Chercher un éditeur

La recherche d’un éditeur est une étape importante dans la vie d’un manuscrit et dans celle de son auteur. Cette démarche est source de confusion pour les nombreux « galériens de l’écriture » qui débarquent pleins de bonne volonté, mais complètement perdus face à tout ce qu’ils peuvent trouver sur le marché. Cet article n’a pas pour but de vous donner la recette magique – sinon, vous vous doutez bien que j’aurais publié bien plus de mes œuvres ! –, mais de vous aider à vous poser les bonnes questions, soumettre votre texte aux bonnes personnes.

1/ Quelle est la ligne éditoriale de l’éditeur ?

On n’envoie pas son manuscrit à un panel aléatoire d’éditeurs ! Le choix d’un éditeur, ce n’est pas du « pifomètre ». Chaque maison a ses préférences, ses exigences, ses points rédhibitoires, tout un ensemble de critères qui forme ce qu’on appelle « la ligne éditoriale ». Deux critères sont prépondérants : le genre littéraire (SFFF, essais politiques, livre de cuisine, etc.) et le public (jeunesse, YA, adulte) auquel s’adresse un texte.

Généralement, il n’est pas difficile de savoir quelle est la ligne éditoriale d’un éditeur. Un petit tour sur son site internet, dans la catégorie « présentation » suffira. C’est là que vous trouverez tous les renseignements qui vous seront nécessaires. Si jamais cette section ne répond pas à vos questions, une fois de plus, contactez l’éditeur qui pourra vous fournir des réponses. Évidemment, lire les romans publiés par un éditeur reste le meilleur moyen de connaître sa ligne éditoriale.

Avant d’envoyer votre manuscrit à qui que ce soit, déterminez à quel genre il appartient et à qui il s’adresse. Cela vous permettra de sélectionner les maisons d’édition appropriées dans la ligne éditoriale desquelles votre manuscrit peut s’insérer.

2/ Quel type de contrat est proposé ?

Compte d’auteur, compte de lecteurs ou compte d’éditeur ? C’est cette distinction qui doit vous guider.

  • Un éditeur qui publie à compte d’auteur vous demandera de payer pour la publication, totalement ou partiellement.
  • Un éditeur à « compte de lecteurs » vous demandera généralement un certain nombre de préventes minimum pour éditer votre manuscrit. Ce seront ces préventes qui financeront ensuite le processus éditorial. Je ne saurais que trop vous déconseiller ces modes de publication. Si un éditeur refuse d’investir ses propres fonds dans la publication, soit le texte n’est pas bon – et dans ce cas il ferait mieux de vous le dire, pour que vous puissiez le retravailler avant de subir les critiques pas toujours tendres des lecteurs –, soit l’éditeur se fiche complètement de la qualité des livres qu’il produit et n’a qu’un seul objectif : faire rentrer de l’argent.
  • Un éditeur à compte d’éditeur investira ses deniers personnels dans votre manuscrit. Dans ce monde bassement matérialiste où tout se paie, ça peut sembler incroyable. Quelqu’un investirait, par pur intérêt pour votre texte, une somme conséquente afin de le publier ? C’est pourtant vrai. Néanmoins, ne vous faites pas d’illusions. Si un éditeur investit, c’est qu’il espère rentrer dans ses fonds. Il sera donc exigeant envers vous et vous demandera sans doute de retravailler votre texte, non pas parce qu’il se fait un malin plaisir de « dénaturer votre art », mais parce que c’est un professionnel qui a un regard pointu et sur les œuvres littéraires, et que son point de vue extérieur lui permet de mettre le doigt sur les incohérences et faiblesses qui desservent votre manuscrit.

Au final, l’idéal est de demander un exemplaire-type du contrat si possible. Sinon, épluchez le site internet de l’éditeur ou bien appelez-le afin d’être sûr qu’on ne vous demande pas de payer. Consultez également les forums et les blogs : les auteurs parlent beaucoup entre eux et vous pouvez trouver des témoignages qui vous aideront à prendre une décision. Si vous ne parvenez pas à obtenir de réponse claire, n’envoyez pas votre manuscrit.

3/ Quelles sont les méthodes de travail de l’éditeur ?

C’est-à-dire, quel travail effectue-t-il sur votre manuscrit et par quels prestataires passe-t-il pour cela ?

Avant la publication, votre texte doit être réécrit par vos soins, sans doute plusieurs fois, selon les indications généralement fournies par l’éditeur lui-même ou par son comité de lecture. Une fois la version définitive du récit adoptée, le texte doit être corrigé sur la forme, normalement en étant transmis à un correcteur professionnel. À vous ensuite de reporter les corrections qu’il vous a suggérées. Dans le même temps, l’éditeur doit créer une couverture, souvent avec un graphiste et un illustrateur, et rédiger un texte de quatrième de couverture.

