La sélection d’été de Samantha Bailly

This entry is part 3 of 8 in the series L'été avec [Espace Comprises]

Samantha Bailly est navigue entre littérature blanche et noire, entre fantasy et fantastique. Elle est l’auteur du primé Oraisons, réédité en 2013 par Bragelonne et Ce qui nous lie, chez Milady (2013).

43062_ProieIdealeCV.inddProie idéale de Charlotte Bousquet, aux Éditions Rageot.
Peu importe les genres et les cases, Charlotte Bousquet frappe encore une fois juste avec ce thriller haletant et moderne. Des personnages féminins forts et une prose engagée.

En regagnant leur foyer pour adolescents en difficulté, Ljuba et Cam découvrent que leur amie Morgane a disparu. Elles refusent d’abord d’orienter les éducateurs et les policiers pour enquêter seules. Morgane devait rencontrer un photographe pour réaliser un book afin de devenir top model. Ljuba et Cam comprennent vite que Morgane s’est laissé entraîner par un individu peu scrupuleux. Un agent des services secrets qui traque un réseau mafieux confirme leurs craintes. Elles décident alors d’intervenir… à leurs risques et périls.

elliot-c1-BdElliot du néant de David Calvo, aux éditions La Volte
Un roman qui donne le sentiment de palper l’invisible. De l’absurde, oui, mais de la poésie surtout, une profondeur rare et précieuse. David Clavo empoigne l’insaisissable.

Islande, 1986. Un hiver sans soleil. Une île au bord de l’implosion volcanique. Un monde sans Internet, sans téléphones portables, à l’aube d’une nouvelle ère digitale. Dans une petite école d’Hafnafjordur, entre une falaise réputée féerique et des champs de lave hantés par le passé, se noue un drame cosmique aux fantastiques implications. Où est passé Elliot, le vieux concierge autiste, à la veille d’une dernière kermesse ? Comment a-t’il réussi à quitter une chambre sans fenêtres, fermée de l’intérieur ?

juneLe Souffle – June 1 de Manon Fargetton, aux éditions Mango
Une plume fluide et efficace, de la littérature jeunesse comme je l’aime : fraîche, intelligente et sans tabous. Un très bon moment !

— Tu peux partir, June, tu peux refuser d’apprendre à te servir du Souffle. Mais c’est ton héritage. Cela te rattrapera toujours.
— Mon héritage ? Et si je n’en veux pas, moi, de cet héritage ?
Il y a encore quelques mois, ma vie était simple. Mais depuis que j’ai découvert ce pouvoir qui pulse en moi, tout a basculé. On me dit que je suis la dernière héritière des Sylphes, et que je suis la seule à pouvoir rétablir l’harmonie dans le monde. Une quête dangereuse m’attend, vers des terres dont je n’ai jamais soupçonné l’existence…

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Éditions du Riez

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[Espaces Comprises] Pouvez-vous raconter la naissance des Éditions du Riez ?

Alexis Lorens : Nous sommes une petite structure éditoriale créée en juin 2009.

[EC] Quelle est votre ligne éditoriale, quel est votre public ?

Nous publions nos livres à travers 5 collections : Sentiers Obscurs (polars, thrillers) ; Graffics (Bande-dessinée, artbooks, romans graphiques) ; Brumes Étranges (SF, Fantastique, Heroïc Fantasy) ; Pages Solidaires (Littérature Engagée) ; Vagues Celtiques (Culture bretonne ou celtique).

thumbnail-covers-memoriesNous avons 30 parutions à ce jour, et je pense que le lecteur peut dire que nos choix éditoriaux sont très éclectiques. Car même si notre collection « phare » est celle de l’imaginaire, on y retrouvera du Space-Op, de la Fantasy, de l’Urban Fantasy, du Post Apocalyptique, du thriller SF, des anthologies, des recueils de nouvelles, du polar… De même qu’avec notre collection graphique, nous essayons de publier des livres très différents : romans graphiques (Memories Of Retrocity), contes gothiques (Cœur Empoisonné), BD doublée d’un album musical (Le Pantin sans Visage).

Tout cela pour dire que presque toutes nos parutions sont des coups de cœur éditoriaux et que nous ne souhaitons pas obligatoirement coller aux « modes ».

