Écrire des séries numériques

Connaissez-vous les séries littéraires ?
Pour les non-initiés, il s’agit d’œuvres proposées dans un format « par épisodes ». Héritières des romans-feuilletons d’autrefois publiés dans les journaux et qui ont fait entre autres les beaux jours d’Alexandre Dumas, elles profitent aujourd’hui de l’essor du numérique pour trouver une nouvelle place.

Première constatation : il n’existe pas un format fixé.
Certains, comme Numeriklivres, La Bourdonnaye ou Booxmaker, indiquent des durées de lecture approximatives par épisode (45 min pour la collection éponyme de NumerikLivres, 20 min pour La Bourdonnaye, 35 à 45 min pour Booxmarker). D’autres, comme Walrus ou Le petit caveau, n’indiquent rien de particulier (d’expérience, les épisodes du premier sont assez longs, ceux du second très courts, sans que ceci ne soit répercuté sur le prix).
Cette constatation faite, voyons comment cela se passe côté auteur. Là, je vous parle de mon expérience personnelle, je n’ai pas testé tous les éditeurs. Et nous trouvons plusieurs cas de figure, donc il va falloir détailler.

Pour NumerikLivres, les choses sont carrées côté format : c’est 15 000 mots, plus ou moins (sauf en jeunesse). À l’auteur d’adapter le scénario pour que cela rentre dans le cadre. La première saison de Passeurs d’ombre constitue un cas un peu particulier, puisque j’avais d’abord présenté l’un des épisodes (le quatrième) comme une histoire isolée. Du coup, pour décliner l’univers en série, il a fallu tailler dans le gras de l’épisode qui était un peu trop long, puis trouver le moyen de raccrocher les wagons avec les autres. J’ai fait le choix de m’intéresser à un couple particulier dans chaque épisode, sans que les épisodes ne soient reliés chronologiquement entre eux. Par conséquent, chaque épisode forme une histoire complète, située dans le même univers.
Pour cette saison, j’ai construit les épisodes les uns après les autres, en partant du quatrième pour remonter le temps à partir du premier, puis le descendre vers le septième. J’ai donc élaboré, comme d’habitude, un synopsis assez large pour me donner de la marge en cas de problème – épisode trop court ou trop long pour rentrer dans le format, notamment. La rédaction s’est faite, elle, en partant du premier épisode, ce qui a permis d’ajuster les détails de cohérence au fur et à mesure.

Même structure pour la série Les Enkoutan chez HQN. Cette fois j’avais anticipé en présentant au concours ce que je considérai comme l’épisode 1, sachant une fois encore que chaque épisode constitue une courte histoire complète, cette fois sans contrainte au niveau format (la piraterie, c’est la liberté !). La série n’étant pas figée à l’avance en nombre d’épisodes et dérivés, j’ai eu beaucoup plus de jeu pour élaborer les histoires. Même système : synopsis lâche pour chaque épisode, puis on raccroche les wagons en cours d’écriture. S’agissant de romance historique, j’ai quand même eu besoin d’un bon tableau à côté pour retenir les dates des différents événements qui se déroulent dans la série, en parallèle avec les vrais événements historiques, les âges et relations entre les personnages, les lieux et navires utilisés, etc. Comme pour la saison 1 de Passeurs d’ombre, les épisodes peuvent se lire de façon indépendante les uns des autres.

Retour à Passeurs d’ombre pour la saison 2, qui est fondée sur un autre parti pris : cette fois, les personnages sont conservés de bout en bout, chaque épisode étant raconté du point de vue d’un personnage différent. C’est ce que j’appelle la structure « série télévisée », chaque épisode est une histoire à l’intérieur d’un arc plus large qui constitue la saison. Il faut donc faire attention à l’articulation directe des épisodes entre eux (avec changement de point de vue, je dois aimer la difficulté…).
Exactement la même structure que pour Enfants du feu chez Nergäl, avec pour cette dernière des épisodes un peu plus longs, 17 000 mots environ. Ces deux séries ont été conçues directement comme telles, donc contrairement à celles dont il est question plus haut, il faut lire l’intégralité de la saison pour connaître le destin des personnages.
Même structure « épisodes télé » pour Corps et Âmes, à paraître aux éditions HQN, avec cette différence que cette fois, le point de vue reste le même d’un épisode à l’autre, chaque épisode correspondant à une étape dans le développement du héros.

