NaNoWriMo en français, parus ou à paraître

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Le NaNoWriMo peut être la porte ouverte pour de nouvelles aventures littéraires et éditoriales.
Voici la liste des romans francophones écrits pendant NaNoWriMo au cours des dernières années et publiés, que ce soit en édition classique ou indépendante.

2010

  • Entrechats de Cécile Duquenne, Éditions Voy’[el] (NaNoWriMo 2005)

2011

2012

  • Passeurs d’ombre d’Anne Rossi, Numeriklivres (Camp NaNoWriMo 2012)

2013

  • L’Ouroboros d’argent d’Ophélie Bruneau, Éditions du Chat Noir (NaNoWriMo 2010) ;
  • Une démone chez les anges d’Anne Rossi, Éditions Sortilèges (NaNoWriMo 2011) ;
  • Suzy online  d’Anne Rossi, Éditions Les Lucioles (NaNoWriMo 2011) ;
  • Les Épreuves de l’amour de Deirdre Campbell, Éditions Láska (NaNoWriMo 2011) ;
  • L’Agence de Suzanne Vanweddingen, Rryozz Éditions (NaNoWriMo 2011) ;
  • Naturalis de Franck Labat, Éditions Prisma (NaNoWriMo 2011)

2014

  • Lacrimosa d’Alice Scarling , Milady (NaNoWriMo 2012) ;
  • Les Héritiers de Cindy Van Wilder, Gulfstream 2014 (NaNoWriMo 2008) ;
  • Le Dernier Train de Suzanne Vanweddingen, Rryozz Éditions (NaNoWriMo 2005) ;
  • Aujourd’hui ne se termine jamais de Jo Ann von Haff, Éditions L’ivre-Book (NaNoWriMo 2008)
  • Les Yeux de Léon de Jo Ann von Haff, Éditions Láska (NaNoWriMo 2013)
  • Les Femmes qui ont du chien de Marie Hamel (auto-publication)
  • Zombitions d’Aurélie Mendonça, Rebelle Éditions (NaNoWriMo 2013)

2015

  • La Dernière Fée de Bourbon d’Ophélie Bruneau, Éditions du Chat Noir (NaNoWriMo 2013)
  • Tout revivre de Mélody Gornet, Éditions Thierry Magnier (NaNoWriMo 2013)
  • Une bière, des mangas et un sourire charmant de Hope Tiefenbrunner, HQN (Camp NaNoWriMo 2014)
  • L’Opale de feu 2 d’Anne-Cerise Luzy (auto-publication) (NaNoWriMO 2014)
  • La Corrosion des anges de Nathalie Beaux (auto-publication (NaNoWriMo 2013)
  • Rédemption de Bérengère Rousseau, Éditions du Riez (NaNoWriMo 2013)
  • Annabelle 2, Nouvelle leçon de Sara Agnès L., Éditions Milady Romance (NaNoWriMo 2011)

2016

  • Palimpsestes 1 d’Emmanuelle Nuncq, Éditions du Chat Noir (NaNoWriMo 2013)
  • Souffleur de rêves de Bérengère Rousseau, Éditions Livr’S (NaNoWriMo 2012)
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Écrire votre synopsis

Préambule

Ha ! Le fameux synopsis… Ou comment massacrer votre œuvre de huit cents pages bourrée de sous-intrigues, de rebondissements inattendus et de personnages à la psychologie plus fouillée qu’une thèse de Freud,  en une seule malheureuse feuille A4. Moi, j’ai une technique imparable : je n’en fais pas !

Ben oui, c’est définitivement l’outil de prospection que je déteste le plus. Donc à moins qu’il ne me soit explicitement demandé, je ne m’en occupe pas.

