Je suis avec beaucoup d’intérêt la production littéraire de Véronique Tadjo. J’aime son originalité, la pertinence de son discours, sa manière de dénoncer l’air de rien de nombreuses tares de ces sociétés africaines. Ici, encore, elle met le doigt sur tout le faste qui entoure ces funérailles, mais elle montre surtout la posture complexe de l’intellectuel africain. Certes, ici il s’agit d’une figure de la génération des indépendances, polygame dans l’âme malgré un progressisme de façade. Mais c’est aussi une plongée dans l’hypocrisie familiale qui entoure souvent les couples mixtes en Afrique, où les enfants sont élevés dans des cercles de mensonges.
Alice Scarling, nanauteur
Lacrimosa est un nanoroman. Pourquoi avoir participé à NaNoWriMo ?
Tout simplement, j’adore l’état d’esprit du NaNo ! Cette débauche d’énergie créative à travers le monde entier pendant le mois de novembre me pousse vraiment à me dépasser chaque année et c’est une sensation irremplaçable. Un peu comme un état d’ébriété joyeuse qui durerait tout le mois (mais sans la gueule de bois). La « méthode » et la philosophie de Chris Baty (créateur du NaNo) trouvent une résonance en moi. Un bon nombre des conseils qu’on trouve dans No Plot, No Problem (son livre sur la manière d’aborder l’expérience du NaNo) sont devenus des règles de vie pour moi.
Je trouve que c’est une expérience fantastique, libératrice, constructive, l’ambiance est géniale et puis franchement, au mois de novembre, il n’y a de toute façon rien de mieux à faire !
Participeras-tu encore cette année ?
Oui, absolument ! Comme je le disais, j’adore le NaNo donc je compte y participer aussi souvent que possible.
Quelle est la différence entre le texte écrit pendant NaNo et celui qu’on découvre ?
Il y a eu un gros travail de révision post-NaNo. J’ai relu mon texte, je l’ai révisé, peaufiné pendant plusieurs mois. Puis mon éditrice m’a aidée à faire le reste du chemin. Certaines scènes sont restées les mêmes quasi de bout en bout et d’autres ont complètement disparu (notamment ma scène d’ouverture qui était à l’origine beaucoup plus sombre).
Planifies-tu ton écriture (méthode des flocons ? Synopsis hyper-détaillé) ? Ou avances-tu à l’instinct ?
Oui, je planifie énormément. C’est ce qui me permet d’écrire très vite pendant le NaNo. J’ai testé la méthode des flocons, mais elle ne marche pas très bien sur moi… (En revanche, le livre sur l’écriture de son inventeur, Randy Ingermanson, est bourré de conseils utiles que j’applique quotidiennement et que je cite tout aussi souvent.) J’invente ma propre méthode au fur et à mesure. C’est pas mal de carnets de notes, de tableaux, des fiches bristol, des post-it, des surligneurs… Je me fatigue moi-même rien qu’à penser à la complexité du procédé donc je vous le déconseille (je tâtonne encore beaucoup). Mais au bout de quelques mois pénibles, j’ai un synopsis détaillé chapitre par chapitre et je peux me lancer dans l’écriture.
Qu’est-ce qui t’a inspiré Requiem pour Sascha ?
Une question toute bête : qu’est-ce que ça ferait de changer de sexe pour un temps limité (une journée par exemple) ? J’ai commencé à réfléchir à cette question, à chercher un moyen de l’utiliser… puis Sascha est arrivée. Avec ses Doc Martens et son passé compliqué, elle s’est mise à tout me raconter. Sa vie, ses problèmes, ses peines et ses joies. Et très vite, la question d’origine a été oubliée et la série Requiem pour Sascha est née.
As-tu un chouchou parmi tes personnages ?
Je les aime tous. Chacun à sa manière, et chacun pour des raisons différentes. Ils ont tous leur histoire, leur caractère, leurs petites manies, leurs défauts et leurs qualités. Et chacun pourrait raconter sa propre aventure à sa manière. Mais c’est Sascha qui est venue s’asseoir par terre chez moi, elle a allumé une cigarette et elle s’est mise à me balancer sa vie. C’est donc elle que je connais le plus intimement. Ça ne veut pas dire qu’elle est ma chouchoute mais, sans elle, je ne connaîtrais pas les autres non plus.
