Témoignages

Pseudo or not pseudo ?

This entry is part 2 of 4 in the series Prendre un pseudonyme

Quand j’ai commencé à écrire sérieusement, et surtout à publier mon roman sur internet (avant, ça n’avait guère d’importance), je ne me suis même pas posé la question du pseudonyme. J’étais en train de faire des études de biologie, je me destinais à la recherche, et donc à la publication d’articles scientifiques, je n’avais aucune envie de mélanger vie professionnelle et vie privée.

J’avais d’abord pris un pseudo « blague », Psychophage T4 (cherchez pas…), vu que mon roman en ligne était pour moi une expérience finalement assez loufoque sans grande chance de percer. De toute manière, ce n’était alors pas mon but. Je voulais m’amuser à faire un site internet, j’avais ce roman plutôt pathétique dans un tiroir, je me suis dit, pourquoi pas ? Au final, publier ce roman sur internet, malgré le nombre pitoyable de mes lecteurs, m’a redonné le goût d’écrire (j’avais mis de côté cette passion, n’ayant plus le temps ni même l’envie de la poursuivre, au vu de mon planning très chargé). J’ai donc commencé à m’intéresser sérieusement à mon site – et surtout, à mon roman. Et là, Psychophage T4 ne me paraissait plus tellement adapté. Il était de toute manière hors de question d’utiliser mon vrai nom (qui ressemble d’ailleurs tellement à un nom de plume que tout le monde aurait cru que c’était ça, le pseudo ^^), mais n’ayant pas envie de perdre tout lien avec mon identité, j’ai décidé de prendre mon deuxième prénom, Vanessa. Quant au nom de famille, du Frat, c’est une longue histoire qui remonte à mes années de lycée.

Les Enfants de l’Ô a donc été publié sous le nom Vanessa du Frat, mais mon autre roman, Le Sang des Miroirs, était tellement différent que j’ai voulu différencier les deux. Je l’ai aussi mis sur le net (les 6 premiers chapitres seulement) sous le nom Andréa du Frat, me faisant en gros passer pour deux sœurs (sans jamais le dire clairement). Ma première nouvelle, qui avait un lien très fort avec Le Sang des Miroirs, a été publiée sous le nom Andréa du Frat et toutes les autres sous Vanessa du Frat.

Au final, il s’est avéré que ma vie professionnelle a pris un tournant qui n’a plus rendu l’utilisation du pseudonyme justifiable, mais le mal était fait : mon roman était devenu connu (on ne parle plus de 4 ou 5 lecteurs…) et changer de nom n’aurait pas été à mon avantage. Pire, on aurait pu m’accuser d’avoir plagié mon propre roman ^^. J’ai donc gardé ce nom qui est devenu au fil du temps mon « vrai » nom. J’ai en effet passé mon diplôme de correctrice sous ce nom, je me suis mise à travailler dans l’édition sous ce nom, tous les gens rencontrés au cours des 7 dernières années m’appellent comme ça et ne connaissent souvent pas mon identité. Ma famille et les amis que j’ai gardés du lycée et de l’université sont les seuls à m’appeler par mon premier prénom. À ce stade, il ne s’agit plus tellement d’un pseudonyme que d’un réel changement d’identité.

Malheureusement, pour l’administration, c’est extrêmement compliqué. Pas possible d’avoir un chéquier sous mon nom d’auteur, pas possible de le marquer sur ma carte d’identité, en tout cas pas facilement.

Dans mon cas, ce qui était au départ un moyen commode de différencier écrits professionnels et écrits privés est devenu ma véritable identité, qui a également marqué les changements drastiques dans ma vie.

Je n’ai jamais eu de désir de « gloire » ou de reconnaissance, donc le fait que mes ex-camarades de primaire, de collège, de lycée, d’université et mes ex-collègues ne puissent jamais faire le lien entre Vanessa du Frat et la personne qu’ils côtoyaient alors m’est absolument égal. Je n’ai rien à prouver. Même si un jour Vanessa du Frat devient célèbre (on peut rêver ^^), je resterai pour eux la fille bizarre toujours plongée dans ses bouquins, un peu fofolle, la « première de classe » mal-aimée.

Par contre, j’avoue que si un jour je mets à la littérature érotique (je commence à y songer sérieusement, vu le succès que ce genre remporte ces derniers temps ^^), je changerai de pseudonyme. Je flippe déjà à fond si quelqu’un de ma famille ou de mes amis proches se met à lire mes romans, alors pour ma tranquillité d’esprit, autant me faire discrète de ce côté-là.

Mes pour :

  • possibilité de différencier nettement vie professionnelle et écriture, dans le cas où les deux sont incompatibles ;
  • le côté « vie secrète » ;
  • possibilité de différencier vie privée et écriture.

Mes contre :

  • les difficultés administratives liées à ce changement d’identité. Pas de compte en banque, la galère à chaque demande d’accréditation professionnelle, et j’imagine, la difficulté au niveau des invitations en salon : à quel nom réserver le train, l’hôtel ?
  • pour certains, le manque de reconnaissance dont ils pourraient avoir besoin.
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6 réponses à Pseudo or not pseudo ? incluant les trackbacks et les pings.

  1. Alice a dit :

    Tu sais que j’étais persuadée que c’était ton vrai nom? ^^’

    • Ness a dit :

      Je crois qu’à peu près tout le monde est persuadé que c’est mon vrai nom. Le fait qu’il soit marqué sur mes contrats et sur ma boîte aux lettres n’aide pas ^^

  2. Jo Ann a dit :

    J’adore le coup des sœurs. 🙂

    • Ness a dit :

      J’ai toujours été un peu bizarre… Et j’ai toujours voulu une soeur jumelle, du coup j’en avais inventé une, c’était marrant. Ça me permettait de « planquer » un peu certains de mes écrits. Contrairement à vous tous, je ne suis pas forcément super à l’aise avec ce que j’écris au niveau de ma famille et de mes amis hors du milieu de l’écriture (et je pense que j’aborde des thèmes carrément tabous, qui pourraient vraiment choquer certaines personnes de mon entourage si elles tombaient dessus). Là, par exemple, je viens d’apprendre que la femme d’un copain dans mon cours de russe s’est mise à lire mon bouquin, et ça me fait baliser à fond. J’aime bien garder un semblant de « normalité » dans ma vie de tous les jours, même si j’avoue que de toute manière tout le monde sait que je ne suis pas tout à fait normale ^^ Mais au moins, c’est plus discret. Et surtout, j’évite que les gens m’en parlent sans arrêt, parce que mine de rien, pour moi, être auteur, c’est naturel, et comme j’ai énormément d’amis auteurs, il n’y a aucun souci, mais les gens autour de moi trouvent ça absolument fascinant et me posent mille questions dès qu’ils apprennent que j’ai écrit un roman (bon, 9, mais on ne va pas chipoter).

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