Microphéméride #1 (Walrus Books)

This entry is part 4 of 4 in the series La micro-fiction

microphéméride Microphéméride #01
Collectif
Éditions Walrus
Gratuit

J’ai toujours trouvé l’écriture de la micro-nouvelle un art particulier, pour ne pas dire particulièrement difficile. Je m’incline d’ailleurs devant les participants du Microphéméride trouvent des idées pour chaque jour de l’année.
Ce premier recueil de micro-nouvelles, paru aux éditions Walrus en juillet 2014, regroupe les textes de 2012. Il y a des textes plus réussis que d’autres, de ceux qui nous surprennent par les jeux de mots et la chute, qui peuvent faire grincer des dents ou rire jaune. Il y en a de très courts et de plus longs. Il y en a des humoristiques et des historiques.
Dans ces 200+ pages, on en a pour tous les goûts et je vous recommande ce recueil très vivement, c’est une excellente illustration du cours magistral de Jacques Fuentealba.

Avez-vous déjà essayé d’écrire une micro-nouvelle ? Et vous vous en êtes bien sortis ? 😉

Morceaux choisis :

« Au petit matin, il roulait dans sa caisse à fond et avec la gueule de bois ; au soir, sa gueule au fond d’une caisse de bois. »
Vincent Bastin (1er janvier)

« En cette Saint-Valentin, journée maudite entre toutes, alors que son sang, s’échappant de ses veines, forme dans l’eau de son bain les roses qu’il ne lui a jamais offertes, elle sait désormais qu’il n’y a rien de plus tranchant que les éclats d’un cœur brisé. »
Jacques Fuentealba

« En cette période pascale, on est bien en peine de dire qui est apparu en premier, de l’œuf ou du lapin. »
Jacques Fuentealba

« 24 avril 1793 : Marat est acquitté par le tribunal révolutionnaire. Il déclare alors : “Plus jamais je ne veux baigner dans des histoires sanglantes.” »
Anthony Boulanger

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De la micronouvelle et de ses techniques de rédaction (3/3)

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À la recherche du bon mot : tous les coups sont permis

On en vient parfois à aller chercher les mots ailleurs que dans notre langue lorsqu’on écrit de la micronouvelle. Le recours à d’autres langues survient souvent dans l’utilisation de paronymie ou homonymie. Ce jeu sur la paronymie entre le français et d’autres langues (ici le latin) constitue d’ailleurs toute une section du Bulletin insondable de Vincent Corlaix et Olivier Gechter.
Dans cette microphéméride uchronique d’Olivier Gechter (oui, encore lui !) l’utilisation de l’anglais est l’occasion d’un quiproquo dû à la polysémie du mot employé :

Le 22 décembre 1944, en pleine bataille des Ardennes, le sergent Johnson, cuisinier de l’armée américaine encerclée à Bastogne reçoit un message de son homologue de la Wehrmacht : « Nous n’avons plus que de la crème de Spéculoos pour les desserts du mess. Qu’y ajouter pour avoir un peu plus de croquant ? »
L’américain, fair-play, résuma sa recommandation en un mot : « Nuts! »
Eh oui, les noix, fruits secs faciles à trouver en décembre, s’accordent très bien avec le parfum de cannelle de ces petits biscuits.
La réponse arriva accidentellement sur le bureau du général Hasso von Manteuffel qui venait d’envoyer une demande de reddition aux troupes américaines. L’officier allemand crut que le général américain l’envoyait paître et lança aussitôt une expédition punitive à la grande surprise du général Anthony McAuliffe qui s’apprêtait à rendre les armes. Vexé, ce dernier remotiva ses troupes et parvint à tenir le temps de recevoir l’aide de Patton.
La cuisine avait une fois de plus changé la face de la Seconde Guerre mondiale. 

16 décembre 1944 – 25 janvier 1945 : bataille des Ardennes

À l’heure d’écrire la micronouvelle qui choque, interpelle, dérange ou surprend, l(a plupart d)es inhibitions tombent et l’auteur élargit son champ des possibles en allant piocher dans des champs lexicaux, des domaines de connaissance et des niveaux de langue qui ne lui sont pas forcément « familiers »… Familier donc et plus que ça, carrément vulgaire souvent, le niveau de langue de certaines de mes micronouvelles et de celles de mes congénères, du moins ceux de la Fabrique (même si certains énergumènes de la Microphéméride, comme Père Désœuvré et Nelly Chadour, ne sont pas en reste) ! L’argot est une façon de forcer les portes de la perception de la micronouvelle et d’ouvrir une réflexion sur le langage, la façon dont on peut tâter cet appendice quelquefois jugé nauséabond de la langue de Molière. Car après tout, l’argot a son étymologie, ses particularités et géniales trouvailles de langage qu’il serait dommage d’ignorer. Il permet parfois de décoincer certaines micronouvelles en cours d’écriture que l’on ne parvient pas à terminer.
L’expression « lâcher en renard » par exemple, m’a amené à réfléchir sur l’emploi du renard pour décrire l’acte de vomir. Cela m’a poussé à m’arrêter sur le mot « dégobiller », synonyme de ladite expression, puis sur le mot « dégoupiller » et a fini par m’inspirer cette micronouvelle :

Cet ivrogne qui chasse à la grenade ne s’étonne bien sûr pas que dégoupiller et dégobiller aient la même étymologie.