Et là vous vous dites : « Il a du culot tout de même, il nous avoue ne jamais faire de synopsis, et en même temps il prétend nous expliquer comment en faire un ! »  Ce en quoi je ne peux pas vous donner tort. Sauf que…

  1. Je n’ai jamais dit jamais. J’ai dit que je n’en faisais que si on me le demandait explicitement.
  2. Autant j’ai pu en faire l’impasse dans la prospection éditoriale de mes romans, autant le synopsis est INCONTOURNABLE dans le monde du scénario que j’ai fréquenté dans une autre vie.
  3. Certes, je n’ai jamais prospecté les éditeurs avec un synopsis, par contre… Une fois édité, on me l’a demandé pour engager d’autres démarches.

Conclusion : je n’en suis (malheureusement) pas à mon premier syno.

Vous l’aurez compris, je n’aime pas les synopsis. Pour moi c’est une corvée, un supplice. D’ailleurs rien qu’à l’idée de faire cet article, j’ai des poussées d’urticaire ! (Faut-il pas que je vous aime…) Du coup, j’ai industrialisé la chose (avec l’aide d’une auteure d’outre-Atlantique dont je ne retrouve plus la source… Susan quelque chose, vers fin 2010 si j’en crois mon fichier doc. Si quelqu’un retrouve la ref, j’ajouterai un lien => référence ici, merci à Crazy!). À défaut de combler mon côté créatif (qu’il faut enterrer pour la rédaction d’un syno), cela satisfait mon côté obsessif compulsif.

Mais au fait, un synopsis, qu’est-ce que c’est ?

C’est :

  • Un résumé de l’intrigue principale de votre roman qui dévoile impérativement la fin.
  • Idéalement un texte d’une page, voire une page et demie maximum (3 000 à 4 500 sec) qui suit la chronologie de votre intrigue (note : il existe le synopsis long, quatre à cinq pages, plus souvent demandé pour la prospection de scénario, mais qui ne fait pas l’objet de cet article).
  • Une écriture simple, factuelle et précise, sans fioriture ni tournure de style alambiquées, mais néanmoins soignée (vous êtes auteur et c’est une vitrine, donc variez le vocabulaire, les liaisons et chassez les lourdeurs. Un synopsis est court, chaque mot doit compter).
  • Un outil par lequel le prospect cherche à savoir si vous savez articuler une histoire, et ce qu’elle vaut.

Ce n’est pas :

  • Un résumé de texte.
  • Une quatrième de couverture.
  • Un pitch.
  • L’endroit où essayer d’attirer votre prospect à lire votre livre en entier en laissant planer le suspense.

Règles d’or

  • Vous devez révéler la fin (c’est pour ça que je déteste les synopsis en tant qu’auteur de thriller, révéler la fin m’est viscéralement très difficile, et pourtant il faut briser la magie du suspense et tout dévoiler dans un synopsis).
  • Même si vous avez une pléthore de personnages, contentez-vous d’en nommer TROIS maximum. Normalement :
    • le protagoniste ;
    • l’antagoniste ;
    • un autre personnage clé (genre le compagnon ou l’intérêt romantique).
    • Référez-vous aux autres personnages par leur titre, leur profession ou leur rôle (le Roi, le policier, l’amant…).
  • N’intégrez pas les sous-intrigues, le synopsis court ne doit vous laisser la place que pour traiter l’intrigue principale (d’où le synopsis long…).

Rédigez votre synopsis en répondant à 11 questions

Si vous n’êtes pas familier avec le vocabulaire et la structure dramaturgique, je vous renvoie à ce lexique et l’illustration suivante avec l’emplacement des événements liés aux 11 questions :

               3actes-syno

(Notez bien que grosso modo, ce que le prospect cherche à savoir à travers votre synopsis, c’est justement ça : voir si vous maîtrisez la structure, et ensuite se faire une idée si le thème l’intéresse).

ATTENTION, l’exercice sera illustré avec La Guerre des étoiles, spoiler complet pour ceux qui ne l’auraient pas encore vu (c’est possible ça ??).

1. Introduction de l’histoire

Quel est le contexte de l’histoire ? Un passage très court pour mettre dans l’ambiance de l’histoire.