Serais-tu prête, à l’instar de GRR Martin, à décimer tes personnages pour tenir tes lecteurs en haleine ?
Je vais essayer de répondre à cette question sans spoiler. Pour moi, la mort d’un personnage n’est pas un ressort stylistique donc non, pas pour tenir mes lecteurs en haleine. Mais dans un univers aussi dangereux que celui de Sascha, tout est une question de vie ou de mort et les erreurs coûtent cher. Par conséquent, il y aura nécessairement des pertes. On ne peut pas combattre les vampires (et les autres choses que Sascha aura à affronter) et s’en sortir sans une égratignure. (Cela dit, je pense que je suis bien moins « sadique » que Martin parce que c’est difficile pour moi de les tuer.)
(Question de fan : qui verrais-tu pour interpréter Raphaël à l’écran ?)
Au moment de répondre à cette question, j’étais avec mon éditrice. Alors on s’est toutes les deux lancées dans un brainstorm. Et au final, on a regardé beaucoup (beaucoup) de photos de beaux mecs, mais on n’en a trouvé aucun qui corresponde idéalement à Raphaël ! (Et puis, je préfère éviter de répondre parce que j’aimerais d’abord recueillir l’avis des lectrices sur la question ! Je suis très curieuse d’avoir leur vision !)
Écris-tu uniquement de la bit-lit ou est-ce qu’on pourra te découvrir dans d’autres genres à l’avenir ?
La bit-lit est un de mes genres préférés. J’en lis énormément et j’adore ça. Mais j’ai toujours été aussi une grande fan de Fantasy, de science-fiction, de tous les genres de l’imaginaire, en fait. Et je sais que j’ai pas mal d’histoires à raconter : j’ai des centaines d’idées tous les jours. Elles ne méritent bien sûr pas toutes d’être écrites mais à 100 idées / jour, je peux bien me permettre d’en jeter 90 % ! Bref, je compte continuer à écrire tant qu’on voudra me lire et je n’ai pas l’intention de me limiter dans mes envies donc, qui sait ce que je ferai pour le prochain NaNo ? 😉
Qu’est-ce qui ne peut pas te manquer pendant une séance d’écriture ?
J’ai besoin de musique ! C’est vital. C’est là que je puise mon énergie, mes émotions, mon besoin d’écrire. Je peux me passer de nombreuses choses quand j’écris (manger est totalement optionnel par exemple) mais pas de musique.
Que lis-tu en ce moment ?
Trois épines de Céline Landressie. C’est un roman que je qualifierais de « bit-lit médiévale ». Je réserve mon avis pour quand j’aurai fini ce tome mais je peux dire que j’ai beaucoup aimé Rose morte (le premier tome de la série).
Quel a été ton dernier coup de cœur littéraire ?
J’ai adoré Lettres écarlates d’Anne Bishop. C’est un roman très différent de ce qui se fait habituellement en bit-lit (quand je dis que j’en lis beaucoup et que j’aime ça) et j’ai été soufflée par ce texte. La justesse du ton, les émotions, l’héroïne… C’est tout ce que j’aime en bit-lit avec en bonus un univers très original. Il vaut vraiment le détour.
Merci [Espaces Comprises] pour cette interview ! 🙂
[Alice Scarling] Lacrimosa
Lacrimosa
Tome 01 d’Un requiem pour Sascha
Alice Scarling
Milady, mai 2014
Bit-lit
Prix 7,10 €
312 pages
Orpheline, nonne, allumeuse, musicienne, tueuse de vampires…
Mes amis m’appellent Sascha, mes ennemis ne me connaissent pas. Cela dit, je ne sais pas vraiment non plus qui ou ce que je suis. Ça ne m’a jamais empêchée de profiter de la seule chose positive que cette vie a bien voulu me donner : mon pouvoir, posséder le corps de n’importe qui d’un simple contact. Ce don étrange me permettait d’éliminer les suceurs de sang, ceux qui ont brisé mon existence. Jusqu’au jour où j’ai rencontré Raphaël. Énigmatique, létal, irrésistible, totalement immunisé contre mon pouvoir… et en mesure de me fournir la vengeance qui m’échappe depuis tant d’années.