Alors bon, si vous faites quelques recherches, vous verrez bien que c’est du pipeau, les deux mots n’ont pas la même étymologie, mais je trouvais le rapprochement intéressant.
Il y a aussi parfois une dimension de « désacralisation » de la langue, dans le fait d’avoir recours à l’argot. On peut déboulonner certaines expressions figées, certains dictons paraissant immuables à coup de gros mots :

Francky Vincent dans le traîneau, partouze de lutins dans les cadeaux. (Karim Berrouka)

On peut aussi jouer sur un brusque changement de niveau de langage dans un texte en apparence « classique », pour un effet maximum, comme je le fais ici :

Mes voisins sont des vampires. J’ai bien observé : ils ne sortent jamais leurs poubelles. C’est donc qu’ils ne mangent pas. Ou sont juste de gros dégueulasses.

À noter, puisqu’il faut aussi parler un peu du fond, tant qu’à faire, que les microauteurs ont tendance à tremper leurs plumes dans le sang de muses de la SFFF, du polar, de la littérature érotique et du polar. Bref, les mauvais genres. On a pu avoir un début d’explication plus haut : l’utilisation de personnages déjà existants dans la mythologie, les contes ou la littérature est très tentante et permet d’obtenir une concision souhaitée vu que l’on ne s’embarrasse pas de caractériser ces personnages déjà connus du lecteur. On avancera aussi que la volonté de surprendre, de choquer et/ou de trouver le bon mot conduit logiquement le lecteur sur ces terrains de jeux. Mais un auteur de littérature « blanche », Éric Chevillard avec son Autofictif, constitue plutôt un contre-exemple, même s’il lui arrive de faire des incursions dans ces genres. Ses brèves sont plutôt ancrées dans le réel… avec le plus souvent un léger décalage et un ton qui les rapprochent de l’absurde. Lequel absurde n’est pas finalement très éloigné du fantastique (thématique autour de la folie, structure du récit parfois éclatée ou troublante…). Là aussi, l’un des effets recherchés par L’Autofictif est bien souvent la surprise.

Un de ces genres en particulier, ainsi que l’a fait remarquer Santiago Eximeno dans Técnica del microrrelato, un document préparatoire à la tenue d’ateliers de microécriture, semble particulièrement adapté à l’écriture de short short stories et contribue à dire que les flash fictions ne sont pas « simplement » des blagues. Il s’agit de la terreur :

[…] la terreur, comme l’a démontré, entre autres, Michael Arnzen dans son œuvre tant sur le réseau que sur papier, est le genre idéal pour la micronouvelle. Dans la short short story, l’auteur de littérature de terreur fait abstraction du superflu (du décor, des personnages, de la trame même), pour nous montrer un instantanée, une photographie d’un moment d’horreur pur, direct, qui peut provoquer un frisson chez le lecteur. En moins d’une centaine de mots, il est possible de transmettre au lecteur toute une gamme de sensations désagréables, douloureuses, attrayantes[7].

On ne résistera pas au plaisir de vous livrer quelques exemples parlants d’Eximeno, qui prêche, n’en doutez pas, pour sa propre paroisse, héhé :

Ça n’était pas une poupée. Il n’était pas démontable. C’était ton petit frère, pour l’amour de Dieu. Et non, ce que tu as fait ne peut pas se réparer.

Aujourd’hui dans un parc, un garçon m’a souri. J’ai gardé son sourire, il m’accompagnera toujours. J’espère que sa mère enterrera le corps[8].

Pour la science-fiction, les micronouvelles ont même leurs prix[9], c’est dire !

Il y a par contre, à ma connaissance, assez peu d’incursions des micronouvellistes dans des univers de fantasy pure – et non plus des emprunts aux contes de fées –, sans doute parce que la fantasy demande à poser un univers (géographie, peuples, religions, castes, Histoire…) ce que ne permet pas la micronouvelle en tant que telle.
Après, écrire des microfictions sur des œuvres de fantasy déjà existante et bien connues du public, des sortes de microfanfictions, quoi, est toujours possible. Santiago Eximeno avait par exemple écrit une dizaine de micronouvelles mash up de la Bible/Le Seigneur des anneaux.

