Caractéristiques physiques et historiques

This entry is part 3 of 13 in the series Création de monde

Caractéristiques physiques et historiques

Généralités

  • Dans quelles régions géographiques l’histoire aura-t-elle lieu ? Quelle étendue de terres l’histoire couvrira-t-elle ? Quels sont les caractéristiques les plus frappantes du paysage, du climat, des animaux, etc. dans la région où se déroule l’histoire ?
  • S’il existe des peuples non-humains, y a-t-il des régions en particulier qu’ils revendiquent comme leurs (par exemple, les nains qui vivent traditionnellement sous terre, généralement dans les montagnes) ?

Climat et géographie

  • Les activités humaines ont-elles affecté le climat, le paysage, etc. dans diverses régions ? Comment ? (exemple : la croissance du désert du Sahara a été augmentée par la surexploitation.) Si c’est une Terre alternative, la partie « alternative » modifiera-t-elle des effets existants (s’il n’y a personne en Afrique du Nord, la croissance du désert sera probablement plus lente) ?
  • Comment les différences par rapport à la Terre (lunes et soleils, etc.) affectent-elles le climat dans les diverses régions ?
  • Quelle est la proportion des terres dans les zones équatoriales, tempérées, et polaires ?

À noter : le climat affecte le paysage par l’érosion et les précipitations, de même que la répartition des plantes et des animaux, et la formation du sol. Par conséquent, il détermine quelles cultures peuvent ou ne peuvent pas être plantées, quels animaux peuvent ou ne peuvent pas vivre dans cette région, quels vêtements doivent être portés pour faire face au temps, et la manière dont les maisons sont construites. Le gel et le dégel de l’hiver peuvent modifier les routes empruntées à cause du gel des cours d’eaux, des inondations, qui peuvent bloquer certains passages. Le temps a aussi un effet sur les sports disponibles, comme le ski. Tous ces points sont-ils compatibles avec ce que vous dites du climat dans ces régions particulières ?

  • Où sont les principales chaînes de montagnes ? Les fleuves et lacs ? Les déserts ? Les forêts, tropicales ou autres ? Les prairies et les plaines ?
  • S’il existe des créatures imaginaires (dragons, licornes, etc.) comment s’insèrent-elles dans l’écologie ? Que mangent-elles ? De quelle surface de territoire ont-elles besoin ? Peuvent-elles vivre n’importe où, ou préfèrent-elles/ont-elles besoin d’un type de climat ou de terrain particuliers ? Sont-elles intelligentes et/ou capables d’utiliser des sortilèges, de parler, etc. ? Sont-elles courantes ? Y a-t-il des espèces en voie de disparition ?

Ressources naturelles

  • Quelles régions sont les plus fertiles pour la culture ? Où se trouvent les ressources minérales ?
  • Quels animaux, oiseaux, poissons, ou toute autre faune sont généralement trouvés dans chaque région ? S’il existe des créatures imaginaires comme les dragons, où vivent-elles ?
  • Quelles ressources naturelles ont été épuisées dans quelles régions avec le temps, le cas échéant ?
  • Quelles ressources (par exemple le charbon, le pétrole, le minerai de fer, l’or, les diamants, le calcaire, etc.) sont particulièrement abondantes, et dans quelles régions ? Lesquelles sont rares et où ? Y a-t-il des endroits où se trouvent d’importants gisements non encore découverts, ou où de tels gisements n’ont pas encore été entièrement exploités ?
  • Est-ce que beaucoup de conflits ont été ou pourraient être causés par ces déséquilibres dans les ressources ? Qu’en est-il du commerce actif, pacifique ?
  • Quelles ressources en eau sont disponibles, et pour quels usages ? (exemple : une roue de moulin nécessite une eau qui s’écoule, c.-à-d. une rivière ou un ruisseau ; l’irrigation a besoin d’une source d’eau sûre et importante, comme un lac ou un grand fleuve, etc.)