Deux cas de figure jusqu’ici : les séries qui peuvent être considérées comme des histoires indépendantes, et celles qui constituent une série télé, avec des histoires à l’intérieur de la grande histoire. Mais nous n’avons pas encore épuisé toutes les possibilités !

Chronique d’un amour fou, aux éditions Láska, n’a pas été pensé directement comme une série. En revanche, le récit sous forme de journal intime se prête particulièrement bien à la forme roman-feuilleton. Pas d’histoire à l’intérieur de l’histoire, cette fois les péripéties se suivent et s’enchaînent sans que l’épisode ne constitue un arc en lui-même. Chacun apporte un rebondissement, non une réponse. Conséquence sur le format : les épisodes sont beaucoup plus courts (c’est par exemple le choix pratiqué par le Petit Caveau, tant au niveau taille des épisodes qu’enchaînement de ces épisodes – quoi que dans un genre très différent).

Enfin, j’écris actuellement la suite d’une de mes nouvelles parues aux éditions Láska, Les Yeux de tempête. La nouvelle se tient en elle-même à la base (c’est l’histoire d’une rencontre), mais j’ai eu envie de retrouver mes personnages, savoir ce qu’ils devenaient après. Là, je dirais que nous avons une structure à la Sherlock Holmes : on retrouve les même héros d’un épisode à l’autre, sans que les épisodes ne se suivent immédiatement, chaque épisode formant une aventure complète.

Et cette fois, je crois que nous avons fait le tour ! Les séries que je suis, en tant que lectrice, sont bâties plutôt sur le modèle de Chronique d’un amour fou : avec des épisodes qui s’enchaînent directement pour former une histoire complète. Mais le genre reste encore un gigantesque laboratoire, sans règles encore bien établies. Autrement dit, le terrain de jeu idéal pour les auteurs qui aiment tester de nouvelles façons d’écrire.

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La sélection d’été de Silène

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Voici ce que Silène, enseignante de lettre, écrivain pour petits (La Saveur des Figues et Le Bateau vagabond aux Éditions du Jasmin, 2010 et 2011 respectivement) et grands (Les Moelleuses au chocolat, Édition du Jasmin, 2012), créatrice de Callioprofs, site spécialisé en littérature jeunesse.

bjornBjorn le Morphir de Thomas Lavachery, éditions L’école des loisirs
Un pur bonheur ! Drôle et attachant, d’un style original et très enlevé, ce premier tome nous enchante par sa fraîcheur. Les vikings revus et corrigés avec un humour fabuleux. Le personnage de Bjorn, narrateur gringalet qui se révèle combattant hors-pair est unique : pourtant il n’était pas facile de faire quelque chose d’aussi original avec un personnage si éculé, le minus devenu héros. Les créatures qu’il rencontre dans ce long combat mené contre la neige maléfique sont toutes aussi originales, la fantasy revisitée, mâtinée de mythologie viking, que du plaisir ! À faire lire sans retenue à tout lecteur, amateur du genre évidemment mais aussi les autres pour leur montrer un récit de fantasy original, loin du classique médiéval fantastique. La bonne nouvelle ? il y en a toute une série ensuite !

La neige est méchante en cet hiver 1065, elle a décidé de s’en prendre aux hommes. Elle envoie ses légions de flocons de la taille d’un roc sur le Fizzland, avec pour mission d’engloutir les villages vikings et tous leurs habitants. Afin d’échapper à la Démone blanche, Bjorn et sa famille se claquemurent dans la salle commune de la maison de son père, Erik, le colosse sans peur. Tous se préparent à supporter un siège qui risque de durer de longs mois. Lors de cette épreuve exceptionnelle, chacun va dévoiler son coeur et son courage. À l’exception de Bjorn. Lui ne se révèle pas, il se métamorphose. Ce jeune garçon timide et craintif, dont le nez coule comme une source, maigre comme un oisillon et pas très doué pour les armes va brusquement se transformer en un combattant redoutable. Par quel miracle ? Bjorn serait-il un morphir ? Lui-même en doute.

disparaîtreDisparaître d’Etienne Ruhaud, éditions Unicité
Roman terrible et dur comme les temps actuels, qui se dévore comme un page-turner malgré ses thèmes difficiles, Disparaître raconte la perte progressive, la disparition par effacement de Renaud, un jeune homme comme un autre. En quelques semaines, Renaud perd son job à la Poste, et de fait son logement, il se retrouve à errer dans la rue. Il a des parents quelque part, il fait quelques rencontres, mais il n’a pas de bol dans cette société grise et indifférente. Banlieue parisienne, lieux oubliés sont décrits avec une grande justesse. On s’attache à Renaud, on entre avec lui dans la spirale et on ne sait pas bien pourquoi ça va si vite, comment on en arrive là. Mais on ne le lâche pas. On ne sort pas indemne de ce roman écrit avec talent mais on a aussi l’impression de ne pas être seul à garder les yeux ouverts sur notre société dérivante. Un roman sérieux parce que l’été on a aussi le temps de réfléchir et que c’est plus facile d’affronter certaines images sous le soleil qu’au cœur de l’hiver.