Ces étapes sont nécessaires à la bonne promotion et diffusion de votre manuscrit, elles permettent de proposer au lecteur un produit fini de qualité et faire l’impasse sur l’une des étapes peut être préjudiciable. Or il est rare qu’un éditeur puisse tout faire tout seul, c’est pourquoi il fait souvent appel à des prestataires extérieurs.

Toutes les personnes qui interviennent au cours du processus éditorial – lecteur, correcteur, graphiste, illustrateur – sont normalement rémunérées. Il est de plus en plus courant que de jeunes maisons d’édition fassent appel au bénévolat pour cela, mais j’insisterai sur un point : être correcteur, lecteur, graphiste ou illustrateur est un métier à part entière. C’est une formation, des compétences, du temps et du travail investis dans les manuscrits et dans leur réussite. Si un éditeur déprécie toutes ces personnes – grâce à qui il gagne son pain – alors il y a de fortes chances qu’il ne respecte pas plus ses auteurs. Prenez le temps, avant de signer, d’échanger avec votre contact au sein de la maison d’édition, cela vous permettra de vous faire une idée plus juste de la politique menée dans ce domaine.

4/ Quels seront les modes de diffusion ?

Se renseigner sur les modes de diffusion et de distribution d’un éditeur est important. N’importe quel libraire peut commander n’importe quel livre du catalogue de n’importe quel éditeur. Mais tous les éditeurs ne sont pas présents sur tous les sites de vente en ligne, or ce mode d’achat est de plus en plus utilisé par les lecteurs. Il est assez facile de vérifier la présence d’un éditeur sur les plateformes de vente en tapant son nom dans la barre de recherche. Si l’éditeur n’est pas présent sur toutes les plateformes de diffusion, vérifiez s’il n’a pas son propre site de vente en ligne : c’est de plus en plus courant, notamment pour les petits éditeurs car cela leur évite de vendre à perte.

5/ Quels sont les modes de publication ?

Papier ou numérique ? Tout est affaire de goûts personnels. Je vais être publiée uniquement en format numérique, ce qui ne me pose pas de problème pour des raisons qui me sont propres. Mais chacun a ses convictions dans ce domaine..

Vous tenez à être publié en format papier ; vous êtes opposé au format numérique et tenez à ce que votre œuvre ne soit pas publiée sous ce format ; vous n’avez rien contre le numérique à condition qu’il n’y ait pas de DRM. Vous avez peut-être des exigences, alors renseignez-vous sur les modes de publications d’un éditeur avant de lui transmettre votre manuscrit.

6/ Vous sentez-vous en confiance avec cet éditeur ?

Je sais que trouver un éditeur est un véritable challenge. Vous vous êtes déjà posé pas mal de questions, vous avez fait un sacré tri, et même en ayant énormément travaillé sur votre texte et en ayant soigné le choix des maisons d’édition à qui vous alliez l’envoyer, rien ne garantit que vous trouverez preneur. Alors forcément, dans ces conditions, faire le difficile peut vous sembler capricieux. Pourtant, il est important de choisir avec soin la personne avec qui vous signerez. La publication d’un manuscrit est un travail d’équipe qui demandera beaucoup d’échanges et de compréhension. Certes, c’est l’éditeur qui vous aidera à trouver votre lectorat, mais vous êtes aussi celui qui apporte de l’eau au moulin de l’éditeur. Vous devrez être impliqué dans la phase de production éditoriale, de promotion, et ces deux étapes se feront main dans la main avec l’éditeur. C’est pourquoi il vaut mieux choisir une maison d’édition où vous vous sentirez en confiance, avec qui le contact est facile et l’échange fructueux. Si, dès le début, ça ne passe pas, alors ça risque de bloquer plus tard aussi.

Une fois que vous avez trouvé la réponse à toutes ces questions, vous devez constituer une liste d’éditeurs à qui envoyer votre manuscrit. N’oubliez pas de vous renseigner sur le mode de soumission (certains exigent une soumission sous format papier, d’autres n’acceptent que le numérique) et joignez une lettre expliquant pourquoi vous leur envoyez votre manuscrit. À ce sujet, je vous suggère le très drôle mais très vrai article de Nathalie Dau sur la lettre d’accompagnement.