[EC] Quels sont les formats disponibles ?

Nos formats papiers sont variés, moyen format / grand format et depuis peu format poche, ainsi que des formats « beau livre » pour la collection Graffics.

La plupart de nos livres sont également disponibles en version numérique.

[EC] Comment se déroule la soumission ?

Pour le moment, les soumissions sont fermées jusqu’à la fin de l’année. Nous recevions jusqu’à 300 manuscrits par an pour au final très peu d’élus.

Nous n’acceptons que les manuscrits envoyés par mail, par souci de rapidité, d’économie… et de place ! Sinon, les conseils à donner lors de la soumission seraient de respecter scrupuleusement les consignes de soumission et la ligne éditoriale de l’éditeur. De présenter un manuscrit abouti ; si vous avez le moindre doute sur la qualité de votre roman, ne l’envoyez pas et retravaillez-le.

[EC] Comment choisissez-vous un roman ? Qu’est-ce qui vous rebute dans un manuscrit ?

Après réception du manuscrit, j’effectue une première sélection, je lis les premières pages. C’est à ce moment-là que l’on découvre l’écriture de l’auteur. On se rend rapidement compte si c’est publiable ou non et cela répond à la seconde partie de la question. (Des fautes d’orthographe à foison, de grammaire, des phrases mal tournées et incompréhensibles, une langue au final mal maîtrisée.)

De même, nous regardons le thème abordé. Depuis quelques mois, nous demandons de joindre un synopsis lors de la soumission. Il nous permet déjà de nous faire une première idée, car nous nous sommes aperçus que de nombreux jeunes auteurs collaient trop aux « modes » : aventures de jeunes sorciers, bit-lit, romance, trilogie fantasy. Je schématise, mais plus de la moitié des romans de fantasy que nous recevons sont des premiers tomes de trilogie ! Cela ne veut pas dire que nous n’allons pas les lire, mais obligatoirement, nous serons encore plus exigeants sur le style employé.

Passé cette étape, il est envoyé aux membres du comité de lecture (2 personnes par manuscrit). Un comité très diversifié composé d’auteurs, d’étudiants, de libraires, ou de lecteurs tout simplement.

Si après lecture les deux avis (via fiche de lecture argumentée) sont positifs, je vais lire le manuscrit dans son intégralité et décider de sa publication. Commencera alors le travail éditorial avec l’auteur…

[EC] Quel a été le dernier coup de cœur ?

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Toutes nos publications sont des coups de cœur !

[EC] Quelle a été votre meilleure vente ?

À ce jour, c’est le concept BD/CD Le Pantin Sans Visage d’Aalehx qui s’est le mieux vendu avec plus de 1 200 exemplaires. Deux autres titres ont également dépassé les 1 000 exemplaires : Au Sortir de l’Ombre de Syven et La Loi du Désert de Franck Ferric.

[EC] Quelles sont vos actualités ?

Nous avons profité des Imaginales pour publier 4 nouveautés, encore une fois dans des domaines bien différents : Destination Mars, une anthologie SF dirigée par Marc Bailly, Cœurs de Loups, un recueil de nouvelles co-dirigé par Charlotte Bousquet & Valérie Lawson dont nous reverserons une partie des droits à l’association FERUS (protection du loup) ; Tahnee-Sharn, le troisième volet du cycle Fantasy La Pierre d’Arkem de Valérie Simon et de l’urban-fantasy avec Mutante, le premier tome de la trilogie Le Sang des Chimères de Sophie Dabat.

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Nos prochaines parutions sont prévues à l’automne avec notamment l’artbook/BD Mademoiselle Rose de Natalia Pierandrei & Estelle Valls de Gomis, Errante de Sophie Dabat (tome 2), Morwen de Valérie Simon (tome 4). Le programme 2014 est déjà bien étoffé également !

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La sélection d’été d’Anne Rossi

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Anne Rossi est un écrivain tout terrain, écrivain pour jeunes et moins jeunes, dans les genres les plus variés. Elle est l’auteur des séries Passeurs d’Ombre chez Numériklivres (2012) et Chronique d’un amour fou aux Éditions Láska (2013), entre autres. Beaucoup d’autres.

thumb-toxicSi vous êtes fans de thriller, de SF ou de films d’action :
Lisez Toxic, la série de Stéphane Desienne aux éditions Walrus.
Même moi qui suis d’habitude allergique aux zombies, je me suis laissée prendre à cette aventure haletante entre virus, extraterrestres et boat-movie !

