[Espaces Comprises] Pouvez-vous raconter la naissance de L’ivre-Book ?
Lilian Ronchaud : Il y a un peu plus de deux ans, j’ai souhaité changer de vie professionnelle. Ayant toujours été passionné par les livres, j’ai envisagé de m’installer comme libraire, mais je me suis vite rendu compte que je ne pouvais pas aller bien loin sur ce chemin. M’étant longuement documenté sur l’édition numérique, je me suis rendu compte qu’il pouvait y avoir encore de la place pour moi.
[EC] Quelle est votre politique concernant les DRM ?
Très simple : aucun DRM, ni tatouage ni je ne sais quoi.
[EC] Quelle est votre ligne éditoriale ?
Je sais que beaucoup d’auteurs n’aiment pas la réponse que je vais donner : je n’en ai aucune. La seule ligne que je suis est de publier les textes qui me plaisent.
[EC] Quel est votre public ?
Les genres que je publie étant assez éclectiques, je peux considérer que mon public l’est tout autant.
[EC] Comment se déroule la soumission ?
J’ai, au début, démarché plusieurs auteurs. Certains m’ont envoyé des textes, d’autres non. Depuis, les textes m’arrivent régulièrement et je suis, hélas, obligé de faire comprendre que je ne peux plus en prendre avant au moins 6 mois.
[EC] Comment choisissez-vous un texte ?
Je lis tout d’abord quelques pages afin de juger de la qualité de l’écriture. Si dès le début je m’aperçois de la pauvreté de cette écriture, je préviens rapidement l’auteur que je n’irai pas plus loin.
Sinon, je lis jusqu’au bout et je juge selon l’histoire racontée, l’intérêt qu’elle peut avoir et surtout l’intérêt qu’elle m’a apporté.
[EC] Qu’est-ce qui vous rebute dans un manuscrit ?
L’écriture en mauvais français, les fautes à chaque coin de page et la platitude dans les dialogues.
[EC] Quels conseils donneriez-vous aux auteurs qui se lancent ?
Ne pas prendre tous les éditeurs pour des ennemis, les respecter si l’auteur souhaite être respecté. Ne surtout pas prendre son propre texte pour un chef d’œuvre que rien ni personne ne peut retoucher, et surtout être patient.
[EC] Comment se déroule la publication ?
Une fois que le texte est accepté, signature du contrat, généralement tutoiement réciproque entre l’auteur et moi-même, inscription de l’auteur sur un groupe Facebook où tous mes écrivains sont réunis.
Je demande à l’auteur s’il considère son texte comme définitif ou s’il souhaite y apporter des corrections. S’il considère qu’il est définitif, je lui suggère quelques modifications à apporter à l’histoire (si modifications il y a) puis je corrige ou je fais appel à un correcteur pour revoir le texte.
J’envoie à l’auteur le texte corrigé pour un Bon à Numériser, ce qui signifie que si l’auteur est d’accord ce sera cette version du texte qui sera éditée.
Ensuite je fabrique le livre numérique (entre-temps j’ai pu faire appel à un illustrateur pour la couverture) et j’envoie un exemplaire à l’auteur pour un Bon à Diffuser ; ce sera ce livre qui sera vendu dans les librairies.
[EC] Acceptez-vous des collaborations avec des éditeurs papier pour la publication de vos auteurs ? Dans quelles conditions ?
Mon contrat d’édition ne prévoit l’exclusivité que sur l’aspect numérique du livre. L’auteur peut donc se faire éditer en papier où il le souhaite. Jusqu’à présent, j’ai édité des romans publiés chez Rivière Blanche (qui ne publient qu’en papier et qui me confient gentiment le texte), je le signale par une mention sur la couverture et à l’intérieur du livre.
Si d’autres éditeurs exclusivement papier veulent prendre contact avec moi pour des versions numériques, ma porte leur est ouverte.
Inversement, si des éditeurs papiers sont intéressés par les textes que je publie, cela ne pose aucun problème.
[EC] Quel a été votre dernier coup de cœur ?
Tout simplement la dernière œuvre que j’ai lue, un recueil de nouvelles de Thierry Bourcy (auteur connu pour ses romans policiers chez Folio) qui devrait paraître dans quelques mois chez L’ivre-Book.
En fait, il faut savoir que chaque œuvre que j’édite est quelque part un coup de cœur.
[EC] Quelle a été votre meilleure vente ?
Deux livres quasiment à égalité : Le Monde au-delà des brumes de Hugues Douriaux et Du chômage d’Andy Vérol.
Deux auteurs et deux œuvres totalement opposées et différentes.
[EC] Quelles sont vos actualités ?
Formidablement nombreuses, je n’en citerai que quelques-unes :
Mettre en œuvre l’édition de plusieurs textes reçus dans le cadre d’un AT sur Lovecraft.
Continuer le développement de ma collection érotique avec notamment la parution d’une anthologie sur la fessée.
Démarrer la réédition de la série du Commandeur de Michel Honaker et celle de la série Le Monde de la Terre Creuse d’Alain Paris.
>inscription de l’auteur sur un groupe Facebook où tous mes écrivains sont réunis.
Et si on ne veut pas être sur fesse-bouc ? ^^
J’ai deux ou trois auteurs qui n’y sont pas, cela ne gêne en rien.
Alors on meurt… c’est connu et scientifiquement prouvé : si on te like pas, tu n’existes pas !