Histoire générale

  • À quand remontent les récits ou les contes des événements historiques ? Ces histoires sont-elles bien connues ?
  • Les gens du peuple croient-ils les vieux contes, rejettent-ils ceux qui sont basés sur des éléments réels (par exemple la guerre de Troie) ?
  • Depuis combien de temps ce monde est-il peuplé ? La population a-t-elle évolué, a-t-elle été créée par les Dieux, vient-elle d’ailleurs ? S’il existe un peuple de non-humains, depuis combien de temps ceux-ci sont-ils présents et d’où sont-ils venus ?
  • Dans le cas d’une Terre alternative, à quel point l’histoire et la culture de celle-ci sont-elles similaires à celles de notre monde ? Pourquoi sont-elles si semblables/si différentes ?
  • Où la civilisation a-t-elle commencé ? Dans quelles directions s’est-elle étendue ? Comment son développement a-t-il été affecté par la présence de la magie ? Par la présence des races non-humaines (le cas échéant) ? Par les actes ou les interventions directes des dieux ?
  • Quels peuples/pays/races ont traditionnellement combattu, se sont alliés, ont commercé ou été rivaux ? Y a-t-il encore de la rancune en rapport avec certains événements passés ?
  • Quels peuples/pays/races ont été en conflit dans un passé récent ? Pourquoi ? Quand et pourquoi la dernière guerre a-t-elle eu lieu ? Qui a gagné ?
  • Quels peuples/pays/races sont considérés comme les plus civilisés ? Lesquels sont les plus avancés technologiquement ? Les plus avancés au niveau de la magie ? Les moins avancés ? Pourquoi ?
  • Y a-t-il un calendrier unique, accepté par tous (qui comprend également la mesure du temps) ou les différents pays, peuples ou races ont-ils des calendriers différents ?
  • Combien de langues y a-t-il ? Lesquelles sont liées (comme les langues romaines) et pourquoi ? Quelles langues empruntent des mots ou des expressions à d’autres langues ? Laquelle est susceptible d’être parlée le plus largement ? Pourquoi ?
  • Y a-t-il « une langue commerciale » qui facilite le commerce entre les pays qui ne parlent pas la même langue ? Y a-t-il « une langue universelle » parlée par les personnes instruites ou nobles (ou les magiciens), comme le latin l’était pendant le Moyen-Âge ?

Histoire d’un pays spécifique

  • À quel point cet endroit est-il facile d’accès ? Quelles caractéristiques naturelles marquent ses frontières ? Quels sont les pays/peuples voisins et à quoi ressemblent-ils ?
  • Pourquoi les gens se sont-ils installés dans ce pays en premier lieu ? Endroit stratégique ? Itinéraire commercial ? Transport de l’eau ? Minerai ? Endroit propice à l’agriculture, etc. ? Les choses ont-elles beaucoup changé depuis, ou les gens dépendent-ils encore de ce qui les avait amenés là au départ ?
  • Comment les armes de ce pays rivalisent-elles avec celles des villes et des pays environnants ? Y a-t-il eu de récentes inventions qui ont pu déséquilibrer la balance du pouvoir, ou tous les peuples sont-ils plus ou moins égaux ?
  • Qui sont les rivaux ou les ennemis de ce pays ? Sont-ils proches géographiquement parlant ? Sont-ils puissants ?
  • Qui sont les héros et les méchants de l’histoire de chaque pays (par exemple, Washington et Lincoln aux États-Unis, Henri V en Angleterre, etc.) ? Pourquoi sont-ils des héros/des méchants, et qu’est-ce que cela révèle au sujet du pays et des personnes qui les admirent ?
  • Quelle est la taille de la population de ce pays ? Qu’est-ce que cela représente par rapport à la taille de la population mondiale ? Qu’est-ce qui est considéré comme un village, une petite ville, une grande ville en termes de nombre d’habitants ?
  • Quelle est la diversité de la population de ce pays ? Combien de races différentes (humaines ou non-humaines), de croyances, etc. coexistent en temps normal dans les divers villages et villes de ce pays ? Dans quelles proportions ?
  • La population migre-t-elle de la campagne à la ville, du sud au nord, des montagnes aux côtes, etc. ? Pourquoi ? invasion, épidémie, ruée vers l’or, etc. ? Quels effets cet exode a-t-il eu sur les endroits abandonnés ? Sur les endroits bénéficiant de cet afflux de personnes ?
  • La magie est-elle légale ici ? La magie tout entière, ou seulement certaines sortes ? Les lois régissant la magie varient-elles considérablement d’un pays à l’autre, ou l’attitude vis-à-vis de celle-ci est-elle généralement la même ?
  • Que ce pays importe-t-il ? Exporte-t-il ? Quelle est l’importance du commerce pour l’économie ? Qui se charge de changer l’argent (différentes monnaies) et comment ? Quel est le système monétaire, et qui le frappe ?
  • Dans ce pays, quelle est la proportion de terres cultivables ? de forêt ? de désert ? de montagnes ? de plaines ?
  • Quelles sont les récoltes primaires (par exemple : pommes de terre, coton, tabac, café, riz, arachides, blé, canne à sucre, etc.) ? Certaines sont-elles développées principalement pour l’exportation ? Quelles récoltes ne peuvent pas être cultivées ici en raison du sol, du climat, ou autres ?
  • Quelles ressources en eau sont disponibles, et pour quels usages ? (exemple : une roue de moulin nécessite une eau qui s’écoule, c.-à-d. une rivière ou un ruisseau ; l’irrigation a besoin d’une source d’eau sûre et importante, comme un lac ou un grand fleuve, etc.)
  • Quels animaux sauvages, réels ou imaginaires, vivent dans ce secteur ? Certains d’entre eux sont-ils potentiellement utiles, par exemple pour la fourrure, l’huile, les peaux, les ingrédients magiques, les plumes à chapeau ?
  • Quels animaux, réels ou imaginaires, sont communément domestiqués dans ce secteur ? Lesquels ne le sont pas ici, mais le sont ailleurs ? (Exemple : les buffles d’eau en Inde, les bœufs en Europe, les chameaux dans des zones désertiques).
  • Comment la plupart des citoyens gagnent-ils leur vie ? agriculture, pêche, commerce, manufacture ? Les non-humains ont-ils tendance à avoir des métiers différents de ceux des humains ? Sont-ils légalement confinés à certains métiers ?