Sascha est une jeune femme un peu paumée. Elle a été abandonnée à sa naissance à la porte d’un couvent, elle a eu une nonne pour mère adoptive et elle a dû assister au massacre des religieuses qui formaient sa famille par des vampires. Seule au monde, sans rien savoir de son identité et de son origine, elle avance désabusée dans la vie. En plus, elle a un don particulier : elle peut posséder les gens au simple contact avec leur peau. Elle s’en sert pour vivre, en dépouillant la jeunesse argentée dans des clubs. Accessoirement, elle tue les vampires qui traversent sa route pour venger les nonnes. Pourtant, à cause de ce don, elle ne s’ouvre à personne et est très secrète : comment expliquer ce qu’elle ne connaît pas ? Elle-même est perdue.
Elle joue dans un groupe de rock, les Nightshade, avec Julien, Damien et Nicolas. Nicolas qui est amoureux d’elle et squatte son énorme appartement, jusque-là vide et froid et gris, dans l’espoir de le transformer en chez-eux. Ces trois garçons sont ce qu’elle a de plus proche après la mort de sa mère, pourtant, eux non plus ne la connaissent pas, ils ne la comprennent pas.
Voyez-vous, quand Sascha possède quelqu’un (ou plusieurs “quelqu’uns” dans une soirée), elle ressent comme une gueule de bois et une envie de sexe. D’une, elle ne boit pas ni ne se drogue sinon c’est dangereux. De deux, elle ne peut pas avoir d’orgasme sous peine de se retrouver dans la peau de son amant du moment. Alors quand elle passe la nuit avec Nicolas, on ne sait pas trop bien qui est le plus frustré : Sascha parce qu’elle doit se retenir ou Nicolas parce qu’il croit qu’il ne peut pas satisfaire la fille dont il est amoureux ?
Pour les garçons, Sascha, tout en étant leur amie, est capricieuse, égoïste, un peu ivrogne, quelqu’un sur qui on ne peut pas (ou plus) compter. Elle veut se défendre, elle veut expliquer son comportement, mais elle s’en empêche de peur de les effrayer.
Sascha, pour le lecteur, est une héroïne trouble. Elle est à l’aise dans son corps et c’est une allumeuse innée, certes, mais sous cette carapace, c’est une fille totalement perdue qui ne sait pas comment faire pour être normale, qui ne sait pas comment être avec les gens. Elle n’est pas mauvaise. Même si elle veut venger sa famille et tuer tous les vampires qu’elle croise, elle n’est pas rancunière. Si vous lui demandez pardon bien comme il faut, elle peut pardonner les actes les plus perturbants. Elle n’est pas comme la plupart des héroïnes de bit-lit : elle n’a aucun sens de la répartie, regrette souvent ses mots parce qu’ils ne sortent pas comme elle veut, elle pleure à chaque fois qu’elle n’arrive plus à faire semblant d’être forte, elle ne sait pas se défendre, ne sait pas se faire pardonner parce qu’elle compense une bourde par une autre. Pour quelqu’un qui a un don aussi puissant (et inquiétant), Sascha est drôlement humaine, confuse, attachante.
Puis arrive Raphaël, que Sascha pense être un vampire, mais elle est loin du compte. Le lecteur devine son identité bien avant Sascha. Il a des allures de Duncan MacLeod (du clan MacLeod) avec sa longue veste et son épée (à la différence qu’il a des cheveux et des yeux gris). Lui, elle ne peut pas le posséder. Mais en échange, elle peut aller beaucoup plus loin dans sa vengeance. Mais jusqu’où vraiment ?
Dans ce roman, alors qu’on pense atteindre un but, on découvre qu’il y a encore quelque chose derrière la porte. On trouve un nouveau problème, un nouveau point d’interrogation. Rien n’est jamais réellement résolu, que des révélations qui provoquent d’autres questions qui s’ajoutent aux précédentes. À la toute dernière phrase du roman, on veut tourner la page et… que se passe-t-il après ?! (Les cliffhangers devraient être interdit par l’OMS.)
Les –
- Sascha est une fille confuse, du coup, on a parfois du mal à comprendre sa façon (inappropriée) de réagir.
Les +
- Ce roman est un nanoroman français !
- Une superbe couverture (pour commencer!).
- L’histoire comme autant des poupées gigognes (on trouve une façon d’avoir une réponse, on se retrouve avec une nouvelle question et une idée de réponse). On veut la suite.