« Il y a très longtemps, dans une galaxie éloignée, un gouvernement autoritaire et sans merci prend un à un le contrôle de tous les systèmes planétaires connus. Son nom : l’Empire. Tous ceux qui s’opposent à son régime sont impitoyablement exterminés. »

2. Introduction du protagoniste

Qui est le personnage principal ? Présentez le protagoniste en une ou deux lignes descriptives (sur sa personnalité, son physique tout le monde s’en fout à ce stade à moins que ce ne soit un point capital de votre histoire). Indiquez ses motivations au début de l’histoire.

« Luke Skywalker, un garçon de ferme naïf et plutôt doué en robotique, rêve de devenir pilote pour pouvoir quitter la planète désertique sur laquelle il habite. »

3. Incident déclencheur

Qu’est-ce qui représente l’incident déclencheur ? Décrivez la situation, l’événement, la décision ou le changement qui va déclencher l’action initiale du protagoniste et le sortir de sa routine. (À ce stade, il peut encore faire marche arrière et retrouver sa petite vie tranquille.)

« Alors qu’il part acquérir deux nouveaux robots pour aider à la ferme, il découvre que l’un d’entre eux recèle le message secret d’une princesse. Elle possède des plans pouvant servir à détruire l’Empire et appelle à l’aide quiconque pourra les livrer à la rébellion sur une planète lointaine. Luke décide de rendre visite à son ami et mentor Ben Kenobi, un vieil ermite, pour lui demander son aide. »

4. Passage premier-deuxième acte

Quel est le premier tournant décisif ? Décrivez la décision ou l’action qui fait que le protagoniste (et l’histoire) bascule complètement. (À ce stade, il n’y a plus de retour en arrière possible.)

« Ben révèle à Luke l’existence des rebelles qui combattent l’Empire, aidés par la mystérieuse « Force » et les chevaliers de l’ordre Jedi. Il lui intime de faire face à Dark Vador, l’homme qui a tué le père de Luke et cherche désormais à l’anéantir. Luke refuse, mais lorsqu’il retourne à la ferme, il ne trouve que des ruines en flammes. Il n’a plus d’autres choix que de joindre la cause de Ben. »

5. Conflits et rencontres

Quelle est la première difficulté à surmonter ? Dans la phase de confrontation, le protagoniste doit surmonter ses premières difficultés (normalement liées à l’antagoniste, il est donc temps de le révéler). Le plus souvent, d’autres personnages interviennent également à ce moment-là.

« Pour quitter leur planète désertique, Ben et Luke font appel à un pilote mercenaire et son co-pilote alien. Luke, Ben et les deux robots quittent leur planète pour rejoindre l’Étoile de la Mort, lieu de résidence de Dark Vador et base principale de l’Empire. »

6. Climax médian

Quel est le climax médian ? Décrivez le rebondissement (et le changement irréversible induit sur le protagoniste), qui tout comme le passage premier-deuxième acte, change complètement la donne.

« À bord de l’Étoile de la Mort, Luke découvre que la princesse y est retenue en otage. Avec les robots et ses nouveaux compagnons, il part à son secours tandis que Ben cherche un moyen de leur permettre de s’évader de la base impériale. »

7. Ça s’arrange, ou pas

Qu’est-ce qui laisse à penser que le protagoniste approche du but, mais foire lamentablement ? Décrivez le rebondissement qui pourrait assurer la victoire du protagoniste, mais se retourne contre lui.

« Après avoir secouru la princesse, Luke et son groupe tentent de s’évader. Ils sont dans l’impasse, et Ben se sacrifie pour leur permettre de fuir. Il est tué par Dark Vador en personne tandis que le groupe décolle à bord de leur vaisseau.  »

8. Dépression

Quel est le moment où le protagoniste est au plus bas ? Expliquez le conflit auquel doit faire face le protagoniste pour continuer de l’avant.

