- Le contrat d’édition : partie 2
- Le contrat d’édition – partie 1
3/ Les obligations de l’auteur
Nous avons vu précédemment quels étaient vos droits en tant que créateur d’une œuvre. Céder ces droits ne se fait pas sans accepter un certain nombre de contraintes car, si l’éditeur s’engage à vous publier, vous n’avez pas encore fini votre part du travail.
Respect des termes du contrat
J’enfonce une porte ouverte, mais mieux vaut insister sur les essentiels. Lisez bien votre contrat avant de signer : il comporte des obligations particulières auxquelles vous devrez vous tenir. Certaines, telles que le délai de remise du manuscrit, peuvent être aisément négociables. Ainsi, mieux vaut demander un mois supplémentaire pour être sûr d’être dans les temps et de faire du bon travail, plutôt que de signer sans regarder et de vous retrouver pris de court.
De même, le contrat précisera le nombre d’exemplaires auteur que vous recevrez, les conditions de distribution d’exemplaires gratuits, etc. Autant de paramètres qui prendront de l’importance une fois le processus éditorial engagé et qu’il vaut mieux connaître.
Plagiat, extraits, respect d’autrui
Cela peut sembler élémentaire, mais il est toujours bon de le rappeler : en signant un contrat d’édition, vous garantissez à l’éditeur que vous êtes l’auteur de cette œuvre
Si vous citez l’œuvre de quelqu’un d’autre, cela doit être fait dans le respect du droit de citation. Celui-ci fera l’objet d’un article sur [EC], mais sachez que les principes de base à respecter sont les suivants : le texte que vous citez doit déjà avoir été publié avec l’accord de son auteur et vous devez respecter son droit moral, c’est-à-dire, a minima, citer le nom de l’auteur et le titre de l’œuvre. Enfin, la citation n’est autorisée que « dans la mesure du but à atteindre », autrement dit : la plupart du temps, il vous est interdit de la reproduire en totalité. Vous devez vous contenter des extraits ayant un rapport direct avec votre propos.
De plus, vous vous engagez à ne pas diffamer qui que ce soit et à respecter la vie privée d’autrui. Le manquement à ce principe simple peut avoir de lourdes conséquences.
Corrections éditoriales
Les fameuses corrections éditoriales dont nous parle si bien Roxanesont parfois mal vues des aspirants à l’édition. Les uns se sentent incompris, les autres ont l’impression de trahir leur texte, enfin certains se sentent dépossédés de leur œuvre. Sachez qu’en signant un contrat, vous vous engagez à passer par là. L’éditeur ne vous demande pas ces corrections pour le simple plaisir de vous faire réécrire votre texte, mais bien pour l’améliorer ! Alors certes, on pourra vous suggérer de supprimer des passages entiers qui vous tiennent à cœur. On pourra vous faire supprimer des tournures de phrases couramment utilisées et que vous croyiez sincèrement correctes. On pourra critiquer certains effets de style dont vous étiez très fiers. C’est dur. Parfois, votre fierté en prend un coup. Mais croyez-moi, c’est pour le mieux – et de toute manière, c’est obligatoire. Si cela peut vous rassurer, sachez que chacun des articles [EC] est corrigé par Vanessa et Jo Ann, qui appliquent à chaque fois des corrections, parfois en quantité industrielle. Mais on finit par s’y faire.
Promotion
Ne croyez pas que, parce que vous avez trouvé un éditeur, votre livre ne dépend plus de vous. Vous vous devez de participer, dans la mesure de vos moyens, à la promotion de votre texte. Ainsi, vous pouvez démarcher les librairies près de chez vous, en parler sur le net, vous inscrire à des manifestations culturelles…
4/ Les obligations de l’éditeur
Bien entendu, signer un contrat engage au minimum deux parties et l’auteur n’est pas le seul à avoir des obligations.