Étienne Ruhaud donne à cette odyssée négative un décor à sa mesure : la banlieue parisienne, de Nanterre à Alfortville, puis à Thiais, et à des moments où la météo n’est guère riante. Mais cela, jamais de façon abstraite ou vague. Ses descriptions sont précises, captant des détails riches de sens et supposant un minutieux travail de repérage. De temps en temps, par des mots en italique, il nous donne des échantillons de l’air du temps. Disparaître est un roman de toujours et, en même temps, de l’immédiat aujourd’hui. Si l’on veut, c’est le roman de la crise.
Cela devrait nous rebuter. Au contraire. Le miracle est là : l’auteur nous intéresse, nous passionne même, par cette histoire et son décor sinistre. C’est le paradoxe que relevait déjà Aristote au début de sa Poétique : « Nous prenons plaisir à contempler les reproductions très fidèles de choses dont la vue nous est pénible dans la réalité (1448 b 4). » Ce paradoxe a un nom, le plus beau des noms : littérature.

maeligL’Après-dieux de Maëlig Duval, éditions Griffe d’encre
Un excellent roman, court et dense, à l’imaginaire fertile. On plonge d’emblée dans le texte grâce à un très bon jeu de points de vue (bravo pour la maquette, avec les plumes, la clarté des passages d’un personnage à l’autre) et surtout grâce à l’étonnement que provoque cette société nouvelle, ravagée. Le héros est particulièrement bien caractérisé, entre la rigidité due à sa fonction et la capacité qu’il a gardée d’écouter et d’observer, quelque surprise il ait en découvrant Eva et son fils. Le suspens est fort et la surprise de ce que sont ces gens, des raisons qui les ont amenés à rester dans ce village en ruine, est particulièrement bien amenée. J’ai été prise au piège ainsi, n’arrivant plus à lâcher l’ouvrage. La poésie qui se dégage de ce texte onirique, quoiqu’on nage le plus souvent en plein cauchemar, est un de ses atouts ainsi que la facilité avec laquelle on imagine ce monde étrange et surtout la présence des dieux. Ils font bien envie et j’ai été bouleversée par la fin tragique. Cette chute m’a semblé un peu moins réussie, sûrement parce qu’elle est très rapide et que je n’ai pas eu l’impression d’en profiter suffisamment, peut-être aussi parce que le cauchemar devient bien plus tangible avec les détails très réalistes des dernières pages, le pus, l’état des plumes. La démystification m’a attristée bien sûr, mais elle était nécessaire et logique. Je suis sortie tourneboulée de cette lecture et elle m’habite encore tant l’auteur a du talent pour planter le décor, l’histoire, les personnages. Une plume déjà parfaitement maîtrisée. Le tout servi par une belle couverture, un ouvrage de belle facture et une présentation originale. Un excellent roman, décidément.

Albert Vaclau est fonctionnaire au bureau de la Reconstruction.
Il évalue de 1 à 5 les dégâts de la guerre civile dans les villages à reconstruire.
Il classe les organisations non gouvernementales de 1 à 9, selon leur niveau de sédition.
Mais quand il rencontre Eva et son fils, il doit se rendre à l’évidence : aucune échelle de valeurs ne peut s’appliquer à eux.

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Chercher un éditeur

La recherche d’un éditeur est une étape importante dans la vie d’un manuscrit et dans celle de son auteur. Cette démarche est source de confusion pour les nombreux « galériens de l’écriture » qui débarquent pleins de bonne volonté, mais complètement perdus face à tout ce qu’ils peuvent trouver sur le marché. Cet article n’a pas pour but de vous donner la recette magique – sinon, vous vous doutez bien que j’aurais publié bien plus de mes œuvres ! –, mais de vous aider à vous poser les bonnes questions, soumettre votre texte aux bonnes personnes.