Donc voilà, pour ouvrir le sujet et inviter les microauteurs en herbe à écrire, pensons à la fantasy de demain, qui sera à coup sûr composée de trios de micronouvelles et non plus d’interminables décalogies de parpaings !

[7] « […] el terror, como ha demostrado –entre otros– Michael Arnzen en su obra tanto en la red como en papel, es el género idóneo para el microrrelato. En el microrrelato, el autor de literatura de terror prescinde de lo superfluo (del decorado, de los personajes, incluso de la trama misma) para mostrarnos una instantánea, una fotografía de un momento de horror puro, directo, que pueda provocar en el lector un escalofrío. En menos de un centenar de palabras es posible transmitir al lector toda una gama de sensaciones incómodas, dolorosas, atrayentes. Extrait de Técnica del microrrelato, Santiago Eximeno (document de travail, non publié)

[8] Lambeaux de ténèbres, Santiago Eximeno (éditions Outworld/Kymera)

[9] Le fameux Pépin, déjà mentionné.

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De la micronouvelle et de ses techniques de rédaction (2/3)

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Suite de l’article publié le 7 septembre.

Les exemples étant légion, je me contenterai de piocher principalement dans l’actualité de la Fabrique de Littérature Microscopique[1] pour éclairer mon propos :

L’invasion zombie piétine. Par solidarité, l’ogre lance une collection de bottes de sept lieues. (Karim Berrouka)

Même avant d’être un vampire, Vlad Drăculea était très pal. (Benoît Giuseppin)

Dans la première short short story, l’allusion à la lenteur proverbiale des zombies est doublée d’une référence aux bottes de sept lieues, chausses magiques de l’ogre qui permettent de se déplacer très vite. Là aussi, ce détail de l’histoire du Petit Poucet est très connu. Pas besoin de préciser ce que sont exactement ces bottes.
Dans la deuxième micronouvelle : références au fait que les vampires sont censés être très pâles et à la sauvagerie du personnage historique Vlad Dracul, surnommé l’Empaleur.
Il est intéressant de noter, même si ce n’est pas toujours le cas lorsqu’une référence intertextuelle, historique ou mythique est en jeu dans une micronouvelle, que l’on est là face à de multiples références qui se complètent et se télescopent.
On assiste dans les deux cas à un mash up. Karim Berrouka mélange allègrement les zombies et les ogres, Benoît la légende et l’Histoire.
On en arrive même dans certaines micronouvelles, non plus à une collision entre deux univers, mais ce que j’appellerais comme figure de style, faute de mieux, un mash up d’expressions lexicalisées ou un mash up de termes ayant un sens bien précis, du moins au départ. Cela pourrait rentrer dans la définition du néologisme[4] (dans cette acception : Néologisme (de forme). Expression ou mot nouveau, soit créé de toutes pièces, soit, plus couramment, formé par un procédé morphologique (dérivation, composition, analogie), mais je préfère utiliser dans cet article, afin de ne pas engendrer de confusion, le terme néologisme uniquement dans le sens de « mot nouveau ».
Ce mash up de termes ou d’expressions peut se présenter comme un groupe-de-mots-valise, sur le principe du mot valise :

Ayant biberonné de la paranormal romance dès tout jeunots, les vampires nouvelle génération ne craignent pas l’eau cul-cul bénite(Jacques Fuentealba)

Dans cet exemple, on ne peut pas à proprement parler d’expression lexicalisée, mais les groupes de mots « eau bénite », « cul cul » et « cul bénit » ont un sens bien précis, « figé » dans la langue et l’esprit du lecteur. L’idée est donc de bousculer la compréhension de ce dernier en lui mettant entre les pattes ce mix de trois expressions en une seule.
Cette barbarie linguistique s’éclaire par le référent : on parle ici d’eau bénite, bien entendu, crainte en temps normal par les vampires traditionnels, mais c’est une eau bénite un peu spéciale, qui est également cul-cul (familière donc, et déjà moins crainte par les vampires mentionnés vivant des histoires niaises et naïves) et cul bénite (rappelons juste la bigoterie de certaines auteurs de paranormal romance… J’ai dit Meyer ? Hein, mais non j’ai pas dit Meyer !)

À noter l’utilisation simple (mais singulière) d’expressions lexicalisées ou de métaphores dans certaines micronouvelles. Je pense en particulier à une série que m’avait envoyée Timothée Rey pour un projet avorté en partant de cette contrainte et dont je vous livre un des textes :

Peu après son engagement, Raoul réalisa qu’il n’était qu’UN HOMME DE PAILLE[6]. Pas de bol pour lui, il s’était engagé chez les pompiers.

