Publication numérique vs Publication papier (I)

Nous sommes à une époque où la façon de lire évolue. Du tout papier, nous passons au papier+numérique. Pourtant, certains lecteurs, et même auteurs, sont très catégoriques : pour eux, le numérique ne remplacera pas le papier et l’écrit perd son âme s’il doit être transmis à travers un écran.
Personnellement, en tant que lectrice, ma vie entre deux continents m’a poussée plus rapidement vers le numérique. Avoir ma bibliothèque sur moi en permanence est un atout non-négligeable. En tant qu’auteur, je suis publiée sous les deux supports. Est-ce que l’écran et l’encre électronique sont de moins bons ambassadeurs de nos écrits ? Je ne le pense pas. Nos textes doivent faire rire ou pleurer ou pleurer de rire (cela dépend de votre genre de prédilection !), peu importe le format. Ce sont les mots, les ambassadeurs de vos histoires, pas le papier ni l’écran.
J’ai demandé à quelques auteurs, papier et numérique, leurs avis.

Isabelle Wenta

Sur mes 5 romans publiés, 2 sont publiés à la fois sur papier et en numérique, les 3 autres uniquement en numérique. Les tomes 1 et 2 de La Saga d’Orion ont été publiés avant le « boum » du numérique et des tablettes, la question ne s’est donc pas posée à l’époque, il n’y avait que le papier. Puis les éditions Voy’[el] ont créé leur branche « numérique » et mes 2 romans y ont été inclus, tout naturellement dirais-je. Pour les 3 tomes de GeMs, écrits en collaboration avec Corinne Guitteaud, c’est un peu différent. Nous avons choisis de ne les publier qu’en numérique pour l’instant, car ça revient moins cher.
Personnellement, en tant que lectrice, je préfère le papier. Pour diverses raisons. Je ne suis pas à l’aise quand je lis sur un écran, j’ai de gros soucis de vue et le prix d’une liseuse est actuellement hors de mes moyens. Mais ce n’est pas pour autant que je vais rejeter le numérique en tant qu’auteur, car ce serait littéralement « cracher dans la soupe ». C’est en numérique que je fais le plus de ventes, il faut être lucide.
Je ne vois pas en quoi l’un serait supérieur ou inférieur à l’autre. Je ne pense pas non plus que le « numérique tuera le papier ». Il s’agit d’une nouvelle façon de lire, sans doute plus pratique, différente, mais pas obligatoirement antinomique. Et pour moi, un « auteur numérique » n’est pas meilleur ou moins bon qu’un « auteur papier ». Il n’y a aucune différence.

Philippe Devos

À l’époque de mon premier livre, la littérature numérique était peu répandue, aussi mon choix s’est-il naturellement tourné vers des éditeurs classiques. J’ai assez vite perçu les contraintes du livre papier aujourd’hui pour un petit éditeur : la diffusion et la distribution ont un coût et sont loin de pouvoir être assurées de manière optimale si vous n’avez pas signé chez un grand groupe. Les prix des ouvrages sont souvent assez élevés, et l’essentiel des ventes repose sur les épaules de l’auteur durant les salons.
Ayant commencé à écrire sur internet, et face à la démocratisation des liseuses, j’ai choisi pour mon deuxième ouvrage de tenter l’aventure du numérique. Premier constat : le numérique permet des prix beaucoup plus abordables pour le lecteur. De plus, à partir du moment où l’éditeur est investi dans le milieu, vous avez la garantie d’être recensé sur de nombreuses plate-formes. L’avenir pour les petits éditeurs selon moi, c’est de proposer leurs livres au format numérique, afin de limiter certains coûts, et l’impression à la demande, afin de ne pas se couper d’une partie du lectorat. Les deux supports sont complémentaires.

