Bonjour à tous !
C’est re-moi, Cécile, pour une deuxième chronique coup de cœur sur [Espaces Comprises]. Alors, heureux ? Aujourd’hui, en plus, on va parler de robots, de young adult, et même philosopher un peu. Toujours 100 % francophone, bien sûr, parce que nos auteurs le valent bien !
Cœurs de rouille
Justine Niogret
Éditions Le Pré aux Clercs
Collection Pandore
Paru en septembre 2013.
Des robots traqués, jadis fidèles serviteurs. Des machines brisées, un mausolée de fer dans ce qui était auparavant la cité du ciel. Et partout flotte l’odeur de chair pétrifiée, car un tueur mécanique écorche les vivants pour voler leur peau. Saxe survit en travaillant sur les golems actionnés par magie. Dresde est une automate qui n’a connu que le luxe avant que son maître l’abandonne. Tout les sépare, et pourtant ils vont partager un rêve commun : s’enfuir de la forteresse volante. Une course peut-être sans espoir : retrouver la mythique porte ouvrant sur la liberté.
Je m’attendais à un livre complètement différent de celui que j’ai découvert : je m’attendais à du young adult classique, avec une histoire d’amour, un côté « rêveur pragmatique » jouant sur le côté humain des robots… et non. Je n’y étais pas du tout. Il faut dire que la quatrième de couverture n’aide pas vraiment ! En même temps, difficile de décrire en si peu de mots l’histoire racontée par Justine Niogret. Moi-même, je ne sais par où commencer… et pourtant, j’ai adoré ! C’est un véritable coup de cœur !
Imaginez plutôt une cité dans le ciel où chaque étage est une version d’un passé révolu. Au plus haut étage de cette ville-tour vivent (ou plutôt survivent) des humains, dont Saxe. Saxe n’est pas un artiste, comme dit dans la quatrième de couverture : Saxe est un ouvrier qui pensait trouver une forme d’art dans son métier, mais la réalité l’a complètement désillusionné. C’est d’ailleurs pour ça qu’il cherche à s’enfuir de la cité : pour fuir la noirceur du réel, pour trouver une raison de rêver, hors de la cité.
Dresde, elle, n’est pas une automate : c’est un golem de porcelaine. Elle est fragile, éphémère et, surtout, aussi complexe qu’un être humain, bien loin de la froide logique des automates. Dresde a perdu son maître : il est mort. Mais elle l’attend quand même. Elle quitte la cité pour fuir cette réalité morbide, ce rêve brisé… et sa non-vie. Comme Saxe, en somme.
C’est l’histoire de leur fuite en avant. Ce n’est donc pas une quête de liberté.
Les personnages eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils cherchent, et pour cause : ils ignorent ce qu’ils vont trouver derrière cette porte mythique qui ouvrirait sur « la liberté ». Quelle liberté ? Et puis la porte est-elle seulement réelle ? Ce n’est donc pas, définitivement, une quête.
C’est un livre fort, puissant, que nous livre ici Justine Niogret. Un livre où la force des symboles porte toute l’histoire. Où l’écriture est violente sous son apparente élégance. Écorchée vive, presque. Au détour d’une phrase ou d’une autre, on découvrira que le sens des mots importe peu, c’est leur connotation qui compte, ce qu’on y associe : la part de rêve accolée au réel.
Un livre où le signe a plus d’importance que le sens, donc.
Ajoutez un brin de poésie à la fantasmagorie ambiante, saupoudrez d’un peu de steampunk pour le côté « rouille et engrenage »… et voilà, vous obtenez Cœurs de rouille ! Un livre à la fois simple et juste, mais aussi profond et philosophique.
L’histoire est simple. Son sujet l’est beaucoup moins : cela parle de vous, de moi, de nous tous et… de la force de nos convictions. De cette force qui nous pousse à accomplir nos rêves. Du moins est-ce ce que j’ai compris : peut-être, vous, y verrez-vous tout autre chose. C’est ce qui fait la force des grands livres : chaque lecteur y voit quelque chose d’unique, de différent. Et Cœur de rouille fait partie de ces grands livres indéfinissables, avec lesquels, pourtant, nous nouons une relation intime et puissante…
À lire, pour la puissance évocatrice de cette histoire… éternelle et intemporelle.
Ça donne envie !
Encore une critique dithyrambique concernant ce roman, il faut que je le lise !