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Mécompte d’auteur

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En juillet 2001, j’ai 19 ans tout frais et je quitte l’Afrique du Sud avec mon Bac L dans la poche et le projet d’être psychologue en tête. En septembre, j’arrive à Montpellier. Le rêve d’être publiée, malgré les trois romans que j’ai déjà commis, est si bien enfoui en moi qu’il est inexistant. Je suis convaincue que je rentrerai en Angola (en avez-vous déjà entendu parler ?) et serai psychologue tout-terrain pour les enfants-soldats de mon pays.
C’est cela, oui.
Quelque part en chemin, la psychologie est reléguée au dernier plan. J’ai appris à réfléchir en français, alors dans mon esprit, j’ai plus de chances d’être publiée en France que n’importe où ailleurs et le marché français me convient infiniment mieux que le lusophone. Je décide alors de reprendre Vents qui soufflent (c’est d’un poétique…) que j’ai écrit à l’âge de 17 ans. Ça raconte l’histoire d’une danseuse contemporaine, Alyzée (alizé, vent, tout ça), qui rentre à Paris après dix ans d’absence pour se venger. À l’époque, mes cousines (dont l’aînée avait 30 ans) avaient adoré et c’était pour moi un gage de qualité que d’être appréciée par des adultes (sainte innocence). Je n’ai pas l’original avec moi, je le réécris donc de mémoire. Quand je termine, mon roman s’intitule Gazelle (le surnom d’Alyzée). Je crois, du haut de mes 20 ans tout frais, que c’est un très bon roman et que quiconque me signera fera une très belle affaire (et quelle affaire !).
Je ne connais rien à rien au milieu de l’édition. Je ne suis pas uniquement provinciale, je suis étrangère, je viens du bout du monde. Je n’ai aucune raison de savoir comment fonctionnent les soumissions, quels sont les différents types de contrats et les pigeonnades à éviter. Je ne sais rien. Nada. Nadica de nada. Je ne sais même pas si, en 2002, il y a déjà des blogs sur l’impitoyable milieu de l’édition français.
J’écris à quelques éditeurs pour demander s’ils acceptent les romans de jeunes étrangères. Tout le monde il est gentil. Les éditions Anne Carrière m’encouragent à soumettre chez eux et tout et tout (je punaise même la lettre au mur de ma chambre) (sainte naïveté). On m’encourage à soumettre, donc je le fais, je ne suis pas compliquée comme fille. Très vite, premières lettres de refus, « envoyez un chèque de cinq euros pour qu’on vous retourne votre manuscrit », blablabla.
Un jour, je regarde le programme télé et je vois une annonce des Éditions Dagobert (en vrai, vous n’avez qu’à lire sur la couverture) qui cherchent de nouveaux auteurs. C’est un signe divin, mon cœur palpite, je sens que c’est le moment. Je soumets Gazelle. Très vite, l’été 2003, je reçois une lettre qui, je crois, va changer ma vie.
Finalement, elle la changera bien, mais pas de la manière dont je rêvais.
Dagobert veut me faire signer un contrat, il me promet une distribution dans toutes les grandes librairies nationales, des revues de presse dans les plus grands quotidiens. Moi, 21 ans (toujours frais), naïve et avec un rêve, je dis : « oh oui, Dagobert ! ».
Lorsque je reçois le contrat, je ne tique même pas sur le fait qu’il faille payer la publication (quatre versements d’environ 850 €) (l’ignorance coûte cher). Je me souviens d’une interview de Paulo Coelho (PC pour les intimes), à l’époque mon écrivain favori, où il raconte qu’il n’avait pas voulu investir dans un livre auquel il ne croyait pas et qu’il avait alors fait un autre choix de premier roman. Je ne cherche pas à savoir ce qu’il voulait dire exactement : investir, c’est forcément de l’argent. Je crois donc que tout les primo-romanciers (je ne connaissais pas ce terme à l’époque) investissent dans leurs premiers romans. Ça ne peut que marcher, il suffit de voir le succès planétaire de PC. Avant de signer le contrat, je le montre à mon père, qui veut bien me faire le cadeau et dit « ok ».
Je signe le quatrième et dernier chèque fin 2005. Je n’ai pas de contact privilégié dans la boîte, je ne sais même pas à qui j’ai affaire quand j’ai quelqu’un de chez Dagobert au téléphone. Je corrige seule les épreuves. Je parle quotidiennement trois langues, je commets des barbarismes à longueur de journée, alors imaginez le carnage. Je note sur une feuille mes remarques de peur qu’ils ne les loupent.
À cette époque, je commence à fréquenter des forums de lecture et c’est en parlant en privé avec un des participants que j’apprends que j’ai en fait signé un compte d’auteur. Je ne veux pas le croire. Il y a des écrivains qui ont signé plusieurs fois de suite avec Dagobert, il devait bien y avoir quelque chose de bien. La sortie de Gazelle est annoncée pour mai 2006, mon roman est envoyé à une dizaine de quotidiens nationaux et régionaux (sans résultats). J’essaie de me voiler la face le plus longtemps possible, mais c’est trop tard, le mal, pour moi, est déjà fait.
Une fois, dans le train, ma sœur lisait mon roman à côté de moi et me demandait régulièrement « c’est vraiment comme ça qu’on dit ça ? ». À voix haute, cela me semblait immonde, il y avait de ces lourdeurs… Aujourd’hui, je suis correctrice, mais je ne me corrige pas, alors à l’époque ! Il n’y a pas eu de travail éditorial, il n’y a eu personne pour me guider et pour me dire qu’il fallait nettoyer tout ça.

