- L’autoédition, modes et modalités
- Ce que n’est pas un éditeur
L’autopublication fait débat depuis qu’elle existe. Souvent confondue avec l’édition à compte d’auteur – dont elle est pourtant très différente –, elle est une alternative à la publication à compte d’éditeur. Certains y ont recours après de multiples refus, d’autres n’envisagent même pas de contacter des maisons d’édition et préfèrent se lancer directement dans le grand bain.
Mais même si on en entend de plus en plus parler – via un certain nombre d’écrivains indépendants qui réussissent, notamment –, l’autopublication reste assez obscure pour les néophytes. Qu’est-ce ? À qui s’adresse-t-elle ? Quel est son coût ? Quelles obligations suppose-t-elle ? Autant de questions auxquelles il peut être difficile de répondre quand on ne sait pas où chercher.
Autoédition et compte d’auteur : attention à ne pas confondre
Même les personnes les plus au fait du monde de l’édition peuvent confondre compte d’auteur et autoédition. Pourtant, la différence est bien réelle !
Le compte d’auteur, c’est lorsqu’une société – qui n’a d’éditeur que le nom – vous propose de publier votre manuscrit moyennant finance, généralement à un tarif prohibitif. Elle fournira un travail éditorial minime : correction orthographique et grammaticale via logiciel (et donc correction imparfaite), mise en page rapide, pas de réécriture, pas de promotion ni de diffusion sérieuse. Un peu léger quand on sait que certains ont déboursé jusqu’à 10 000 € pour la publication de leur œuvre…
En cas de publication à compte d’auteur, on amène souvent l’auteur à croire qu’il est gagnant : en effet, on ne vous demandera pas de modifier votre manuscrit – « votre œuvre est respectée » – et on vous promet des gains supérieurs aux droits d’auteur classiques. Mais il faut savoir que ces « maisons d’édition » ont rarement les moyens d’assumer les ambitions qu’elles affichent et que les ventes sont donc minimes. De plus, n’importe qui peut publier à compte d’auteur à condition d’en avoir les moyens financiers. Les catalogues de ces prestataires sont donc souvent constitués de textes bas de gamme qui auraient nécessité un travail en profondeur. Les libraires sont généralement réticents à vendre les œuvres de ces sociétés car ils mettent en doute – à raison – la qualité de celles-ci.
Dernière précision : vous ne cédez pas vos droits lors d’un contrat à compte d’auteur. Si le contrat stipule le contraire, alors il est hors-la-loi. Vous ne faites qu’autoriser un prestataire de service à imprimer votre livre et vous partagez avec ce prestataire les bénéfices de la vente de votre œuvre. Malheureusement, bien peu de gens savent qu’on ne peut s’approprier vos droits aussi facilement – surtout en vous faisant payer pour cela ! – et se font arnaquer.
A contrario, en autopublication, vous êtes le seul à profiter des bénéfices. C’est à vous de vous occuper du processus éditorial, mais personne d’autre que vous n’a le droit d’exploiter votre texte ni ne toucher de droits sur ses ventes. Bien évidemment, ce mode d’édition suppose un investissement énorme, et pas seulement en termes financiers.
L’autopublication via les plateformes d’impression
Qu’est-ce que j’appelle une plate-forme d’impression ? Ce sont les prestataires type TheBookEdition ou bien Lulu.com qui proposent un service éditorial limité et gratuit. Du moins au premier abord.
Les +
Via ces plate-formes, vous pouvez mettre en page votre œuvre, créer une couverture, insérer votre livre dans l’une de collections existantes et le vendre sur Internet en profitant d’une visibilité conséquente, le tout sans débourser un sou.
Le prix de vente de votre bouquin sera alors déterminé très simplement : « coût de fabrication + royalties = le prix de vente de votre livre ». Bien évidemment, dans le coût de fabrication sont inclus les bénéfices de la plateforme, qui ne serait pas rentable si elle ne vous facturait pas un minimum. Mais aucun argent ne sort de votre compte en banque, donc ça peut sembler tout bénèf’ et ça convient à beaucoup de gens.