Anne Rossi

Je suis publiée en papier pour mes romans juniors (Suzy Online chez les Lucioles, Lita et les Corsaires rouges chez les Roses Bleues…) et en numérique pour mes séries de romance (Les Enfants du feu et Passeurs d’ombre chez Numeriklivres, les Enkoutan chez HQN, Les Yeux de tempête et Chronique d’un amour fou chez Láska…).
À la base, il faut savoir que je lis en numérique depuis très longtemps. J’ai possédé l’une des toutes premières liseuses sur le marché, à l’époque. Plusieurs raisons à cela : je lis énormément et je manque de place pour entasser les livres papier, je lisais beaucoup de textes en ligne et la liseuse est beaucoup plus confortable pour la vue qu’un écran d’ordinateur. Enfin, je n’ai jamais sacralisé le livre papier dans la mesure où j’empruntais ou achetais d’occasion mes livres, qui n’ont donc jamais été en très bon état (entre les pages qui manquent, les taches, les odeurs de tabac ou d’humidité…). Donc, au moment de chercher un éditeur, je n’avais aucune prévention contre le numérique, au contraire.
Cependant, la situation n’est pas tout à fait la même pour la jeunesse et la romance. La jeunesse se vend à l’heure actuelle encore très peu en numérique. D’ailleurs, il existe très peu d’éditeurs numériques jeunesse. Au contraire, la romance a bénéficié depuis le départ d’un élan supplémentaire donné par le numérique, c’est l’un des genres qui se vend le mieux dans le secteur.
Au final, j’ai été publiée en papier pour du jeunesse, par de petits éditeurs.

Avantages :

  • Le livre est un objet concret qu’on peut prêter, dédicacer ;
  • Accessible à tout le monde (sous réserve de la distribution) ;
  • On peut organiser des dédicaces en librairie ou en salon, voire des interventions dans les classes (pour le jeunesse) ;
  • Le livre papier jouit encore d’une meilleure image de marque auprès du public.

Inconvénients :

  • Pour les petits éditeurs, les ventes se font principalement sur les salons, il faut donc être très présent de ce côté ;
  • Toujours pour les petits éditeurs, les tirages ne sont pas très importants (donc les ventes non plus) ;
  • La publicité est peu importante.

Pour le numérique, j’ai été édité à la fois par un éditeur généraliste, bien positionné sur le marché (Numeriklivres), un petit éditeur spécialisé romance (Láska) et un gros éditeur spécialisé romance (HQN).

Avantages :

  • La diffusion est bien plus importante ;
  • Souplesse au niveau des prix, de la promotion ;
  • Souplesse au niveau des formats : mon format de travail privilégié, les séries à épisodes, n’aurait pas sa place en édition papier ;
  • Innovation (supports de dédicace, événements…).

Inconvénients :

  • Pas ou peu de présence en salons ;
  • Non accessible aux personnes pas équipées en liseuses, tablette, Smartphone ou ordinateur.

Au final, l’important, c’est d’avoir le choix…

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NaNoReBel, mode d’emploi

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nanowrimorebel

Si vous vivez dans une cave, êtes un extra-terrestre fraîchement débarqué, ou avez été élevé par des loups et récemment réintégré à la civilisation, tout ce que vous avez besoin de savoir sur le NaNoWrimo est résumé dans nos articles de l’an dernier, et de cette année.

Ce nouvel article vous propose d’explorer la face cachée du NaNo, le côté obscur du WriMo, j’ai nommé : la « Rebel Attitude » !

Résumé des épisodes précédents :

Pour comprendre cet autre aspect du NaNo, il est important de revenir sur ce qu’est fondamentalement ce dernier.

Lors de la mise en place des règles du NaNoWriMo en 2000, le challenge consistait à :

« Écrire un nouveau roman de 50 000 mots entre le 01 et le 30 novembre. »

Cette règle est toujours en vigueur et se développe de la sorte : (références = FAQ, règles générales, forum des réglementations du NaNoWrimo, histoire du NaNoWriMo)

  • Un support écrit (pas d’équivalence audio, vidéo ou d’autres médias) ;
  • Un nouveau roman (pas une réécriture ni la continuation d’un projet, mais bien un premier jet qui part du premier mot de votre histoire) ;
  • Un roman (un travail de fiction de taille suffisante, même si la tolérance est tout de même large puisqu’un recueil de nouvelles se qualifie, mais : de la fiction !) ;
  • Être l’unique auteur (pas de travail à plusieurs plumes) ;
  • Ne compte que ce qui a été écrit entre le 01/11 0:00 et le 30/11 23:59 (rien de ce qui a pu être préparé avant ou terminé ensuite) ;
  • 50 000 mots ou plus écrit pour le roman dans le temps imparti, type de travail comptabilisable (c’est assez simple : c’est tout ce qui est dans le manuscrit) :
    • Annexes ;
    • Citations (dans la limite ou le roman n’est pas une collection de citations) ;
    • Dédicaces ;
    • Épigraphes ;
    • Épilogues ;
    • Glossaires ;
    • Introductions ;
    • Notes de bas de page ;
    • Notes de fin d’ouvrage ;
    • Notes de l’auteur ;
    • Préambules ;
    • Préfaces ;
    • Prologues ;
    • Prose du texte lui-même ;
    • Remerciements ;
    • Symboles (écrits, type alphabet non latin) ;
    • Table des matières ;
    • Titres (du roman, des pages, des chapitres).