1/ Quelle est la ligne éditoriale de l’éditeur ?

On n’envoie pas son manuscrit à un panel aléatoire d’éditeurs ! Le choix d’un éditeur, ce n’est pas du « pifomètre ». Chaque maison a ses préférences, ses exigences, ses points rédhibitoires, tout un ensemble de critères qui forme ce qu’on appelle « la ligne éditoriale ». Deux critères sont prépondérants : le genre littéraire (SFFF, essais politiques, livre de cuisine, etc.) et le public (jeunesse, YA, adulte) auquel s’adresse un texte.

Généralement, il n’est pas difficile de savoir quelle est la ligne éditoriale d’un éditeur. Un petit tour sur son site internet, dans la catégorie « présentation » suffira. C’est là que vous trouverez tous les renseignements qui vous seront nécessaires. Si jamais cette section ne répond pas à vos questions, une fois de plus, contactez l’éditeur qui pourra vous fournir des réponses. Évidemment, lire les romans publiés par un éditeur reste le meilleur moyen de connaître sa ligne éditoriale.

Avant d’envoyer votre manuscrit à qui que ce soit, déterminez à quel genre il appartient et à qui il s’adresse. Cela vous permettra de sélectionner les maisons d’édition appropriées dans la ligne éditoriale desquelles votre manuscrit peut s’insérer.

2/ Quel type de contrat est proposé ?

Compte d’auteur, compte de lecteurs ou compte d’éditeur ? C’est cette distinction qui doit vous guider.

  • Un éditeur qui publie à compte d’auteur vous demandera de payer pour la publication, totalement ou partiellement.
  • Un éditeur à « compte de lecteurs » vous demandera généralement un certain nombre de préventes minimum pour éditer votre manuscrit. Ce seront ces préventes qui financeront ensuite le processus éditorial. Je ne saurais que trop vous déconseiller ces modes de publication. Si un éditeur refuse d’investir ses propres fonds dans la publication, soit le texte n’est pas bon – et dans ce cas il ferait mieux de vous le dire, pour que vous puissiez le retravailler avant de subir les critiques pas toujours tendres des lecteurs –, soit l’éditeur se fiche complètement de la qualité des livres qu’il produit et n’a qu’un seul objectif : faire rentrer de l’argent.
  • Un éditeur à compte d’éditeur investira ses deniers personnels dans votre manuscrit. Dans ce monde bassement matérialiste où tout se paie, ça peut sembler incroyable. Quelqu’un investirait, par pur intérêt pour votre texte, une somme conséquente afin de le publier ? C’est pourtant vrai. Néanmoins, ne vous faites pas d’illusions. Si un éditeur investit, c’est qu’il espère rentrer dans ses fonds. Il sera donc exigeant envers vous et vous demandera sans doute de retravailler votre texte, non pas parce qu’il se fait un malin plaisir de « dénaturer votre art », mais parce que c’est un professionnel qui a un regard pointu et sur les œuvres littéraires, et que son point de vue extérieur lui permet de mettre le doigt sur les incohérences et faiblesses qui desservent votre manuscrit.

Au final, l’idéal est de demander un exemplaire-type du contrat si possible. Sinon, épluchez le site internet de l’éditeur ou bien appelez-le afin d’être sûr qu’on ne vous demande pas de payer. Consultez également les forums et les blogs : les auteurs parlent beaucoup entre eux et vous pouvez trouver des témoignages qui vous aideront à prendre une décision. Si vous ne parvenez pas à obtenir de réponse claire, n’envoyez pas votre manuscrit.

3/ Quelles sont les méthodes de travail de l’éditeur ?

C’est-à-dire, quel travail effectue-t-il sur votre manuscrit et par quels prestataires passe-t-il pour cela ?

Avant la publication, votre texte doit être réécrit par vos soins, sans doute plusieurs fois, selon les indications généralement fournies par l’éditeur lui-même ou par son comité de lecture. Une fois la version définitive du récit adoptée, le texte doit être corrigé sur la forme, normalement en étant transmis à un correcteur professionnel. À vous ensuite de reporter les corrections qu’il vous a suggérées. Dans le même temps, l’éditeur doit créer une couverture, souvent avec un graphiste et un illustrateur, et rédiger un texte de quatrième de couverture.

Ces étapes sont nécessaires à la bonne promotion et diffusion de votre manuscrit, elles permettent de proposer au lecteur un produit fini de qualité et faire l’impasse sur l’une des étapes peut être préjudiciable. Or il est rare qu’un éditeur puisse tout faire tout seul, c’est pourquoi il fait souvent appel à des prestataires extérieurs.