Les –
Il ne vous est proposé aucune prestation de correction. C’est donc à vous de faire en sorte qu’il n’y ait plus la moindre coquille dans votre texte soit en le vérifiant vous-même parce que vous êtes très, très bon en français (cet argument est à double tranchant), soit en payant un correcteur professionnel qui se chargera de le faire pour vous. Ou alors vous pouvez investir dans un logiciel de correction, mais leur travail est rarement parfait.
Vous êtes obligé de choisir parmi des collections dont les noms ne vous plaisent pas forcément. Ça peut sembler ridicule, mais quand même.
Vous serez également contraint de vous plier à la charte d’impression de la plate-forme (type de reliure, grammage du papier…) et aux formats qu’elle propose. Ce sont souvent les formats les plus courants qui ne posent donc pas de problèmes dans la plupart des cas, mais c’est à prendre en compte.
Enfin, le coût du livre fini est souvent un peu élevé car vous êtes deux à vous rémunérer dessus : vous et la plate-forme.
L’autopublication tout seul comme un grand
C’est la solution qui demande le plus d’investissement personnel en efforts, en temps et en argent Mais, pour les plus perfectionnistes, c’est également la meilleure. Elle sous-entend que vous êtes le seul décisionnaire en ce qui concerne votre livre, mais que vous êtes aussi le seul à porter les conséquences qui s’ensuivent.
Pour faire le livre le plus parfait possible, il va vous falloir embaucher un certain nombre de professionnels du livre – correcteurs, graphistes, etc. – afin de peaufiner les aspects de la production que vous ne pourrez pas gérer vous-même. Et le processus productif d’un livre, c’est long.
1/ Écriture, relecture et corrections
Cette étape, trop souvent négligée, est essentielle. Normalement, elle vient avant la soumission à un éditeur, et donc avant de penser à s’autopublier. Mais si vous soumettez votre manuscrit et qu’il est accepté par une maison d’édition, on risque fort de vous demander des changements. Lorsque vous ne passez pas par ce biais, c’est à vous d’estimer votre œuvre, en votre âme et conscience et sans complaisance : y a-t-il des lourdeurs ? Des chapitres inutiles ? Des évènements qui manquent de cohérence ? Prenez votre temps, laissez quelques jours entre deux relectures et ne vous lancez que lorsque vous êtes sûr que votre œuvre est parfaitement aboutie.
Pour être le plus efficace possible, l’idéal est de vous faire aider de bêta-lecteurs : des personnes de confiance qui liront votre texte et vous donneront leur avis de manière franche et argumentée. Il ne s’agit pas de trouver quelqu’un qui vous dira « c’est génial, j’adore, continue » – aussi agréable que soient ces commentaires dithyrambiques –, mais bien d’obtenir un regard analytique extérieur sur vos écrits. Si le bêta-lecteur aime votre texte, il doit vous dire pourquoi (figure de style particulièrement appropriée, nouvel éclairage pertinent sur un personnage, etc.). S’il n’aime pas (et c’est son droit inaliénable), il doit également vous expliquer sa position.
Bien entendu, vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec vos bêta-lecteurs. Votre texte est votre propriété et c’est à vous de décider si des modifications sont nécessaires. Mais ma propre expérience me fait dire que, bien souvent, l’auteur a un peu trop la tête dans le guidon – et dans ce cas, un regard extérieur peut vraiment être salvateur.
2/ Relecture et corrections… Bis repetita.
Vous êtes satisfait de votre œuvre ? Vous voulez être lu ? Très bien. Commencez donc par engager un correcteur.
Souvent, on n’insiste pas assez sur l’importance du correcteur. De plus en plus de maisons d’édition passent par des logiciels de correction, mais leur travail ne sera jamais équivalent à celui d’un correcteur diplômé (comme nos chères Jo Ann et Vanessa). Vous pensez être bon en français ? Vous croyez que tout va bien, qu’il n’y a aucune faute, que vous vous êtes bien relu et avez retiré toutes les coquilles ? Vous vous plantez sans doute. Personne n’est à l’abri d’une virgule mal placée ou d’une double espace, et certaines tournures de phrases, passées dans le langage courant, ne sont tout simplement pas françaises.
