- L’espace-temps éditorial expliqué aux bébés-auteurs (première partie)
- Ce n’est pas parce qu’on est bébé-auteur qu’on peut aller dans n’importe quelle crèche
- Comment ne pas se faire publier
Les bébés-auteurs sont des êtres qui évoluent dans un monde à part. Si nous vivons dans une dimension et les éditeurs dans une deuxième, je pense que les bébés-auteurs viennent d’une troisième planète. Ils sont innocents, ils ont de grands rêves et tombent des nues lorsqu’ils apprennent les vérités qui font mal. Le pire, c’est que la majorité d’entre nous a déjà eu un moment bébé-auteur embarrassant…
1 – « Six mois pour se publier, c’est long ! »
Le bébé-auteur n’a aucune connaissance de la temporalité de l’édition. Il ne sait pas (encore) que les éditeurs ont leur propre espace-temps et que se faire publier prend, minimum, six mois. Maximum ? Mieux vaut ne pas lui donner des sueurs froides. Il y a des maisons d’édition qui ont des plannings sur plusieurs années.
2 – « J’ai mis mon roman en vente sur Lulu/TheBookEdition parce que j’avais marre d’attendre/les réponses tardent à arriver. »
Le bébé-auteur n’a aucune connaissance de la temporalité de l’édition. Il n’a pas encore appris qu’un des traits de l’écrivain doit être la patience. Sans patience, c’est la porte ouverte à toutes les frustrations. Les réponses (refus inclus) n’arrivent pas la semaine qui suit la soumission. Cela peut prendre des mois. Il y en a même qui arrivent toute une année après l’envoi. Long ? Oui. Extrêmement. Mais c’est la réalité de la chose.
Ensuite, mettre un roman en vente alors qu’on l’a soumis aux éditeurs, c’est une mauvaise idée. Les éditeurs veulent (souvent) de l’inédit, jamais publié (= disponible au public, du coup, même en ligne gratuitement n’est plus de l’inédit).
3 – « J’ai mis mon roman en vente sur Lulu/TheBookEdition pour attirer l’attention des éditeurs. »
Le bébé-auteur a l’impression que les éditeurs ne croulent pas suffisamment sous les manuscrits pour qu’en plus, ils plongent dans les plateformes d’impression à la demande à la recherche de la perle rare.
Le seul moyen d’avoir un éditeur intéressé par quelque chose de déjà publié, c’est son succès.
Cher bébé-auteur,
Tu plonges dans un milieu avec ses bizarreries, mais tu verras, c’est très instructif. Ça ne fait rien si tu ne sais pas toutes ces choses. Nous sommes ici pour t’aider, si tant est que tu veuilles de l’aide (NDLA : les bébés-auteurs n’aiment pas les conseils non-sollicités).
Être écrivain ne veut pas dire qu’il faille juste travailler le scénario de son histoire, corriger et savoir présenter son manuscrit (ça aide beaucoup, par contre). Être écrivain c’est aussi apprendre la patience. Tout est attente. Un éditeur et un Africain sont réglés sur la même montre (NDLA : j’ai le droit de dire ça, je suis africaine) : quand on te dit « demain », c’est sûrement la semaine prochaine ; quand on te dit « bientôt », ne retiens pas ta respiration. Je ne dis pas qu’on s’habitue (la montre africaine me donne des maux de tête), mais il faut composer avec.
Après la soumission, cher bébé-auteur, passe à autre projet, écris un autre roman. Tu verras que tu auras le temps de terminer le premier jet quand tu recevras le premier refus/la première réponse.
Billet originellement publié le 3 septembre 2013.
Tout cela est bien vrai, mais il manque un détail : lorsque le manuscrit est accepté et que l’éditeur demande des réécritures et corrections, jusqu’au BAT, c’est l’auteur qui se retrouve doté d’une montre africaine, tandis que l’éditeur, curieusement, semble alors utiliser une montre suisse.
Très vrai !
Il y a encore énormément de choses à expliquer aux bébés-auteurs. 🙂
Je plussoie, Einstein avait vraiment raison : le temps… c’est relatif !
Délicieux. Nous sommes tous passés par là, même prévenus souvent l’impatience se manifeste trop vite parce que les refus ne sont toujours pas arrivés, que la sortie du livre traîne et traîne, voire parce que la première fois, on a publié chez [censuré] et que ça avait mis deux semaines, ce qui fait qu’ensuite chez [un véritable éditeur, au choix] on ne comprend pas que les mois passent sans rien.
