Témoignages

Sara Agnès L. : de la romance à l’érotisme

[Espaces Comprises] Peux-tu te présenter ?

Sara Agnès L. : Je suis mariée et mère de famille, j’écris de la littérature érotique sous pseudonyme depuis 2009 et mon premier essai dans le genre a été Annabelle. Dans une autre vie, j’écris aussi (mais d’autres choses) et j’enseigne.

[EC] Tu écris de la romance contemporaine, et plus récemment, tu t’es mise à la littérature érotique/pornographique. Quel a été le déclic ?

annabelle

Écrire un roman, c’est toujours une série de petites coïncidences qu’on ne voit pas au premier abord. Avant Annabelle, j’ai écrit une scène qui sous-entendait des relations sexuelles très rudes, voire un viol, dans une histoire qui finit par devenir amoureuse. Je me suis dis : « Tiens, dommage que je ne puisse pas en faire un peu plus », car j’ai fait en sorte que tout reste suggéré. Après, je suis tombée sur un blogue qui m’a fait réfléchir sur les liens entre une Soumise et un Maître. J’étais, à cette époque, pleine de préjugés et je n’arrivais pas à comprendre ce type de liens. Après en avoir discuté avec un ami, je me suis dit… tiens, j’ai une idée, je me lance ! J’ai plongé dans la recherche d’informations pour finalement créer un gros pavé de 600 pages.
En réalité, je ne pensais pas que j’y arriverais !

[EC] De nombreuses auteures d’érotisme écrivent sous pseudonyme, mais montrent leur visage. Était-ce vraiment important pour toi d’écrire et de publier « masquée » ?

Oui. Pas parce que je n’assume pas mes écrits, au contraire  !, mais parce que je travaille avec des jeunes et que dans certains métiers, il faut donner l’exemple. Et pour avoir fait lire mon premier roman de cet ordre à deux ou trois personnes de mon entourage, j’ai vite compris qu’on ne pouvait pas aisément dissocier la fiction de la réalité.

[EC] Tu écris « porte ouverte » : tu publies chaque chapitre sur Atramenta. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Parce que ça me donne de la motivation pour poursuivre mes histoires (en général, mais pas toujours). Parce qu’écrire, c’est une activité très solitaire et que j’ai envie de parler de mes textes constamment. De ce côté-là, je ne peux que rarement en parler, alors que les commentaires ou les retours de lecture m’incitent à continuer.
Et peut-être parce que si je gardais tout dans mon ordinateur, je n’en ferais jamais rien.

Annabelle a eu plus de 30 000 lecteurs sur Atramenta. Est-ce pour cette raison que tu as décidé de t’auto-publier plutôt que de soumettre aux éditeurs ?

En fait, non. Quand j’ai écrit Annabelle, je voulais juste que cette histoire existe quelque part, pour des gens qui auraient envie de la lire. J’aimais beaucoup mes personnages principaux et je voulais qu’ils vivent en dehors de mon ordinateur. Je ne pensais pas que l’histoire en elle-même aurait autant de succès. Au début, sur InLibroVeritas, mon histoire a été sélectionnée par le Comité de lecture et mise en avant sur le site. À cette époque, en 2010, je l’ai présentée à des maisons d’éditions, mais comme c’était avant la vague Fifty Shades of Grey, personne n’en voulait à cause de la relation S/M.
Plus tard, sur Atramenta, Thomas [Boitel, directeur de publication sur Atramenta, NDLR] m’a proposé de le mettre gratuitement sur Amazon pendant un mois, puis de le mettre en vente à 1,49 €. Comme il était en lecture libre sur le site (mais pas en téléchargement), j’avoue que je n’ai pas cru que ça fonctionnerait. Après tout, pourquoi les gens paieraient-ils pour lire quelque chose de disponible en ligne ?
Contre toute attente, les retours de lecture ont commencés à tomber, puis les gens se sont mis à me suivre sur Atramenta. Bref, ça m’a donné de la visibilité. Petit à petit, mes statistiques de lecture se sont mises à augmenter. Des gens venaient pour me lire ou me laissaient un petit mot. C’était incroyable !
Au bout de quelques mois, j’ai compris qu’Annabelle avait finalement trouvé ses lecteurs.

