J’ai entendu plus d’une fois des jeunes auteurs se présenter sur les fora d’écriture en commençant par : « Mon livre parle d’une histoire d’amour impossible/d’une prophétie/d’un orphelin qui travaille dans une ferme… (rayez la mention inutile), oui, je sais que ce n’est vraiment pas original, c’est nul, je suis désolé. » Nul ? Désolé ? Et puis quoi encore ? Il serait peut-être temps de tordre le cou à certaines idées reçues qui se propagent dans certains petits milieux de l’écriture et qui découragent ceux qui débutent.
Tout d’abord, soyons clairs, vu le nombre de livres qui existent actuellement, vous pouvez être sûr que le thème de votre roman a déjà été abordé par quelqu’un d’autre. Si, si. Forcément. Navrée. 😛
Entrons maintenant sans plus tarder dans la vraie question : le thème de l’histoire doit-il absolument être original pour donner de l’intérêt à un roman ?
Ne tournons pas autour du pot, la réponse est NON. Et je l’illustre immédiatement :
Prenons le thème qui est probablement le plus récurrent dans les genres de l’imaginaire actuels : un jeune orphelin élevé par sa tante découvre que ses parents étaient des gens extraordinaires, puis s’entoure d’amis pour accomplir une quête, et en plus, il y a une histoire de prophétie.
Alors, qui avez-vous reconnu ?
- Harry Potter ?
- Star Wars ?
- Les chants de la Belgariade ?
- Eragon ?
- One Piece ???
Tous les cinq répondent à ce pitch et pourtant, il serait bien difficile de comparer ces cinq histoires !
Allez, un autre exemple : un vieux sorcier décide d’aider un homme de sang royal à gagner sa couronne et il y a aussi une histoire de prophétie. C’est quiiiiii ?
Vous avez pensé à :
- Merlin l’Enchanteur ?
- Les chants de la Belgariade (encore !) ?
- Le Seigneur des Anneaux ???
Et vous trouvez que ces histoires se ressemblent ?
Un dernier exemple pour les sceptiques : deux jeunes gens fous amoureux voient leur famille grincer des dents devant leur amour (fastoche, ça !). Alors ?
- Roméo et Juliette ?
- Twilight ?
- Pocahontas ???
(Je m’arrête là, hein ?)
Je vous passe les exemples de vampires pas si méchants que ça et tellement sexy, ou les gens qui découvrent une nouvelle civilisation derrière le mur de leur garage/en passant un portail magique/en arrivant sur une autre planète…
Conclusion n°1 :
Non, les prophéties, ce n’est pas le mal.
Conclusion n°2 :
Clairement, l’originalité d’une histoire ne se cache pas dans sa trame. Alors où ?
Je crois que l’originalité, c’est l’auteur lui-même. C’est sa plume, c’est la façon dont il traite le thème décliné.
Certes, Merlin et Gandalf suivent la même route en aidant Arthur et Aragorn à monter sur le trône qui leur revient, mais ils n’ont pas la même personnalité, pas la même vie, pas les mêmes personnages qui gravitent autour d’eux, pas la même époque, pas les mêmes moyens. Ils ne s’expriment pas de la même façon car, à travers leurs paroles, c’est l’auteur qui parle. Et ça, c’est unique.
Bien entendu, si vous décidez d’écrire l’histoire d’un petit garçon malheureux qui découvre qu’il est sorcier, qui va dans une école de sorciers, qui a un meilleur ami roux et une meilleure amie première de classe, avec un grand méchant qui lui en veut personnellement et un vieux directeur qui s’appelle Dumbledargent, ça risque de coincer.
En dehors de ça, tout est bon !
Ah oui, dernier point : quelle que soit l’originalité que vous pensiez mettre dans un récit, il y aura toujours des gens pour dire : « Dingue comme ça me rappelle XXXX ! » ou « Sympa le clin d’œil à YYYY ! ». Et vous, vous vous sentirez tout bête parce que vous ne connaissez pas XXXX et que vous n’avez pas lu YYYY. J’ai vécu ça quand ANIMAE est sorti, ça m’a fait un drôle d’effet ! 😆
Alors on arrête de se poser des questions et on écrit. Ce que l’on fait et la façon dont on le fait, il n’y a que nous qui sommes capables de le faire. 😉
Article du 29 mai 2013
MERCI !!!!!!!!!!!!!!
J’en aurais presque les larmes aux yeux tellement je me sens concernée !
On pourrait placarder ça chez tous les libraires, éditeurs, forums littéraires et autres ?
C’est vrai que c’est difficile de faire une recette de cuisine innovante avec des ingrédients éculés, mais c’est ça, la magie de la création !
Merci pour ce réconfortant article !
😀
Moi je l’aime les prophéties !! (et les barbus)
Lorsque j’étais à l’école de journalisme, un formateur m’a dit un jour : « L’important n’est pas d’être le premier à écrire sur un sujet, mais bien plutôt d’être le dernier ! ». Des années plus tard, je médite encore là-dessus…
PS : les »fora » d’écriture, il fallait oser ! ;-)))
J’avais lu cet article il y a quelques temps et je viens d’y retomber dessus… il est vrai que les jeunes écrivaillons ont souvent l’obsession de l’originalité, donc ça rassure de lire que tout ne tient pas à ce sacro-saint (et un peu surfait) concept *o*
Ping : La revue du dimanche | Jartagnan.com
Merci pour cet article.
Il est vrai que je cherche l’originalité, depuis des années que j’écris. Je cherche une histoire exceptionnelle. ça fait de bien de se rendre compte que je ne suis pas la seule, et de comprendre que l’originalité viendra peut-être de l’histoire mais surtout de la façon dont je vais l’écrire.
😉
Moi aussi, j’aime les prophéties, car mon histoire tourne un peu autour d’une prophétie.
😉
Merci pour cet article si vrai ! Je me permets de le partager, ça fera peut-être réfléchir certaines personnes…
Ma foi, la grande Histoire n’est qu’une éternelle répétition. On appelle ça un cycle.
Même si les époques et les ambiances changent, on trouvera toujours l’amour, la trahison, la bonté, l’envie, le pardon et la vengeance (je vous épargne la liste des émotions et actions interminables qui existent, n’est-ce pas ?), et que fait l’écrivain si ce n’est raconter sa vision de l’existence au travers de ses écrits ?
Alors forcément, on retrouvera toujours l’empreinte humaine partout, et pourtant chacun est un individu unique, aussi (à moins de faire du copié-collé) à lui d’apporter son ressenti particulier pour rendre inédit sa prose.
Merci pour ce post! tu as raison, il faut regonfler le moral des écrivains ^^
Pour continuer dans ton discours, je dirais que l’originalité est dans la fusion des mélanges. Naruto n’est jamais qu’une fan fiction d’harry potter dans le monde des ninjas (car les sorciers, l’éditeur voulait pas ;).
Mais ce qui fait la force de ce manga, c’est la relation Sasuke-Naruto. Finalement, on peut reprendre n’importe quel thème mais tant qu’on peaufine ses personnages, leurs buts et leurs relations, on créera quelque chose d’intéressant et qui fait naître des émotions. C’est le principal en attendant l’auteur qui réinventera le fil à couper le beurre!
L’originalité, je n’y ai pas pensé du tout en écrivant (et publiant) mes contes du livre « Fantaisies pour gentils »!! Ils ne sont pas « originaux ». Je les ai voulus « mignons », dans mon style « poétique-libre- presque enfantin’ L’écriture est ,avant tout, une passion… Bonne journée, avec un « bon » livre, Jean-Pierre Laret
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