Ce n’est pas parce qu’on est bébé-auteur qu’on peut aller dans n’importe quelle crèche

This entry is part 1 of 3 in the series L'édition expliquée aux bébés-auteurs

bbNous savons déjà que le bébé-auteur vit dans un monde à part. Il a parfois folies des grandeurs, mais il sait être humble lorsqu’il s’agit de se lancer dans l’édition, cet univers impitoyable (je sais que vous avez le générique en tête, maintenant. Ne me remerciez pas). Mais à force de vouloir être humble, le bébé-auteur devient bébé-pigeon.

4 – « Il faut bien commencer quelque part/un début à tout. »

Le bébé-auteur pense que tout escalier est bon à prendre pourvu qu’il mène à la terrasse où on sert les canapés et le champagne. Le souci, c’est qu’il n’a pas étudié le plan du gratte-ciel dans lequel il s’engouffre. Il a vu de la lumière et il est entré. Il ne sait pas, l’innocent, que pour accéder au penthouse, il faut un ascenseur à part et… il n’a pas pris le bon. (Aïe.)

5 – « Je paie pour me lancer. »

Le bébé-auteur est prêt à s’endetter pour « se lancer », pour « commencer ».  Il est prêt à payer quand, en vrai, il ne devrait pas. Mais il faut bien commencer quelque part, hein ? Tant pis si on lui dit que le compte d’auteur n’est pas recommandé, que quitte à payer, autant passer par l’auto-publication.

6 – « Tout le monde dit du mal de cette maison, mais j’y vais quand même, ce sera peut-être différent avec moi. »

Le bébé-auteur se moque des conseils (non-sollicités) des écrivains plus expérimentés (= pas forcément des Goncourt, mais qui sont dans le circuit depuis un peu plus longtemps). Le bébé-auteur sera toujours (toujours) la poule aux œufs d’or de la nouvelle maison, celui pour qui tout sera différent, celui qui sera le best-seller qui fera que tout change. Le bébé-auteur est touché par la grâce et il est le seul à le savoir. Nul n’est prophète en son pays, on le sait bien.

7 – « Tout le monde me dit de ne pas signer, mais… »

… mais il faut commencer quelque part.
… mais ce sera différent avec moi.
… mais…

8 – « Je ne connais rien, mais je sais tout. »

Le bébé-auteur ne s’y connaît absolument pas, mais il a des idées tranchées sur tout, il sait tout mieux que tout le monde. Les conseils (non-sollicités) sont bons pour la corbeille. Il n’y a pas plus entêté que le bébé-auteur.
Mais ne vous inquiétez pas, c’est un trait de caractère qui tend à s’effacer quand il plonge dans la vase. On se retiendra de dire « on vous l’a bien dit ».

Cher bébé-auteur,
Quand nous te donnons un conseil, même lorsque tu ne nous l’as pas demandé, ce n’est pas pour te faire de la peine, au contraire. C’est pour éviter que tu aies de la peine à l’avenir, parce que le réveil est plutôt rude. La seule façon de grimper les échelons, c’est d’attendre patiemment qu’un éditeur classique accepte ton manuscrit.
Dans l’attente, écris. C’est en écrivant qu’on devient écrivain. Un premier roman écrit est rarement un premier roman publié. Plus on écrit, mieux on connaît son écriture, ses lacunes et ses forces. On commence à comprendre les rouages de son cerveau. On corrige ses faiblesses et on renforce nos qualités.
Et quitte à « commencer quelque part », choisis l’auto-publication. Entoure-toi d’un correcteur, d’un graphiste, d’un maquettiste, d’un imprimeur, et fais quelque chose de bien. Le compte d’auteur (= publication de vanité, comme le diraient les anglophones) est comme un balle dans le pied. J’ai parfois l’impression qu’il t’arrache plutôt la jambe, mais ce n’est qu’un avis personnel…
Tu sais être humble et je te respecte pour ça. Mais il y a une différence entre connaître sa place et vouloir devenir la serpillière de nombre d’« éditeurs » peu scrupuleux qui vivent grâce à ton argent. Souviens-toi d’une chose importante : tu es le partenaire de ton éditeur, tu n’es pas son client.

