Marre des conseils condescendants ? Fatigué de cette quête sans fin pour la perfection de vos textes de fiction ?
Pas de problème, grâce à [Espaces Comprises], faites le tour des astuces qui à coup sûr dénatureront votre récit :
- Faites des phrases qui, individuellement sorties de leur contexte, n’ont plus aucun sens. (Chaque nouvelle phrase devrait être une lutte pour votre lecteur, c’est le meilleur moyen qu’il se souvienne de vous.)
- Plus les hyperboles seront énormes, plus ce sera une tuerie de la mort qui tue. (Et plus vous serez certain que le lecteur à bien compris ce que vous vouliez dire.)
- Soyez condescendant avec vos lecteurs. (Si l’un venait à s’en apercevoir parce qu’il est aussi intelligent que vous – pas « plus » que vous, faut pas non plus déconner –, ça aura le mérite de tester son humilité.)
- Utilisez des abrv. et autres SSAAR – Super Simple Acronymes À Retenir –, surtout sans les expliquer. (Ça fait mystérieux, rien de tel pour coller un lecteur à la page.)
- Pourquoi utiliser ne serait-ce qu’une passe de correcteur automatique ? Vous êtes bien au-dessus de ça, non ?
- N’hésitez pas à mélanger les métaphores, ça permet de faire rouler une pierre deux coups dans la mousse. (Et puis il n’y a rien de mieux qu’une métaphore pour exprimer précisément ce qu’on a à dire, pas vrai ?)
- Expliquez toujours avec de longs passages référencés, articulés et bien présentés. Évitez les explications courtes et efficaces qui permettraient au lecteur de ne pas décrocher. (Il est là pour apprendre quelque chose, pas pour se détendre.)
- Rien de mieux pour entretenir le suspense que………. des points de suspension. (C’est l’un des plus grands signes de votre créativité.)
- En cas de doute, utilisez toujours un cliché. (Ça signifiera toujours quelque chose pour un certain pourcentage de vos lecteurs, tant pis pour les autres.)
- Ce n’est pas que la double négation ne soit incorrecte en elle-même, mais il ne faudrait pas que le lecteur ne puisse pas s’en sortir sans un minimum de réflexion, vous ne croyez pas ?
- Ne vous embarrassez pas avec la ponctuation. Les points, les doubles points, les virgules, les points-virgules… C’est très surfait. Vous êtes là pour raconter une histoire, laissez donc le lecteur trouver son propre rythme.
- Répétez-vous. Dans la même phrase, dans le même paragraphe ou dans le même chapitre, répétez-vous. Surtout avec des mots bien éculés qui ne sortent pas de l’ordinaire. (Ça aidera le lecteur à mieux s’endormir quand il lira votre livre dans son lit.)
- Ne variez jamais le rythme de votre récit, malheureux ! (Une fois le lecteur habitué, il ne faudrait surtout pas le surprendre, de peur qu’il lâche le livre qu’il a entre les mains.)
- Ignorez l’environnement. Vous le savez, ce sont les personnages qui font l’histoire, eux seuls comptent. Alors que l’histoire se passe dans un sous-marin, un centre commercial, le Grand Canyon, ou un asile d’aliénés, ne changez rien à leurs réactions, ne les laissez surtout pas interagir naturellement avec leur monde extérieur. (Vos personnages sont les seuls maîtres de leur destinée !)
- Réécrire et retravailler son texte, c’est pour les faibles. Seuls les plus médiocres ont besoin de retoucher leur art, c’est évident. (En fait la logique dicte que si vous devez revoir votre travail, c’est que vous n’êtes pas un génie… laissez tomber l’écriture, faites du macramé.)
- Ajoutez tout un passage dans une langue inventée ou étrangère (ça fait local).
- Sachez rester générique dans vos choix de vocabulaire. Utilisez des verbes au sens large, des adjectifs faibles, des noms peu précis et des allocutions plates. (C’est plus rapide à écrire, et ne vous inquiétez pas, l’imagination du lecteur fera le reste.)
- Abusez des incohérences et des Deus ex machina (parce que TGCM).
- Refusez tout travail éditorial externe, un éditeur ne peut que malmener votre texte et ne comprendra jamais votre style (on est un artiiiiste ou pas).
- Donnez de la consistance à votre écriture. Voix passives, adverbes rebondis et autres longues phrases à rallonge montreront au lecteur que vous n’êtes pas seulement un auteur, mais un écrivain, un vrai.
Ne soyez pas rabat-joie : partagez vos astuces et/ou habitudes personnelles pour bien saccager un texte, les commentaires sont là pour ça.
(Et bonne Rentrée ! 🙂 )