« Luke est dévasté par la mort de Ben. Mais sa détermination à combattre Dark Vador et aider les rebelles dans leur combat n’en est que plus grande. Il s’allie à l’armée rebelle et les aide à mettre au point un plan d’attaque contre l’Étoile de la Mort. »

9. Climax

Quelle est la confrontation finale entre le protagoniste et l’antagoniste ? Décrivez le conflit final.

« L’Étoile de la Mort rejoint l’armada rebelle et l’attaque commence. Luke rejoint un escadron d’assaut. Les rebelles doivent faire face à des pertes colossales, et bientôt, Luke reste l’un des rares pilotes avec un vaisseau encore en état de combattre. Il tente sa chance et lance l’assaut final. Guidé par l’esprit et la voix de Ben, il s’ouvre à la Force et parvient à placer le tir critique qui détruit la base impériale. »

10. Résolution

Quel est le dénouement ? Décrivez le retour à la vie « normale » (ou pas) de vos personnages suite au climax.

« Avec l’Étoile de la Mort détruite et l’Empire en déroute, les rebelles tiennent une grande cérémonie en l’honneur de Luke et ses amis. La princesse leur remet des médailles pour leur bravoure. »

11. Conclusion de l’histoire

Quel est l’état d’esprit final ? Quel que soit le résultat de votre histoire, quelle en est l’ambiance/état d’esprit final (si possible du point de vue du protagoniste).

« Bien que Luke soit toujours attristé par la perte de Ben et de sa famille, il a trouvé sa place parmi les rebelles, et avec eux, il est prêt à continuer le combat contre l’Empire. »

Voilà… Vous prenez vos réponses, vous assemblez, peaufinez un peu le vocabulaire, les répétitions, les liaisons et tutti quanti, et hop, presto : vous avez votre synopsis !

Article du 6 septembre 2013

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Corriger un roman – INTRO

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correctionsNous avons exploré la phase de conception d’un roman à travers les séries sur la méthode du flocon, la scénarisation et la résultante hybride des deux. Aujourd’hui je vous propose de faire un bond dans le temps et de passer directement à la phase de correction. Cette série se déroulera en quatre articles :

1. Cette intro ;
2. Révision du fond ;
3. Révision de la forme ;
4. La conclusion.

Commençons tout de suite avec une question importante :

Jusqu’où corriger son texte ?

Si vous êtes de ceux qui pensent : « Jamais ! Mon premier jet est final et les correcteurs se chargeront des menus fautes et coquilles pendant que je planche sur mon prochain chef d’œuvre », merci d’être venu, vous pouvez passer votre chemin – et probablement supprimer ce blog de vos favoris. Par contre, si en lisant le titre de cet article vous avez eu une ou plusieurs des réactions suivantes :

  • Kit du chasseur de vampireVous avez levé les yeux au ciel dans un souffle déprimé en laissant retomber vos épaules de deux crans ;
  • Vous n’avez pas pu retenir un petit rictus narquois – car vous venez vous-même de finir vos corrections, hein ? C’est ça ?
  • Vous êtes pris d’une soudaine crise d’urticaire ;
  • Vous avez remis le manuscrit qui trônait fièrement sur votre bureau depuis une semaine, dans son tiroir, sans même l’ouvrir, et êtes parti massacrer la manette de votre console de jeux ;
  • Vous avez fondu en larmes en susurrant « Pourquoi tant de désarroi, ô monde cruel ? Cette tâche, n’en verrai-je point le bout du tunnel ? » – ou plus prosaïquement « putain, j’en peux plus ! »
  • Par pur réflexe, vous avez sorti un crucifix, un pieu et une gousse d’ail – pardon, je voulais dire un Bescherelle, un dico et une gomme.

… alors bienvenue à bord. 😉

Rien ne me ferait plus plaisir que de vous donner LA réponse à cette vaste question « Jusqu’où corriger son texte? » à travers le présent article. Franchement, cela me rassurerait, je n’aurais plus de sueurs froides la nuit, de crises d’angoisse au lever et de coups de déprime durant le trajet au boulot. Malheureusement, en tant qu’auteur, je suis très bien placé pour savoir que les mondes imaginaires ne sont que dans mes écrits. Dans la vraie vie, je n’ai pas la réponse absolue à cet épineux problème qui touche beaucoup d’entre nous.