Fantasy Worldbulding questions est la propriété de Patricia C. Wrede, merci de ne pas redistribuer le questionnaire original ni sa traduction qui a été publiée ici avec son accord exclusif.

Publié dans Ressources | Tagué , | Laisser un commentaire

La Loi Lang sur le prix unique du livre

This entry is part 1 of 2 in the series Loi Lang

La Loi Lang, de son vrai nom « Loi 81-766 du 10 août 1981 modifiée relative au prix du livre », est une spécificité française méconnue. Bien que quelques autres pays aient adopté des textes qui s’en rapprochent, l’intervention de l’État dans le domaine du commerce de la culture n’a eu lieu qu’en France. Mise en place lorsqu’on a commencé à craindre pour la pérennité des librairies françaises, le but premier de cette loi était de réglementer le marché pour aider les petits commerces à s’en sortir. Objectif atteint ? Pas vraiment.

Que dit la loi et comment s’applique-t-elle?

La loi Lang tire son nom écourté du gouvernement qui l’a mise en place. Si vous souhaitez avoir accès au texte complet, c’est par ici, mais je vous préviens, c’est indigeste. Les deux phrases-clés de cette loi, celles qui permettent d’en comprendre l’essentiel sans se retourner le cerveau, se trouvent dans l’article 1 :

« Toute personne physique ou morale qui édite ou importe des livres est tenue de fixer, pour les livres qu’elle édite ou importe, un prix de vente au public. »

« Les détaillants doivent pratiquer un prix effectif de vente au public compris entre 95% et 100% du prix fixé par l’éditeur ou l’importateur. »

En plus simple : l’éditeur fixe le prix du livre et le libraire (quel qu’il soit) n’a pas le droit d’appliquer une remise supérieure à 5% sur ce même prix.

Cas pratique : j’achète un livre de poche dont le montant affiché est de 7€. J’ai la carte Fnac, j’achète sur Amazon ou alors mon libraire de quartier est super sympa et accepte de me faire une remise. Cette remise sera donc de 5% maximum.

7*5/100 = 0.35

7 – 0.35 = 6.65

Je paierai mon livre 6.65 €, du moins si le détaillant qui me le vend respecte la loi.

À vous, consommateur, cette remise peut vous sembler ridicule. Le libraire, lui, affiche une perte qui peut peser lourdement sur son chiffre d’affaire qui n’est déjà pas forcément mirobolant.

Les cas particuliers

Bon, jusque-là, c’était à peu près facile. On a édicté la règle générale. Maintenant, venons-en aux exceptions.

« Article 3 : (Modifié par Loi 2003-517 du 18 Juin 2003, art. 4, JORF 19 juin 2003) Par dérogation aux dispositions du quatrième alinéa de l’article 1er et sous réserve des dispositions du dernier alinéa, le prix effectif de vente des livres peut être compris entre 91 % et 100 % du prix de vente au public lorsque l’achat est réalisé :

1° Pour leurs besoins propres, excluant la revente, par l’État, les collectivités territoriales, les établissements d’enseignement, de formation professionnelle ou de recherche, les syndicats représentatifs ou les comités d’entreprise ;

2° Pour l’enrichissement des collections des bibliothèques accueillant du public, par les personnes morales gérant ces bibliothèques.

