Les métiers du livre

Marjorie Chebance, agent artistique

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[Espaces Comprises] Pouvez-vous vous présenter ?

Marjorie Chebance : Je m’appelle Marjorie Chebance et je suis agent artistique spécialisée dans le domaine de l’édition et de l’illustration.

[EC] Comment devient-on agent ?

Il n’y a pas de cursus scolaire à suivre ou de diplôme à avoir. Techniquement tout le monde peut devenir agent mais, à mon sens, une bonne connaissance juridique est primordiale, ne serait-ce que pour accompagner les auteurs dans la lecture de leurs contrats.

[EC] Quel a été votre parcours ?

J’ai travaillé pendant 7 ans en cabinet d’avocats comme assistante juridique et parallèlement à ce travail, j’ai suivi une formation de clerc d’avocat à l’E.N.A.D.E.P. (École Nationale de Droit et de Procédure). Une fois ma formation finie, j’ai créé mon agence.
Comme je le disais précédemment, pour moi il était vraiment très important d’avoir une bonne connaissance juridique avant de me lancer dans cette aventure.

[EC] Comment un agent se rémunère-t-il ?

Un agent est rémunéré par pourcentage sur les contrats qu’il trouve, sachant que la loi n’autorise d’aller au-delà de 10 %. Bien entendu, l’agent n’est rémunéré qu’après paiement de l’auteur par l’éditeur, soit le plus souvent à la date de rendu des illustrations finalisées.

[EC] Quelle est la différence entre agent d’auteur et agent d’illustrateur ?

Un agent d’auteurs s’occupe d’écrivain et un agent d’illustrateur d’illustrateurs.
Le travail reste le même mais adapté soit au travail d’écriture soit au dessin.
Personnellement, je m’occupe actuellement d’une cinquantaine d’illustrateurs et de cinq auteurs.

[EC] Quels sont vos critères pour accepter un nouveau client ?

C’est assez difficile à expliquer.
Il faut que la personne ait une bonne technique de dessin ou d’écriture mais il me faut également le « petit plus » qui me fera dire : « je veux travailler avec lui/elle ! ». Je marche au coup de foudre en fait.
Après je regarde également si le travail de la personne peut intéresser les éditeurs avec lesquels j’ai l’habitude de travailler.

[EC] Représentez-vous des auteurs de tous bords ? (Fiction/Non-fiction, Littérature blanche/SFFF ?)

Je travaille principalement avec des auteurs jeunesse.
Mais, que ce soit pour les illustrateurs ou les auteurs que je représente, il arrive qu’en plus de la jeunesse, ils aient d’autres cordes à leur arc et travaille dans des styles littéraires ou graphiques très différents.

[EC] Quels sont les droits que vous négociez ?

Je négocie tout le contrat. C’est-à-dire, bien entendu, le montant des droits d’auteur (à-valoir, forfait, fixe et/ou pourcentage) mais également toutes les autres clauses qu’il me semble nécessaire de négocier, voire de faire rajouter.

[EC] Négociez-vous également à l’international ?

Actuellement je travaille avec des éditeurs français, belges, suisses et canadiens.

[EC] Comment présentez-vous un travail aux éditeurs ?

Pour les illustrateurs, je présente un book aux éditeurs.
Il faut savoir qu’un éditeur ne prendra que quelques secondes pour étudier un book, il faut donc que ce dernier attire le regard immédiatement.
Pour les projets d’album jeunesse ou de livre, je présente un dossier.
Ce dernier doit comporter un synopsis, une note d’intention (ou note d’auteur), le texte intégral, la bibliographie et les coordonnées de l’auteur. Si le texte en question (notamment dans le cas d’album jeunesse) a déjà un illustrateur, le dossier comportera de 2 à 3 illustrations couleur finies voire également des recherches de personnages ou un chemin de fer.

[EC] Pouvez-vous nous expliquer votre façon de travailler ?

Il existe deux possibilités.
Soit un éditeur vient me voir en me disant : j’ai tel projet, avec telle dead line et je cherche tel style d’illustration et je lui propose un ou plusieurs books pouvant correspondre à ses attentes.
Soit je démarche directement les éditeurs avec un book ou un dossier de projet en faisant bien attention à ce qu’ils correspondent à leur ligne éditoriale et à leurs collections.
Les éditeurs reçoivent énormément de projets et de books, il est est donc très important de bien cibler ces envois.

[EC] Y a-t-il une différence entre les agents américains et les agents français ?

Le travail de base est de même à la différence qu’aux Etats-Unis ou même en Angleterre il est nécessaire de passer par un agent pour pouvoir être publié, ce n’est pas le cas en France.

[EC] Quel est l’avenir des agents dans un milieu où le nombre d’auto-publiés augmente ?

Beaucoup d’auteurs se tournent actuellement vers l’auto-édition mais ils se rendent vite compte du travail que cela implique : chercher un imprimeur et surtout s’occuper soit même de la promotion des livres, c’est-à-dire devoir être quasiment tous les week-ends en déplacement en salon pour les vendre. Sans compter avec la logistique et le stockage des livres. C’est un travail colossal !
Avoir un éditeur c’est ne pas avoir à gérer tout cela : négocier avec un imprimeur, trouver un distributeur et un diffuseur et avoir quelqu’un qui s’occupe de la promotion de votre ouvrage.
Je ne pense pas que l’auto-édition soit un problème en soit, il y aura toujours des éditeurs.

[EC] Que conseillez-vous aux jeunes auteurs d’aujourd’hui ?

S’ils veulent vraiment travailler en tant qu’auteur et en vivre : tout simplement de s’accrocher.
Ce n’est pas un métier facile et il faut vraiment beaucoup travailler et savoir surtout se remettre en question et accepter la critique. Ce n’est pas parce que l’on critique votre travail que l’on critique votre personne.
Ecrire c’est ré-écrire.
Pour les auteurs je dirai également qu’il faut lire énormément et de tout (romans, magazines scientifiques, livres jeunesse…).

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3 réponses à Marjorie Chebance, agent artistique incluant les trackbacks et les pings.

  1. Crews a dit :

    Bonjour,
    J’ai déposé mon livre sur Amazon et je me demandais si vous pouvez m’aider dans la promotion.
    Envoyer moi un lien vers le quel je pourrais vous faire parvenir une copie.
    Cordialement

  2. J’ai 2 romans en auto-édition et effectivement la promotion est fatigante.
    Du coup, ce post m’intrigue. Puis-je me permettre de vous contacter par mail ?

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