la création de la couverture. C’est donc à lui, lorsque la situation l’exige, de trouver un illustrateur et de le rémunérer.

L’auteur a parfois un droit de regard sur la création de la couverture, auquel cas ceci est inscrit au contrat.

Rémunération et charges sociales

En tant qu’ayant-droit sur votre œuvre, l’éditeur se doit de vous rémunérer. Cette rémunération s’exprime en général en pourcentage du prix hors taxes de votre livre. Ce pourcentage n’est souvent pas le même lorsque le livre est vendu au format papier ou au format numérique. Ainsi, pour une édition en format papier, l’auteur touche généralement entre 8 et 10 % du prix de vente HT. Au format numérique, ce pourcentage se situe entre 20 et 50 % HT. Dans le cadre de cette rémunération, l’éditeur vous fera parvenir une à quatre fois par an un état des ventes.

De plus, votre éditeur peut éventuellement vous verser un à-valoir, c’est-à-dire une avance sur l’argent que vous allez gagner en vendant vos livres. Il y a trois choses à retenir à ce sujet :

Tout d’abord, l’éditeur n’a aucune obligation de vous verser une avance. Bien des auteurs (moi comprise) n’en touchent pas !  Quand il y a une avance, son montant est calculé sur une estimation de votre potentiel vendeur et des moyens de l’éditeur, donc une maison d’édition ayant un petit capital ne vous versera sans doute pas d’à-valoir.

En deuxième lieu, le terme « avance » signifie que cet argent que vous touchez sera déduit de vos futurs gains. Ainsi, si vous touchez 100 € d’à-valoir, vous n’aurez pas de droits d’auteurs jusqu’à avoir vendu suffisamment de livre pour recouvrir cette somme.

Le troisième point, c’est que plus l’à-valoir est conséquent, plus l’éditeur croit en vous et plus il s’engagera dans la promotion de votre livre. Ainsi un éditeur qui vous versera 2000 € d’avance (ce qui reste relativement rare) devra s’investir pour recouvrir cet argent déjà engagé… Et donc pour vendre votre livre. Un éditeur qui vous versera 50 € d’avance n’aura pas à déployer autant d’efforts pour revenir sur son investissement.

Enfin, sachez que l’éditeur prend souvent en charge le paiement des cotisations à l’AGESSA de l’auteur.

Promotion (toujours)

Si l’auteur doit se remuer pour promouvoir son œuvre (et c’est bien normal), c’est avant tout à l’éditeur de prendre soin de la bonne diffusion et de la visibilité du livre. C’est lui qui s’assurera d’avoir la meilleure couverture géographique possible, qui attribuera des exemplaires presse, et qui, dans bien des cas, paiera le défraiement de l’auteur lorsque celui-ci doit se déplacer loin de chez lui pour la promotion de ses œuvres. Marque-pages, produits dérivés divers…. Tout cela est à la charge de l’éditeur.

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Les réseaux tuent-ils la productivité ?

Souvent, nous lisons que les réseaux sociaux tuent la productivité. À quel point est-ce vrai ? Après tout, le mot « procrastination » ne date pas d’hier. Marcel Proust l’utilisait déjà dans À la recherche du temps perdu. Ajourner. Reporter. Remettre à plus tard. Tout ceci veut dire la même chose.