Le prix effectif inclut le montant de la rémunération au titre du prêt en bibliothèque assise sur le prix public de vente des livres prévue à l’article L. 133-3 du code de la propriété intellectuelle. Le prix effectif de vente des livres scolaires peut être fixé librement dès lors que l’achat est effectué par une association facilitant l’acquisition de livres scolaires par ses membres ou, pour leurs besoins propres, excluant la revente, par l’Etat, une collectivité territoriale ou un établissement d’enseignement. »

Traduction : la remise accordée peut atteindre les 9% (soit 0,63€ sur un livre de poche dont le prix éditeur est de 7€) lorsque le livre est vendu à l’Etat, aux collectivités territoriales, aux établissements d’enseignement, aux syndicats, aux comités d’entreprise, ou aux bibliothèques, à la condition que ces organismes ne revendent pas les livres qu’ils ont ainsi achetés.

Par exemple, un collège qui achète ses manuels scolaires peut bénéficier de 9% de remise sur leur prix à condition qu’il les mette gratuitement à dispositions des élèves. Si l’établissement les leur revend, alors la remise à l’achat ne peut excéder les 5% énoncés dans l’article 1er.

« Art. 4. – Toute personne qui publie un livre en vue de sa diffusion par courtage, abonnement ou par correspondance moins de neuf mois après la mise en vente de la première édition fixe, pour ce livre, un prix de vente au public au moins égal à celui de cette première édition. »

Pour éclairer cet article, il convient d’expliquer ce dont il est question. Qu’est-ce qu’une personne qui diffuse un livre par « courtage, abonnement ou correspondance » ? Il s’agit tout simplement des clubs, à l’image de France Loisirs par exemple. On parle ici de « personne » comme dans « personne morale » et donc « organisme ayant une existence légale ».

Comment fonctionnent ces clubs ? Ils rachètent les droits sur les œuvres aux éditeurs originels en vue de rééditer les textes. Si vous êtes un adepte de ce genre de prestataires, vous avez pu constater vous-même que les couvertures différaient, entre autres. Le gros « plus » de ces clubs, c’est qu’ils vendent bien souvent les livres moins chers que la première édition. Pourquoi ? Parce qu’ils les rééditent au moins neuf mois après la sortie du livre d’origine. Ils bénéficient donc d’une certaine latitude pour fixer leur prix. S’ils décident de rééditer une œuvre moins de neuf mois après sa première publication, ils sont dans l’obligation de fixer un prix au moins égal à celui du premier éditeur.

« Article 5 : Les détaillants peuvent pratiquer des prix inférieurs au prix de vente au public mentionné à l’article 1er sur les livres édités ou importés depuis plus de deux ans, et dont le dernier approvisionnement remonte à plus de six mois. »

Ce qui veut dire que oui, votre libraire peut appliquer une remise supérieure à ces 5% pourvu qu’il ait le livre en stock depuis au moins six mois et que celui-ci ait été édité depuis plus de deux ans. On pourrait croire que ça donnerait lieu à des remises plus souvent, mais en fait pas du tout. Pourquoi ? Parce que votre libraire est un commerçant et que garder pendant six mois des bouquins en stock qui ne se vendent pas, c’est une perte de place et donc une perte d’argent. Si on bloque de l’espace pour Le guide de la cuisine à la limace pour les nuls, on en a moins pour stocker le dernier Nothomb. Or le Nothomb (allez savoir pourquoi) se vend bien mieux que notre super guide et il est donc bien plus intéressant de l’avoir en stock. Le libraire fera donc jouer le système des retours et renverra à l’éditeur/au distributeur les ouvrages qu’il ne parvient pas à vendre.

Au final, cette loi Lang est un peu compliquée. Quand on rentre dans les détails. Mais pour le lecteur lambda, elle est très simple : soit votre livre est très récent (il est sorti il y a moins de deux ans) et il est inutile d’espérer une remise supérieure à 5%, soit il est plus ancien et vous pouvez l’envisager. La plupart du temps, en tous cas, une même édition d’un même livre doit être vendue au même prix, quel que soit le détaillant, ce qui est censé limiter la concurrence et donc permettre aux petits commerces de survivre face aux grands groupes, tout en assurant au lecteur-consommateur des prix raisonnables et constants.