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[EC] Tes deux romans, Annabelle et Annabelle 2 sont au top Amazon depuis plusieurs semaines, maintenant. Nombreux sont ceux qui mettent en doute ce classement. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

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En terme de classement, je ne sais pas vraiment comment ça fonctionne, mais pour avoir les deux romans dans le top 10 depuis près d’un mois, je dirais que ça signifie entre 14 et 20 ventes par jour. Les gros noms (comme Sylvia Day, en ce moment) se taillent souvent une place de choix, mais Amazon donne la chance à tout le monde de se faire voir. Après, je crois que le prix et que la qualité de l’œuvre déterminent qui va rester en haut ou descendre petit à petit dans la masse. Si on ne paie pas pour y être, évidemment…
Ceci étant dit, je tiens à relativiser un peu les choses : si je publiais une romance contemporaine sur Amazon, elle n’aurait probablement jamais une aussi belle place qu’Annabelle. L’érotique se lit davantage. Je le vois tous les jours sur Atramenta. Sans parler que mon offre est vraiment avantageuse : plus de 600 pages pour 2,99 €.
Autrement dit, qu’ils aiment ou non, ils en ont pour leur argent. Mais pour l’instant, les commentaires sont positifs, alors je ne me plains pas !

[EC] On pose souvent des questions absurdes aux auteurs de romans érotiques, comme par exemple : « est-ce du vécu ? », alors qu’on ne les poserait pas à des auteurs de science-fiction ou de romans historiques. Quel serait ton bêtisier ?

Aïe ! Parfois, ce sont les messages que je reçois qui me mettent un peu mal à l’aise. Pas parce qu’on me fait des offres bizarres, non, mais parce que des gens se confient à moi d’une façon très intime. Évidemment, vu la nature particulière d’Annabelle, on m’a souvent demandé si c’était une histoire vraie, car plusieurs certifient que l’on « sent le vécu » dans l’écriture. C’est flatteur, même si j’étais un peu gênée d’avouer que ce n’était qu’une fiction.
Côté bêtisier, la voisine de mon père ayant lu Annabelle, lui a sous-entendu que je devais forcément aimer me faire sodomiser sous prétexte que mon personnage aimait cela. Ouais, la honte… Depuis, je sélectionne davantage les gens de mon entourage qui peuvent lire mon roman.

[EC] Quelles différences notoires entre tes deux vies d’écrivain ?

La popularité ? (rires) Non, sans rire, il y a très peu de différences. J’écris ce que j’ai envie d’écrire avec la même passion. J’aime autant mes personnages et mes situations. Bref, je reste moi. Peut-être un peu trop, car une personne que je ne connais pas, qui a lu des œuvres de mes deux côtés, m’a déjà reconnue sous mon écriture. Là, j’avoue que je suis restée sciée, mais ce n’est arrivé qu’une fois ! (Ouf !)

[EC] Où pouvons-nous te lire et quelle est ton actualité ?

Pour ceux qui veulent lire mes textes, tout est en accès libre sur Atramenta. Les courts sont disponibles en téléchargement. Les longs, il faut les lire sur le net. Sinon, Annabelle et Annabelle 2 sont disponibles sur Amazon et toutes les autres plateformes. Côté actualité, il y a de fortes possibilités qu’Annabelle soit traduite en anglais dans les prochains mois. Est-ce que ça va fonctionner du côté américain ? Je l’espère ! En attendant, on va commencer par traduire une nouvelle pour jauger le marché.
Et si le S/M ne vous branche pas, je tiens à ajouter que j’ai plusieurs nouvelles et deux autres romans érotiques (dont une romantica, pour les fleurs bleues comme moi). Autrement, Facebook est toujours un bon moyen de rester en contact avec moi. J’ai une page sur laquelle je laisse lire des textes privés et c’est là que j’annonce mes mises à jour, et un site tout neuf.

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