(Résumé du premier épisode)
Si seulement les morts-vivants avaient été le seul problème de l’humanité…
La race humaine tente vaille que vaille de survivre au sein de poches de résistance dispersées. La Terre n’est plus qu’un vaste champ de ruines aux ressources de plus en plus rares. Pour en arriver à un tel cauchemar, notre monde aura dû affronter deux fléaux: un virus inconnu et dévasteur a d’abord décimé la population — la transformant en hordes de zombies — puis débarquèrent des étoiles ceux qui auraient pu être les sauveurs : une armada extra-terrestre. Hélas, pour ces aliens, les hommes ne sont que du bétail dont la chair est un mets des plus appréciés outre-espace… à condition qu’ils ne soient pas contaminés! Car transformés en morts-vivants, les humains n’ont plus aucune valeur. Depuis son Q.G. de Dubaï, Naakrit dirige les opérations qui feront de lui un alien riche : collecter des humains sains et en gérer l’exportation pour ses clients.
Mais avant d’amasser sa fortune, il devra composer avec deux problèmes épineux: Jave, un émissaire venu surveiller son activité, et la prolifération du virus zombie qui menace ses capacités d’approvisionnement. Pendant ce temps, un groupe d’humains cherche à échapper aux zombies et aux extraterrestres. Bien malgré elle, Elaine, une infirmière au caractère bien trempée, endosse le rôle de meneur. Autour d’elle, des hommes et des femmes perdus dans un monde sans repère: Masters est un colonel de l’armée US, Alva une ex-starlette. Bruce est étudiant en biologie, et Hector un ancien dealier colombien tout juste sorti de prison. Et puis, il y a Dew. Un adolescent muet — peut-être autiste— dont personne ne sait rien.
Tous sont bien décidés à reprendre le destin de leur planète en mains. Mais quel espoir peut bien guider ceux qui survivent au milieu de cet enfer ?

AnimaecouvSi vous êtes fans d’urban fantasy, d’espionnage et de métamorphes :
Lisez Animae, la série de Roxane Dambre aux éditions de l’Épée.
Je craque pour Lou, la panthère métamorphe, son espion amoureux et les personnages déjantés qui les entourent.

(Résumé du premier tome)
« Je m’appelle Lou, j’ai 20 ans, et dans quelques heures, je vais m’installer dans les bureaux de la DCRI, les services secrets français.
Mon job ? Officiellement, consultante au département de recherche sur l’inexplicable. Officiellement. Parce qu’en réalité, je traque une bizarrerie qui rôde dans la nuit parisienne, un truc que je n’ai pas encore cerné, mais qui fait hurler de rage mon instinct de panthère.
Oh, je ne vous ai pas dit ? Comme tous ceux de ma race, ma vraie nature est animale, et je me transforme à volonté. Nous, les Daïerwolfs, formons un peuple très puissant, mais contraint à se cacher des faibles humains. Enfin, faibles… pas tous. L’officier qui m’a recrutée, le capitaine Sylvain Levif, pourrait me vaincre d’un seul regard tant il me plaît ! À cette heure, je n’ai pas encore décidé si cela va rendre ma mission plus agréable ou plus compliquée. Ou les deux. Et zut. Pourquoi ces choses-là n’arrivent-elles qu’à moi ? »

EssaiSi vous êtes fans de pirates (what else?) et d’aventures maritimes :
Lisez Flibustière ! et sa suite Forban de Johan Heliot aux éditions L’Atalante.
Parce que Alexia et son petit frère ont du caractère à revendre, que les livres sont super bien documentés sur l’époque, que les pirates c’est le Bien et que Johan Heliot, c’est le Bien aussi (vous pouvez lire tous ses autres bouquins).