Alors cette loi a-t-elle atteint son objectif ? Qu’en pensent les principaux acteurs du domaine ? C’est ce que nous verrons dans la deuxième partie.

Publié dans Textes de loi | Tagué , | 7 commentaires

La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Prologue

This entry is part 1 of 12 in the series La méthode du flocon

La méthode « du flocon » (the snowflake method) est un concept de structuration et d’organisation qui nous vient de Randy Ingermanson (site en anglais). La série d’articles que vous propose [Espaces Comprises] sur ce sujet n’est pas une simple traduction. Il s’agit d’un travail d’adaptation à notre microcosme francophone, illustré, démontré, commenté par votre serviteur et gracieusement autorisé par Randy.

En 2000, je développais moi-même une méthode de structuration pour l’écriture scénaristique (en anglais, que j’ai depuis réactualisée et francisée, et qui fera peut-être l’objet d’une prochaine série d’articles dans les colonnes d’[Espaces Comprises]). À mon retour en France en 2008, je me suis retrouvé dans une situation qui m’interdisait tout bonnement d’écrire convenablement. J’arrivais au bout de mes capacités, les projets prenaient trop de temps, je perdais le fil, tournais en rond et n’avais pas fini un manuscrit complet depuis longtemps. Il me fallait structurer mon travail, mais pour l’écriture romanesque cette fois-ci…

C’est dans ce contexte que j’ai découvert le site de Randy et retrouvé une philosophie très proche de la mienne. J’ai donc contacté Randy pour l’informer de mon intention d’adapter, fusionner et véhiculer ses principes de structuration et les miens dans un cadre francophone.

 “Yes, go right ahead and write whatever articles you want.”

 —

« Oui, vas-y et écris tous les articles que tu veux.  »

 

 Après avoir adapté la méthode, je l’ai utilisée pour mes derniers projets (3 romans en 4 ans).

C’est donc cela que je me propose de partager avec vous au cours d’une série de 12 articles :

  • Ce prologue qui va permettre de cadrer les choses ;
  • Les 10 étapes de la méthode dont chaque article donnera les détails ;
  • Un épilogue pour conclure le tout, mettre les annexes, références et documents de travail pour vous rendre autonome

Un investissement plus qu’une méthode

Le terme « méthode » peut faire peur. Prenez-le comme un exercice de style organisationnel, un prélude avant l’écriture elle-même.

L’estimation totale du temps à investir est de 125-175 h (je donnerai une estimation du temps pour chaque étape) en fonction du type d’ouvrage, au bout desquelles vous aurez un document de conception complet et un plan. Le gain de temps dans la phase d’écriture est lui inestimable, surtout si cet investissement fait la différence entre un projet abouti ou laissé à l’abandon. De plus, vous aurez tous les éléments pour la postproduction (prospection des éditeurs) sous la main.

Une « méthode » pour « structurer » la créativité ! Pour ou contre ?

Lost in thoughts
Lost in thoughts by ~Sebmaestro

Je n’ai pas honte de dire que j’ai fait partie des deux écoles. À mes débuts, seules la créativité et l’inspiration pouvaient être mes guides. J’écrivais à l’envolée, à l’instinct, avec mes tripes et mon cœur et surtout pas avec ma tête. J’y arrivais, je me sentais libre et si un type m’avait abordé pour me parler d’une « méthode » structurée de segmentation prenant des heures AVANT même d’écrire une ligne, je lui aurais ri au nez.

Aujourd’hui, je suis ce type… J’ai utilisé cette méthode pour mes trois derniers projets, et en toute honnêteté, ils n’auraient pas vu le jour sans elle ! Pourquoi ?