Respect des termes du contrat (encore)
Si l’auteur a une date limite de remise du manuscrit, l’éditeur a une date limite de publication, après quoi le contrat devient caduc.
Avec le respect des droits d’auteur, c’est l’une des obligations les plus importantes de l’éditeur. Nombreux sont ceux qui ont eu des soucis avec leurs auteurs car ils étaient dans l’incapacité de tenir ce délai. Bien sûr, cela ne veut pas dire que votre livre paraîtra dans les deux semaines. Mais ce délai doit être raisonnable et vous pouvez considérer qu’au-delà d’un an, il est excessif.
Processus éditorial
L’éditeur est donc en charge du processus éditorial. Celui-ci recouvre plusieurs services qu’il doit fournir gratuitement et obligatoirement à l’auteur (à moins d’éditer à compte d’auteur, mais c’est une autre histoire).
Ainsi, l’éditeur prend en charge les corrections éditoriales – soumises à l’approbation de l’auteur – et les corrections typographiques, qui peuvent être menées indépendamment. L’éditeur se charge également de la mise en page et de la création de la couverture. C’est donc à lui, lorsque la situation l’exige, de trouver un illustrateur et de le rémunérer.
L’auteur a parfois un droit de regard sur la création de la couverture, auquel cas ceci est inscrit au contrat.
Rémunération et charges sociales
En tant qu’ayant-droit sur votre œuvre, l’éditeur se doit de vous rémunérer. Cette rémunération s’exprime en général en pourcentage du prix hors taxes de votre livre. Ce pourcentage n’est souvent pas le même lorsque le livre est vendu au format papier ou au format numérique. Ainsi, pour une édition en format papier, l’auteur touche généralement entre 8 et 10 % du prix de vente HT. Au format numérique, ce pourcentage se situe entre 20 et 50 % HT. Dans le cadre de cette rémunération, l’éditeur vous fera parvenir une à quatre fois par an un état des ventes.
De plus, votre éditeur peut éventuellement vous verser un à-valoir, c’est-à-dire une avance sur l’argent que vous allez gagner en vendant vos livres. Il y a trois choses à retenir à ce sujet :
Tout d’abord, l’éditeur n’a aucune obligation de vous verser une avance. Bien des auteurs (moi comprise) n’en touchent pas ! Quand il y a une avance, son montant est calculé sur une estimation de votre potentiel vendeur et des moyens de l’éditeur, donc une maison d’édition ayant un petit capital ne vous versera sans doute pas d’à-valoir.
En deuxième lieu, le terme « avance » signifie que cet argent que vous touchez sera déduit de vos futurs gains. Ainsi, si vous touchez 100 € d’à-valoir, vous n’aurez pas de droits d’auteurs jusqu’à avoir vendu suffisamment de livre pour recouvrir cette somme.
Le troisième point, c’est que plus l’à-valoir est conséquent, plus l’éditeur croit en vous et plus il s’engagera dans la promotion de votre livre. Ainsi un éditeur qui vous versera 2000 € d’avance (ce qui reste relativement rare) devra s’investir pour recouvrir cet argent déjà engagé… Et donc pour vendre votre livre. Un éditeur qui vous versera 50 € d’avance n’aura pas à déployer autant d’efforts pour revenir sur son investissement.
Enfin, sachez que l’éditeur prend souvent en charge le paiement des cotisations à l’AGESSA de l’auteur.
Promotion (toujours)
Si l’auteur doit se remuer pour promouvoir son œuvre (et c’est bien normal), c’est avant tout à l’éditeur de prendre soin de la bonne diffusion et de la visibilité du livre. C’est lui qui s’assurera d’avoir la meilleure couverture géographique possible, qui attribuera des exemplaires presse, et qui, dans bien des cas, paiera le défraiement de l’auteur lorsque celui-ci doit se déplacer loin de chez lui pour la promotion de ses œuvres. Marque-pages, produits dérivés divers…. Tout cela est à la charge de l’éditeur.