Je suis entrée dans le milieu de l’édition par la mauvaise porte, celle du fond, dans la cuisine, et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de passage vers la grande salle.
Pendant des années, je n’ai pas parlé de ce premier roman. L’histoire est maladroite, j’ai honte du produit final. Ce roman figure toujours dans ma bibliographie – j’assume –, mais c’est comme le cousin dont tout le monde a honte. On le glisse entre tous les autres pour qu’il soit moins vu. Ces choses-là, personne ne me les a expliquées. C’est après la sortie de Gazelle que j’ai tout appris. C’est un peu comme si j’étais tombée du haut d’un pont sans élastique.
Si vous signez en connaissance de cause alors que tout le monde vous dit de ne pas le faire, ne criez pas à l’arnaque, ne parlez pas de mauvaise expérience dans l’édition.
Parce qu’on vous l’a bien dit.
Moi, en tout cas, je vous l’ai bien dit.
Et pas qu’une fois.

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La sélection d’été de Cécile Duquenne

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Cécile Duquenne est l’auteur d’Entrechats (Voy'[el], 2010) et de la série Nécrophiles Anonymes publiée conjointement par Voy'[el] et Bragelonne (premier tome, Quadruple Assassinat dans la rue de la Morgue, 2012). Elle tient le blog SFFF 100 % Francophone.

Qu’emporter dans votre valise de vacances cet été ? Une sélection 100 % fun, 100 % géniale et 100 % francophone bien sûr (comment ça, ça fait 300% ?) !

thumb-toxicToxic, la série de Stéphane Desienne aux éditions Walrus. *
Une série Z pour… « zombies ».
Pffff, encore des zombies me direz-vous ? Oui, mais cette fois, non seulement c’est écrit avec talent, mais en plus l’auteur alterne les points de vue entre un groupe d’humains survivants et… un groupe d’aliens ! Le récit prend une tournure particulièrement savoureuse et le suspens, lui, est à son comble : les habitants de l’espace sont-ils venus nous sauver ou nous manger ?
Six épisodes à dévorer sur liseuse, en numérique seulement, et pour un prix dérisoire. En plus, le premier épisode est gratuit… Foncez !

(Résumé du premier épisode)
Si seulement les morts-vivants avaient été le seul problème de l’humanité…
La race humaine tente vaille que vaille de survivre au sein de poches de résistance dispersées. La Terre n’est plus qu’un vaste champ de ruines aux ressources de plus en plus rares. Pour en arriver à un tel cauchemar, notre monde aura dû affronter deux fléaux: un virus inconnu et dévasteur a d’abord décimé la population — la transformant en hordes de zombies — puis débarquèrent des étoiles ceux qui auraient pu être les sauveurs : une armada extra-terrestre. Hélas, pour ces aliens, les hommes ne sont que du bétail dont la chair est un mets des plus appréciés outre-espace… à condition qu’ils ne soient pas contaminés! Car transformés en morts-vivants, les humains n’ont plus aucune valeur. Depuis son Q.G. de Dubaï, Naakrit dirige les opérations qui feront de lui un alien riche : collecter des humains sains et en gérer l’exportation pour ses clients.
Mais avant d’amasser sa fortune, il devra composer avec deux problèmes épineux: Jave, un émissaire venu surveiller son activité, et la prolifération du virus zombie qui menace ses capacités d’approvisionnement. Pendant ce temps, un groupe d’humains cherche à échapper aux zombies et aux extraterrestres. Bien malgré elle, Elaine, une infirmière au caractère bien trempée, endosse le rôle de meneur. Autour d’elle, des hommes et des femmes perdus dans un monde sans repère: Masters est un colonel de l’armée US, Alva une ex-starlette. Bruce est étudiant en biologie, et Hector un ancien dealier colombien tout juste sorti de prison. Et puis, il y a Dew. Un adolescent muet — peut-être autiste— dont personne ne sait rien.
Tous sont bien décidés à reprendre le destin de leur planète en mains. Mais quel espoir peut bien guider ceux qui survivent au milieu de cet enfer ?