  1. Avant, j’avais le temps, et c’est là l’élément primordial ! Étudiant, sans-emploi, militaire, petits boulots… Bref, quand l’inspiration était là, le temps pour l’exploiter y était aussi, et hop tout était en phase : merveilleux ! Si c’est votre cas, profitez-en ! Cependant, continuez à suivre cette série, croyez-moi, il y a bien une étape ou deux qui vous seront utiles et feront la différence entre un récit quelconque et un manuscrit abouti 😉 (là c’est l’expérience qui parle).
  2. Maintenant, je suis debout à 6h00, dehors à 6h25, au bureau à 7h40, sur le trottoir à 18h30 et de retour à la maison à 20h00. Soit 14h par jour sans l’ombre d’une chance d’être créatif, même si l’inspiration était là. Rajoutez la maintenance vitale (manger, se laver, faire un bisou à sa fille et échanger deux phrases avec sa femme) et ça nous laisse un créneau 21h00-23h00 pour « créer » ! Vous commencez à voir pourquoi je voulais optimiser ce temps « libre », être sûr de faire avancer les choses au lieu de sempiternellement perdre une heure à revenir en arrière raccorder les morceaux, trente minutes à trouver l’inspiration et les dernières trente minutes à écrire dix lignes…
  3. Le bilan des premiers romans, avec le recul, n’est pas fameux : vite écrit certes, mais médiocres. Si on les découpe en trois segments : le fond (l’histoire), la forme (le style écrit) et la structure (cohérence et dynamique du récit), il est évident que le fond est bon (on garde), la forme est trop jeune (on persévère, rien à voir avec la conception), la structure est bancale (et là… ça a tout à voir avec la conception !) => soit 50% de la médiocrité qui peut être traitée en amont.
  4. La segmentation et l’approche pas à pas m’ont aidé à identifier, appréhender et avoir des marqueurs d’avancement précis. Très important pour ne pas perdre le fil quand on est justement perpétuellement soumis à des facteurs perturbant l’esprit créatif (boulot, transport, stress, intendance…) qui font perdre les idées ou nous sortent de cette zone d’inspiration indispensable pour assurer une cohérence à un texte dont l’écriture va s’étendre sur des semaines ou des mois.

Je ne force personne, je ne prêche pas la bonne parole et je comprends parfaitement que chacun puisse avoir sa propre façon de faire. Tout ce que je peux vous dire, c’est que je suis resté huit ans sans parvenir à achever un projet, noyé dans la stagnation, perdu dans les idées qui fusaient plus vite que ma capacité à les coucher sur papier et, il faut le dire, au final, un peu dégoûté par le manque de résultats. A contrario, en quatre ans j’ai fini trois romans alors que j’étais dans une période tendue (retour en France, nouveau boulot, déménagements successifs…) La différence entre les deux ? J’ai commencé à utiliser ma tête ;-).

Les limites de cette méthode

  • Tout d’abord, ce travail de conception détaillé ne s’applique qu’aux romans. Il ne serait d’aucun bénéfice temporel pour la création de nouvelles (ce qui ne veut pas dire que vous ne devez pas structurer vos nouvelles pour autant, mais sans doute pas à ce point).
  • Seules les œuvres de fiction sont concernées. Parce que nous allons voyager aux confins du storytelling (l’art de raconter des histoires), avec des mécanismes empruntés aux contes, à la dramaturgie et à la scénarisation. Je ne suis pas convaincu du tout de l’utilité de cette façon de faire pour autre chose que de la fiction. Préparer une biographie, un reportage, un guide pratique ou autre demande des structures particulières qui ne sont pas couvertes ici.
  • On ne parle bien ici QUE des étapes de conception (au sens conception scénaristique) et non de création (l’écriture elle-même). À la fin de ce laborieux travail, vous n’aurez pas encore écrit une seule ligne de votre roman. Étrangement, c’est l’un de ses intérêts : aucun impact sur votre style, votre « art », mais juste un outil pour structurer votre effort et faciliter la fluidité de votre création avec le temps – toujours trop court – qui nous est alloué lorsque l’on est simple auteur, et non pas écrivain…

La philosophie de cette méthode

Segmenter, affiner et mettre à jour. C’est tout ce que vous devez retenir du principe de base. On découpe en petits bouts plus facilement ingérables la grosse portion qu’il y a dans notre assiette. On affine petit à petit l’image floue qui hante notre esprit. On modifie les étapes précédentes des documents de travail en fonction de ce que notre créativité nous dicte. Si vous êtes plus familier avec les arts graphiques, c’est exactement comme pour créer un tableau : on dégrossit les zones, puis on repasse pour rajouter des couleurs, des traits, on détaille, on affine, jusqu’à l’image finale.

Cela permet, une fois lancé dans l’écriture, d’être en progression constante et de minimiser les fastidieux retours en arrière (mais j’en étais où ? Il faisait quoi le héros dans le chapitre d’avant ? Comment je voulais amener cette partie de l’intrigue déjà ?) en gardant des repères fiables.