- Le chapitre 13 : j’ai le sentiment qu’avant, Sascha s’apitoie un peu trop sur son sort. Dans ce chapitre très touchant, elle se dévoile et on comprend beaucoup mieux ce qu’il se passe dans sa tête. À partir de ce chapitre, elle essaie de se reprendre en main (même si ce n’est pas aisé) et c’est très appréciable.
- Raphaël (pas besoin de dire plus).
- La vision qu’on nous donne de l’endroit le plus menaçant/inquiétant de notre histoire. Celui où on voudrait éviter d’atterrir, mais qui a l’air quand même pas mal.
- Raphaël.
- La fin (hein ?!).
La suite et la fin de Lacrimosa s’appellent Dies iræ (tome 2) et Agnus Dei (tome 3). Ces titres font (un peu) peur…
Merci aux éditions Milady de m’avoir permis de lire ce roman (alors que je bavais littéralement sur les extraits que l’auteur publiait sur Twitter !).
[Défi] Les 24 heures de la nouvelle
Parole à Jérôme Cigut, créateur des 24 Heures de la nouvelle qui se déroulera du 31 mai au 1er juin prochain.
Les 24 Heures de la Nouvelle 2014, qu’est-ce que c’est ?
C’est un grand jeu, un potlatch à l’ère du numérique.
Concrètement : du 31 mai au 1er juin prochains, des dizaines d’auteurs francophones (39 l’an dernier, au moins 44 cette année), confirmés ou non, vont se donner 24 heures pour rédiger chacun une histoire complète d’au moins 5 000 signes (espaces comprises ^^) autour d’une contrainte qui sera dévoilée à la dernière minute. Chaque auteur pourra ensuite publier son texte sur le site des 24 Heures, ainsi que sur son propre blog.
Tout le monde peut participer — les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 25 mai. Ah, et la contrainte n’est pas choisie par une éminence grise : elle est tirée au sort parmi toutes les propositions des participants. Jusqu’à la dernière minute, personne ne sait ce qui va s’appliquer.
D’où vient l’idée ?
À l’origine, d’une BD qui m’avait fait découvrir Boulet, Le Ténébreux. L’histoire m’avait beaucoup impressionné, mais je suis tombé de ma chaise quand j’ai appris qu’il l’avait réalisée en une seule journée, lors des 24 Heures de la BD d’Angoulême.
J’aurais adoré faire la même chose, mais je suis incapable de dessiner, même si ma vie en dépendait. Par contre, je sais (vaguement) écrire… et de fil en aiguille, c’est ainsi que nous avons lancé les 24 Heures de la Nouvelle l’an dernier.
Pourquoi « donner » gratuitement une nouvelle sur Internet, au lieu de l’envoyer à un éditeur ?
Pour la même raison que beaucoup d’auteurs tiennent un blog, une page Facebook, un compte Twitter, un Pinterest : pour toucher les lecteurs, exposer son identité et son univers. Mais au final, nous sommes des écrivains. Ce que nous faisons, ce que les gens attendent de nous, ce sur quoi ils nous jugent, ce sont d’abord et avant tout nos histoires. Donc pourquoi ne pas proposer à l’occasion un avant-goût, une bouchée ?
Et puis je ne suis pas sûr qu’Internet et l’édition traditionnelle s’opposent réellement. Si vous adorez les notes de Boulet, vous pouvez les acheter sur papier chez Delcourt. De même, Cory Doctorow offre la version électronique de ses romans sur son site depuis des années : si vous les aimez, vous pouvez les acquérir.
L’attrait supplémentaire des 24 Heures, ce sont les liens et les opportunités qu’elles créent. Au fil des pages, les internautes peuvent découvrir des auteurs qu’ils n’auraient peut-être jamais connus autrement, aller explorer leurs blogs, et de là peut-être franchir le pas et lire leurs autres écrits. Cela a beaucoup moins de chances d’arriver si chacun se focalise uniquement sur son propre blog et dépend du hasard des moteurs de recherche.
D’autant que sans les 24 Heures, ces nouvelles n’auraient peut-être jamais existé.
C’est vrai : nul ne sait si vous auriez eu l’idée de cette histoire si une autre contrainte avait été tirée au sort.
De plus, je vois cela comme un texte « bonus » : sans les 24 Heures, peut-être ne passerais-je que deux ou trois heures à écrire ce week-end-là — certainement pas assez pour rédiger une histoire complète.
Ah, et j’oubliais : c’est aussi très drôle de découvrir après coup comment les amis ont réussi à se dépatouiller de la contrainte, de leur côté !