1797 Aristide Dumas embarque à La Rochelle avec sa femme et sa fille à destination des Caraïbes. Peu avant leur arrivée, sa femme meurt en mettant au monde un garçon, et leur navire, La Destinée, est abordé par un corsaire. Le destin d’Alexia est scellé. À douze ans, déguisée en garçon, elle rejoint la communauté des frères Lafitte, célèbres flibustiers établis à l’embouchure du Mississipi, pour garantir sa survie et celle de son jeune frère…
Dès lors elle sillonnera le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes pour faire sortir son père de prison, libérer le corsaire Logan des griffes de l’affreux Bonnafé et se lancer dans la flibuste à son compte.
De batailles en trahisons, voici le premier livre des aventures d’Alexia Dumas, flibustière, une héroïne prise dans la tourmente de la colonisation en Amérique, avec en fil rouge le combat pour l’abolition de l’esclavage et l’émancipation par tous les moyens.

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Les nouveaux modes d’édition : Éditions Láska

This entry is part 5 of 9 in the series Parole aux éditeurs

[Espaces Comprises] a décidé de s’intéresser à ceux qui voient l’édition française/francophone sous un nouveau jour. Pour cela, nous laissons la parole à ces éditeurs qui tentent de changer les choses à leur niveau. Une série d’interviews qui s’enrichira sur la durée, à mesure que nous rencontrerons de nouveaux concepts. Nous commençons cette semaine avec les Éditions Láska.

 

jeanne[Espaces Comprises] Pourrais-tu te présenter, ainsi que la maison d’édition ?

Jeanne Corvellec : Je m’appelle Jeanne Corvellec, je réside à Montréal (Québec), et j’ai fondé en avril 2012 les Éditions Láska. À part mes propres projets en solitaire et la fondation d’un petit journal étudiant à l’université, je n’avais aucune expérience du monde de l’édition. Ma démarche est comparable à celle de l’auto-édition et j’avais même à l’origine envisagé de créer une structure plus orientée vers l’auto-gestion d’auteurs, la coopération. J’ai fini par me rabattre sur une entreprise individuelle, car cela me semblait le plus simple pour se lancer. Au fond, j’étais la seule personne de ma connaissance qui avait cette envie : se lancer dans l’édition de romances en français.

[EC] Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’édition ?

Paradoxalement, le fait même de me sentir isolée. Les choses ont beaucoup changé en un an, mais à l’époque, de ce que je savais, aucun éditeur déjà installé n’avait l’intention de publier de la romance en français. Certains prétendaient le faire, ou quelque chose d’approchant, mais je ne me retrouvais pas du tout dans leur style. Bien sûr, maintenant que je suis « de l’autre côté », je réalise que le problème est profond, qu’il vient de toute notre culture de l’écrit. C’est un sacré chantier !

laska[EC] Pourrais-tu expliquer le concept de ta maison d’édition et ce qui t’en a donné l’idée ?

Eh bien, d’un autre côté, je me rendais compte que je n’étais personne, que les auteurs que je publierais seraient sans doute tout aussi inconnus et je ne disposais à priori d’aucune fortune qui aurait pu m’acheter de la visibilité. Et pour couronner le tout, évidemment, je m’attelais à créer un marché qui n’existait pas – ou si peu. Nous allions sûrement faire de toutes petites ventes, du moins pour commencer. Je me suis donc demandé comment essayer de tirer le maximum d’une situation pareille. C’est comme ça que j’en suis venue à notre système d’abonnement.

Comme un abonnement à un journal ou un magazine, le tarif dégressif encourage les lecteurs à nous rester fidèles. Ainsi, un abonnement de 12 mois, par exemple, coûte seulement 74,99 $ (environ 56,50 €). Cela représente environ 4,50 € mensuels, pour deux à trois publications inédites par mois, plus toutes les parutions précédentes encore disponibles.

L’autre aspect intéressant de cette formule, c’est qu’elle permet aux lecteurs de nous juger sur autant de livres qu’ils le souhaitent sans pour autant débourser l’équivalent du prix de tous ces livres. Si j’en crois les tarifs pratiqués par nombre de mes concurrents, 8,99 $ est le prix standard d’un seul roman. Or c’est aussi le prix d’un mois d’abonnement chez nous, qui donne droit, comme je l’ai dit plus tôt, non seulement aux nouveautés du mois, mais à toutes nos anciennes parutions.