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Marjorie Chebance, agent artistique

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[Espaces Comprises] Pouvez-vous vous présenter ?

Marjorie Chebance : Je m’appelle Marjorie Chebance et je suis agent artistique spécialisée dans le domaine de l’édition et de l’illustration.

[EC] Comment devient-on agent ?

Il n’y a pas de cursus scolaire à suivre ou de diplôme à avoir. Techniquement tout le monde peut devenir agent mais, à mon sens, une bonne connaissance juridique est primordiale, ne serait-ce que pour accompagner les auteurs dans la lecture de leurs contrats.

[EC] Quel a été votre parcours ?

J’ai travaillé pendant 7 ans en cabinet d’avocats comme assistante juridique et parallèlement à ce travail, j’ai suivi une formation de clerc d’avocat à l’E.N.A.D.E.P. (École Nationale de Droit et de Procédure). Une fois ma formation finie, j’ai créé mon agence.
Comme je le disais précédemment, pour moi il était vraiment très important d’avoir une bonne connaissance juridique avant de me lancer dans cette aventure.

[EC] Comment un agent se rémunère-t-il ?

Un agent est rémunéré par pourcentage sur les contrats qu’il trouve, sachant que la loi n’autorise d’aller au-delà de 10 %. Bien entendu, l’agent n’est rémunéré qu’après paiement de l’auteur par l’éditeur, soit le plus souvent à la date de rendu des illustrations finalisées.

[EC] Quelle est la différence entre agent d’auteur et agent d’illustrateur ?

Un agent d’auteurs s’occupe d’écrivain et un agent d’illustrateur d’illustrateurs.
Le travail reste le même mais adapté soit au travail d’écriture soit au dessin.
Personnellement, je m’occupe actuellement d’une cinquantaine d’illustrateurs et de cinq auteurs.

[EC] Quels sont vos critères pour accepter un nouveau client ?

C’est assez difficile à expliquer.
Il faut que la personne ait une bonne technique de dessin ou d’écriture mais il me faut également le « petit plus » qui me fera dire : « je veux travailler avec lui/elle ! ». Je marche au coup de foudre en fait.
Après je regarde également si le travail de la personne peut intéresser les éditeurs avec lesquels j’ai l’habitude de travailler.

[EC] Représentez-vous des auteurs de tous bords ? (Fiction/Non-fiction, Littérature blanche/SFFF ?)

Je travaille principalement avec des auteurs jeunesse.
Mais, que ce soit pour les illustrateurs ou les auteurs que je représente, il arrive qu’en plus de la jeunesse, ils aient d’autres cordes à leur arc et travaille dans des styles littéraires ou graphiques très différents.

[EC] Quels sont les droits que vous négociez ?

Je négocie tout le contrat. C’est-à-dire, bien entendu, le montant des droits d’auteur (à-valoir, forfait, fixe et/ou pourcentage) mais également toutes les autres clauses qu’il me semble nécessaire de négocier, voire de faire rajouter.

[EC] Négociez-vous également à l’international ?

Actuellement je travaille avec des éditeurs français, belges, suisses et canadiens.

[EC] Comment présentez-vous un travail aux éditeurs ?

Pour les illustrateurs, je présente un book aux éditeurs.
Il faut savoir qu’un éditeur ne prendra que quelques secondes pour étudier un book, il faut donc que ce dernier attire le regard immédiatement.
Pour les projets d’album jeunesse ou de livre, je présente un dossier.
Ce dernier doit comporter un synopsis, une note d’intention (ou note d’auteur), le texte intégral, la bibliographie et les coordonnées de l’auteur. Si le texte en question (notamment dans le cas d’album jeunesse) a déjà un illustrateur, le dossier comportera de 2 à 3 illustrations couleur finies voire également des recherches de personnages ou un chemin de fer.

[EC] Pouvez-vous nous expliquer votre façon de travailler ?

