Hello tout le monde !
C’est le retour de la chronique 100 % VF et 100 % SFFF ! Et ce mois-ci, afin de palier au temps vraiment pourri, j’ai décidé de mettre un peu de soleil et d’humour dans votre PAL… avec Rue Farfadet de Raphaël Albert.
Panam, dans les années 1880 : les humains ont repris depuis longtemps la main sur les Peuples Anciens. Sylvo Sylvain a posé son havresac dans la rue Farfadet, gouailleuse à souhait. Chapeau melon vissé sur le crâne, clope au bec, en compagnie de son fidèle ami Pixel, il exerce la profession exaltante de détective privé et les affaires sont nombreuses ! Des adultères à photographier, des maris jaloux, des femmes trompées, etc. Ni très rémunérateur, ni très glorieux que tout ceci. Alors, Sylvo fréquente assidûment les bars, les cafés et les lieux de plaisir en tout genre où son charme envoûte ces dames…
Jusqu’au jour où, lors d’une banale enquête de routine, il se trouve mêlé à une machination dépassant l’entendement. Le voilà, bien malgré lui, chargé de l’affaire par l’un des trois puissants ducs de Panam. Saura-t-il tirer son épingle de ce jeu compliqué et dangereux ?
Dans ce premier roman Raphaël Albert déploie un art consommé de l’écriture. Il nous fait palpiter au rythme d’une histoire passionnante de bout en bout. Il trousse avec style un personnage attachant et original et invente un univers surprenant de fantasy steampunk où l’on croise centaures taxis, motos à vapeur et magie de bataille.
Vous aimez les styles truculents, bourrés d’humour ? Vous aimez les romans qui mélangent et les genres et les références ? Vous aimez les personnages politiquement engagés ? Vous aimez un récit qui prend son temps, sans pour autant traîner la savate ? Alors les livres de Raphaël Albert sont faits pour vous ! Moi, en tout cas, ça a été une vraie rencontre. Déjà avec l’auteur, lors d’un salon, très sympa et hyper drôle. Ensuite avec ses romans, qui sont tout aussi sympas et tout aussi drôles !
Un coup de cœur dès le premier chapitre… que dis-je ? Dès la première ligne ! En quelques mots, Raphaël Albert instille un style plein d’humour et annonce tout de suite la couleur : il n’y en aura pas de précise, car ce sera un véritable feu d’artifice de mélanges ! Entre polar et fantasy, uchronie et steampunk, chaque phrase participe à la création d’un univers d’une incroyable richesse, tant sur le fond que sur la forme.
C’est un Paris complètement revisité que nous découvrons dans les pas de Sylvo, un farfadet qui officie en tant que détective privé ! Un farfadet dont la figure narrative tarde à émerger, puisque son « je » arrive seulement à la fin du premier chapitre… discret, efficace, comme le vrai détective qu’il est, occupé à espionner un autre personnage. Autant vous dire, j’ai a-do-ré me faire surprendre par cette émergence tardive du vrai narrateur.
En parlant de ce personnage, Sylvo, je l’ai trouvé attachant à tous points de vue : oh, oui, il est un peu macho ; oui, il est très cynique aussi ; et il boit énormément en plus d’être un fieffé fainéant… mais il est aussi courageux et plein d’allant, fidèle à lui-même, et surtout sincère et conscient de ses défauts (qu’il n’essaie pas pour autant d’améliorer, ce qui ne le rend que plus réaliste et attachant quelque part). J’ai trouvé le traitement du personnage extrêmement bien tourné. Cela est dû non seulement à la « voix » unique du personnage, fortement mise en avant par le style, mais aussi aux rapports qu’il entretient avec les autres figures qui traversent le roman : même quand celles-ci sont de pures crapules, Sylvo leur trouve d’une manière ou d’une autre une qualité qui les rachète. Couplée au cynisme éruptif mais jamais vainqueur de Sylvo, j’ai trouvé cela d’une remarquable subtilité, car ça en dit long sur le personnage non pas comme il se voit mais comme il est vraiment. Et ça, perso, ça a gagné mon cœur de lectrice. ^_^
En conclusion, si vous aimez les univers complexes et les personnages a priori superficiels qui se révèlent au final bien plus profonds qu’ils n’y paraissent, je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur Rue Farfadet !! Un métissage réussi entre steampunk, polar et fantasy ; une pépite de style et d’humour !
Le tome 2 est d’ores et déjà dans ma PAL, d’ailleurs, je le lis tout bientôt. 😉