L’homme de paille ici était autant métaphorique que réel. D’où le pas de bol !
Ce qui n’empêche pas dans d’autres micronouvelles, l’utilisation de métaphores filées, voire de doubles métaphores filées – formulé comme ça, on dirait presque une figure de patinage artistique ! – qui maintiennent là aussi une hésitation sur la compréhension, jusqu’au dénouement :

— Vous pensez que je couve quelque chose ? demanda le pyromane en tripotant machinalement son briquet, tandis que le médecin touchait son front brûlant[7].

Pour décrire la maladie, j’utilise le verbe couver en jouant sur sa polysémie, en particulier les sens : « Avoir un mal, (une maladie) sans encore le (la) manifester. » et « [En parlant du feu] Rester allumé sans se manifester. », voire « Rester caché, secret (le plus souvent en mauvaise part). La haine couve dans son cœur. », puis je file la métaphore avec « brûlant », qui là aussi peut recouvrir plusieurs significations.
Polysémie, donc : le mot est lâché ! C’est avec l’ellipse, la paronymie et l’homonymie une des figures maîtresses du format.

On peut aller encore plus loin dans la maltraitance de la langue, que ce soit sur le fond (néologisme) ou sur la forme (utilisation de lettres ou mots barrés, de parenthèses, de slash…), un terrain sur lequel, j’ai pu le constater d’expérience, les micronouvellistes hésitent ou répugnent parfois à s’aventurer. Il est vrai que ce côté expérimental de la micronouvelle peut donner lieu à de beaux loupés, faute de compréhension de la part du lecteur (« Mais où il a bien voulu en venir, l’auteur ? Je pige que dalle ! »)
Profitons donc pour livrer quelques exemples en pâture aux lecteurs d’[Espaces Comprises], en commençant par les néologismes :

Tour à tour, l’auteur frappé du syndrome de la page noire malaxe, renouvelle et massacre la littérature avec son « étriture »[9]. (Jacques Fuentealba)

Il resta enrhumé éternuellement. (Jacques Fuentealba – inédit)

Dans un cas, les guillemets permettent de signifier au lecteur : « non, ça n’est pas une coquille, tu as bien lu “étriture” ! », dans l’autre, le mot est suffisamment éloigné de ses racines pour que l’on imagine une faute de frappe.
Le plus souvent, comme c’est le cas dans ces deux exemples, le micronouvelliste a recours à un mash up de mots. Il ne crée pas de toutes pièces un mot qui serait incompréhensible sans une explication (laquelle explication plomberait la micronouvelle en lui faisant perdre de sa brièveté).
Encore que cela puisse être un effet recherché, comme ici :

Pluie à la Saint-Gzorg, plants de zbafs poussent comme des chorgs.
Mais si soleil trois pougnes plus tard, préfère les kharaîgns de maldar.
(Je sais, c’est complètement ridicule. Qui voudrait faire pousser des zbafs et des kharaîgns de maldar sur le même sol ? Les Bzomliens sont vraiment de piètres jardiniers.) (Benoît Giuseppin)

On peut pousser le vice jusqu’à laisser des fautes de français dans ses microfictions afin d’attirer l’œil du lecteur et de construire une histoire autour :

L’écrivain en herbe tira la langue à son professeur de lettres et s’enfuya. Le vieux bonhomme lui courut après pour le corriger[11].

L’usage des lettres ou mots barrés permet de jouer sur une hésitation dans la narration et plus seulement sur ce jeu sur la compréhension du sens. Le narrateur ou personnage narrateur vous dit : « Oh et puis non, en fait, ce n’est pas ça, l’histoire que je suis en train de vous raconter, mais ceci ! » et il barre un bout de mot, un mot ou un groupe de mots pour la peine, comme dans cette short short story que j’ai postée sur la Microphéméride[12] :

Le 30 janvier 1648, au cours d’un mémorable gueuleton, le roi d’Espagne et les Provinces-Unies signent le traité de Münster, entre ̶l̶a̶ ̶p̶o̶i̶r̶e̶ le fromage et le fromage.

 Là, c’était l’occasion pour moi de détourner une expression connue en insistant sur le lieu où se déroulait la signature dudit traité et laisser entendre que, dans une ville comme ça, on ne pouvait manger que du fromage.
L’utilisation judicieuse de parenthèses permet d’offrir (en général) deux choix de lecture d’un groupe de mots, selon qu’on lit tout, ou que l’on omet les caractères placés entre parenthèses. Un peu comme sur le principe de la double métaphore filée, on peut ainsi aboutir à deux histoires complètement distinctes :

Casanova avait commencé à entreprendre une jouvencelle, lorsque le père les surprit et flanqua à la porte le séducteur. Même ainsi, la jeune fille se coucha moi(ns bê)te[14].