Estelle Van de Velde répond sans hésiter que, OUI, les réseaux sociaux tuent la productivité. « Facebook, Vie de Merde ou Dans ton Chat sont des bouffeurs de temps. » « Quand je me retrouve sur mon ordinateur dans le but d’écrire, je ne peux pas m’empêcher de cliquer sur l’onglet Firefox… » Mais il y a de bons côtés à ces mêmes réseaux : « dans le cadre d’évènements comme le NaNoWriMo, le rôle des réseaux sociaux a quelque chose de boostant. (…) Le fait de lire (…) que quelqu’un avait augmenté son quota d’autant de mots a eu un effet plus que bénéfique sur ma propre écriture. » Mais ce n’est pas seulement dans la motivation que c’est important. « Quand on a une panne ou qu’on recherche de la documentation, c’est très facile de remonter la pente après une bonne discussion avec telle ou telle personne. Dans le cadre du roman que j’écris en ce moment, j’avais besoin de témoignages. » Un appel sur sa page Facebook l’a aidée. « Dans ces cas-là, (…) c’est très instructif et cela nous renvoie au côté parfois très humain de l’écriture. » « Malheureusement, ce cas de figure est très rare me concernant. J’ai plutôt tendance à passer des heures sur les Chats ou à lire les blogs des autres. J’en oublie parfois que je suis moi aussi une auteure en herbe et qu’il faut que je me bouge le popotin… »
D’après Justine Patérour, « les réseaux sociaux deviennent une drogue de plus en plus addictive dont on n’arrive pas à sortir ne serait-ce que cinq minutes pour poser tranquillement les idées sur papier ou autre. Je suis la première à l’avouer : je suis accro ». Malgré sa bonne volonté au moment d’écrire, Justine se laisse facilement distraire : « une petite sonnerie me fait comprendre que j’ai une conversation en cours ou bien une notification. Alors, ni une ni deux, comme je suis curieuse (voire très), je vais voir et une heure se passe, voire plus, et au final je n’ai rien écrit ». Pourtant, tout n’est ni complètement blanc ni complètement noir. Les réseaux sont également une étonnante source d’information et d’entraide. « J’ai de très bonnes bêta[-lectrices] avec qui je discute tous les jours », dit Justine. « Dès que je me sens bloquée dans un phrase ou que je ne suis pas sûre de mon paragraphe, je (…) demande à l’une d’elles un avis qui est très précis et qui au final m’aide beaucoup. Mais l’inverse se produit aussi. »
Le temps que Cécile Ama Courtois passe sur les réseaux sociaux « à discuter, découvrir, lire les autres, parler de [soi] et de ce [qu’elle écrit], etc., [elle] ne le passe pas… à écrire ». Mais c’est un autre monde qui s’est ouvert à elle puisqu’elle est « en contact quasi permanent avec des lecteurs, d’autres auteurs, et des gens du monde du livre au sens large » et elle peut « partager ce [qu’elle vit] et ce [qu’elle écrit] au lieu de rester cloîtrée dans [sa] bulle, isolée derrière [son] clavier ». D’ailleurs, elle avoue être plus productive maintenant. Ces « échanges me rendent tellement plus prolifique et productive que ça en vaut vraiment la peine ! » Bénédicte Coudière est du même avis. « Ils peuvent être source de productivité. C’est le meilleur moyen pour relayer des appels à textes, pour avoir la petite idée pour démarrer, au détour d’une conversation… Encore faut-il ne pas se laisser distraire après. » Ce qui est exactement le problème de Grégory Quesne : « J’ai besoin de ressources autant historiques que scientifiques pour mon roman, il est très difficile pour moi de ne pas faire un détour par le site que le Malin a mis entre mes mains. »

Enfin, pour d’autres comme Julien Morgan, la réponse est clairement NON. « Les réseaux sociaux ne tuent pas la productivité, pour la simple et bonne raison que la définition même de la procrastination est qu’on peut trouver TOUS les prétextes pour ne pas en foutre une. Facebook ? Une série télé ? Un documentaire à ab-so-lu-ment ne pas manquer ? » Pour lui, le manque de productivité « n’est pas la faute d’Internet, c’est la faute à PDMPEEMJCAJMCSLDDRS : Pas De Motivation, Pas Envie d’Écrire, Mais Je Culpabilise, Alors Je Mets Ça Sur Le Dos Des Réseaux Sociaux. » Bénédicte conclut de la même manière. « [Au] fond, les réseaux sociaux ne tuent pas plus la productivité qu’un roman passionnant, ni même qu’une console de jeux [ou] la future prochaine saison de Game of Thrones.  Les réseaux sociaux sont juste une nouvelle source de divertissement. »

Qui parmi vous est un procrastinateur de compétition ? (Ah, bien…) Afin de ne pas arriver à des extrêmes comme Grégory qui, « afin de limiter la casse », s’est remis au papier-crayon pour se tenir loin de toute tentation, faisons un exercice. C’est un exercice de rien du tout, vous allez voir : il suffit d’éteindre sa connexion. Oui, je sais, je n’ai pas inventé la poudre, et encore moins la roue, mais il suffit de petites choses.
Lorsque je suis à Luanda et que je dois subir ma connexion limitée prépayée et lente comme en 1998, je me fixe des objectifs : j’écris 6 000 sec et je peux me connecter pendant quinze minutes. Je corrige un chapitre et je peux me connecter pendant une demi-heure. Je travaille pendant une heure et je peux me connecter pendant autant de temps. Fixez-vous des objectifs à votre échelle. N’essayez pas d’écrire 30 000 sec dans la journée si vous en faites 5 000 habituellement. Ceci n’est pas une compétition, suivez votre rythme. On ne peut pas crier victoire avant de franchir la ligne d’arrivée. Et on ne franchit pas la ligne d’arrivée en se prenant pour le lièvre. La procrastination ne devrait plus être une excuse pour le non-aboutissement de vos projets. Comme le dit si bien Bénédicte, « tout est une question de volonté ».

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