[Espaces Comprises] Pouvez-vous raconter la naissance des Roses Bleues ?
Marilyn Stellini : Une de mes amies intimes est une auteure incroyable qui s’ignore. Elle écrit pour elle-même et se moque du monde éditorial. Pour moi, c’était évident : il faut que ses textes rencontrent leur public, il faut que d’autres que moi soient exaltés par son univers et sa plume. Comme je travaille dans l’édition depuis quelque temps déjà, la chose s’est imposée à moi : Jade (Jade Bert, le Secret de Forlnjörd) n’accepterait de travailler avec personne d’autre que moi, et il me fallait une structure établie pour la convaincre. C’est ainsi que je me suis lancée tout début 2012 et que j’enchaîne coup de cœur sur coup de cœur avec un émerveillement croissant. Et bien sûr, la cerise sur le gâteau, c’est d’avoir pu récemment annoncer cette parution.
[EC] Quelle est votre ligne éditoriale, votre public ?
On fait de la fiction. À part cela, c’est très large, jeunesse, lectorat adulte, littérature blanche, une part belle à la poésie dans Les Nénuphars, un roman fantastique suspense tirant sur l’horreur pour la fin de l’année… Il y a bien sûr aussi le fait que nous ne publions que des textes dont le personnage principal est féminin. Pourquoi ? me demande-t-on systématiquement. Eh bien je réponds, pourquoi pas. J’assume mon rôle de passeur, alors à côté je m’amuse et je fais ce qui me plaît. Et mettre en avant des héroïnes fortes et le clamer, ça choque, mais c’est avant tout ludique.
[EC] Quels sont les formats ?
Pour les tirages papier, on fait du 14 x 21 sauf exception (on partira sur du poche pour la jeunesse désormais et du grand format pour les romans plus consistants). Il y a aussi le numérique.
[Note : pour chaque livre papier acheté, l’e-book est offert.]
[EC] Comment se déroule la soumission ?
On ouvre ponctuellement les soumissions, souvent juste pour une collection. Inutile de songer à nous pour la jeunesse, le calendrier est clos pour les années à venir. Ensuite on demande des envois électroniques, c’est plus facile à dispatcher aux lecteurs. Il nous faut un synopsis détaillé pour nous rendre compte de l’ensemble et on aime bien lorsque l’auteur se présente. Qu’il ait déjà été publié ou non n’a aucune importance, mais, quand on parie sur un roman, on parie aussi sur son auteur.
Les délais de réponse… Sans que ce soit une norme, c’est de quelques jours quand c’est non (peu importe si ça fait hurler ou si un mythe s’effondre, non, quand ce n’est pas bon, on le voit en quelques pages et on ne va pas s’amuser à tout lire) à quelques mois quand c’est oui. Et il ne faut pas hésiter à nous relancer, non, on ne le prend pas mal du tout.
[EC] Comment choisissez-vous un roman ?
Uniquement au coup de cœur, peu importe le genre, la longueur (enfin il faut quand même un minimum)… Il y a bien sûr certaines contraintes concernant le calendrier mais on essaie de s’arranger avec l’auteur (Patrick Huet attend depuis un an !).
[EC] Qu’est-ce qui vous rebute dans un manuscrit ?
Les fautes, bien sûr, mais aussi quand l’auteur écrit comme il parle (sauf si c’est vraiment très bien fait, je demande à voir), et si l’auteur n’y a pas mis ses tripes. Quand chaque ligne sue l’ego démesuré aussi. Une dernière chose, mais pas des moindres, qu’il n’y ait aucun fil rouge. La trame narrative, c’est le B-A BA.
[EC] Quel a été le dernier coup de cœur ?
J’ai littéralement adoré l’univers de Petite Fleur des Champs, un roman jeunesse qui paraît en mai.
[EC] Quel a été votre plus grand best-seller ?
Best-seller n’est pas le terme, mais notre succès est l’anthologie Contes de fées. Ce qui me fait jubiler parce que j’adore les nouvelles et que je suis ravie de donner une chance à ce format.
[EC] Quelles sont vos actualités ?
L’actualité c’est le roman de Tiphaine Mora : Les Nénuphars ou les mémoires d’une décadente. Cette jeunette a 21 ans et une maturité déconcertante.
Il y aura d’autres choses, mais notamment à la rentrée le roman de Jess Swann, très attendu par les Janeities puisqu’il adapte en version moderne Orgueil et Préjugés. C’était un roman de commande mis au concours, une autre façon de s’amuser, pour l’auteure, pour nous, et pour les futurs lecteurs.