Je pourrais vous faire des réponses à l’emporte-pièce du type :

Jusqu’où corriger son texte ? Jusqu’à la mort ! => Provocateur et un brin militant, mais pas d’une grande aide – si ce n’est pour le nuage de tags et les statistiques Google.

Plus simplement, je vous dirai qu’il faut le corriger jusqu’à ce qu’il soit « bon ». Oh ! Je sais, ça n’aide pas beaucoup plus. Tout est dans la définition du terme et nous avons sans doute tous notre propre définition d’un bon texte ou d’un mauvais.

Je vous propose donc de laisser la partie subjective de côté, après tout, écrire reste un art et il n’y aura jamais de majorité absolue sur ce qui est bon ou pas dans ce domaine – enfin j’espère, car la pensée unique est un concept qui me fait très peur ! Reste cependant à se pencher sur la partie objective de la chose. En effet, aussi artistique soit l’acte d’écrire, il n’en reste pas moins des règles et techniques de base à respecter (tout comme les peintres avec les mélanges de couleur ou les sculpteurs avec leurs outils différents en fonction des matériaux utilisés).

Dans les prochains articles de cette série, nous passerons donc en revue les points clés à vérifier sur le fond – j’en vois déjà monter sur leurs grands chevaux. Si si, il y a bien des choses « objectives » à vérifier sur le fond. Et sur la forme. Pour illustrer nos propos, nous utiliserons un best-seller français sorti en 2011 chez un grand éditeur. J’en tairai le nom par respect du travail d’écriture, mais pour référence nous utiliserons les informations suivantes :

  • Titre du roman = Le vieil artefact.
  • Auteur = Nikkos Brisant.
  • Éditeur = Mitch Bottom.

 

Première publication le 31 mai 2013

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En papier, en numérique ou sur du papier toilettes : lisez !

Souvent, je tombe sur des « cartes » qui disent J’aime l’odeur des vrais livres. Ou Un livre papier a une âme. Ou encore Rien ne vaut le livre papier et ces pages qu’on tourne. Je tombe aussi, souvent, trop souvent, sur des discussions où un/e intervenant/e est catégorique : Je hais le numérique ! C’est la mort du livre ! Le numérique est une voie de garage ! Cette guerre entre le « vrai livre avec une âme » et le « brouillon numérique par dépit » est lassante en plus d’être totalement ignorante.

Il y a quelques années, j’étais de celles et ceux qui ne voulaient pas troquer le livre papier pour rien. Je regardais les blogueuses littéraires qui troquaient l’encre pour l’e-ink et je me disais « Zeus, comment c’est possible ?! Quelle trahison ! ». Note : je me disais. À aucun moment, je ne suis allée attaquer ces mêmes blogueuses parce qu’elles testaient, à chacun son éducation… Puis, en 2012, ma vie a changé. Je vivais entre deux pays (l’un des deux pays étant loin sous les Tropiques) (Quand on dit Tropiques, on pense de suite aux Caraïbes. Non, camarades, ce ne sont pas ces cocotiers-là.) (En plus, il n’y a pas que des cocotiers, sous les Tropiques, il y a aussi des gratte-ciels modernes, en verre et béton armé dernier cri.) et je n’avais plus mes livres avec moi. J’avais (et j’ai…) une centaine de romans papier qui attendaient patiemment que je me dévoue et leur consacre du temps, mais le temps, je n’en avais pas/plus, et je n’ai pu qu’emmener trois livres dans mon sac à dos en me demandant si je ne faisais pas une erreur. C’est vrai, quoi, de 100+ romans, pourquoi ces trois-là ? Pour la bibliophile que je suis, c’était un crève-cœur. Pendant que j’étais sous le soleil (c’est pour l’image, hein ? Je n’aime pas trop le soleil, au fait.), j’ai terminé mes trois romans et je me suis penchée sur les livres qui étaient à ma disposition, mais aucun n’était en français. (Note pour ceux qui viennent de tomber sur [EC] — Bienvenue, au passage —, je ne suis ni française ni francophone de naissance.) Et j’avais besoin de lire en français, et j’ai eu la panne de lecture de ma vie. Là où j’étais, la poste est inexistante, alors rien que de penser commander un livre en France pour le faire expédier c’était de l’utopie (j’attends toujours une lettre et ça fait deux ans qu’elle a été envoyée…). J’ai lu des manuscrits qu’on m’envoyait en .pdf et c’était pénible, non pas parce que c’était du .pdf, mais parce que je ne pouvais lire que sur mon ordinateur et c’était pas l’idéal. À ce moment-là, j’ai commencé à envisager sérieusement l’achat d’une liseuse. Quand je suis rentrée en France, j’ai sauté le pas et j’ai acheté mon deuxième meilleur ami après l’ordinateur. Pouvoir acheter un livre en un clic et le lire une seconde plus tard, même à l’autre bout du monde, c’était comme un rêve. Après avoir été privée pendant des mois, me revoilà plongée dans la littérature francophone. C’était l’euphorie, je venais de découvrir le chocolat.11044579_805768369460258_4653094017893924861_n