Il existe deux possibilités.
Soit un éditeur vient me voir en me disant : j’ai tel projet, avec telle dead line et je cherche tel style d’illustration et je lui propose un ou plusieurs books pouvant correspondre à ses attentes.
Soit je démarche directement les éditeurs avec un book ou un dossier de projet en faisant bien attention à ce qu’ils correspondent à leur ligne éditoriale et à leurs collections.
Les éditeurs reçoivent énormément de projets et de books, il est est donc très important de bien cibler ces envois.

[EC] Y a-t-il une différence entre les agents américains et les agents français ?

Le travail de base est de même à la différence qu’aux Etats-Unis ou même en Angleterre il est nécessaire de passer par un agent pour pouvoir être publié, ce n’est pas le cas en France.

[EC] Quel est l’avenir des agents dans un milieu où le nombre d’auto-publiés augmente ?

Beaucoup d’auteurs se tournent actuellement vers l’auto-édition mais ils se rendent vite compte du travail que cela implique : chercher un imprimeur et surtout s’occuper soit même de la promotion des livres, c’est-à-dire devoir être quasiment tous les week-ends en déplacement en salon pour les vendre. Sans compter avec la logistique et le stockage des livres. C’est un travail colossal !
Avoir un éditeur c’est ne pas avoir à gérer tout cela : négocier avec un imprimeur, trouver un distributeur et un diffuseur et avoir quelqu’un qui s’occupe de la promotion de votre ouvrage.
Je ne pense pas que l’auto-édition soit un problème en soit, il y aura toujours des éditeurs.

[EC] Que conseillez-vous aux jeunes auteurs d’aujourd’hui ?

S’ils veulent vraiment travailler en tant qu’auteur et en vivre : tout simplement de s’accrocher.
Ce n’est pas un métier facile et il faut vraiment beaucoup travailler et savoir surtout se remettre en question et accepter la critique. Ce n’est pas parce que l’on critique votre travail que l’on critique votre personne.
Ecrire c’est ré-écrire.
Pour les auteurs je dirai également qu’il faut lire énormément et de tout (romans, magazines scientifiques, livres jeunesse…).

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Cœurs de rouille de Justine Niogret

This entry is part 2 of 6 in the series SFFF 100 % francophone

couv niogretBonjour à tous !
C’est re-moi, Cécile, pour une deuxième chronique coup de cœur sur [Espaces Comprises]. Alors, heureux ? Aujourd’hui, en plus, on va parler de robots, de young adult, et même philosopher un peu. Toujours 100 % francophone, bien sûr, parce que nos auteurs le valent bien !

Cœurs de rouille
Justine Niogret
Éditions Le Pré aux Clercs
Collection Pandore

Paru en septembre 2013.

Des robots traqués, jadis fidèles serviteurs. Des machines brisées, un mausolée de fer dans ce qui était auparavant la cité du ciel. Et partout flotte l’odeur de chair pétrifiée, car un tueur mécanique écorche les vivants pour voler leur peau. Saxe survit en travaillant sur les golems actionnés par magie. Dresde est une automate qui n’a connu que le luxe avant que son maître l’abandonne. Tout les sépare, et pourtant ils vont partager un rêve commun : s’enfuir de la forteresse volante. Une course peut-être sans espoir : retrouver la mythique porte ouvrant sur la liberté.

Je m’attendais à un livre complètement différent de celui que j’ai découvert : je m’attendais à du young adult classique, avec une histoire d’amour, un côté « rêveur pragmatique » jouant sur le côté humain des robots… et non. Je n’y étais pas du tout. Il faut dire que la quatrième de couverture n’aide pas vraiment ! En même temps, difficile de décrire en si peu de mots l’histoire racontée par Justine Niogret. Moi-même, je ne sais par où commencer… et pourtant, j’ai adoré ! C’est un véritable coup de cœur !
Imaginez plutôt une cité dans le ciel où chaque étage est une version d’un passé révolu. Au plus haut étage de cette ville-tour vivent (ou plutôt survivent) des humains, dont Saxe. Saxe n’est pas un artiste, comme dit dans la quatrième de couverture : Saxe est un ouvrier qui pensait trouver une forme d’art dans son métier, mais la réalité l’a complètement désillusionné. C’est d’ailleurs pour ça qu’il cherche à s’enfuir de la cité : pour fuir la noirceur du réel, pour trouver une raison de rêver, hors de la cité.
Dresde, elle, n’est pas une automate : c’est un golem de porcelaine. Elle est fragile, éphémère et, surtout, aussi complexe qu’un être humain, bien loin de la froide logique des automates. Dresde a perdu son maître : il est mort. Mais elle l’attend quand même. Elle quitte la cité pour fuir cette réalité morbide, ce rêve brisé… et sa non-vie. Comme Saxe, en somme.
C’est l’histoire de leur fuite en avant. Ce n’est donc pas une quête de liberté.
Les personnages eux-mêmes ne savent pas ce qu’ils cherchent, et pour cause : ils ignorent ce qu’ils vont trouver derrière cette porte mythique qui ouvrirait sur « la liberté ». Quelle liberté ? Et puis la porte est-elle seulement réelle ? Ce n’est donc pas, définitivement, une quête.