Toutes les personnes qui interviennent au cours du processus éditorial – lecteur, correcteur, graphiste, illustrateur – sont normalement rémunérées. Il est de plus en plus courant que de jeunes maisons d’édition fassent appel au bénévolat pour cela, mais j’insisterai sur un point : être correcteur, lecteur, graphiste ou illustrateur est un métier à part entière. C’est une formation, des compétences, du temps et du travail investis dans les manuscrits et dans leur réussite. Si un éditeur déprécie toutes ces personnes – grâce à qui il gagne son pain – alors il y a de fortes chances qu’il ne respecte pas plus ses auteurs. Prenez le temps, avant de signer, d’échanger avec votre contact au sein de la maison d’édition, cela vous permettra de vous faire une idée plus juste de la politique menée dans ce domaine.

4/ Quels seront les modes de diffusion ?

Se renseigner sur les modes de diffusion et de distribution d’un éditeur est important. N’importe quel libraire peut commander n’importe quel livre du catalogue de n’importe quel éditeur. Mais tous les éditeurs ne sont pas présents sur tous les sites de vente en ligne, or ce mode d’achat est de plus en plus utilisé par les lecteurs. Il est assez facile de vérifier la présence d’un éditeur sur les plateformes de vente en tapant son nom dans la barre de recherche. Si l’éditeur n’est pas présent sur toutes les plateformes de diffusion, vérifiez s’il n’a pas son propre site de vente en ligne : c’est de plus en plus courant, notamment pour les petits éditeurs car cela leur évite de vendre à perte.

5/ Quels sont les modes de publication ?

Papier ou numérique ? Tout est affaire de goûts personnels. Je vais être publiée uniquement en format numérique, ce qui ne me pose pas de problème pour des raisons qui me sont propres. Mais chacun a ses convictions dans ce domaine..

Vous tenez à être publié en format papier ; vous êtes opposé au format numérique et tenez à ce que votre œuvre ne soit pas publiée sous ce format ; vous n’avez rien contre le numérique à condition qu’il n’y ait pas de DRM. Vous avez peut-être des exigences, alors renseignez-vous sur les modes de publications d’un éditeur avant de lui transmettre votre manuscrit.

6/ Vous sentez-vous en confiance avec cet éditeur ?

Je sais que trouver un éditeur est un véritable challenge. Vous vous êtes déjà posé pas mal de questions, vous avez fait un sacré tri, et même en ayant énormément travaillé sur votre texte et en ayant soigné le choix des maisons d’édition à qui vous alliez l’envoyer, rien ne garantit que vous trouverez preneur. Alors forcément, dans ces conditions, faire le difficile peut vous sembler capricieux. Pourtant, il est important de choisir avec soin la personne avec qui vous signerez. La publication d’un manuscrit est un travail d’équipe qui demandera beaucoup d’échanges et de compréhension. Certes, c’est l’éditeur qui vous aidera à trouver votre lectorat, mais vous êtes aussi celui qui apporte de l’eau au moulin de l’éditeur. Vous devrez être impliqué dans la phase de production éditoriale, de promotion, et ces deux étapes se feront main dans la main avec l’éditeur. C’est pourquoi il vaut mieux choisir une maison d’édition où vous vous sentirez en confiance, avec qui le contact est facile et l’échange fructueux. Si, dès le début, ça ne passe pas, alors ça risque de bloquer plus tard aussi.

Une fois que vous avez trouvé la réponse à toutes ces questions, vous devez constituer une liste d’éditeurs à qui envoyer votre manuscrit. N’oubliez pas de vous renseigner sur le mode de soumission (certains exigent une soumission sous format papier, d’autres n’acceptent que le numérique) et joignez une lettre expliquant pourquoi vous leur envoyez votre manuscrit. À ce sujet, je vous suggère le très drôle mais très vrai article de Nathalie Dau sur la lettre d’accompagnement.