Alors oui, on sait. Payer un correcteur, ce n’est pas forcément donné et vous n’avez pas beaucoup de sous. Oui, certains pratiquent des prix prohibitifs, même s’ils sont toujours négociables. Néanmoins, croyez-moi, il ne faut pas négliger l’importance d’un texte soigné pour les lecteurs. Donc, engagez un correcteur, appliquez ses corrections (oui, même quand elles ne font pas plaisir), ça rendra service à votre livre. Et tant qu’à faire, demandez une correction complète avec mise en page : c’est tout aussi essentiel (même si c’est plus cher).
3/ Soignez vos arguments de vente
Et quand je dis « argument de vente », je parle tout d’abord de la couverture. Celle-ci est primordiale pour la vente de votre livre. Combien d’entre nous ont déjà pris un livre en librairie juste parce que la couverture était belle ? Ça ne veut pourtant rien dire, un livre médiocre peut être magnifiquement illustré, pourtant nous sommes tous sensibles au charme d’une belle couverture.
Si nécessaire, engagez un graphiste. C’est leur métier et ils sauront répondre à vos attentes en concevant avec vous un cahier des charges. Si vous n’avez aucune idée en tête, ils pourront vous guider. Et si, au contraire, vous savez exactement ce que vous voulez, ils s’exécuteront. Certes, cela vous coûtera à nouveau des sous. Mais si vous n’êtes pas prêt à mettre la main au portefeuille, oubliez ce mode d’édition.
Le second argument de vente, c’est la quatrième de couverture qui, non, n’est pas un simple résumé. Votre texte doit répondre à certaines exigences. Il doit s’adresser au bon public-cible (on ne s’adresse pas à un adulte comme à un enfant ou à un ado), être fidèle au texte (tant au niveau du style que des ambitions, inutile de nous vendre du Proust si c’est pour finalement lire du Sade) et être représentatif de l’éditeur (en l’occurrence, vous).
Inutile de copier bêtement une autre quatrième en adaptant les éléments de l’histoire. Oubliez également les phrases à sensation racoleuses quand votre livre est modeste. Il vaut mieux un seul lecteur satisfait qu’une dizaine qui se sentent trahis : on parle toujours plus de ce qu’on n’a pas aimé que de ce qui nous a plu.
4/ Intéressez-vous à l’aspect juridique1
Vendre un livre autopublié, ce n’est pas comme mettre vos vieux vêtements sur leboncoin.fr. Vous êtes soumis à un certain nombre d’obligations, que ce soit au niveau du prix de vente du livre (cf Loi Lang), de la déclaration de vos revenus (car oui, vos bénéfices sur la vente s’ajoutent à vos autres revenus éventuels) ou de la création de votre auto-entreprise ou association. Vous devez également obtenir un numéro ISBN pour votre œuvre et la déclarer à la BNF. Tout cela ne se fait pas en un jour, alors il vaut mieux vous y prendre à l’avance.
5/ Renseignez-vous sur les modes de promotion et de diffusion2
Vous souhaitez créer une pub sur internet ? Mettre en place un site de vente en ligne ? Vendre votre livre en librairie ? Tout cela demande du temps, et parfois de l’argent. Renseignez-vous sur les différentes alternatives :
- Création d’un site totalement personnalisé, ce qui nécessitera sans doute l’intervention d’un professionnel (et donc une dépense supplémentaire) ou utilisation des plates-formes gratuites (avec parfois des options payantes) ;
- Impression de marque-pages ou de flyers ;
- Création d’un teaser vidéo (avec une fois de plus l’aide d’un professionnel ou d’un amateur éclairé) ;
- Démarchage des libraires…
En bref, il va falloir (vous) investir !
6/ Trouvez le bon imprimeur
Le bon imprimeur, c’est celui qui a des tarifs correspondant à vos moyens, qui imprime en temps et en heure, correctement et selon le cahier des charges que vous avez défini à l’avance. Beaucoup de choses seront à définir : format du livre (poche ou grand format), grammage et couleur du papier, taille et style de police, interlignes, type de reliure… L’idéal est de demander plusieurs devis et des échantillons tests à l’avance afin que le jour où votre manuscrit final soit prêt (couverture, quatrième et corps de texte), vous n’ayez plus qu’à signer le BAT (Bon à tirer qui signifie que vous donnez à l’imprimeur votre feu vert pour imprimer le livre).