C’est un livre fort, puissant, que nous livre ici Justine Niogret. Un livre où la force des symboles porte toute l’histoire. Où l’écriture est violente sous son apparente élégance. Écorchée vive, presque. Au détour d’une phrase ou d’une autre, on découvrira que le sens des mots importe peu, c’est leur connotation qui compte, ce qu’on y associe : la part de rêve accolée au réel.
Un livre où le signe a plus d’importance que le sens, donc.
Ajoutez un brin de poésie à la fantasmagorie ambiante, saupoudrez d’un peu de steampunk pour le côté « rouille et engrenage »… et voilà, vous obtenez Cœurs de rouille ! Un livre à la fois simple et juste, mais aussi profond et philosophique.
L’histoire est simple. Son sujet l’est beaucoup moins : cela parle de vous, de moi, de nous tous et… de la force de nos convictions. De cette force qui nous pousse à accomplir nos rêves. Du moins est-ce ce que j’ai compris : peut-être, vous, y verrez-vous tout autre chose. C’est ce qui fait la force des grands livres : chaque lecteur y voit quelque chose d’unique, de différent. Et Cœur de rouille fait partie de ces grands livres indéfinissables, avec lesquels, pourtant, nous nouons une relation intime et puissante…

À lire, pour la puissance évocatrice de cette histoire… éternelle et intemporelle.

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C’est bientôt NaNoWriMo !

This entry is part 4 of 9 in the series NaNoWriMo

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Pour plus de 300 000 écrivains, professionnels ou amateurs, dans le monde entier, s’approche le mois le plus déluré de l’année d’écriture : novembre. Eh oui, c’est NaNoWriMo ! Déjà ! Sur [Espaces Comprises], nous vous avions présenté le défi l’année dernière, ainsi que les deux premiers nanoromans francophones publiés :

Depuis cet article, d’autres livres sont sortis :

  • L’Ouroboros d’argent d’Ophélie Bruneau (NaNoWriMo 2010, Éditions du Chat Noir 2013) ;
  • La saison 1 de Passeurs d’ombre (Camp NaNoWriMo 2012, Numeriklivres 2012), Une démone chez les anges (NaNoWriMo 2011, Éditions Sortilèges 2013) et Suzy online (NaNoWriMo 2011, Éditions Les Lucioles 2013), tous les trois d’Anne Rossi ;
  • Les Épreuves de l’amour de Deirdre Campbell (NaNoWriMo 2011, Éditions Láska 2013) ;
  • L’Agence de Suzanne Vanweddingen (NaNoWriMo 2011, Rryozz Éditions 2013) ;
  • Et, dernier, mais pas des moindres : Naturalis de notre Franck Labat, aka Mr Tagada (NaNoWriMo 2011, Éditions Prisma 2013) !

Cela ne s’arrête pas là, puisque dans les mois qui viennent, il y aura également :

  • Lacrimosa d’Alice Scarling (NaNoWriMo 2012, Milady 2014) ;
  • Outrepasseurs 1 de Cindy Van Wilder (NaNoWriMo 2008, Gulfstream 2014) ;
  • Le Dernier Train de Suzanne Vanweddingen (NaNoWriMo 2005, Rryozz Éditions 2014) ;
  • Aujourd’hui ne se termine jamais de Jo Ann von Haff (NaNoWriMo 2008, Éditions L’ivre-Book 2014) (notez la discrétion).