kelKel : Noir et Blanc d’Andréa Schwartz, aux éditions Rebelle
Un premier tome idéal pour… voyager.
Kel, c’est la fureur des combats et la douceur de l’amour réunis en un seul livre. Kel, c’est la délicatesse de la culture asiatique mélangée à l’éclat des grandes fresques de fantasy. Kel, c’est un livre émouvant et étonnant où l’héroïne travestie en homme pour s’engager dans l’armée peut rappeler Mulan au début… mais au début seulement !
Un premier tome dans lequel plonger comme dans une eau fraîche…

A l’aube de la Cinquième Ere, les Deux Empires sont une fois de plus au bord de la guerre.
Shelun la Cheveux-Noirs a perdu toute sa famille dans un raid ennemi. Née femme dans un monde dominé par les hommes, elle n’hésite pas à transgresser les interdits et à se travestir pour accomplir sa vengeance.
Or, la guerre est loin d’être la glorieuse aventure décrite dans les cantiques. Quant aux ennemis, ils ne sont peut-être pas tous les monstres qu’elle avait imaginés…

lune-mauve-t01Lune Mauve : La disparue de Marilou Aznar, aux éditions Casterman
Une adolescente qui déménage à Paris pour entrer dans un lycée parisien, une mère disparue qui a laissé un vide béant, un triangle amoureux subtil et une montée progressive du fantastique… Marilou Aznar signe là un excellent roman de Young Adult, intelligent et bien mené, avec un style immersif qui ne vous laissera pas indifférent ! En plus, l’auteur s’intéresse à une mythologie souvent boudée des auteurs : celle de l’antiquité sumérienne. Rien que ça, c’est déjà une bonne raison de se lancer dans cette lecture. Pourtant plus haut, j’en ai donné quatre de plus.
Un excellent roman pour s’envoler loin, très loin dans le temps et dans l’espace, loin des soucis du quotidien !
[Lire la chronique d'[Espaces Comprises]]

À la veille de ses 16 ans, Séléné Savel voit sa vie changer brutalement de cap. Son père, un universitaire excentrique avec lequel elle vit seule en Bretagne depuis la mystérieuse disparition de sa mère Iris, six ans auparavant, l’envoie à Paris pour y entrer en seconde au prestigieux Lycée Darcourt. Froidement accueillie par sa cousine Alexia qui règne sur l’établissement, pas en phase avec les codes de ce nouvel environnement très snob, la jeune fille désespère. Elle ne trouve un certain réconfort que dans la compagnie de deux garçons très dissemblables : Thomas, un jeune musicien plein d’humour qui n’est manifestement pas insensible à son charme, et surtout Lazlo, bel étudiant trouble et ténébreux, dont elle va devenir passionnément amoureuse. Mais simultanément, Séléné voit son quotidien envahi par des visions étranges, des cauchemars, des événements troublants. Amenée à enquêter sur le mystère de sa mère disparue, la jeune fille va peu à peu découvrir que celle-ci venait d’ailleurs, d’un monde parallèle où une ancienne civilisation mésopotamienne s’est perpétuée, sous l’influence d’une lune intelligente adorée comme une divinité. Les événements dramatiques qui s’enchaînent à la faveur de cette série de découvertes vont bouleverser à tout jamais l’existence de Séléné.

Vampire* Puisque Toxic a déjà été suggéré par Anne Rossi, nous avons demandé à Cécile de nous recommander un quatrième opus :

Vampire malgré lui, une anthologie collective, aux éditions du Petit Caveau

Encore des vampires ? Oui, mais pas n’importe lesquels : des vampires qui n’ont rien demandé et qui auraient bien voulu rester humains, pardi ! Dans cette anthologie, vous trouverez toutes sortes de nouvelles, car les genres et les styles sont très variés. Du steampunk au fantastique horrifique, il y en a pour tous les goûts. Et puis, en plus, il y a un chat-vampire caché dans les nouvelles… rien que pour ça, il faut lire cette anthologie.
Et enfin, l’indice qualité imparable : une des nouvelles a reçu le prix Merlin de cette année… on fonce !