Je suis la première à juger les nouveaux auteurs et éditeurs sur une seule impression. Si l’histoire me déçoit, si la qualité de l’édition n’est pas au rendez-vous, comment savoir s’il s’agit d’un accident ou d’une différence de points de vue irréconciliable ? Rationnellement, je sais que tout le monde se rate au moins une fois dans sa carrière. Mais lorsqu’on paie pour quelque chose qui ne tient pas ses promesses, il est difficile de ne pas se sentir échaudé.

[EC] Qu’est-ce que cela change pour les divers acteurs du livre (les auteurs mais aussi les correcteurs, les illustrateurs, etc.) ?

Cela fait que j’arrive à tirer de petits revenus pour les auteurs où, en pratiquant la seule vente dite « au détail », ils devraient se contenter de véritables miettes. Du moins, c’est ce qui semble se dégager de l’expérience des premiers mois. Nous verrons bien par la suite si le verdict se confirme.

Du côté des correcteurs et des illustrateurs, la chose est différente. La plupart ont été embauchés (en free-lance) avant notre lancement, à une époque où je manquais énormément de temps et de l’organisation nécessaire pour tout faire moi-même. Or cela fait partie des choses que je suis en train de repenser complètement au vu de mon expérience. Cela dit, je ne crois pas que notre système d’abonnement ait une influence là-dessus. Au contraire, je me dirige de plus en plus vers un fonctionnement qu’on pourrait dire traditionnel.

[EC] Comment ce nouveau concept est-il accueilli par les auteurs ?

Bien ? Pour être honnête, cela n’a pas été un gros sujet de discussion entre nous jusqu’à présent. La plupart de mes auteurs n’ont jamais été édités, ou bien seulement une ou deux fois récemment, et n’ont donc pas de point de comparaison. Ou bien, comme moi, je crois qu’ils attendent de voir ce que cela donnera.

Ce que je peux vous dire, c’est que ni l’abonnement ni la façon dont je calcule les revenus des auteurs à ce niveau n’ont fait fuir d’auteur potentiel jusqu’ici. Certains auteurs se désintéressent lorsque je confirme que je fais du numérique, ou de la romance ; certaines négociations de contrat ont échoué pour des questions de durée de la licence (5 ans) ou de sensibilités artistiques divergentes. Mais pas à cause des modalités de vente.

[EC] Par les lecteurs ?

Plutôt bien également. Même si j’aimerais (évidemment) que nous ayons encore plus de succès, je pense que nous sommes très loin du désastre. Étant donné la nouveauté et l’étrangeté du concept, nous avons un nombre honnête d’abonnés. Mais surtout, il faut le comparer au nombre de gens qui achètent nos livres à l’unité…

Il est certain que, lorsque nos ebooks n’étaient encore disponible que via l’abonnement, une ou deux personnes ont fait savoir leur réticence et leur désir de voir nos titres vendus « traditionnellement ». C’est désormais le cas. Les lecteurs se sont-ils rués sur nos titres pour autant ? Non, pas du tout. S’il y a un « désastre », il est là. Il semble que les lecteurs qui étaient intéressés par nos titres se sont abonnés, comme cela était prévu. Les personnes qui ne se sont pas abonnées n’attendaient pas la mise en vente traditionnelle (pour 99 %, du moins) ; elles n’étaient simplement pas intéressées.

Bien sûr, cela n’est pas un jugement final. Il y a des leçons à tirer de cela et rien ne doit être figé. Mais ce qui est clair, c’est que si les lecteurs ont un problème vis-à-vis de nous, il n’est pas non plus du côté de notre système d’abonnement !

[EC] Quelles ont été les plus grosses difficultés que tu as rencontrées lors de la création de ta maison d’édition ?

Au départ, j’avoue que le côté légal et administratif m’a causé pas mal de fil à retordre. Je n’y connaissais pas grand-chose et je voulais être sûre de respecter toutes les lois.

Ensuite, il y a eu la partie informatique. Nous vendons des ebooks sur le web, notre abonnement passe par notre site Internet, je ne pouvais pas y couper. J’avais l’habitude de dire que j’étais une bille en informatique, mais j’ai bien dû apprendre… Par chance, l’une de mes auteures fait des sites web dans le cadre de son métier et elle m’a donné un sacré coup de pouce en lançant le nôtre.