En découvrant le format numérique, mon moi-lectrice était comblé. Restait le moi-écrivain, celui qui ne pouvait pas les soumettre parce que les soumissions papier étaient impossible. Je ne lisais quasiment plus que des e-books, c’était l’idéal pour la nomade digitale que j’étais. Vivre entre deux continents, faire toujours attention à l’excès de bagages et être passionnée de littérature, l’équation est vite faite et le résultat est vite trouvé : le numérique était ma solution. Alors j’ai soumis des romans à des maisons d’édition exclusivement numériques. Ce n’était pas par dépit, c’était un véritable choix qui s’inscrivait dans mon mode de vie. Depuis, j’ai publié cinq livres, un en papier (et j’ai dû attendre un nouveau passage en France pour l’avoir dans les mains, ce qui est vraiment frustrant pour un écrivain) et quatre exclusivement en numérique. Et selon les retours que j’ai eus, j’ai pu faire rire, sourire et pleurer avec mes textes digitaux et ils ont autant d’âme que s’ils avaient été imprimés.

Ce n’est pas le support qui fait le livre. Ce n’est pas le support qui donne l’âme à votre écrit. Ce sont les mots. Et les mots n’ont pas besoin de papier pour vivre. On peut être ému quand on entend un conteur, quand on écoute une musique, quand on voit un film. À aucun moment, le support n’a été la raison pour laquelle vous avez ri, souri, pleuré, ou/et réfléchi.  À aucun moment, le papier n’a été la raison pour laquelle une histoire est devenue vivante. L’imagination n’a pas besoin de papier et d’encre, elle a juste besoin d’expression. Un tableau. Une sculpture. Ou pas. La paréidolie joue de vos sens, vous raconte quelque chose. Vous avez le droit de ne pas aimer le numérique. Vous avez le droit d’adorer l’objet livre. Je suis un auteur numérique et je ne hais pas le papier, je ne le renie pas. Les deux formats peuvent vivre ensemble (trois formats, d’ailleurs, avec le livre audio !). C’est clairement plus facile de faire dédicacer un livre papier (même si dédicacer un e-book est tout à fait possible). C’est beau, ces étagères qui croulent sous les livres, ces couvertures dans les rayons d’une librairie. Mais avoir ma bibliothèque, de 100+ livres dans un objet fin comme un passeport, avoir accès à toutes mes lectures à l’autre bout du monde sans passer par le dilemme du livre à emporter… Quel pied !