Dans un cas, Casanova a été plus entreprenant que dans l’autre !
L’utilisation de slashs induit également une hésitation et offre une double lecture, selon que l’on choisit une lettre ou un groupe de lettres avant ou après le slash pour lire le mot :

– Je suis à / au bout, dit le spéléologue[15].

Ou encore :

Selon les jours, ce schizoïde filait droit / un mauvais coton[16].

Le mécanisme de cette figure de style basée sur les slashs fait, en tout cas ici, penser quelque peu à celui du zeugme, que l’on retrouve parfois employé dans certaines micronouvelles. Il est vrai que le zeugme, qui est d’ailleurs une des figures de l’ellipse, est un bon vecteur de surprise et de concision, étant donné que l’on ne répète pas le début de la proposition :

Mise en confiance par ce vampire, la pauvre jeune fille souffrant d’une déception amoureuse lui ouvre son cœur saignant et l’appétit. (Jacques Fuentealba – inédit)

La paronymie est également un bon moyen de jouer sur l’hésitation et de désarçonner le lecteur :

La présidente du Comité des Fêtes Divines alla voir comment avançaient les préparatifs. L’abondance de couleurs lui agressa les yeux et elle manqua se vautrer dans un massif de fleurs blanches et violettes.
— Pourquoi vous collez tous ces étendards arc-en-ciel partout ? On ne célèbre pourtant pas la Gay Pride !
— Mais m’dame, les attributs d’Isis sont pourtant bien l’écharpe arc-en-ciel et les fleurs du même nom !
La présidente du Comité se tapa le front du plat de la main  
— Oh, les ignares ! Oh les incultes, les incapables, les idiots ! Ils se sont trompés de déesse.
(Nelly Chadour)

Dans cette microphéméride de Nelly Chadour, on n’a qu’un des deux termes de la paronymie, le nom de l’autre déesse est à deviner à partir des attributs donnés (écharpes arc-en-ciel et fleurs du même nom), dans d’autres cas, il faut insister sur les deux termes de la paronymie pour que le texte soit compréhensible :

Le zombie s’avançait vers nous d’un pas décidé… ah non, décédé(Benoît Giuseppin)

L’homonymie concerne souvent deux mots ayant la même prononciation sans avoir la même orthographe (comme dans un exemple précédent, qui nous présentait un Dracula très pal), mais peut aussi s’étendre sur plusieurs mots :

Stupides et lents, les zombis sont des cons posés.

Pour finir ce tour non exhaustif des figures de style, on notera parfois le recours à des mécanismes inverses de l’ellipse : l’accumulation et la répétition.
En soi, cela peut paraître paradoxal, étant donné le format. La répétition est pourtant propre aux séries de micronouvelles écrites sur un même thème ou un même personnage. Quand on exploite une idée ou un personnage jusqu’au bout, on se retrouve à proposer aux lecteurs des variations d’une histoire de départ. C’est le cas pour Les Petits Chaperons rouges de Zárate, c’est aussi le cas pour un certain nombre de thèmes communs (dans la section L’atelier collectif) de la Fabrique de Littérature Microscopique et pour les Cavaliers sans Tête d’Olivier Gechter, et j’en passe. Les textes en viennent même parfois à se répondre entre eux, à offrir une possible chronologie, même s’ils se lisent indépendamment.

On peut retrouver ces figures de style (accumulation et/ou répétition) au sein d’un même texte et en vérité, l’effet est d’autant plus fort qu’elles ne se diluent pas dans une œuvre longue (nouvelle, roman…) mais investissent tout le texte ou du moins une grande partie, comme ici :

Nous notons que le type est un meurtrier récidiviste, un détraqué sexuel (cinquante filles en une nuit…), un tueur d’enfants (les siens surtout), un mari infidèle, un assassin de jeunes et jolies cavalières (une minute de silence pour toutes les amazones désarçonnées par cette brute), un voleur de bétail qui mérite cent fois la pendaison, un malade mental qui se trimballe avec la peau d’une de ses victimes sur le dos, une catastrophe écologique (on ne compte plus les espèces qu’il a rayées de la carte), un social traître (travailler sans salaire pour le patronat, en accélérant les cadences…), une honte pour les valeurs morales (voyez le peu de cas qu’il fait de sa famille et le nombre d’enfants qu’il a semés à gauche et à droite), un raciste souffrant d’un grave complexe d’infériorité (chaque fois qu’il croise un géant, il le dézingue), un grand mythomane (son père serait Zeus et ses conneries répétitives ordonnées par Héra…), un accro à la coke et aux amphétamines (quelqu’un peut affirmer l’avoir vu se poser plus de cinq secondes ?)… Et nous nous arrêtons là, conscients qu’il y aurait matière à continuer pendant au moins trois pages. Que cela ne tienne, il restera toujours un héros dans le cœur des enfants. C’est qu’il en faut des figures légendaires telles qu’Hercule. Sinon, qui éveillera des vocations telles que dictateur ou CRS ? (Karim Berrouka)