Des coups de cœur, parmi les textes de l’an dernier ?
Beaucoup ! J’ai beaucoup aimé Une langue morte, d’Alex Evans — un conte d’Heroic Fantasy qui rappelle le Robert E. Howard de Conan le Barbare, mais avec une sensibilité féminine très intéressante. Également Mile High Club de mon camarade hongkongais Stewart McKay (en anglais), qui a sublimé la contrainte pour bâtir un récit choral, dans un avion. Et que dire d’Il suffit de passer le pont de Luce Basseterre, qui nous a dynamité la contrainte façon puzzle : il fallait caser cinq titres de chansons du même artiste, elle en placé… quarante-deux. Allez les lire ! Et peut-être, rejoignez-nous ?
Alors, partants ? Vous avez jusqu’au 25 mai pour vous inscrire ! Clic !
Lettre aux jeunes auteurs qui se lancent
Chers jeunes auteurs,
J’ai été comme vous. D’ailleurs, je suis toujours une « jeune auteure », puisque je n’ai pas encore fait mes preuves dans le milieu de l’édition. Mais j’ai déjà essuyé pas mal d’échecs et vu des vertes et des pas mûres. Même si je suis partisane du « il faut tomber pour apprendre », il n’y a aucun mal à dire à ceux qui viennent juste derrière nous « attention, il y a un trou ». Alors, si je peux vous éviter de tomber dans un trou, peu importe sa taille, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas.
Voici donc cinq conseils. Ce ne sont que des suggestions, après, vous êtes libres de les suivre.
Ou pas.
01 – N’envoyez jamais de premiers jets.
Qu’est-ce qu’un premier jet ? C’est l’histoire (avec un début, un milieu et une fin) telle que vous l’avez écrite la toute première fois, sans relecture ou correction. En bref : c’est un brouillon complet ! Un roman publié n’est pas un premier jet : il est relu, corrigé, décortiqué, pendant des mois s’il le faut. C’est un réel travail. Prenez conscience qu’écrire c’est 5 % d’inspiration et 95 % de sueur.
Et des larmes aussi.
02 – Ne vous lancez pas dans une multilogie dès le départ.
Les trilogies ont toujours existé, mais depuis quelques années, on n’entend que ça de la part des jeunes auteurs. Écrivez d’abord un roman, avec une vraie fin (les fins ouvertes sont bien sûr acceptées). Travaillez-le vraiment. Si vous avez envie d’en faire une série, le seul conseil que je vous propose c’est de la terminer avant de la soumettre. Ça vous évitera des blocages d’écriture ou même des incohérences dans l’intrigue.
03 – Faites attention au fond et à la forme.
Entourez-vous de personnes de confiance (ou des professionnels) et corrigez minutieusement votre roman. Être éditeur, c’est un métier. Des centaines de manuscrits s’accumulent et un éditeur ne va pas perdre son temps à décortiquer votre écriture. Faire des fautes ou écrire en langage texto (j’exagère à peine) vaut à votre tapuscrit un passe-droit dans la corbeille. Faites-vous bêta-lire et/ou corriger, et respectez les normes typographiques (elles peuvent changer selon les éditeurs, renseignez-vous).
04 – Renseignez-vous et ciblez bien les éditeurs.
N’envoyez pas vos tapuscrits n’importe où ! Renseignez-vous ! Sachez cibler vos envois. Ne vous étonnez pas d’être refusé (malgré la qualité de votre prose) si vous soumettez un roman avec des vampires à un éditeur qui ne fait que de la blanche (= sans une once de fantaisie possible). Élargissez votre listing, il n’y a pas que les éditeurs germanopratins. Fouillez un peu, demandez des avis, prenez en compte les témoignages sur le web. Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenu.
05 – Ne payez ni éditeur ni agent littéraire, jamais.
Si vous ne vous lancez pas dans l’autopublication, ne payez jamais pour être publié.
Si un agent littéraire vous demande de le payer avant de démarcher pour votre roman, fuyez. Un agent est payé avec un pourcentage de vos droits d’auteur, alors il a intérêt à bien vendre votre roman.
Si un éditeur vous demande une participation financière, fuyez. C’est du compte d’auteur et vous serez grillé pour pas mal de temps.
Enfin, écrivez.
Écrivez tout le temps.
Billet publié le 22 mai 2013