Enfin, je peux mentionner une difficulté qui m’est propre : je suis quelqu’un de très désorganisé, peu discipliné. Or, en raison de la petite taille de Láska, je suis évidemment en charge d’à peu près tout et cela demande énormément de coordination entre mes différentes tâches. Il a fallu un certain temps avant que je trouve le bon rythme, d’autant que j’ai commencé par jongler entre cette activité et mes études.

[EC] Quelles solutions as-tu trouvées, et où ?

Pour la première – j’étais encore étudiante à l’époque –, je suis allée voir un conseiller en entrepreneuriat de mon université. J’ai également trouvé énormément d’informations sur le web, notamment sur les sites gouvernementaux. C’est rébarbatif, mais quand on n’a pas le choix, on doit s’y mettre.

C’est la même chose pour l’informatique. J’ai bénéficié de l’aide de cette auteure, ainsi que, ponctuellement, de l’avis de mon conjoint, qui est programmeur-développeur de métier. Cependant, je n’utilise en réalité que des outils qui sont conçus pour les personnes comme moi, qui n’ont pas de formation approfondie en informatique. De nos jours, il faut reconnaître que les possibilités sont énormes, entre le développement des outils « libres » (open source) comme WordPress et l’infinité de tutoriels en tout genre que l’on déniche sur le web. Ensuite, comme pour tout, on apprend sur le tas, en essayant, en faisant des erreurs, en essayant à nouveau.

[EC] Le mot de la fin ?

Nous sommes encore au début de l’aventure et il y a tant à apprendre ! Le marché de la romance et le marché du numérique sont deux phénomènes en pleine évolution dans l’édition francophone. C’est très enthousiasmant pour moi d’en faire partie et d’y contribuer, à mon modeste niveau.

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Une petite histoire de tirets…

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Si je vous dis tiret cadratin, tiret semi-cadratin (ou demi-cadratin), trait d’union, j’imagine que ça vous évoque quelque chose… Cependant, dans les manuscrits que je corrige, je vois souvent les uns employés à la place des autres. L’exemple le plus marquant : le trait d’union employé à la place du tiret cadratin (ou tiret long) dans les dialogues.

–       Vous avez écrit cet article à deux heures du matin, n’est-ce pas ?
–       Voyons, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Bien entendu, c’est le tiret cadratin qui doit être employé pour les dialogues et non le trait d’union.

— Vous avez écrit cet article à deux heures du matin, n’est-ce pas ?
— Voyons, qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

Une autre erreur courante : utiliser le trait d’union pour les incises – non, mais vraiment, les exemples dans cet article sont tout pourris – au lieu du tiret cadratin ou du tiret semi-cadratin – c’est quand même plus présentable comme ça. (Les deux premiers sont des traits d’union, je précise car la mise en page de WordPress les fait sauter automatiquement, la preuve s’il en fallait encore une qu’il ne faut vraiment pas les utiliser à la place des tirets cadratins ou semi-cadratins.)

Oui, j’ai bien dit cadratin OU semi-cadratin. Il est courant à présent d’utiliser le semi-cadratin (tiret moyen) pour les incises, mais il est tout à fait correct de lui préférer le cadratin.

Le tiret cadratin

Il est utilisé dans les dialogues, pour les incises, mais aussi pour l’énumération et parfois même pour marquer l’interruption (il existe d’autres usages, mais qui ne sont pas pertinents en littérature). Dans les dialogues, il s’utilise dans la présentation moderne sans les guillemets. Chaque tiret marque une nouvelle réplique et il s’utilise également dans la présentation classique avec les guillemets. Dans ce cas-là, le premier tiret cadratin est remplacé par les guillemets ouvrants (cf l’article sur les normes orthotypographiques).

Le tiret semi-cadratin (ou demi-cadratin)

Il est à présent utilisé la plupart du temps pour marquer les incises, même si sa fonction première était plutôt une fonction de liaison, qui intervenait dans certains cas où le trait d’union aurait prêté à confusion. Exemple : la station de métro Champs-Élysées–Clémenceau (trait d’union puis tiret semi-cadratin), qui peut aussi s’écrire Champs-Élysées – Clémenceau. (trait d’union, puis espace insécable, trait d’union, espace insécable)

Il est parfois utilisé par certaines maisons d’édition pour marquer les dialogues. C’est un choix purement esthétique et qui permet aussi de gagner un peu de place (d’ailleurs, le tiret semi-cadratin a remplacé le tiret cadratin pour cette raison, d’abord dans le journalisme et les magazines où les colonnes étaient étroites, puis cette habitude s’est étendue au monde de l’édition littéraire).