Mais qui sont donc les rebelles du NaNo ?

C’est simple… Si vous ne respectez pas intégralement toutes les règles susmentionnées : vous êtes un rebelle ! La beauté de la chose c’est que cela ne vous empêche pas de participer !  😉

Prenez mon exemple : pour le NaNo 2013, j’utilise le mois de novembre pour en fait « préparer » mon roman. C’est-à-dire présentation, résumé, synopsis, fiches de personnages, recherches, plan… tout est 100 % orienté vers le roman, mais rien ne figurera tel quel dans le manuscrit => Rebelle !

Certains auteurs – je ne suis pas une balance, je ne citerai pas de nom – en profitent pour finir leur roman en cours => Rebelles !

D’autres écrivent un mémoire, une thèse ou une autobiographie => Rebelles !

Plusieurs se liguent pour écrire à quatre mains et viser les 100 000 mots => Rebelles !

Et finalement, s’il est tentant de refaire sa bio pendant le NaNo => Rebelle ! (On a dit DANS le manuscrit, pas sur la couv’ ou la quatrième de couv’.)

Le distinguo entre rebelle et « tricheur »

Peut-on vraiment tricher au NaNo ? Ce n’est finalement qu’un défi que l’on se lance à soi-même, la récompense est personnelle et c’est plus entre votre conscience et vous que ça se passe…

Par exemple, je ne compterais pas les mots de cet article dans mon décompte, même sous prétexte que c’est la période et que « ça parle du NaNo ». Pour moi, les 50 000 mots DOIVENT être en rapport direct avec le roman. Sinon je pourrais faire un NaNo tous les mois rien qu’avec les ramassis de con*^ ?! que je produis dans mes courriels quotidiens.

La philosophie derrière le NaNoWriMo, ce n’est pas « pondre 50 000 mots à tout prix », mais « débrider votre imagination pour écrire en roman ». S’il se trouve que vous noircissez 50 000 mots au passage : tant mieux pour vous !

Et vous dans tout ça ? Plutôt respectueux jusqu’au bout des ongles ? Ou un peu rebelle sur les bords ? Lâchez-vous et dites-nous tout !

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L’importance de la description des personnages

En tant que lectrice, j’aime quand l’auteur décrit ses personnages. Dans son esprit, il doit bien avoir des résidus du héros qu’il a créé et j’aimerais y avoir accès.

Une fois, je lisais un roman de science-fiction et pendant la moitié du texte, j’avais imaginé l’héroïne d’une certaine façon puisque l’auteur ne donnait aucune description de ses personnages. Au milieu du roman (à environ 300 pages), on a enfin un indice : l’héroïne en question était poilue. Pas du genre poilue-parce-qu’elle-ne-s’est-pas-rasée comme Fiha avant qu’elle ne devienne la treizième concubine et ne subisse le supplice du caramel, mais du genre humanoïde-avec-fourrure. Le choc a été si grand que je suis totalement sortie de ma lecture (et je n’ai pas été la seule). Tout ce que j’avais imaginé pendant 300 pages s’avérait faux et pour reprendre la lecture, il me fallait recalibrer mon imagination. À ce stade, c’est un peu comme sortir le gâteau qui cuit dans le four depuis vingt minutes pour y ajouter de la farine, voyez ?
Sans descriptions, le lecteur impose sa propre vision du monde à l’auteur du roman. Il imagine un monde et si au trois quarts, l’auteur décide de donner enfin un indice, c’est trop tard. La fondation devient branlante. Ce moment où on se dit « tiens, cette fille doit être une grande blonde et distinguée » et soudain on lit « elle coupa ses cheveux bruns ». Hein ? À partir de quel moment l’auteur a-t-il décidé que le personnage en question serait brun ? Pourquoi ne l’a-t-il pas spécifié auparavant ? Quitte à ne rien décrire, que ce soit ainsi jusqu’à la fin du roman, ça éviterait les mauvaises surprises.