7/ Armez-vous de courage et de patience
Vous avez donné de votre temps, de votre argent et de votre âme dans ce livre. C’est un peu votre bébé, la prunelle de vos yeux, l’enfant qui prend son envol. Vous êtes anxieux et en même temps, vous avez de grosses attentes.
Sachez que la réalité n’y répondra peut-être pas. Il est très difficile de s’en sortir en autopublication. Il n’y pas de lectorat dédié et pas de gros moyens de communication. Il faut tout faire à la sueur de votre front et, même si vous ne ménagez pas vos efforts, la réussite ne sera peut-être pas au rendez-vous. L’échec n’est pas une fatalité : certains auteurs autopubliés s’en sortent très bien, parfois même mieux que des auteurs publiés à compte d’éditeur. Mais cette voie demande implication, travail et patience.
Dans tous les cas, vous aurez la fierté d’avoir donné naissance à votre œuvre, du début à la fin.
Très bien écrit cet article, très bien expliqué.
C’est agréable de voir l’autoédition décortiquée point par point, avec simplicité et honnêteté, en pointant les forces et les inconvénients, et non descendue en flammes comme souvent. Merci pour cet article !
Pour trois d’entre nous, nous avons envisagé l’auto-publication à un moment ou un autre. 🙂
Je pense toujours à l’AP concernant un de mes projets, mais on verra bien. 🙂
Je ne suis pas entièrement d’accord avec cet article, je le trouve trop partisan. Contrairement à ce qui est affirmé au début, il n’y a pas du tout de coupure nette entre compte d’auteur et auto-publication, mais plutôt un spectre de nuances. La seule vraie différence entre les deux, c’est que le compte d’auteur est une sorte de « all-included » : le prestataire avec qui on fait affaire possède déjà toute sa chaîne de fournisseurs selon une mécanique bien huilée, dans laquelle on n’a plus qu’à glisser notre texte. Être auto-édité, c’est devoir monter sa propre chaîne tout seul… ce qui est loin d’être un avantage (sauf si l’on est passionné par la job, mais alors je pense qu’on a manqué sa vocation d’éditeur).
Du coup, est-ce qu’on paie plus dans le premier cas ? En général, oui, et c’est bien normal, vu qu’on nous facilite quand même sacrément la vie (n’oubliez pas que le temps, c’est de l’argent ; le prix à payer pour s’auto-éditer n’est pas entièrement contenu sur un feuille de budget). Mais le 10 000 euros cité n’est qu’un record à visée sensationnaliste. Certains « éditeurs » à compte d’auteur proposent des vrais devis correspondant aux vrais salaires de leurs vrais employés/partenaires, tout simplement… Et il n’y a aucune raison, à priori, que ces devis soient plus élevés que ceux qui proviennent de n’importe quel free-lancer.
Quant à l’histoire de la correction par logiciel, qui sait, on entend toutes sortes de rumeurs concernant des maisons à compte d’auteur autant que d’éditeur. Ce que je sais, en revanche, c’est que j’ai trouvé le titre d’un livre publié à compte d’auteur parmi la liste des œuvres corrigées par une correctrice sur son site Internet. Il y avait même une photo d’elle ; elle avait vraiment l’air d’une vraie personne…
Mon but n’est pas du tout de recommander l’édition à compte d’auteur ; je ne vois juste pas la nécessité de la diaboliser, surtout si l’on essaie d’être nuancé au sujet de l’auto-édition. Pour moi, les deux se valent. Il y a des arnaqueurs chez les comptes d’auteur exactement de la même façon qu’il y a de la m***e en auto-édition (et pour les mêmes raisons). Les deux constatations méritent d’être relativisées de concert.