Avertissement

La série d’articles sera longue, mais détaillée. Le document de soutien final (que je placerai dans le dernier article) et ses dix étapes seront quant à eux condensés au plus haut point, ce qui donnera des allures de méthodologie pointue, rigide et contraignante. Ne vous laissez pas avoir. Le but est d’aider à la conception, jamais de brimer la créativité. Je le répéterais souvent dans les articles, mais n’aurais pas la place de le faire dans le document récapitulatif : Ne brimez jamais votre désir d’écrire ! Canalisez juste le montant d’énergie nécessaire pour vous aider à le faire mieux.

À vouloir être trop pointilleux, on tombe bien vite dans la facilité de reculer le moment de se lancer à l’eau. Surtout quand ce n’est plus un premier roman et que l’on connaît l’horreur, l’angoisse, la fatigue et les doutes qui nous attendent pour écrire (c’est alors tentant de se complaire dans la phase de conception et de repousser inconsciemment la phase de création…). Ne succombez pas, ne vous cachez pas derrière cette méthode pour ne pas commencer à écrire. Tout est une question d’équilibre :

  • Primo romanciers = Ne vous précipitez pas. Chaque minute investie ici vous reviendra au quadruple que ce soit en phase d’écriture, de réécriture ou de démarchage d’éditeur. Mais surtout, il y a fort à parier que cela fera la différence entre un projet inachevé ou d’une piètre qualité, et un manuscrit éditable.
  • Auteurs avec un nouveau projet = Ne vous enlisez pas. C’est une sirène qui vous chante sa mélopée. Il est plus facile de se complaire à imaginer ce qui pourrait être, repousser le dur labeur que vous connaissez bien, vous cacher derrière une fausse productivité… Soyons réalistes ; personne d’autre que vous ne va écrire votre histoire… Alors au boulot !

 

Dans notre prochain article, nous attaquerons le vif du sujet et l’étape 1.

Publié dans Méthodes | Tagué | 36 commentaires

Le monde

This entry is part 2 of 13 in the series Création de monde

Le monde

Fondations

  • Les lois de la nature et de la physique sont-elles différentes dans ce monde, ou sont-elles les mêmes que dans le nôtre ? Comment la magie s’y intègre-t-elle ? Comment les créatures magiques s’y intègrent-elles ?
  • Est-ce qu’il s’agit globalement d’un monde qui ressemble à la Terre ? Est-ce une « Terre alternative » ?
  • Y a-t-il différentes races d’humains, qu’il y ait ou non des non-humains comme les elfes ou les nains ? Comment se situe la diversité culturelle et ethnique de ce monde par rapport à celle du monde réel ?
  • Depuis combien de temps ce monde est-il peuplé ? La population a-t-elle évolué, vient-elle d’ailleurs ou d’un autre temps ?
  • Quelle est la taille de la population de ce pays ? Qu’est-ce que cela représente par rapport à la taille de la population mondiale ? Qu’est-ce qui est considéré comme un village, une petite ville, une grande ville en termes de nombre d’habitants ?
  • D’où vient la magie : des dieux ? de la « mana » du monde (comme dans la série Warlock de Larry Niven) ? de la volonté ou de la force vitale du magicien ? d’ailleurs ? La magie est-elle une ressource épuisable ? Si un magicien doit alimenter ses sortilèges grâce à sa propre volonté, sa force vitale ou sa santé mentale, quels effets cela aura-t-il à long terme sur la santé et/ou la stabilité du magicien ? Les différentes races/espèces tirent-elles leur magie de différentes sources, ou est-ce que tout le monde utilise la même ?

Terre alternative

  • Y a-t-il des habitants non-humains sur cette planète (elfes, nains, extraterrestres) ? Si oui, sont-ils nombreux ? Vivent-ils à découvert, ou doivent-ils se cacher ? Quelles régions occupent-ils (par exemple : les nains dans les montagnes ou les cavernes, les elfes dans les forêts, etc.) ?
  • À quel point l’histoire et la culture de la Terre alternative sont-elles similaires à celles de notre monde ? Pourquoi sont-elles si semblables/si différentes ?
  • Y a-t-il un point historique spécifique lors duquel ce monde s’est dédoublé du nôtre (par exemple, Napoléon a gagné Waterloo) ? Si oui, lequel ? C’était il y a combien de temps ? Qu’est-ce qui a changé et continuera à changer en conséquence de cela ? La brisure dans l’histoire est-elle un résultat de la présence de la magie, ou le changement est-il ce qui a permis l’utilisation de la magie ?
  • S’il n’y a aucun point spécifique de divergence, quelles sont les différences entre ce monde imaginaire et le vrai ? À quel point sont-elles visibles dans la vie quotidienne ? Si la magie existe mais que l’histoire est plus ou moins identique à la nôtre, pourquoi n’a-t-elle eu aucun effet ? Si la magie peut être utilisée, que les elfes existent, etc., mais que la plupart des personnes ne le savent pas, comment et pourquoi cela a-t-il été gardé secret ?
  • Si l’existence de la magie est connue, quels évènements historiques ont changé et quels sont ceux qui sont identiques aux nôtres ? Comment les religions organisées ont-elles réagi ? Les gouvernements ? Les gens du peuple ? Quelles lois et/ou professions sont différentes ? Quels effets les différences générales et spécifiques auront-elles sur les questions sociales (voire plus bas) ?