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La sélection d’été d’Alan Spade

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lanuitdestempsLa Nuit des Temps de René Barjavel, aux Presses de la Cité
En général, je ne suis pas trop amateur des histoires d’amour. Pour moi, on est plus dans une histoire d’amour que de SF « pure », mais son intensité dramatique m’a laissé un souvenir impérissable.

Dans le grand silence blanc de l’Antarctique, les membres d’une mission des Expéditions polaires françaises s’activent à prélever des carottes de glace. L’épaisseur de la banquise atteint plus de 1 000 mètres, les couches les plus profondes remontant à 900 000 ans…
C’est alors que l’incroyable intervient : les appareils sondeurs enregistrent un signal provenant du niveau du sol. Il y a un émetteur sous la glace. La nouvelle éclate comme une bombe et les journaux du monde entier rivalisent de gros titres : « Une ville sous la glace », « Un coeur sous la banquise », etc. Que vont découvrir les savants et les techniciens qui, venus du monde entier, forent la glace à la rencontre du mystère ?
Reportage, épopée et chant d’amour passionné, La Nuit des temps est tout cela à la fois.

ÿ ‹DLes Guerriers du Silence de Pierre Bordage, aux éditions L’Atalante
À l’époque où je l’ai lu, je ne connaissais pas Bordage, et je ne m’attendais pas à ce niveau de qualité chez un auteur français. Une surprise extrêmement plaisante, un livre qui s’apparente pour moi à un classique.

Quelque cent mondes composent la Confédération de Naflin, parmi lesquelles la somptueuse et raffinée Syracusa. Or, dans l’ombre de la famille régnante, les mystérieux Scaythes d’Hyponéros, venus d’un monde lointain, doués d’inquiétants pouvoirs psychiques, trament un gigantesque complot dont l’instauration d’une dictature sur la Confédération ne constitue qu’une étape. 
Qui pourrait donc leur faire obstacle ? Les moines guerriers de l’ordre Absourate ? Ou faudrait-il compter avec cet obscur employé d’une compagnie de voyages, qui noie son ennui dans l’alcool sur la planète Deux-Saisons ? Car sa vie bascule le jour où une belle Syracusaine, traquée, passe la porte de son agence…

1306-niourk_orgNiourk de Stefan Wul, aux éditions Castelmore
Une authenticité dans le récit et une « qualité de rêve » qui m’a estomaqué, un récit parfaitement mené de bout en bout.

Les hommes ont régressé à un stade primitif après une catastrophe nucléaire qui a bouleversé la planète. La survie s’est organisée au coeur de tribus. Dans l’une d’elle vit un enfant noir, rejeté par les siens à cause de sa différence. Lorsque l’enfant est condamné à mort par leur chef, il se met alors en route vers Niourk, la ville des dieux, en quête de nourriture. Mais dans cette métropole abandonnée ne subsistent que ruine, radiations et machines étranges…

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La bêta-lecture en questions

D’où vient le terme « bêta-lecture » et que signifie-t-il ? Cette expression reprend le préfixe « bêta », couramment utilisé en informatique pour désigner une version de test d’un concept ou d’un projet (les geeks parmi vous ne s’y seront pas trompés !). La bêta-lecture est donc la lecture d’un texte par un tiers en vue d’aider l’auteur à l’améliorer. Cela peut être un outil précieux pour l’écrivain qui, plongé dans son texte, peinera à prendre du recul à son sujet et aura donc l’usage d’un regard critique extérieur.

Où trouver des bêta-lecteurs?

Il existe des forums dédiés (CoCyclics pour la SFFF et le Co-Lecteurs pour tous les genres, notamment). L’échange de bêta-lecture est leur objectif premier et on trouve toujours des membres plus expérimentés pour nous aiguiller et nous renseigner. Quand on est débutant, cette aide extérieure dans une démarche pas si évidente peut être salvatrice.

Néanmoins, ils ne sont pas les seuls lieux où trouver des gens qui accepteront de vous lire : en règle générale, c’est votre propre carnet d’adresse qui est le meilleur fournisseur de bêta-lecteurs ! Bien sûr, vous pouvez faire appel à votre famille ou à vos amis. Attention, ces deux cercles sont à double tranchant car vos proches peuvent être enclins à la complaisance, or vous avez besoin d’avis objectifs, pas qu’on vous passe la pommade ! Mais vous pouvez aussi trouver des groupes d’écriture dans votre ville, rencontrer des lecteurs intéressés à la bibliothèque ou encore faire appel aux réseaux sociaux en ligne, où groupes et pages dédiés aux écrivains débutants foisonnent.