À moins que tu refasses Gutemberg et que tu fabriques ta propre imprimerie (et ton propre papier !), tu vas toujours payer pour te faire éditer… Et là, j’aimerais partir dans une réflexion philosophique à propos de l’argent, si mon commentaire n’était pas déjà si long, mais l’argent a ce pouvoir magnifique de nous décomplexer, de nous libérer. Donner de l’argent à quelqu’un d’autre nous place en situation de pouvoir par rapport à lui/elle. Je pense que l’auto-édition ruine totalement cet aspect, sans pour autant nous remettre l’argent en question dans la poche. Bref, c’est un peu perdant-perdant.
Alice a fait un stage chez un « éditeur » CA (et moi, j’ai partagé mon expérience chez un autre). Je ne pense pas qu’il n’y ait que des nuances entre les deux, c’est beaucoup plus grave que ça. Un « Dagobert » te fait payer toutes les prestations ! Oh, oui, on peut faire appel à un correcteur, mais EN PLUS de ce que tu as déjà payé pour la maquette, pour le tirage, pour la couverture. Si tu peux pas, ça ne fait rien. On te parle de logiciel (je m’en souviens vaguement du mien dans mon contrat, je ne l’ai pas à portée de main). Dagobert n’est pas et ne sera jamais éditeur, juste un prestataire de services avec des prix un peu plus gonflés. Avoir su, j’aurais quand même testé l’auto-édition. Rien que de passer par un « vrai » correcteur, ça m’aurait empêché de plonger tête la première dans l’aventure (un roman truffé de fautes, de barbarismes, de moments WTF, j’suis sûre que le devis m’aurait fait suer).
Je ne pense pas du tout que cet article soit partisan, ce n’est que le premier de plusieurs qui décortiquera l’auto-publication pour que ceux qui sont tentés soient informés de ce qui les attend (démarches administratives, difficultés, etc.). Mais entre investir ton argent sans perdre tes droits et perdre de l’argent en perdant tes droits, je vois plus que des nuances entre l’AE et le CA. Beaucoup plus.
Il y a des m*, comme tu dis en AE, comme il en a chez les éditeurs classiques également, et surtout en CA. Les libraires ne prennent quasiment jamais des livres Dagobert. C’est dire. Alors que pour l’AE, ils peuvent te donner une chance. Ce n’est pas systématique, mais l’étiquette Dagobert pèse lourd. J’en sais quelque chose.
Je peux dire une chose : j’ai été correctrice pour une maison à compte d’auteur. Donc ils n’utilisent pas toujours des logiciels. Et les correcteurs essaient bien souvent de « sauver » des textes illisibles autrement. MAIS : la correction est une option que la maison propose à l’auteur, ça ne fait pas partie du pack. L’auteur paie en plus de tout le reste (cher, je pense, car il y avait mon salaire + le bénéf que se faisait sûrement la maison sur la correction), et au final, l’addition est salée.
De « bons » éditeurs à comptes d’auteur, il y en a quelques-uns (et pas forcément en littérature. Je pense notamment à des éditeurs dans des domaines spécialisés comme l’histoire, les sciences, la médecine…). Mais la majorité, j’en ai bien peur, jouent sur la naïveté d’écrivains amateurs prêts à tout pour voir leur prose publiée. Même s’ils doivent payer 3000€, ça flatte leur ego, et ils sortent le chéquier. Parce que bon, soyons réalistes, un éditeur à compte d’auteur, il a déjà les sous avant de faire quoi que ce soit. Donc une fois les bouquins imprimés, pourquoi s’embêter à les vendre ? Autant les laisser dans un coin, et les vendre ensuite à l’auteur (qui les a déjà payés, souvent…) à un tarif « préférentiel » pour qu’il se charge lui-même de s’en débarrasser d’une manière ou d’une autre.
Le problème, maintenant, c’est qu’avec l’arrivée de prestataires de services comme Lulu, thebookedition, et d’autres, c’est qu’on a bel et bien le côté « ils font le boulot à notre place », et on ne paie pas. Ce sont les éventuels acheteurs qui casquent, parce que l’impression à la demande, ben, c’est cher. Du coup, pour les gens qui ne connaissent pas vraiment le milieu, tous ces modes d’édition deviennent vite faciles à confondre.