L’idéal serait (notez le temps employé) d’éparpiller les infos concernant le personnage pour éviter des blocs indigestes dès le départ. Si tel ou tel détail n’est d’aucune utilité dans ce passage-là, pourquoi se forcer ? On n’a pas besoin de parler de taille-poids-mensuration alors que le personnage vient d’entrer en scène, à moins que sa plastique de rêve ne fasse siffler les gens qui l’entourent (et là, on saura que non seulement que le perso est sexy, mais qu’il/elle évolue dans une zone qui craint).
On n’a pas besoin de faire de longues listes cliniques pour décrire quelqu’un. « Il avait les yeux verts », c’est un peu bof ; « la couleur de sa chemise rehaussait l’éclat de ses yeux verts » c’est un peu mieux. On n’a pas besoin de dire « il avait les cheveux roux », on pourrait parler de « les rayons de soleil faisaient ses cheveux flamboyer » (c’est un cliché, mais nous avons tous nos travers).

Est-ce important de parler de la race d’un personnage ? Pour moi (encore une fois, je rappelle que ce sont des avis personnels et que je connais des gens pour qui c’est un grand NON), ça fait partie de la description. On peut dire qu’un personnage a les cheveux roux, mais on ne peut pas dire qu’il est noir (pitié, pas « black » ou « de couleur », ça ne passe pas toujours très bien auprès des concernés) ? Ce serait ridicule. Ce n’est pas parce qu’un personnage est mongol ou amérindien qu’on ne va pas se l’approprier. Sinon, les femmes ne liraient jamais que des histoires de femmes, les hommes que les histoires d’hommes, et personne ne pourrait jamais écrire sur les extra-terrestres et les mutants. Là encore, tout dépend de comment le lecteur perçoit la chose (je vous conseille fortement l’article de Syven). Et non, on ne peut pas se contenter d’un nom. J’ai bien un nom allemand, mais je suis loin d’être blonde aux yeux bleus (et je n’aime pas la bière).

Le lecteur met ses clichés et ses propres préjugés dans ses lectures, alors si l’auteur ne s’est pas donné la peine de donner quelques indices en cours de route, il ne peut pas se plaindre que son héroïne blonde soit devenue une amazone brune dans l’imaginaire de ses lecteurs. Et s’il a la chance d’être adapté au cinéma et que les acteurs choisis n’ont pas du tout la tête qui se faisaient les lecteurs, alors…
C’est qu’il y a des polémiques qui partent de rien, ces jours-ci…

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Maëlle Selsynn, envoyée spéciale aux Utopiales

Le premier week-end de novembre, alors que pleins de nanoteurs commençaient avec fièvre leur NaNoWriMo, d’autres auteurs, lecteurs, et autrement férus de science-fiction se donnaient rendez-vous à Nantes pour la quinzième année consécutives. Aux Utopiales.

Qu’est-ce que c’est, les Utopiales ?
Une zone de rencontres et d’échanges autour de la science-fiction (surtout), quel que soit son médium (jeu vidéo, romans, bande-dessinés et/ou films), et qui s’ouvre aussi sur la science (actualités et quelques projets innovant de l’INSERM ou de l’agence spatiale) et des fois, au détour d’une conversation, les termes de fantasy ou de fantastique sont évoqués.

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Au plus grand espace de débat des Utopiales (espace Shayol) : échange autour de la thématique des planètes géantes. Les intervenants sont loin, mais des micros retransmettent leur paroles. Pour ceux qui ne comprennent pas l’anglais, des casques traducteurs sont prêtés gratuitement. Tout est là pour que le plus grand nombre puisse profiter de la conférence. Et quand il n’y a plus de chaises disponibles, il y a toujours des places par terre, entre les rangées, ou debout au fond.