Maintenant que le récapitulatif est fait et que vous êtes face à des gens qui ont su profiter de l’ambiance de folie de novembre pour lancer des projets (nous reparlerons de corrections et réécritures au moment voulu) viables, voici les quelques conseils que nous (survivants, vétérans, kamikazes) pouvons vous donner.

DEUX SEMAINES AVANT NANOWRIMO

→ Si vous êtes du genre à faire des plans/des synopsis : Maintenant est le bon moment pour vous lancer. On est à quelques jours du top départ, l’attente ne sera pas longue et votre tête arrivera fraîche au moment de commencer à écrire, les idées seront encore présentes et non plus un lointain souvenir (comme lorsqu’on se prépare en juillet…) ;

→ Si votre sujet est pointu : Faites vos recherches avant novembre. Pendant le défi, vous aurez autre chose à faire que de vérifier des références ou d’aller chercher telle définition ou apprendre à piloter un hélicoptère (on n’est pas dans Matrix, il n’y a pas une application pour ça). Il y a pourtant une autre raison de faire vos recherches avant : parfois, les recherches peuvent aider dans la maturation des idées, donc la réalisation des plans (si tant est que vous en fassiez).

Si vous vivez en famille, en colocation : Préparez votre entourage à votre absence. Vous serez sous le même toit, mais vous ne serez plus tout à fait là. Vous serez une sorte de zombie, auteur de l’extrême. Préparez une messagerie vocale, au cas où.

Si vous travaillez à l’extérieur (si vous ne télétravaillez pas, si vous n’êtes pas à votre compte, etc.) : Le premier jour de Nano est toujours un jour férié (souvent un week-end, voire même un week-end prolongé). Mettez à profit ces premiers jours. Si vous le pouvez, rentabilisez vos RTT et vos congés. Si, si. Il y a des gens qui n’ont peur de rien.

DEUX JOURS AVANT NANOWRIMO

Si vous êtes des gens qui vous shootez à chaque séance d’écriture : Stockez vos drogues : café, thé, chocolat, fraises Tagada (pour Mr Tagada), Coca (guaraná pour moi, merci)… Soyez sûrs que personne ne touche à votre réserve. En novembre, on écrit, on ne fait pas de courses.

Si vous écrivez à la main (parce qu’il y en a !) : Achetez un nouveau cahier, achetez dix stylos (au moins). Si vous préférez le crayon, achetez-en au moins dix. Si la mine se casse, passez au suivant. Tailler un crayon ? C’est du luxe.

LA VEILLE DU NANOWRIMO

Si vous portez les ongles longs et tapez sur un clavier (parce qu’il y a ceux qui écrivent à la main) : Coupez-les ! Cela peut paraître bête, comme ça, mais pensez aux pianistes qui se coupent les ongles à ras. Vous taperez au moins 1,5 fois plus vite et, bonus, vous aurez moins mal aux doigts à la fin d’une séance d’écriture intensive. Recommencez toutes les semaines.

À TRENTE MINUTES DU NANOWRIMO

Embrassez votre entourage et dites-leur « à décembre » !

PENDANT LE NANOWRIMO

Il vous faut 1667 mots par jour pendant 30 jours pour atteindre le Graal (= un badge qui en plus est moche, cette année).

Donnez-vous une marge de manœuvre : Essayez d’écrire 1 700, voire 1 800 mots par jour. Cela paraît peu comparé au quota journalier, mais cela vous donnera un, voire deux jours d’avance. Ne prévoyez jamais de terminer à 23 h 58 le 30 novembre. À cette heure-là, des centaines de milliers de nanauteurs sont en train de valider leurs mots et vous apprendrez, dans la douleur, que le site de NaNoWriMo n’échappe pas aux pannes impromptues…

Ne vous arrêtez pas au milieu d’une scène : Même si vous avez atteint votre quota, ne vous arrêtez pas au milieu de la scène en cours : continuez !