Ou encore ici, dans la même série de flash fictions, où la répétition marque bien une certaine lassitude du personnage dans la répétition de son travail :

Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hum, ça devient un poil gonflant. Iolaos, mon bon Iolaos, que dit le manuel des Castors Juniors à propos des hydres de Lerne ? Que la tête du milieu est immortelle, brave Hercule. Hum, faudrait le trouver le milieu… Mais encore, mon bon Iolaos ? Que les autres repoussent une fois coupées, brave Hercule. Je te remercie mon bon Iolaos, mais j’avais un peu remarqué tout seul. Rien d’autre ? Que la bête a un faible pour les grands rhétoriqueurs, plus spécialement Guillaume Crétin, et qu’un seul de ses poèmes la plonge dans un profond coma, ce qui aiderait pour trouver la bonne tête et la trancher, brave Hercule. Tu en connais, toi, mon bon Iolaos, des poèmes de Guillaume Crétin ? Non, brave Hercule, même pas l’ombre d’un vers. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne. Hercule tue l’hydre de Lerne (Karim Berrouka)

[1] La Fabrique de Littérature Microscopique ou FabLiMi est un blog créé en 2011 par Karim Berrouka, Benoît Giuseppin et votre serviteur, qui se propose de publier chaque jour des micronouvelles sur un thème commun mensuel. On avait aussi au début développé pour chacun d’entre nous des thèmes personnels mensuels, mais le rythme de production s’étant un peu ralenti, on s’en tient pour le moment aux seuls thèmes communs.

[6] En majuscules dans le texte original. (NdR)

[7] Tout feu tout flamme, Jacques Fuentealba (éditions Outworld/Kymera)

[9] Le Syndrome de la page noire, Jacques Fuentealba (éditions Studio Walrus)

[11] Le Syndrome de la page noire, Jacques Fuentealba (éditions Studio Walrus)

[12] La Microphéméride est un blog créé en 2012 à l’initiative de Vincent Corlaix et de moi-même, qui propose de publier chaque jour une micronouvelle en rapport avec la date (événement historique, saint, dicton…). Avec un pool d’une trentaine d’auteurs, nous avons fait une première année athématique, puis un 2013 uchronique. Enfin, en 2014, le blog, repris courant 2013 par Sandrine Scardigli, Anthony Boulanger et Père Désœuvré pour la logistique et hébergeant toujours les œuvres de plusieurs dizaines de microauteurs se consacre à la SFFF sous toutes ses formes SAUF l’uchronie.

[14] Le Syndrome de la page noire, Jacques Fuentealba (éditions Studio Walrus)

[15] Scribuscules, Jacques Fuentealba (éditions La Clef d’Argent – version papier, éditions ActuSF – version numérique)

[16] Idem

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De la micronouvelle et de ses techniques de rédaction (1/3)

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fuentealba
Jacques Fuentealba (source : Histoires de romans)

Jacques Fuentealba est traducteur d’espagnol et auteur de romans, nouvelles et de centaines de micro-nouvelles, publiés chez Mnémos, Malpertuis, Céléphaïs, Walrus, entre autres. Nous lui avons demandé de nous expliquer ce format particulier et nous le remercions chaudement !

La micronouvelle, c’est quoi ?

Sans se lancer dans une définition exhaustive qui pourrait très bien faire l’objet d’un article entier sans couvrir toutes ses caractéristiques et particularités, on résumera en disant que c’est une nouvelle très courte. Quelques mots, quelques lignes, un paragraphe ou deux, pas tellement plus. Si le prix Pépin fixe la limite des textes pouvant concourir à 300 signes, titre compris, certains, comme Laurent Berthiaume, ainsi que le rapporte l’article Wikipédia sur la micronouvelle, sont plus « laxistes » et fixent la limite haute à une centaine de mots.
La micronouvelle, aussi appelée microroman, microfiction, short short story, flash fiction et j’en passe, est donc un texte court, en prose et qui contient une structure narrative minimale. Même dans sa forme la plus ramassée, la micronouvelle maintient un squelette de structure. Une introduction ou exposition, un développement et un dénouement. Précisons que certaines micronouvelles, type aphorismes ou faux dictons, peuvent parfois manquer de cette structure.
La concision des microfictions fait qu’en certaines occasions, l’introduction/exposition se retrouve réduite à la portion congrue, quelquefois même juste suggérée. L’ellipse est d’ailleurs une des figures de style reine du format.

Figures de style

À vrai dire, la micronouvelle est un laboratoire de savant fou pour tout auteur avide de torturer un peu la langue afin qu’elle révèle ses sales petits secrets. C’est donc la forme idéale pour tester plein de figures de style en tout genre, pas uniquement l’ellipse.