Et il y a les invités. Des grands noms de la science-fiction francophone (française souvent) comme Pierre Bordage, Alain Damasio ou Gérard Klein…, et des invités étrangers, qui parlent en anglais (et certains ont plus ou moins du mal) comme cette année Orson Scott Card !
Les invités participent à des tables rondes, ou des « rencontres » (interviews), pour une heure. Comme il y a trois espaces de débats différents, souvent, on doit choisir ce qu’on veut faire.  Sans compter, qu’en même temps, des films sélectionnés par l’équipe des Utopiales sont projetés dans deux salles différentes. Encore des choix en perspective !
Les invités sont aussi présents dans la librairie éphémère montée spécialement pour les Utopiales par l’association des Librairies Complices. Si le vendredi (1er novembre, férié), les auteurs étaient assaillis par leur fans, on pouvait remarquer autour du samedi après-midi, la foule était beaucoup plus parsemée.
[minute groupie on]J’ai pu discuter avec Orson Scott Card, comme il n’avait plus personne à sa table ![/minute groupie off]

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Espace Shayol à nouveau, mais cette fois-ci, on peut voir les intervenants. Normal, au lieu d’être avec tout le monde, au centre, je suis sur le côté. Le thème : Un monde sans émotion. Les intervenants ont joyeusement dérapé dans toutes les directions sauf celle prévue… Bref, c’est de l’échange vivant. (Et puis c’est Orson Scott Card, quoi…)

Ça, c’est facile à expliquer, c’est ce qui est vendu sur leur site et leur plaquette, mais ce serait vraiment dommage de réduire une zone de rencontres à juste un cadre organisé. Parce que les Utopiales, c’est avant tout des rencontres, des projets et des passions. Ce n’est pas seulement d’assister en spectateurs muets à des grands discours.
C’est aussi de repérer une tête connue dans la foule, près du bar de Mme Spock, et de voler un canapé à un autre groupe, pour poser les questions fondamentales « Et alors, tu fais quoi en ce moment ? » et également de raconter les difficultés, les bonheurs ou les idées qui viennent d’arriver.
C’est aussi d’être en train de discuter avec une personne et qu’elle s’interrompt pour faire la bise ou simplement un signe de la tête à une personne inconnue qui ne fait que passer. Puis de demander, avec grande curiosité (on peut être timide, mais il faut cultiver sa curiosité, c’est très important) « C’est qui, dis ? », puis d’apprendre que c’est la responsable de la presse pour les éditions Atalante, ou le responsable de telle édition ou de telle collection.
On peut aussi remarquer que des projets s’approfondissent. En général, cela se remarque par deux ou trois personnes dans un coin, en train d’argumenter assez fortement, un cahier déjà bien gribouillé dans la main d’un d’entre eux.

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Le bar de Mme Spock. (Comme quoi les mauvaises langues qui diraient que je n’ai fait que photographier Orson Scott Card ont tort !)
Plein de groupes de tailles différentes se retrouvent (sur l’heure du repas, mais aussi à d’autres moments !). J’aimerais savoir la teneur des discussion. Au pif, je dirais : 25 % de projets, 25 % de lectures à échanger, 25 % de remarques sur les Utopiales et 25 % du reste.

De manière générale, les rencontres, festivals ou salon, c’est toujours la même chose, tant qu’un espace est clairement prévu pour la discussion et d’autres pour apprendre des choses.  Il y a des expositions (pour cette année, les expositions des Utopiales étaient très – trop – proches de celle de l’année dernière), des stands où parlent des passionnés, et des livres, plein de livres à acheter (toujours) et à faire dédicacer (quand c’est possible). Il y a des auteurs inconnus mais très sympas, qui acceptent de discuter avec les visiteurs. Il y a des auteurs étrangers qui essaient de dire quelques mots dans un français hésitant pour amorcer un dialogue avec un lecteur. Et il y a des lecteurs. Une foule de lecteurs qui peut très bien conseiller le nouveau roman de tel auteur qui est si bien, si génial.

Les Utopiales, c’est un endroit où on arrive quasiment les mains dans les poches (surtout si comme moi, on n’a pas regardé les auteurs présents en dédicace) et où on repart en croulant sous les livres.
Sauf si on s’appelle JC Dunyach, mais ça, c’est une autre histoire.

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Fleurs de dragon de Jérôme Noirez

This entry is part 3 of 6 in the series SFFF 100 % francophone

Noirez couvertureSalut à tous !