Si vous sentez que vous pouvez continuer, n’hésitez pas : Il y a des jours où, miracle/inspiration/motivation/etc., vous pourrez aller au-delà de votre moyenne. Alors profitez-en ! On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. On a beau avoir assuré ses arrières, il y a toujours des imprévus, il y a encore une vie en dehors de NaNoWriMo (sacrilège !). Avoir le double de mots « de rab’ », c’est un peu comme avoir une assurance écriture, voyez ?

→ Sur le web : profitez des Word Wars : Les Word Wars consistent à écrire le plus de mots possible pendant une durée de 15 ou 30 minutes. Mettez-vous à plusieurs pour vous motiver, sur le chat, les réseaux (Facebook et Twitter) ou le forum !

→ IRL : profitez des Write In : Si vous êtes dans une ville où vous pouvez rencontrer des Nanauteurs, n’hésitez pas ! Faites-vous des Write In, des séances d’écriture, souvent dans un café où le wifi est disponible, dans une librairie ou chez quelqu’un. Plus on est de fous, plus on écrit (non ?).

→ Vous avez tendance à procrastiner : Alors coupez internet, quitte à enlever le boîtier de la prise ! Donnez-vous un objectif : tous les 500 mots, faites une pause de 10 minutes, puis recommencez. Offrez-vous un restaurant après avoir atteint les 10 000 mots. Il n’y a rien de mieux qu’une carotte. (Il y a peut-être le chocolat.)

→ Ne corrigez pas ! Mettez-vous en tête que novembre = écriture ! Comme disent les Anglos : kill the inner editor ! Il y a un temps pour tout. Corriger vient après écrire (dans la logique).

→ IMPORTANT : le NaNoWriMo est un défi personnel : On ne le dira jamais assez : le NaNoWriMo n’est pas une compétition. C’est un défi personnel ; votre but, à vous, est d’écrire 50 000 mots à votre vitesse, que cela prenne une semaine ou tout le mois. Quitte à suivre les avancées des autres participants, utilisez-les comme un autre genre de carotte (ou de chocolat).

APRÈS LE NANOWRIMO

Félicitations ! Vous avez survécu !

Si vous avez terminé votre roman (peu importe le nombre de mots) : Rangez votre manuscrit, laissez-le reposer quelques semaines (le mieux serait quelques mois). Ce n’est pas la peine de vous plonger dans les corrections dès décembre si vous n’avez pas de délais à respecter. Vous êtes encore dans votre histoire et vous aurez plus de mal à améliorer votre texte.

Si vous n’avez pas terminé votre roman (peu importe le nombre de mots) : Posez-vous quelques jours avant de reprendre. Il est toujours mieux de battre le fer lorsqu’il est encore chaud, alors c’est le moment, avec des horaires/quotas plus humains. Une heure/500 mots par jour.

Dans tous les cas, bravos, vous êtes un guerrier !
Et réapprenez à vivre en communauté. Ce sera nécessaire.

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La biographie d’auteur

La bio : le texte que tous les auteurs doivent s’attendre à écrire un jour, et celui qu’en général, à moins d’être profondément narcissiques, ils prennent le moins de plaisir à écrire.

La première fois où vous serez amenés à rédiger une bio, souvent, c’est pour les envois de votre bébé aux éditeurs. Si, rappelez-vous bien les instructions : le manuscrit complet (en recto simple et double interligne), le synopsis (une autre sale bête) et… une petite bio. Si possible avec une bibliographie. Au tout début, c’est la panique : mais je n’ai encore rien publié, qu’est-ce que je vais bien pouvoir raconter dans ma bio qui intéresse l’éditeur ? (Parce que la recette de confiture de votre papy, c’est sympa mais il y a des chances pour qu’il s’en fiche.)
Vous avez certainement trouvé çà et là des conseils sur la lettre d’accompagnement du manuscrit qui vous conseillent de faire court et précis. Pour la bio, c’est un peu la même chose : allez à l’essentiel. Votre profession, vos activités annexes éventuellement (que ce soit le club d’écriture ou votre passion pour la randonnée de haute montagne), votre lieu de résidence et pas grand-chose d’autre. Inutile d’essayer de vous faire mousser, de raconter à quel point votre entourage adore ce que vous écrivez ou que vous avez su tenir un stylo avant de savoir marcher. Ce qui compte à cette étape, c’est le manuscrit. D’ailleurs, la plupart des éditeurs ne demandent pas de bio, ouf, vous voilà provisoirement sauvés.