Je ne parle même pas des comptes d’auteur « demi », qui passent souvent pour du compte d’éditeur.
J’aime bien les réponses de Jeanne, il y a toujours de quoi débattre! ^^
Ici, le but n’était pas de diaboliser le CA — même si je suis foncièrement contre — ni de faire l’apologie de l’AE, mais simplement de présenter les différents modes d’AE. J’ai peut-être manqué de clarté, mais en l’occurrence mon buit était de dire qu’effectivement, l’AE nécessitait un gros investissement, et pas seulement en terme de temps ou de travail mais aussi en terme d’argent.
Ma propre expérience dans une maison d’édition CA m’a plutôt découragé dans le domaine: un « graphiste » qui achetait des photos à une banque d’image et se contentait de les insérer dans un un modèle préfabriqué, et hop, la « couverture » était faite. La correction, c’était mon boulot, entre autres, grâce à un célèbre logiciel dédié… Tellement bien configuré qu’à chaque fois, il me demandait de retirer les accents aux majuscules. Et les dirigeants de la maison d’édition étaient tellement compétents qu’ils m’ont fait la réflexion qu’on « n’accentue pas les majuscules » quand je me suis refusée à modifier les rares textes qui respectaient la règle. Quand au comité de lecture, j’en ai fait partie durant les premiers mois de mon stage, et on me demandait, chaque jour, de « lire » 1 à 4 manuscrits et de rédiger leurs fiches de lecture. Je crois que ça parle de soi-même! Alors oui, il y a bel et bien une chaîne de prestataires à rémunérer, mais ça n’explique qu’une partie du coût du CA. La plus grosse partie de ce coût s’explique par un objectif unique de rentabilité, la qualité étant négligeable.
Bien sûr, en AE ou en CE, il y a aussi un objectif de rentabilité, mais il n’est pas unique — du moins, pas si la personne qui édite s’intéresse réellement à la littérature! — et le prix est dans la même fourchette que celle des CA. Simplement, l’auteur dépense des sous tout en gardant ses droits. Et pour moi, ça fait toute la différence.
Il convient, en tant qu’auteur, de définir ses objectifs. Tenter d’expédier un manuscrit par la poste, même ciblé aura peu de chance d’aboutir. C’est pour cela que l’autopublication progresse. Personnellement, je ne cherche par à « faire de l’argent ». La première motivation d’un auteur devrait être d’avoir des lecteurs ! Il passe des dixaines d’heures à créer un texte. Cela ne sert à rien, si personne ne le lit. J’ai diffusé mes polars sur Amazon, simplement pour avoir un lectorat et une liberté. Je trouve que la présentaion de votre blog a une vraie originalité, avec les photomaton animés. Bravo pour cet espace qui me permet d’y laisser mes impressions comprises.
Merci, Mickäel, pour ce qui concerne le site. 🙂
Sinon, pour revenir au fait que cela ne sert à rien si personne ne lit, je ne suis pas d’accord. Personnellement, j’écris pour moi, pas pour les autres. Je suis ma première, parfois dernière, lectrice. Il y a des histoires que je ne montre pas, pas parce que je pense qu’elles soient mauvaises, simplement parce que je n’ai pas écrit pour que quelqu’un d’autre me lise. À chaque écrivain de définir les raisons de son écriture.
Jo Ann, votre réponse m’étonne mais en même temps, nous sommes tous si différents et c’est tant mieux ! Quand j’écris, comme vous, je m’ôte toute pression comme si j’écrivais pour moi. Pourtant, j’ai besoin probablement d’une petite reconnaissance de la part des lecteurs (trices). Ce n’est pas de l’égocentrisme mais une revanche sur mon passé…
Quant à moi, je pense que tout dépend de la raison pour laquelle on écrit. Personnellement, j’écris pour être lue, pour partager une histoire, et c’est la raison pour laquelle j’ai mis ma saga en lecture libre sur le net. Gagner 500€ avec un contrat d’édition ou être lue par des milliers de gens, j’ai choisi. Je sais bien que jamais je ne deviendrai riche avec mon roman, mais ce n’est pas la raison pour laquelle je l’ai écrit.