En préambule à cette chronique de novembre, je voudrais souhaiter un très joyeux anniversaire au site d'[Espaces Comprises], qui souffle sa première bougie ! Un site sur lequel j’ai appris beaucoup de choses en tant qu’auteur, même semi-confirmée, et qui me rappelle chaque jour une chose : on a tous besoin de s’entraider, nous, les auteurs. Sans cela, l’écriture serait un chemin solitaire triste à parcourir… vous ne trouvez pas ? Alors merci à [EC] d’exister, merci aux quatre admins géniaux qui ont un jour (ou une nuit, les connaissant !) décidé de se lancer dans cette folle aventure !

On se dit à l’année prochaine pour souffler la deuxième bougie ensemble, ok ? D’ici là, chers membres d'[EC], ne changez rien ! (Ou alors en mieux, mais pour ça, je vous fais entièrement confiance ;-))

Mais revenons à nos moutons, euh, nos chroniques…

Aujourd’hui, je vous invite à voyager dans l’espace et dans le temps… direction l’un de mes tout premiers coups de cœur en littérature SFFF francophone, qui se situe dans le Japon du XVe siècle. Vous êtes prêts ? Accrochez-vous à vos sabres et à vos chignons, c’est partiiii !

Fleurs de dragon – cycle Ryôsaku, tome 1
Jérôme Noirez
Éditions J’ai Lu
Paru en 2009

Japon, 1489.
Officier de justice, Ryôsaku se voit confier par le shôgun la mission de poursuivre de mystérieux criminels qui traversent une partie du pays en laissant derrière eux des cadavres de samouraïs. Pour accomplir sa tâche, Ryôsaku sera aidé de trois jeunes samouraïs d’une quinzaine d’années, Kaoru, jeune coq et peureux ; Keiji, adolescent tourmenté ayant déjà tenté de se faire seppuku ; Sôzô, joueur de biwa qui rêve de devenir compositeur.
Dans un pays sombrant dans la guerre civile, en compagnie de trois adolescents maîtrisant l’art du sabre, mais hantés par un passé douloureux, Ryôsaku traque sans merci ces tueurs insaisissables.
Intrigue policière et roman d’apprentissage, Fleurs de dragon entraîne le lecteur dans un monde mouvant, peuplé de moines aveugles, d’un monstre légendaire et de fillettes se prenant pour des ninjas, un monde sombre où est enfoui un terrifiant secret…

Un coup de cœur ! Pourquoi ?
Parce que, tout d’abord, l’écriture est très belle. Une mention spéciale aux métaphores, toujours très bien trouvées, et qui  tournent autour de la nature. Ça m’a rappelé les poésies japonaises : simples mais belles, où la nature a toujours une grande place.
Ensuite, le cadre historique en lui-même : l’auteur connaît son sujet, on sent qu’il le maîtrise très bien, mais il n’assomme pas son lecteur d’informations inutiles. Ce que j’ai bien aimé, aussi, c’est que les détails historiques faisaient à chaque fois écho à mes cours de civilisation japonaise… 😉
Enfin, les personnages : ils sont peu développés, peu décrits, mais tout de suite caractérisés. Ils sont surprenants, et on s’attache à eux dans les premières pages. J’ai autant apprécié l’officier Ryôsaku que Sozô le samouraï joueur de biwa, Kaoru le fier et maladroit qui nous fait rire, ou bien encore Keiji le samouraï orphelin en quête de vengeance. Ces trois derniers personnages sont des adolescents, et ils n’échappent jamais bien longtemps au « marteau de sagesse » de Ryôsaku, qui leur en donne des coups à chaque bêtise ! ^^
Par contre, ne vous attendez pas à une ambiance fantasy : nous sommes plutôt dans le fantastique. Et encore, nous flottons à la limite entre la magie et le réel. Il y a certes une force surnaturelle, mais celui fait partie du quotidien des japonais à cette époque… c’est un temps rempli de kami, d’esprits maléfiques, de démons transformés en femmes, de kappa, de renards : du roman historique à ambiance fantastique, en somme ! Mais de la SFFF tout de même, bien entendu, sinon je ne vous en parlerai pas ici. 😉

Bref : belle écriture, histoire sympathique, personnages attachants, cadre envoûtant… j’ai adoré !

En plus, à la fin, il y a un glossaire sur les armes utilisées par les personnages, ainsi qu’un petit précis historique rapide, décrivant les guerres d’Onin (Onin no ran). Le roman se situe juste après celles-ci, lors de la reconstruction de Kyôto.

Un incontournable si vous souhaitez vous initier aux mystères du Japon médiéval !

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