Le trait d’union

Comme son nom l’indique, c’est un trait qui sert à unir deux mots… Vous savez tous de quoi il s’agit, donc la chose à retenir, c’est : ne l’utilisez ni pour les incises ni pour marquer les dialogues.

Mais le cadratin, c’est quoi, au juste ?

Le cadratin est une mesure de « blanc ». Dans l’imprimerie au plomb, il s’agissait d’un caractère ayant une longueur égale à la force du corps utilisé, et qui servait à insérer un blanc. On entend (et on lit) parfois que le cadratin (em) occupe le même encombrement que le M. C’est inexact. De même que le semi-cadratin n’occupe pas l’encombrement du N. Dans un texte écrit en corps 10 points, la longueur du cadratin sera de 10 points. Le semi-cadratin mesurera traditionnellement la moitié du cadratin (soit 5 points), mais en réalité, il est souvent un peu plus long que ça.

Et on fait ça comment ?

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous expliquer comment faire un trait d’union.

Pour le tiret semi-cadratin, la combinaison de touches sur Windows est alt + 0150 (sur le pavé numérique). Bien souvent, Word (ou le logiciel de traitement de texte que vous utilisez) transformera à votre place un trait d’union utilisé à la place d’un tiret semi-cadratin. Sur Word (version Windows), vous pouvez également insérer un tiret semi-cadratin en tapant ctrl + – (mais il faut bien prendre garde à utiliser le – du pavé numérique et non celui du trait d’union).
Sur un Macintosh, c’est plus simple, et il vous suffira d’utiliser la combinaison de touches option + trait d’union.

Pour le tiret cadratin, la combinaison de touches est alt + 0151 pour un PC. Sur Word (version Windows), vous pouvez utiliser ctrl + alt + – (avec le – du pavé numérique). Sur le Macintosh, option + shift + trait d’union.

Ces manipulations peuvent vite devenir pénibles, surtout que Word va avoir tendance à vous mettre en forme votre dialogue n’importe comment. Ma petite astuce un peu barbare mais rapide : utiliser autre chose pour marquer les tirets cadratins et les tirets semi-cadratins en cours d’écriture, et les remplacer ensuite par un simple « rechercher-remplacer ». L’intérêt, c’est la rapidité, donc n’allez pas chercher un caractère bizarre, vous pouvez simplement prendre une combinaison de deux lettres qui ne se retrouvent jamais ensemble dans la langue française.

Ma méthode : pour le —, j’utilise Qq (qui se trouve être la première lettre de mon clavier car je n’utilise pas un AZERTY mais un QWERTZ), et pour le –, Ww (deuxième lettre de mon clavier). Je vous déconseille toutefois le Ww, car si vous avez tout d’un coup une adresse web dans votre texte pour une raison ou pour une autre, ça vous la transformera en –w, donc pas trop pratique. Mais Yy, par exemple, fonctionne bien.

Et les espaces, dans tout ça ?

Pour les cas qui nous intéressent, le tiret cadratin de dialogue n’est précédé de rien et suivi d’une espace insécable. Lorsqu’il est utilisé en tiret d’incise, il est précédé d’une espace insécable et suivi d’une espace sécable (ou d’un autre signe de ponctuation, comme une virgule).

—^sVotre dialogue ici → rien, cadratin, espace insécable
Cette phrase va comporter une incise^s— ou pas. → insécable, cadratin, sécable
Et soyons fous^s— ou pas^s—, et mettons des virgules. → insécable, cadratin, sécable, incise, insécable, cadratin, virgule

Le semi-cadratin utilisé en tiret de dialogue n’est précédé de rien et suivi d’une espace insécable, et précédé d’une espace insécable et suivi d’une espace sécable (ou d’un autre signe de ponctuation) lorsqu’il est utilisé en incise. Lorsqu’il joint deux mots, il n’est ni précédé ni suivi d’une espace.

Le trait d’union n’est ni précédé ni suivi d’une espace, sauf dans quelques rares cas.

En règle générale, votre traitement de texte s’occupera de ça tout seul comme un grand. 🙂

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