Il existe également des solutions payantes de coaching littéraire, dont la qualité et le sérieux varient. Si c’est la solution que vous choisissez, prenez garde aux offres malhonnêtes, elles sont nombreuses !

Comment choisir ses bêta-lecteurs ?

Il ne faut pas négliger le choix de ceux qui critiqueront votre texte, et ce, pour bien des raisons. Tout d’abord, les personnes à qui vous confierez votre travail doivent être de confiance : une relation basée sur l’honnêteté est essentielle dans ce type d’échange. Vous ne voulez pas vous faire voler votre texte et vous ne voulez pas non plus recevoir des moqueries acides et condescendantes. Assurez-vous de choisir des personnes avec qui le contact est bon et le dialogue facile.

Ensuite, assurez-vous que ces personnes sont « aptes » à critiquer un texte. Je n’entends pas par là qu’ils soient tous titulaires d’un doctorat en lettres classiques, mais que ces personnes s’intéressent un minimum à la littérature parce qu’elles vont fournir un travail de longue haleine, qu’il ne faut pas qu’elles se lassent en cours de route. Il faut également qu’elles comprennent les rouages d’un texte et ses nécessités pour pouvoir les analyser.

Enfin, leurs goûts en matière de littérature sont importants. Un lecteur qui n’aime pas le genre littéraire auquel appartient votre texte en connaîtra moins bien les codes, les classiques, les références. Quelqu’un qui vous lit sans enthousiasme parce que « ce n’est pas son genre » aura sans doute un avis moins enrichissant que celui d’un lecteur éclairé.

Comment ça se passe ?

Il n’y a pas de recette miracle, tout dépend des attentes de l’auteur et des capacités du bêta-lecteur. Certains écrivains savent précisément ce qu’ils veulent de leurs bêta-lecteurs.

Cécile Ama Courtois demande « surtout des réactions « à chaud » sur l’histoire, le déroulement des évènements, des scènes, etc. Je demande à mes bêta-lecteurs qu’ils écrivent au fur et à mesure ce qu’ils ressentent à la lecture de chaque chapitre : les sentiments que l’intrigue (et la manière dont elle est écrite) leur inspire, leurs questions, les choses qui ne vont pas (qui ne « collent » pas), les incohérences, les émotions mal amenées, mal exprimées… Et j’attends surtout d’eux une grande objectivité et une grande honnêteté. »Tout cela en plus de « quelques corrections de fautes qui m’auraient échappées, de tournures ou d’expressions qui seraient « mal dites », etc. ». En bref, un commentaire détaillé et exhaustif.

D’autres, à l’inverse, laissent la bride sur le cou à leur bêta-lecteurs : à eux de choisir s’ils veulent faire du point par point ou bien un avis général, quelque chose de long ou un résumé succinct. C’est le cas d’Ophélie Bruneau : « Quand je demande une bêta-lecture, je veux « toute remarque permettant d’améliorer le texte ». Ça reste large. Certains vont me renvoyer une appréciation globale, d’autres reprendront point par point, ça dépend des gens. Je prends tous les retours, car tous, même s’ils tiennent en trois phrases, me seront utiles. » Et lorsqu’on lui demande si elle s’attend à des critiques de fond ou de forme, elle répond : « Les deux, mon capitaine. Ça va ensemble, de toute façon. »

Au final, les modalités d’une bêta-lecture sont à définir entre l’auteur et le lecteur. Car si l’auteur a de grosses attentes, il demande aussi un gros travail à son lecteur et celui-ci doit s’y préparer. L’idéal, lorsqu’on demande une bêta-lecture (ou qu’on accepte d’en réaliser une), est donc d’en discuter, afin de savoir exactement ce que l’une et l’autre partie attendent de cette expérience.

Que faire des bêta-lectures ?

Un panel de lecteurs plus ou moins étendu vous a rendu des avis. Maintenant, que devez-vous en faire ? Appliquer à la lettre les suggestions qui s’y trouvent ? Oui, mais si les bêta-lecteurs se contredisent ? Comme pour le point précédent, la manière dont vous réagissez aux critiques de vos lecteurs-test ne dépend que de vous.

« J’examine chaque remarque en partant du principe que si lecteur et auteur divergent, c’est,dans la plupart des cas, le lecteur qui a raison. Avec cette idée en tête, j’essaie d’analyser factuellement chaque remarque, puis d’évaluer la possibilité de corriger et l’ampleur du boulot. La décision se fait ensuite naturellement. Si l’histoire ne fonctionne pas, je change. Si elle fonctionne mais demande des changements mineurs, je les effectue. Si elle fonctionne mais demande de gros changements, je décide en fonction de la quantité de boulot que ça induit »,raconte Fred Vasseur. Un point de vue qui privilégie le lecteur et son analyse, et qui demande une bonne dose de remise en question et l’acceptation d’une intervention dans la conception du texte qui peut être conséquente.