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Mécompte d’auteur

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En juillet 2001, j’ai 19 ans tout frais et je quitte l’Afrique du Sud avec mon Bac L dans la poche et le projet d’être psychologue en tête. En septembre, j’arrive à Montpellier. Le rêve d’être publiée, malgré les trois romans que j’ai déjà commis, est si bien enfoui en moi qu’il est inexistant. Je suis convaincue que je rentrerai en Angola (en avez-vous déjà entendu parler ?) et serai psychologue tout-terrain pour les enfants-soldats de mon pays.
C’est cela, oui.
Quelque part en chemin, la psychologie est reléguée au dernier plan. J’ai appris à réfléchir en français, alors dans mon esprit, j’ai plus de chances d’être publiée en France que n’importe où ailleurs et le marché français me convient infiniment mieux que le lusophone. Je décide alors de reprendre Vents qui soufflent (c’est d’un poétique…) que j’ai écrit à l’âge de 17 ans. Ça raconte l’histoire d’une danseuse contemporaine, Alyzée (alizé, vent, tout ça), qui rentre à Paris après dix ans d’absence pour se venger. À l’époque, mes cousines (dont l’aînée avait 30 ans) avaient adoré et c’était pour moi un gage de qualité que d’être appréciée par des adultes (sainte innocence). Je n’ai pas l’original avec moi, je le réécris donc de mémoire. Quand je termine, mon roman s’intitule Gazelle (le surnom d’Alyzée). Je crois, du haut de mes 20 ans tout frais, que c’est un très bon roman et que quiconque me signera fera une très belle affaire (et quelle affaire !).
Je ne connais rien à rien au milieu de l’édition. Je ne suis pas uniquement provinciale, je suis étrangère, je viens du bout du monde. Je n’ai aucune raison de savoir comment fonctionnent les soumissions, quels sont les différents types de contrats et les pigeonnades à éviter. Je ne sais rien. Nada. Nadica de nada. Je ne sais même pas si, en 2002, il y a déjà des blogs sur l’impitoyable milieu de l’édition français.
J’écris à quelques éditeurs pour demander s’ils acceptent les romans de jeunes étrangères. Tout le monde il est gentil. Les éditions Anne Carrière m’encouragent à soumettre chez eux et tout et tout (je punaise même la lettre au mur de ma chambre) (sainte naïveté). On m’encourage à soumettre, donc je le fais, je ne suis pas compliquée comme fille. Très vite, premières lettres de refus, « envoyez un chèque de cinq euros pour qu’on vous retourne votre manuscrit », blablabla.
Un jour, je regarde le programme télé et je vois une annonce des Éditions Dagobert (en vrai, vous n’avez qu’à lire sur la couverture) qui cherchent de nouveaux auteurs. C’est un signe divin, mon cœur palpite, je sens que c’est le moment. Je soumets Gazelle. Très vite, l’été 2003, je reçois une lettre qui, je crois, va changer ma vie.
Finalement, elle la changera bien, mais pas de la manière dont je rêvais.
Dagobert veut me faire signer un contrat, il me promet une distribution dans toutes les grandes librairies nationales, des revues de presse dans les plus grands quotidiens. Moi, 21 ans (toujours frais), naïve et avec un rêve, je dis : « oh oui, Dagobert ! ».
Lorsque je reçois le contrat, je ne tique même pas sur le fait qu’il faille payer la publication (quatre versements d’environ 850 €) (l’ignorance coûte cher). Je me souviens d’une interview de Paulo Coelho (PC pour les intimes), à l’époque mon écrivain favori, où il raconte qu’il n’avait pas voulu investir dans un livre auquel il ne croyait pas et qu’il avait alors fait un autre choix de premier roman. Je ne cherche pas à savoir ce qu’il voulait dire exactement : investir, c’est forcément de l’argent. Je crois donc que tout les primo-romanciers (je ne connaissais pas ce terme à l’époque) investissent dans leurs premiers romans. Ça ne peut que marcher, il suffit de voir le succès planétaire de PC. Avant de signer le contrat, je le montre à mon père, qui veut bien me faire le cadeau et dit « ok ».
Je signe le quatrième et dernier chèque fin 2005. Je n’ai pas de contact privilégié dans la boîte, je ne sais même pas à qui j’ai affaire quand j’ai quelqu’un de chez Dagobert au téléphone. Je corrige seule les épreuves. Je parle quotidiennement trois langues, je commets des barbarismes à longueur de journée, alors imaginez le carnage. Je note sur une feuille mes remarques de peur qu’ils ne les loupent.
À cette époque, je commence à fréquenter des forums de lecture et c’est en parlant en privé avec un des participants que j’apprends que j’ai en fait signé un compte d’auteur. Je ne veux pas le croire. Il y a des écrivains qui ont signé plusieurs fois de suite avec Dagobert, il devait bien y avoir quelque chose de bien. La sortie de Gazelle est annoncée pour mai 2006, mon roman est envoyé à une dizaine de quotidiens nationaux et régionaux (sans résultats). J’essaie de me voiler la face le plus longtemps possible, mais c’est trop tard, le mal, pour moi, est déjà fait.
Une fois, dans le train, ma sœur lisait mon roman à côté de moi et me demandait régulièrement « c’est vraiment comme ça qu’on dit ça ? ». À voix haute, cela me semblait immonde, il y avait de ces lourdeurs… Aujourd’hui, je suis correctrice, mais je ne me corrige pas, alors à l’époque ! Il n’y a pas eu de travail éditorial, il n’y a eu personne pour me guider et pour me dire qu’il fallait nettoyer tout ça.

