La bio : le texte que tous les auteurs doivent s’attendre à écrire un jour, et celui qu’en général, à moins d’être profondément narcissiques, ils prennent le moins de plaisir à écrire.
La première fois où vous serez amenés à rédiger une bio, souvent, c’est pour les envois de votre bébé aux éditeurs. Si, rappelez-vous bien les instructions : le manuscrit complet (en recto simple et double interligne), le synopsis (une autre sale bête) et… une petite bio. Si possible avec une bibliographie. Au tout début, c’est la panique : mais je n’ai encore rien publié, qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter dans ma bio qui intéresse l’éditeur ? (Parce que la recette de confiture de votre papy, c’est sympa mais il y a des chances pour qu’il s’en fiche.)
Vous avez certainement trouvé çà et là des conseils sur la lettre d’accompagnement du manuscrit qui vous conseillent de faire court et précis. Pour la bio, c’est un peu la même chose : allez à l’essentiel. Votre profession, vos activités annexes éventuellement (que ce soit le club d’écriture ou votre passion pour la randonnée de haute montagne), votre lieu de résidence et pas grand-chose d’autre. Inutile d’essayer de vous faire mousser, de raconter à quel point votre entourage adore ce que vous écrivez ou que vous avez su tenir un stylo avant de savoir marcher. Ce qui compte à cette étape, c’est le manuscrit. D’ailleurs, la plupart des éditeurs ne demandent pas de bio, ouf, vous voilà provisoirement sauvés.
Deuxième cas, plus sympa : votre texte a été retenu, hourra ! Vous planez sur votre bien légitime nuage de fierté quand l’éditeur vous en fait redescendre illico : « au fait, il me faudrait une bio à rajouter à la fin de l’anthologie / au dossier de presse / à votre présentation ». Souvent assorti d’une petite contrainte, sinon ça ne serait pas drôle : pas plus de 1 000 signes, raconté à la troisième personne (ou à la première), racontez une anecdote de votre enfance, etc. Je crois que dans les fanzines, j’ai à peu près tout testé, y compris une présentation sous forme de fiche de jeu de rôle. Pour les éditeurs, restons sérieux… mais avec la petite touche en plus qui va faire sourire le lecteur et (qui sait ?) le décider à acheter votre bouquin.
Vous avez généralement peu de place : il va falloir faire des choix. Et d’abord, décider la façon dont vous vous présentez. Allez-vous mettre en avant votre profession, votre parcours littéraire, votre enfance, les livres que vous aimez ?
Si vous voulez vous amuser, direction le site http://gen-couv.nootilus.com/ : à partir de votre nom d’auteur, il vous génère automatiquement couverture, quatrième de couverture et bio ! À noter : toutes les bios sont construites sur le modèle :
L’auteur est né le (date) à (lieu). (Profession) à (lieu), il consacre ses loisirs (loisirs). L’écriture lui permet de (n’importe quoi). Il travaille actuellement sur (un projet loufoque) mettant en scène (un personnage).
Abstraction faite des remplissages saugrenus, cette bio est une synthèse du genre :
Origines, situation actuelle, lien avec l’écriture, avenir.
Efficace mais peut-être pas très original (sauf si vous pratiquez l’élevage de pokémon comme le site l’affirme à mon sujet : auprès de jeunes lecteurs, c’est le succès garanti).
Pour ma part, j’aime la technique qui consiste à faire le lien entre la biographie et l’ouvrage auquel elle est liée. Vous écrivez pour la jeunesse ? Racontez comment la fameuse confiture de papy vous a inspiré pour la recette du nectar à voyager. Vous écrivez de la science-fiction ? Parlez de la collection de Sciences et vie junior que vous conservez précieusement sous votre lit. De la romance ? Vous avez certainement dévoré en cachette les Harlequin de votre grande-tante Marthe. Votre histoire se déroule sur la Grande Barrière de Corail ? Expliquez pourquoi cet endroit vous fait rêver.
À partir de cette première étape, vous pouvez enchaîner sur ce que nous disions ci-dessus : d’où venez-vous, qui êtes-vous, où allez-vous ? Si vous séchez vraiment, allez faire un tour sur le site de votre éditeur et lisez ce qu’ont écrit vos futurs collègues, ça peut débloquer votre inspiration et vous aider à trouver votre ton. (Et en plus, vous découvrirez de chouettes lectures). Insistez sur votre enfance si par exemple vous avez fait de nombreux voyages, vécu dans une contrée exotique ou pratiqué une activité inhabituelle. Sur le présent, si votre profession présente un lien particulier avec votre écriture (cas à part pour les veinards qui en vivent). Votre localisation géographique intéressera les libraires susceptibles de vous inviter pour une séance de dédicaces. Sur vos projets, s’ils peuvent intéresser le lectorat de votre roman. N’oubliez pas, cependant, qu’une biographie va rester un moment sur le site de l’éditeur / la quatrième de couverture / la présentation des salons (qui vont parfois la pomper directement sur le site de l’éditeur, vous n’avez plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle soit en phase avec l’ouvrage que vous aurez sur ce salon…) : arrangez-vous pour qu’elle soit encore pertinente l’an prochain ou dans trois ans.
Vous avez lu jusqu’ici, bravo ! Maintenant vous n’avez plus de prétexte pour reculer le moment fatidique : il va bien falloir l’écrire, cette fichue bio…
Je vais me mettre au travail ! 🙂
J’ai toujours du mal avec les bios, donc lorsque je rédige une pas si pire, je la distribue partout où je dois la distribuer !
Je vais essayer d’en refaire pour les prochaines sorties ! 🙂
… où l’on me confirme, un mardi matin, que je suis profondément narcissique (puisque l’écriture de bio ne m’a jamais posé de problème).
Enfin, j’ai réussi une première bio pour mon blog.
Maintenant, le reste… :-/