Faisons un petit tour de ces figures de style, du moins celles qui reviennent le plus souvent.
L’ellipse, donc, justement, puisqu’on en parle. Un, deux, trois coups de ciseaux, et on obtient un texte plus court que ce que l’on avait dans un premier temps projeté d’écrire. De plus, la micronouvelle charcutée devient plus énigmatique, et le décryptage du sens tient parfois de la devinette, voire peut ouvrir de multiples interprétations. Un exemple parfait est le texte d’Augusto Monterroso, presque un Hemingway[1] en termes d’extension en espagnol (7 mots) :

Le dinosaure

Quand il se réveilla, le dinosaure était encore là.

Le texte peut s’interpréter de diverses façons. Avant de préparer cet article, je voyais là l’histoire d’une entité dormante qui en se réveillant constatait qu’un dinosaure, qu’elle espérait voir éteint à son réveil, était encore en vie. Je prêtais une intention à ce « il » qui n’était pas dans le texte, de même j’interprétais le « encore là » en lui donnant le sens de « encore en vie ». Après tout, le texte nous informe du fait que le dinosaure était encore là, pas qu’il était en vie. Et même, si on pousse plus loin l’analyse, il se peut que ce dinosaure-là n’ait jamais été vivant dans cette micronouvelle, que ce soit lorsque le personnage était éveillé une première fois, quand il était endormi ou éveillé à nouveau.
On aura aussi pu penser qu’il s’agit d’un enfant qui a un ami imaginaire prenant la forme d’un dinosaure, qu’il se dit un jour avant de s’endormir, que son ami imaginaire n’est que cela, une chimère qui ne devrait pas exister ailleurs que dans sa fantaisie et qu’il aura disparu à son réveil. Et non, lorsque l’enfant se réveille, le dinosaure est encore là.
Je surinterprète, bien entendu, mais le texte étant écrit en creux, c’est un réflexe de lecture bien naturel que de vouloir remplir les trous pour le rendre compréhensible.
On peut sans doute trouver énormément d’autres interprétations…
En réalité, en faisant quelques recherches sur cette micronouvelle, je découvre ce qu’en dit la page Wikipédia en espagnol :

La micronouvelle du dinosaure a servi de référence concernant la politique mexicaine du Parti Révolutionnaire Institutionnel qui a gouverné le pays pendant plus de 70 ans et on le comparaît, du fait de son ancienneté à un dinosaure : le parti et ses membres sont constamment représentés dans des analyses politiques, interviews et caricatures sous la forme de cet animal. Ce qui fait que ces derniers utilisent continuellement cette micronouvelle.

Intéressant de voir que l’on peut remplir les trous de cette ellipse de cette façon-là. Reste à savoir si c’était ce que l’auteur avait en tête lorsqu’il avait écrit cette flash fiction.
Là, on est confrontés à une ellipse qui ne repose sur aucun référent populaire connu pour combler les espaces. Certes, tout le monde sait ce qu’est un dinosaure et connaît les caractéristiques principales qu’on lui attribue (pas une lumière pour sa taille gigantesque, espèce éteinte, saurien…). Toutefois, aucune de ces caractéristiques (à part le fait qu’il ait peuplé la Terre des millions d’années plus tôt et que sa survie relève donc d’une longévité surnaturelle ou contre nature dans le texte qui nous intéresse) ne permet d’offrir une lecture satisfaisante.
Dans de nombreux autres cas, les ellipses dans les micronouvelles sont couvertes par des référents qui, s’ils sont assimilés par le lecteur, illuminent le texte en donnant des clés de compréhension ou au moins des pistes, en jouant la plupart du temps sur l’effet de surprise, sur une résolution aussi « foudroyante » qu’un eurêka.

Voilà pourquoi les auteurs de micronouvelles aiment à convoquer dans leurs textes des personnages de contes, de légendes ou de mythes célèbres (Petit Poucet, Petit Chaperon rouge[2], Hercule, loups-garous, vampires, fantômes…), de la littérature (Don Juan, Gregor Samsa (le personnage de La Métamorphose de Franz Kafka[3]), Alice au Pays des Merveilles[4]…), de l’hagiographie (spécialité du microauteur le Père Désœuvré[5]) ou de l’Histoire…


[1] L’Hemingway est un format très court de micronouvelle (6 mots, ni plus ni moins).

[2] Dans le recueil de José Luis Zárate Petits Chaperons Rouges (éd. Outword/Kymera) par exemple !