Les gens, vous aimez lire. Alors lisez. Papier. Liseuse. Papier toilettes. Boîte de céréales. Notices. Peu importe. Lisez. Vous n’avez pas eu besoin de papier pour imaginer, vous avez besoin de mots. Alors voyagez avec les mots et les histoires qu’on vous raconte. Le support, franchement, n’est qu’un détail.

Bonnes vacances et bonnes lectures. 🙂

Jo Ann von Haff.

lisez

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Du travail, un peu de chance et beaucoup de talent : une interview de Fanny André (2/2)

[FC] : Peux-tu nous parler du travail que tes éditeurs t’ont demandé sur tes textes, des fameuses corrections éditoriales ? Est-ce que c’est ce à quoi tu t’étais attendue ?

Fanny André : Oui et non. J’ai finalement trouvé l’exercice proche du travail fait en bêta-lecture, mais pas que. Selon les éditeurs, le travail a été assez différent. Cela va de la coquille, la faute relevée, jusqu’à une phrase ou un passage maladroit à reformuler. L’intérêt du travail du texte avec l’éditeur me semble vraiment prendre deux formes :

  1. Quand l’éditeur soulève une incohérence, l’impression d’une relation qui se précipite, d’un évènement qui manque et vous dit « Cet endroit pourrait permettre une scène en plus ». Là, il vous aide à rajouter un maillon à la chaîne, et cela vient vraiment de ce regard extérieur qui nous manque sur nos textes quand on a bossé dessus des heures. Je ne l’ai pas encore rencontré, mais je pense qu’à l’inverse, il y a souvent des coupes quand un texte est long. Certains paragraphes entiers se révèlent parfois des redites sans qu’on s’en rende compte.
  2. Un travail de lissage : le texte en lui-même n’est ni coupé ni rallongé, mais on en est au moment où on lisse la sculpture, on ponce le bois, on passe le vernis… (J’ai dit que j’avais suivi un cursus artistique.) Je me suis retrouvée à chipoter pendant cinq minutes sur un « du » ou un « le », sur un adjectif (On change, on enlève ?)…

J’ai vécu ces deux aspects sur mes corrections éditoriales. Peut-être tout simplement parce que les textes étaient différents. Les deux me semblent complémentaires, mais le premier point permet un dernier adieu aux personnages et j’ai bien aimé cet aspect (alors qu’à l’origine, j’étais persuadée que je n’arriverais pas à me replonger dans le livre et à ressortir une scène qui ne dénote pas).

Couverture d'Un amour marqué (2015) chez les éditions Numeriklivres
Couverture d’Un amour marqué (2015) chez les éditions Numeriklivres

[FC] : As-tu des projets d’écriture ou d’autres publications prévues pour cette année ?

Fanny André : Oui. Normalement, il y aura la nouvelle à paraître chez Láska (celle qui a gagné le concours donc) et une autre romance pour cet automne chez Milady.

[FC] : Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui débute dans l’écriture ?

Fanny André : En ce moment, je suis souvent contactée sur ce sujet. Les gens doivent me confondre avec Bernard Werber, peut-être qu’on a la même adresse mail ! C’est assez étrange à vivre quand on n’a pas l’impression d’avoir trouvé le sésame magique pour autant, que comme tout le monde, on a des livres en soumission et qu’on croise les doigts de pied, car il nous faut les mains libres pour continuer notre tapuscrit en cours.