Monde complètement différent de la Terre

  • Comment ce monde diffère-t-il physiquement de la Terre ? La planète fait-elle la même taille, a-t-elle la même densité, la même pesanteur, le même rapport terres/eau, la même atmosphère, etc. ? A-t-elle plus d’un soleil ou une lune ? Des anneaux ? Y a-t-il des constellations/des comètes spectaculaires, etc. visibles la nuit ou le jour ?
  • Y a-t-il des habitants non-humains sur cette planète (elfes, nains, extraterrestres) ? Si oui, sont-ils nombreux ? Vivent-ils à découvert, ou doivent-ils se cacher ? Quelles régions occupent-ils ?
  • Comment les continents sont-ils disposés ? S’il y a plus d’une lune/d’un soleil, comment en sont affectés les vents, les marées, et le climat en général ?
  • Quelle est la superficie totale des terres, et quelle proportion de celle-ci est-elle habitable ?
  • L’inclinaison et l’orbite de la planète sont-elles les mêmes – c.-à-d., le monde a-t-il les mêmes saisons et l’année la même durée que sur la Terre ?

Fantasy Worldbulding questions est la propriété de Patricia C. Wrede, merci de ne pas redistribuer le questionnaire original ni sa traduction qui a été publiée ici avec son accord exclusif.

Publié dans Ressources | Tagué , | 3 commentaires

Création de monde

This entry is part 1 of 13 in the series Création de monde

Il y a des années, j’ai trouvé au hasard de mes recherches sur internet un questionnaire absolument fantastique concernant la création de monde. Ce questionnaire, très très long, aborde tous les points utiles à la création d’un univers cohérent. Il n’est disponible qu’en anglais, j’ai donc décidé (avec l’accord de l’auteur) de le traduire et de le poster ici, petits bouts par petits bouts. Pourquoi pas d’un coup ? Parce qu’il faut le temps de le traduire, hein ^^. Et aussi parce qu’à mon avis le questionnaire dans son intégralité peut être un peu décourageant, alors qu’aborder les blocs de questions les uns après les autres est plus productif.

Pour plus de clarté, je vais publier ce questionnaire comme une série d’articles, et à la fin, je proposerai un document .pdf tout beau tout propre pour que vous puissiez le télécharger. Rien ne vous empêche, évidemment, d’imprimer au fur et à mesure pour répondre, c’est justement le but.

Ce questionnaire est particulièrement adapté à la création d’un univers de fantasy, mais que les amateurs de SF ou de tout autre genre de littérature nécessitant la création d’un univers ne se sentent pas délaissés, vous pouvez simplement éviter les questions propres exclusivement à la fantasy, qui sont somme toute assez peu nombreuses.

J’espère que cette série vous plaira, j’ai essayé de rester au plus près des mots de Patricia C. Wrede, l’auteur de ce questionnaire (que vous pouvez trouver en anglais sur ce site, pour ceux qui sont pressés), ce n’est pas toujours facile, donc soyez indulgents sur le style ^^.

Je vous demanderai par contre de ne pas redistribuer ce questionnaire (ni le questionnaire d’origine), même en incluant le nom de l’auteur, et de ne pas le poster sur votre blog, ou sur Facebook, ou ailleurs. Pas que je tienne à ma traduction, mais c’est le souhait de Patricia Wrede. Il n’y a que deux sites autorisés à redistribuer son questionnaire, [Espaces Comprises] vient s’ajouter à cette liste très restreinte et je n’aimerais pas que l’on abuse de la générosité de Patricia.

Et maintenant, la première vague de questions !

Publié dans Ressources | Tagué , | 13 commentaires