Oh oui ! Ces [censurés] rouillent notre chaîne et freinent terriblement. (Les … !)
Il y a aussi ceux qui ne répondent jamais (des noms!!!!!!!)
Oh, ça… C’est une toute autre histoire. 🙂
Oui, mais c’est également difficile de se donner pleinement à un tome 2 quand le tome 1 est quelque part entre le bureau d’un éditeur, sa PAL, sa corbeille, ses futurs contrats… Même si on sait pertinemment qu’il faut être patient et « passer à autre chose » (tête vs coeur), l’impatience et l’anxiété ne sont pas les meilleures amies de l’inspiration.
Il faut terminer le tome 2 avant d’envoyer le 1. 😉 (Enfin, c’est le conseil que je donne.)
Il tombe à pic cet article, je viens de recevoir une lettre de refus pour un envoi qui date du 06/04/2012 (soit près de 17 mois)… Mais il y a pire : je n’ai pas encore eu toutes les réponses pour ce manuscrit !
Entre temps, j’ai écrit deux autres romans, dont un publié cet été, alors oui, après avoir soumis : continuez à écrire 😉
Et c’est tellement jouissant de recevoir un refus pour un roman déjà publié !
Toujours de bons conseils 😉 Il faut savoir prendre son mal en patience et se lancer dans de nouvelles aventures 🙂
Je sais que le monde de l’édition anglophone est un peu différent du francophone, mais dans le genre, il y a cette auteur , Andrea K Höst, qui a envoyé un manuscrit à un éditeur, et l’y a laissé en « exclusivité » pendant… 10 ans.
Mais pas laissé comme ça., en revenant régulièrement aux nouvelles…
https://sites.google.com/a/andreakhost.com/the-glacier/
Depuis, elle a auto-publié ce livre (et d’autres), avec succès. C’est d’ailleurs une de mes belles découvertes d’auto-publication.
Alors, patienter, oui. Mais parfois, il faut aussi savoir fixer des limites à cette attente.
http://www.goodreads.com/author/show/4493935.Andrea_K_H_st?from_search=true
Je suis… o_O
ah ouais 10 ans, quand même…
en tout cas merci pour cet article! je fais partie des bébé-auteurs et j’adore ce genre de petit billet <3
même si pour ma part, même sans savoir quelle montre portaient les éditeurs, il me semblait surréaliste d'attendre la réponse sans rien faire o_O impossible de ne pas écrire pendant 1an (au bas mot) !
Oh, mais c’est juste ce roman qui est resté bloqué. Elle n’a évidemment pas cessé 1) de les relancer, et 2 )d’écrire.
Mais elle est passé à d’autres livres (et c’est tant mieux).
L’image de la montre africaine vs montre suisse est excellente !
Enfin, personnellement, je suis à l’heure africaine en interne, même sans être africain ^-^ J’ai toujours dis que, si j’avais le bonheur d’inventer une machine à remonter le temps, j’irai distraire (non-violence oblige) le gars qui a inventé la clepsydre. Après tout, c’est sa faute si les montres suisses ont gagné et nous stressent chaque jour…
En tant que bébé-auteur, il m’a fallu presque un an pour comprendre le temps éditorial… Maintenant, ça va mieux !
Ça finit par entrer ! :-p
A propos de la montre africaine, entendu quelque part au Sénégal :
– La ville suivante est à combien de kilomètres ?
– Oh ça dépend de l’état de ta voiture !
Le temps éditorial suit surement lui aussi sa propre logique irréfutable…
Elle est parfaite, celle-là !
Merci pour cet article qui tombe à point nommé pour moi. Après avoir auto-édité mon premier roman, j’ai décidé sur le second de tenter ma chance auprès des éditeurs. J’ai découvert dans un premier temps la dure loi des éditions à comptes d’auteur ou d’éditeur. Maintenant que je suis familiarisée avec ça, j’avoue que cela m’angoissait les temps de réponse des éditeurs. Je découvre que les délais sont plus longs que ce qui est annoncé sur les sites web des maisons d’éditions et que cela n’est pas forcément négatif! Alors je suis le conseil de Kanata, je continue à écrire.
Bon courage ! 🙂