Je suis entrée dans le milieu de l’édition par la mauvaise porte, celle du fond, dans la cuisine, et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de passage vers la grande salle.
Pendant des années, je n’ai pas parlé de ce premier roman. L’histoire est maladroite, j’ai honte du produit final. Ce roman figure toujours dans ma bibliographie – j’assume –, mais c’est comme le cousin dont tout le monde a honte. On le glisse entre tous les autres pour qu’il soit moins vu. Ces choses-là, personne ne me les a expliquées. C’est après la sortie de Gazelle que j’ai tout appris. C’est un peu comme si j’étais tombée du haut d’un pont sans élastique.
Si vous signez en connaissance de cause alors que tout le monde vous dit de ne pas le faire, ne criez pas à l’arnaque, ne parlez pas de mauvaise expérience dans l’édition.
Parce qu’on vous l’a bien dit.
Moi, en tout cas, je vous l’ai bien dit.
Et pas qu’une fois.

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La sélection d’été de Cécile Duquenne

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Cécile Duquenne est l’auteur d’Entrechats (Voy'[el], 2010) et de la série Nécrophiles Anonymes publiée conjointement par Voy'[el] et Bragelonne (premier tome, Quadruple Assassinat dans la rue de la Morgue, 2012). Elle tient le blog SFFF 100 % Francophone.

Qu’emporter dans votre valise de vacances cet été ? Une sélection 100 % fun, 100 % géniale et 100 % francophone bien sûr (comment ça, ça fait 300% ?) !

thumb-toxicToxic, la série de Stéphane Desienne aux éditions Walrus. *
Une série Z pour… « zombies ».
Pffff, encore des zombies me direz-vous ? Oui, mais cette fois, non seulement c’est écrit avec talent, mais en plus l’auteur alterne les points de vue entre un groupe d’humains survivants et… un groupe d’aliens ! Le récit prend une tournure particulièrement savoureuse et le suspens, lui, est à son comble : les habitants de l’espace sont-ils venus nous sauver ou nous manger ?
Six épisodes à dévorer sur liseuse, en numérique seulement, et pour un prix dérisoire. En plus, le premier épisode est gratuit… Foncez !

(Résumé du premier épisode)
Si seulement les morts-vivants avaient été le seul problème de l’humanité…
La race humaine tente vaille que vaille de survivre au sein de poches de résistance dispersées. La Terre n’est plus qu’un vaste champ de ruines aux ressources de plus en plus rares. Pour en arriver à un tel cauchemar, notre monde aura dû affronter deux fléaux: un virus inconnu et dévasteur a d’abord décimé la population — la transformant en hordes de zombies — puis débarquèrent des étoiles ceux qui auraient pu être les sauveurs : une armada extra-terrestre. Hélas, pour ces aliens, les hommes ne sont que du bétail dont la chair est un mets des plus appréciés outre-espace… à condition qu’ils ne soient pas contaminés! Car transformés en morts-vivants, les humains n’ont plus aucune valeur. Depuis son Q.G. de Dubaï, Naakrit dirige les opérations qui feront de lui un alien riche : collecter des humains sains et en gérer l’exportation pour ses clients.
Mais avant d’amasser sa fortune, il devra composer avec deux problèmes épineux: Jave, un émissaire venu surveiller son activité, et la prolifération du virus zombie qui menace ses capacités d’approvisionnement. Pendant ce temps, un groupe d’humains cherche à échapper aux zombies et aux extraterrestres. Bien malgré elle, Elaine, une infirmière au caractère bien trempée, endosse le rôle de meneur. Autour d’elle, des hommes et des femmes perdus dans un monde sans repère: Masters est un colonel de l’armée US, Alva une ex-starlette. Bruce est étudiant en biologie, et Hector un ancien dealier colombien tout juste sorti de prison. Et puis, il y a Dew. Un adolescent muet — peut-être autiste— dont personne ne sait rien.
Tous sont bien décidés à reprendre le destin de leur planète en mains. Mais quel espoir peut bien guider ceux qui survivent au milieu de cet enfer ?