[3] Il a fait l’objet d’un certain nombre de short short stories sur le blog de Químicamente Impuro

[4] Avec notamment Desconstrucción Alicia, de Santiago Eximeno (nanoediciones) 

[5] Dont on trouvera quelques microblasphèmes ici

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20 astuces pour bien appauvrir un texte de fiction

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Marre des conseils condescendants ? Fatigué de cette quête sans fin pour la perfection de vos textes de fiction ?
Pas de problème, grâce à [Espaces Comprises], faites le tour des astuces qui à coup sûr dénatureront votre récit :

  1. Faites des phrases qui, individuellement sorties de leur contexte, n’ont plus aucun sens. (Chaque nouvelle phrase devrait être une lutte pour votre lecteur, c’est le meilleur moyen qu’il se souvienne de vous.)
  2. Plus les hyperboles seront énormes, plus ce sera une tuerie de la mort qui tue. (Et plus vous serez certain que le lecteur à bien compris ce que vous vouliez dire.)
  3. Soyez condescendant avec vos lecteurs. (Si l’un venait à s’en apercevoir parce qu’il est aussi intelligent que vous – pas « plus » que vous, faut pas non plus déconner –, ça aura le mérite de tester son humilité.)
  4. Utilisez des abrv. et autres SSAAR – Super Simple Acronymes À Retenir –, surtout sans les expliquer. (Ça fait mystérieux, rien de tel pour coller un lecteur à la page.)
  5. Pourquoi utiliser ne serait-ce qu’une passe de correcteur automatique ? Vous êtes bien au-dessus de ça, non ?
  6. N’hésitez pas à mélanger les métaphores, ça permet de faire rouler une pierre deux coups dans la mousse. (Et puis il n’y a rien de mieux qu’une métaphore pour exprimer précisément ce qu’on a à dire, pas vrai ?)
  7. Expliquez toujours avec de longs passages référencés, articulés et bien présentés. Évitez les explications courtes et efficaces qui permettraient au lecteur de ne pas décrocher. (Il est là pour apprendre quelque chose, pas pour se détendre.)
  8. Rien de mieux pour entretenir le suspense que………. des points de suspension. (C’est l’un des plus grands signes de votre créativité.)
  9. En cas de doute, utilisez toujours un cliché. (Ça signifiera toujours quelque chose pour un certain pourcentage de vos lecteurs, tant pis pour les autres.)
  10. Ce n’est pas que la double négation ne soit incorrecte en elle-même, mais il ne faudrait pas que le lecteur ne puisse pas s’en sortir sans un minimum de réflexion, vous ne croyez pas ?
  11. Ne vous embarrassez pas avec la ponctuation. Les points, les doubles points, les virgules, les points-virgules… C’est très surfait. Vous êtes là pour raconter une histoire, laissez donc le lecteur trouver son propre rythme.
  12. Répétez-vous. Dans la même phrase, dans le même paragraphe ou dans le même chapitre, répétez-vous. Surtout avec des mots bien éculés qui ne sortent pas de l’ordinaire. (Ça aidera le lecteur à mieux s’endormir quand il lira votre livre dans son lit.)
  13. Ne variez jamais le rythme de votre récit, malheureux ! (Une fois le lecteur habitué, il ne faudrait surtout pas le surprendre, de peur qu’il lâche le livre qu’il a entre les mains.)
  14. Ignorez l’environnement. Vous le savez, ce sont les personnages qui font l’histoire, eux seuls comptent. Alors que l’histoire se passe dans un sous-marin, un centre commercial, le Grand Canyon, ou un asile d’aliénés, ne changez rien à leurs réactions, ne les laissez surtout pas interagir naturellement avec leur monde extérieur. (Vos personnages sont les seuls maîtres de leur destinée !)
  15. Réécrire et retravailler son texte, c’est pour les faibles. Seuls les plus médiocres ont besoin de retoucher leur art, c’est évident. (En fait la logique dicte que si vous devez revoir votre travail, c’est que vous n’êtes pas un génie… laissez tomber l’écriture, faites du macramé.)
  16. Ajoutez tout un passage dans une langue inventée ou étrangère (ça fait local).
  17. Sachez rester générique dans vos choix de vocabulaire. Utilisez des verbes au sens large, des adjectifs faibles, des noms peu précis et des allocutions plates. (C’est plus rapide à écrire, et ne vous inquiétez pas, l’imagination du lecteur fera le reste.)
  18. Abusez des incohérences et des Deus ex machina (parce que TGCM).
  19. Refusez tout travail éditorial externe, un éditeur ne peut que malmener votre texte et ne comprendra jamais votre style (on est un artiiiiste ou pas).
  20. Donnez de la consistance à votre écriture. Voix passives, adverbes rebondis et autres longues phrases à rallonge montreront au lecteur que vous n’êtes pas seulement un auteur, mais un écrivain, un vrai.

Ne soyez pas rabat-joie : partagez vos astuces et/ou habitudes personnelles pour bien saccager un texte, les commentaires sont là pour ça.
(Et bonne Rentrée ! 🙂 )

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