Par contre, je connais beaucoup d’autres gens qui écrivent pour eux-mêmes, et après tout, pourquoi pas ! L’important, c’est surtout d’écrire pour le plaisir, à mon avis.
Exactement.Tant que nous sommes sûrs de ce que nous voulons (être lu ou pas, être rémunéré ou pas), tout va pour le mieux. 🙂
Je rebondis juste sur un point, provenant de l’intervention d’Alice :
« un « graphiste » qui achetait des photos à une banque d’image et se contentait de les insérer dans un un modèle préfabriqué, et hop, la « couverture » était faite. »
Ce n’est pas du tout du tout exclusif aux maisons d’édition à compte d’auteur, comme pratique. Bien au contraire !
C’est même très couremment employé par des maisons d’édition à compte d’éditeur qui ont pignon sur rue.
Très intéressant comme article, j’espère que vous poursuivrez sur le sujet, surtout concernant les obligations légales / la partie administrative (en particulier tout ce qui est déclaration sur le revenu).
Eh bien, voilà un article très bien fait, très intéressant, merci beaucoup.
Je suis en train de penser à l’AE (et même de plus en plus tentée) pour l’une de mes oeuvres, notamment pour une chose : le contrôle.
En effet, j’ai eu le sentiment à deux reprises déjà, de perdre le contrôle de mon oeuvre en étant éditée par une maison d’édition. Il faut faire sacrément confiance à celle-ci pour la mise en forme de son récit et également en ce qui concerne les ventes réalisées.
Je sais que personnellement je me bouge beaucoup pour que mon livre soit lu, je dédicace, je lance des concours sur mon site, et ça marche… Mais jusqu’à présent j’avais l’impression que j’étais plus active que la maison d’édition, ce qui est dommage.
Pour mes gros projets je suis toujours intéressée par une « vraie » maison d’édition, mais pour de plus petits formats, je pense qu’il y a quelque chose de passionnant à faire, et même à partager sur son blog : toutes les étapes à mettre en ligne, pour faire participer ses lecteurs…
Oui, j’y songe de plus en plus.
J’espère que vous aborderez à nouveau ce sujet, je serais notamment intéressée d’avoir le feedback de ceux qui l’ont tentée, l’AE.
Et une question qui peut paraître taboue : comment un auteur ayant déjà eu recours à l’AE est-il perçu par les éditeurs qu’il va démarcher ensuite ? Est-ce très mal pris ?
Bonne continuation à vous. 🙂
Bonjour,
C’est amusant de relire un post que j’ai mis il y a plusieurs mois et de mesurer le chemin parcouru depuis.
Ce que j’avais en tête, je l’ai mis en pratique et voilà toute une série d’articles qui relatent mon expérience dans l’Autoédition : http://www.nathaliebagadey.fr/mon-aventure-dans-l-autoedition-2-qu-est-ce-que-c-est-l-autoedition-a109173886
Je vous cite dans la liste des sites qui m’ont le plus aidée à préparer mon projet. Encore merci. 🙂
Félicitations pour avoir sauté le pas, Nathalie ! 🙂
l’article date mais je fais un com. l’auto édition c’est parfait si on a des fans (ce qui est plus simple avec de la BD parce que l’image attire plus l’intention sur internet). si on veut se faire plaisir pour imprimer en petites quantités (20 exemplaires) j’ai trouvé Ouestelio (imprimeur) qui pour 20 exemplaires avec couverture quadri et du papier de bonne qualité, 120 pages environs, tombe pas loin de 10 euros le livre. il s’agit bien d’un imprimeur, c’est pas de l’édition qu’ils ont fait. par contre faut savoir se servir d’un logiciel pour mettre en page…. ;-). peut-être qu’ils proposent de le faire pour les clients. évidemment le coût à l’exemplaire tombe avec la quantité. mais j’aurais pas su où les caser ni à qui les donner.
Ping : Mon aventure dans l'autoédition - 2. Qu'est-ce que c'est, l'autoédition ? - Nathalie Bagadey