Deuxième cas, plus sympa : votre texte a été retenu, hourra ! Vous planez sur votre bien légitime nuage de fierté quand l’éditeur vous en fait redescendre illico : « au fait, il me faudrait une bio à rajouter à la fin de l’anthologie / au dossier de presse / à votre présentation ». Souvent assorti d’une petite contrainte, sinon ça ne serait pas drôle : pas plus de 1 000 signes, raconté à la troisième personne (ou à la première), racontez une anecdote de votre enfance, etc. Je crois que dans les fanzines, j’ai à peu près tout testé, y compris une présentation sous forme de fiche de jeu de rôle. Pour les éditeurs, restons sérieux… mais avec la petite touche en plus qui va faire sourire le lecteur et (qui sait ?) le décider à acheter votre bouquin.
Vous avez généralement peu de place : il va falloir faire des choix. Et d’abord, décider la façon dont vous vous présentez. Allez-vous mettre en avant votre profession, votre parcours littéraire, votre enfance, les livres que vous aimez ?
Si vous voulez vous amuser, direction le site http://gen-couv.nootilus.com/ : à partir de votre nom d’auteur, il vous génère automatiquement couverture, quatrième de couverture et bio ! À noter : toutes les bios sont construites sur le modèle :

L’auteur est né le (date) à (lieu). (Profession) à (lieu), il consacre ses loisirs (loisirs). L’écriture lui permet de (n’importe quoi). Il travaille actuellement sur (un projet loufoque) mettant en scène (un personnage).

Abstraction faite des remplissages saugrenus, cette bio est une synthèse du genre :

Origines, situation actuelle, lien avec l’écriture, avenir.

Efficace mais peut-être pas très original (sauf si vous pratiquez l’élevage de pokémon comme le site l’affirme à mon sujet : auprès de jeunes lecteurs, c’est le succès garanti).

Pour ma part, j’aime la technique qui consiste à faire le lien entre la biographie et l’ouvrage auquel elle est liée. Vous écrivez pour la jeunesse ? Racontez comment la fameuse confiture de papy vous a inspiré pour la recette du nectar à voyager. Vous écrivez de la science-fiction ? Parlez de la collection de Sciences et vie junior que vous conservez précieusement sous votre lit. De la romance ? Vous avez certainement dévoré en cachette les Harlequin de votre grande-tante Marthe. Votre histoire se déroule sur la Grande Barrière de Corail ? Expliquez pourquoi cet endroit vous fait rêver.
À partir de cette première étape, vous pouvez enchaîner sur ce que nous disions ci-dessus : d’où venez-vous, qui êtes-vous, où allez-vous ? Si vous séchez vraiment, allez faire un tour sur le site de votre éditeur et lisez ce qu’ont écrit vos futurs collègues, ça peut débloquer votre inspiration et vous aider à trouver votre ton. (Et en plus, vous découvrirez de chouettes lectures). Insistez sur votre enfance si par exemple vous avez fait de nombreux voyages, vécu dans une contrée exotique ou pratiqué une activité inhabituelle. Sur le présent, si votre profession présente un lien particulier avec votre écriture (cas à part pour les veinards qui en vivent). Votre localisation géographique intéressera les libraires susceptibles de vous inviter pour une séance de dédicaces. Sur vos projets, s’ils peuvent intéresser le lectorat de votre roman. N’oubliez pas, cependant, qu’une biographie va rester un moment sur le site de l’éditeur / la quatrième de couverture / la présentation des salons (qui vont parfois la pomper directement sur le site de l’éditeur, vous n’avez plus qu’à croiser les doigts pour qu’elle soit en phase avec l’ouvrage que vous aurez sur ce salon…) : arrangez-vous pour qu’elle soit encore pertinente l’an prochain ou dans trois ans.

Vous avez lu jusqu’ici, bravo ! Maintenant vous n’avez plus de prétexte pour reculer le moment fatidique : il va bien falloir l’écrire, cette fichue bio…

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