kelKel : Noir et Blanc d’Andréa Schwartz, aux éditions Rebelle
Un premier tome idéal pour… voyager.
Kel, c’est la fureur des combats et la douceur de l’amour réunis en un seul livre. Kel, c’est la délicatesse de la culture asiatique mélangée à l’éclat des grandes fresques de fantasy. Kel, c’est un livre émouvant et étonnant où l’héroïne travestie en homme pour s’engager dans l’armée peut rappeler Mulan au début… mais au début seulement !
Un premier tome dans lequel plonger comme dans une eau fraîche…

A l’aube de la Cinquième Ere, les Deux Empires sont une fois de plus au bord de la guerre.
Shelun la Cheveux-Noirs a perdu toute sa famille dans un raid ennemi. Née femme dans un monde dominé par les hommes, elle n’hésite pas à transgresser les interdits et à se travestir pour accomplir sa vengeance.
Or, la guerre est loin d’être la glorieuse aventure décrite dans les cantiques. Quant aux ennemis, ils ne sont peut-être pas tous les monstres qu’elle avait imaginés…

lune-mauve-t01Lune Mauve : La disparue de Marilou Aznar, aux éditions Casterman
Une adolescente qui déménage à Paris pour entrer dans un lycée parisien, une mère disparue qui a laissé un vide béant, un triangle amoureux subtil et une montée progressive du fantastique… Marilou Aznar signe là un excellent roman de Young Adult, intelligent et bien mené, avec un style immersif qui ne vous laissera pas indifférent ! En plus, l’auteur s’intéresse à une mythologie souvent boudée des auteurs : celle de l’antiquité sumérienne. Rien que ça, c’est déjà une bonne raison de se lancer dans cette lecture. Pourtant plus haut, j’en ai donné quatre de plus.
Un excellent roman pour s’envoler loin, très loin dans le temps et dans l’espace, loin des soucis du quotidien !
[Lire la chronique d'[Espaces Comprises]]

À la veille de ses 16 ans, Séléné Savel voit sa vie changer brutalement de cap. Son père, un universitaire excentrique avec lequel elle vit seule en Bretagne depuis la mystérieuse disparition de sa mère Iris, six ans auparavant, l’envoie à Paris pour y entrer en seconde au prestigieux Lycée Darcourt. Froidement accueillie par sa cousine Alexia qui règne sur l’établissement, pas en phase avec les codes de ce nouvel environnement très snob, la jeune fille désespère. Elle ne trouve un certain réconfort que dans la compagnie de deux garçons très dissemblables : Thomas, un jeune musicien plein d’humour qui n’est manifestement pas insensible à son charme, et surtout Lazlo, bel étudiant trouble et ténébreux, dont elle va devenir passionnément amoureuse. Mais simultanément, Séléné voit son quotidien envahi par des visions étranges, des cauchemars, des événements troublants. Amenée à enquêter sur le mystère de sa mère disparue, la jeune fille va peu à peu découvrir que celle-ci venait d’ailleurs, d’un monde parallèle où une ancienne civilisation mésopotamienne s’est perpétuée, sous l’influence d’une lune intelligente adorée comme une divinité. Les événements dramatiques qui s’enchaînent à la faveur de cette série de découvertes vont bouleverser à tout jamais l’existence de Séléné.

Vampire* Puisque Toxic a déjà été suggéré par Anne Rossi, nous avons demandé à Cécile de nous recommander un quatrième opus :

Vampire malgré lui, une anthologie collective, aux éditions du Petit Caveau

Encore des vampires ? Oui, mais pas n’importe lesquels : des vampires qui n’ont rien demandé et qui auraient bien voulu rester humains, pardi ! Dans cette anthologie, vous trouverez toutes sortes de nouvelles, car les genres et les styles sont très variés. Du steampunk au fantastique horrifique, il y en a pour tous les goûts. Et puis, en plus, il y a un chat-vampire caché dans les nouvelles… rien que pour ça, il faut lire cette anthologie.
Et enfin, l’indice qualité imparable : une des nouvelles a reçu le prix Merlin de cette année… on fonce !

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