Certains auteurs sont plus possessifs avec leur travail et préfèrent se fier à une méthode plus rationnelle pour les commentaires. Sylvain Desvaux explique que sa sélection est basée sur la redondance des critiques. Selon lui, c’est « arithmétique : si un seul lecteur te fait une remarque sur le fond ou la forme, ses goûts et son éducation sont sans aucun doute impliqués et sa remarque n’est pas forcément pertinente. De même, si 4 lecteurs sur 5 me font la même remarque, je me repenche sur ce point précis, même si tout me paraissait tenir debout. »

D’autres encore choisissent un intermédiaire entre la redondance des critiques et leur propre ressenti. C’est le cas de Cécile Ama Courtois : « Je prends le temps de lire plusieurs fois une critique, à plusieurs heures, voire plusieurs jours d’intervalle. Histoire, d’une part, de ne pas réagir à chaud, de manière impulsive et émotionnelle (ce n’est jamais bon), et également de manière à réfléchir à toutes les « faces » du problème qui m’est posé. J’essaie de toujours garder à l’esprit que si le lecteur n’a pas compris ce que j’ai voulu dire, ou n’a pas ressenti ce que je voulais qu’il ressente, c’est que je l’ai mal exprimé et qu’il me faut donc recommencer. Sinon, comment je fais le tri ? Il y a des choses auxquelles je tiens, que j’ai écrites de telle manière volontairement et que je garde même si plusieurs bêta-lecteurs me l’ont signalé comme faux ou dérangeant. Pour le reste, certaines critiques m’apparaissent évidentes et justifiées. Pour celles-là, je corrige tout de suite. D’autres me laissent perplexes, j’attends alors d’avoir tous les retours pour voir si elle revient plusieurs fois et j’avise. »

Une fois encore, il n’y a pas de constante ou de recette miracle. C’est l’auteur qui reste maître de son texte et qui est le décisionnaire final, mais le respect des bêta-lecteurs s’impose : réfléchir aux critiques qui sont exprimées, même si on n’en tient pas compte, est toujours enrichissant.

Quand envoyer son texte à la bêta-lecture ?

La décision finale est entièrement dépendante du ressenti de l’auteur.La plupart des écrivains choisissent de relire et de corriger eux-mêmes leurs textes, parfois plusieurs fois, avant de les soumettre à un lectorat. Les raisons invoquées sont diverses : Iluinar considère que c’est « la moindre des politesses », tandis que Fishdrake considère que « l’écrivain ne doit pas s’appuyer que sur le bêta-lecteur pour lui signifier ses erreurs, faute de quoi il faudra mettre aussi leur nom sur la couverture. »

À l’inverse, Sylvain Desvaux envoie « toujours des premiers jets pour 2 bonnes raisons : je sais ainsi que le texte n’est pas dans sa version finale et que les critiques sont justifiées ».

À qui profite le crime ?

Il est évident que l’auteur et son texte profitent de ces bêta-lectures. Mais sont-ils les seuls ? Apparemment, non.

Pour Maureen Konrad, « lorsqu’on lit un livre déjà édité et publié, il est difficile de voir les modifications,[…]on ne voit du livre que sa façade finale tandis qu’en tant que bêta-lecteur, on peut également l’accompagner dans ses idées, son développement, bref, tout ce qui touche au monde auquel il donne vie dans nos esprits ! » Une manière, pour un lecteur habitué au produit fini, d’avoir « un pied dans le réel et un autre dans l’imaginaire ».

Mais pour ceux qui bêta-lisent leurs comparses, l’expérience s’avère probante. C’est ce qu’explique Earane : « bien souvent, lorsqu’on retrouve certains de ses propres tics chez les autres, ça fait écho et je crois que l’on intègre davantage la remarque pour soi aussi. C’est aussi un grand avantage de la bêta-lecture. Voir chez les autres ses défauts et essayer de les corriger du même fait. »

Un enrichissement qui, d’après David J. Collins, est assez similaire à l’expérience de tout auteur lisant un livre écrit par quelqu’un d’autre.« Peut-être que je suis un lecteur-test lorsque j’achète pour la première fois le livre d’un auteur en particulier[…]. Autant Stephen King est devenu comme un mentor (faut garder le secret, il ne le sait pas !), autant je sais désormais que je ne veux faire ni du Dan Brown ni du Levy ou du Musso. ».

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