  1. Je pense qu’il faut être patient et persévérant.
  2. Se renseigner (on peut le mettre en gras ? Il me semble que ça compte à 50 %, 49 % de travail et 1 % de « Inch’Allah »). Ne pas signer n’importe où les yeux fermés en se disant : « Tant pis, je veux être lu, je ne vais pas me renseigner sur les types de contrats qui se pratiquent, négocier quoi que ce soit… », certaines maisons sont de belles arnaques ! Si on fonce tête baissée en se disant « Je serai publié en six mois, ça va le faire », vous êtes génial ou ça va être compliqué selon moi. Et continuez à croire en vous, évitez de signer chez un éditeur qui ne vous fait qu’à peine envie en vous disant « Je n’arriverai pas à mieux ». Si vous ne croyez pas en vous, qui va le faire ?
  3. Cherchez de l’aide et des bêta-lecteurs, on n’y arrive pas sans cela. Il ne faut pas qu’une copine qui aime votre style, au contraire, prenez quelqu’un prêt à vous bousculer : déjà, ça fait avancer et ça blinde un peu. Les lecteurs ne seront pas plus tendres, ils seront pires ! Votre bêta a la gentillesse de vous ménager, même quand il vous rudoie, et il a conscience du boulot. Il faut une personne capable de comprendre votre style, mais pas forcément qui vous ressemble, au contraire. Et sachez camper sur vos positions quand on vous pousse à changer ce qui compte à vos yeux et fera vraiment le sel de l’histoire. La balance entre la remise en question et le doute inutile est complexe.
  4. Il ne faut pas croire qu’un premier jet tient la route. Le rebosser. Beaucoup. Beaucoup. Aller sur les forums comme Mille-Feuilles, Cocyclics, même si au départ ça froisse un peu (beaucoup, passionnément, c’est selon) l’ego. Et la dernière fois qu’on m’a demandé, j’ai donné le lien d’Espaces Comprises (en vrai, hein, pas juste pour faire bien pour l’interview).
  5. Finir par envoyer le manuscrit. Certains n’arrivent jamais à cette étape et quelque part, il y a un vrai problème de fond dans ce cas. On écrit pour être lu (lapalissade, mais pas tant)… Ou il faut être honnête avec soi-même et se dire qu’on écrit pour remplir un disque dur ou un tiroir, au choix. Si on écrit des chefs-d’œuvre, ou, plus probablement mais c’est bien aussi, des œuvres potables qu’on n’envoie jamais (ou qu’on ne finit jamais, ça marche aussi), il me semble que c’est dommage. On n’écrit pas tous Harry Potter du premier coup (j’assume totalement ma référence), mais ce n’est pas une condition pour avoir le droit d’envoyer un texte. On m’a déjà posé la question « Et si personne ne veut de mon livre ? » Alors peut-être y a-t-il encore du travail. C’est le jeu. Et même si un éditeur vous dit « Mettez-vous au macramé, vous perdrez moins de temps ». Déjà, méfiez-vous, cette activité dénote de drôles de goûts. Plus sérieusement, cet éditeur est-il le seul au monde à pouvoir émettre un avis ou à avoir raison ? Peut-être un de ses confrères dira le contraire. Mais peut-être pas sur ce projet-là, c’est possible aussi. C’était peut-être vos gammes, et le reste est à écrire.

Même si ça devient très long comme réponse, dernière chose, dite par Anne Rossi pour le coup : Le temps de l’éditeur n’est pas le même que le nôtre. Alors qu’on trépigne d’impatience devant sa boîte mail, qu’on expérimente une drôle de distorsion du temps… on finit par se poser et prendre un thé. Il le faut ! Les nouveaux projets sont là pour ça. J’ai lu une intervention de Nadia Coste qui disait en substance : se faire éditer ressemble au bout du chemin, mais ce n’est que le début. Au final c’est très vrai (même si forcément on est impatient d’en arriver là, je le sais bien !).

[FC] : Si tu as envie d’ajouter quelque chose, je te laisse le mot de la fin…

Fanny André : Je m’étais promis de répondre en mode sérieux et cela semble un peu raté. La prochaine fois… ou pas. Merci pour cette interview et pour le reste, Florence ! (J’ai décidé de finir de façon grave originale, pour marquer les esprits.)

[FC] : J’aurais bien intitulé ton interview « Du travail, un peu de chance, beaucoup de talent et une bonne dose d’humour », mais j’ai eu peur que ça fasse trop long ;). Merci pour tes réponses, Fanny !

Fanny André : Et tu aurais même pu ajouter « et beaucoup de parenthèses »… Puis quand on voit la longueur de mes réponses, un peu plus, un peu moins…

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