Méthodes

La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Épilogue

This entry is part 11 of 12 in the series La méthode du flocon

Voilà, je vous ai traîné sur dix articles et c’est maintenant que vous allez comprendre que je ne suis en fait rien de plus qu’un sadique, car tout ceci n’était pour rien !

En effet, je n’ai qu’un conseil à vous donner, contrairement à l’adage bien connu : « ne faites pas ce que je dis, faites ce que je fais ».

 Pour forfait illimité*, je ne suis retourné à cette méthode qu’à la moitié du récit. Pour Marqueur 26, un bon quart existait déjà sous forme de roman-feuilleton avant que je ne décide de le convertir en roman et ne commence à gribouiller ma petite phrase de l’étape 1.

Je ne passe pas forcément le temps indiqué pour chaque étape, j’en « bâcle » même quelques-unes. Allez-y, butinez, grappillez ce qui vous est le plus utile. Je ne vois que 3 raisons de les suivre religieusement :

  1. C’est votre premier projet de roman. Si vous passez du court métrage (la nouvelle ou le poème) au long métrage (le roman) ou si c’est, tout simplement, votre première incartade dans l’écriture, les garde-fous vous seront d’autant plus utiles.
  2. Vous êtes perdu. Que ce soit parce que vous n’avez plus écrit depuis longtemps ou parce que vous n’êtes plus au centre de cette zone de création qui vous guide habituellement, le doute peut vous faire renoncer. Vous focaliser sur la méthode peut être le rocher salvateur dans la tempête, le moyen de tenir en attendant une accalmie.
  3. Vous êtes pris par le temps. Étrangement, moins on a de temps pour écrire, plus il est important d’en investir pour formaliser la préparation. De fait, si vous êtes libre et écrivez à la journée longue, vos idées peuvent rester en tête sans se dénaturer par vos autres activités. Par contre, si vous devez jongler avec votre emploi du temps, votre boulot, la famille et autres obligations, vos idées vont finir par se morceler dans la masse de ce que vous avez à penser et retenir au quotidien. Le risque de perdre le fil et de vous laisser submerger par l’ampleur de la tâche qu’est l’écriture d’un roman est alors très grand ! Avoir jalonné le chemin en amont, être capable de vous référer en un coup d’œil à votre plan ou à une fiche de personnage pour rebondir rapidement et reprendre là où vous vous étiez arrêté est alors salvateur pour replonger rapidement dans les méandres de votre œuvre.

Le tiercé gagnant

Comme pour les courses de chevaux, il y avait 10 étapes au départ, je vous livre ici mon tiercé gagnant :

  1. Le plan → C’est mon outil principal durant l’écriture, il me permet de suivre ma progression et, surtout, le soir, de rapidement me replonger là où j’en étais sans avoir à relire systématiquement le ou les chapitres précédents. Un simple coup d’œil me permet de resituer l’action, les notes pour la scène à venir de déclencher mes idées et mon inspiration. Et en cas de besoin pour la cohérence, je peux juste retourner en arrière dans mon tableau pour vérifier vite fait un point ou un autre.
  2. Les fiches de personnages → Ma bible. Elles me permettent de replonger dans la psychologie des protagonistes, de me remémorer leurs petites manies, leurs signes caractéristiques, leur physique, leur accoutrement, etc.
  3. Le synopsis complet → Si j’ai été obligé d’arrêter l’écriture pour un petit moment, il me permet de me rafraîchir la mémoire sur l’atmosphère et, couplé au plan, de repartir au plus vite sans nécessairement devoir relire tout ce qui est déjà couché sur papier.

La beauté de la chose

Pour moi, l’intérêt est de pouvoir travailler et surtout progresser un peu chaque jour, aussi bien pendant la conception (une phrase par-ci, un paragraphe par-là, une fiche de personnage à la fois…) que pendant l’écriture. C’est bien plus motivant quand on visualise sa progression sur un cadran plutôt que d’être dans le flou total, et la segmentation se prête à « optimiser » mon temps voué à l’écriture. (Encore une fois, si j’étais écrivain à temps plein, ou si je pouvais mener un projet d’une traite, il serait peu probable que j’agisse de même.)

Et la durée dans tout ça ?

Tous les temps sont purement indicatifs, des limites supérieures à ne pas dépasser afin de fuir la fée procrastination. Je pars du principe que 1 j = 7 h et 1 s = 35 h (mais n’allez pas vous imaginer qu’écrivain est un boulot de bureau relax pour autant). Il va de soi que la première fois, on prend plus son temps pour chaque étape, on cherche ses marques. Par la suite on avance plus vite.

À l’heure actuelle, je tourne à un peu moins de 100 h pour achever le plan, mais structurer augmente ma cadence d’écriture de l’ordre de 33%. Pour vous donner un ordre d’idée, je me suis rendu compte que jusqu’à 300 000 signes espaces comprises, l’investissement n’en valait pas forcément la chandelle. À 300 000, cela s’équilibre (avec le bénéfice ajouté d’une bien meilleure cohérence). Au-delà de 300 000, c’est tout bénéfice. Pour Forfait illimité* et Marqueur 26, c’est entre 75 et 100 h de gagnées, et cela juste pour le premier jet parce qu’en général, la première réécriture est elle aussi grandement réduite de par la diminution des erreurs de cohérence.

Et après ? (ou avant, ou même pendant)

Cette série d’articles ne couvrait volontairement que la conception scénaristique. Ce n’est pas suffisant pour écrire un livre, bien sûr, mais c’est une grosse partie. D’autres points capitaux mériteraient d’autres séries, comme la dramaturgie, la focalisation ou, plus terre à terre, la concordance des temps et la correction. Je vous enjoins à nous rester fidèle, [EC] est là pour ça. 😉

Les recherches :

Qu’elles soient quasi nulles (vous maîtrisez déjà le sujet), partielles (juste besoin de vérifier des dates, lieux, architectures, etc.) ou longues et fastidieuses (vous devez apprendre un sujet complexe), c’est ce qui décidera si vous devrez les entreprendre avant, pendant ou après la phase de conception.

L’écriture :

Les problèmes de genre, styles, syntaxe, vocabulaire, grammaire, lourdeur des phrases, typographie, etc. viennent définitivement après la phase de conception traitée par cette série d’articles.

L’édition :

La préparation de votre « dossier », la prospection des éditeurs, c’est bien entendu la dernière phase (bien après la conception, l’écriture, la relecture et LES correctionS). Ne cherchez pas un éditeur avec un produit qui n’est pas à 110% abouti. À noter que votre synopsis court, avec un petit travail de réécriture pour le passer en bon français, sera parfait pour le « synopsis » parfois demandé par certains éditeurs.

Derniers conseils

C’est la dernière fois que je le répète, promis : Soyez créatif avant tout. Pliez la méthode à votre inspiration et pas l’inverse.

Que ce soit pour cette phase, celle des recherches, de l’écriture, des corrections ou de l’édition, sachez qu’être écrivain, c’est 5% de talent et 95% de travail (allez, 10/90 si vous voulez…). Ce n’est pas un constat que les nouveaux auteurs aiment en général, mais c’est comme ça. Oubliez le savoir inné du Bescherelle et les longues envolées littéraires taillées au cordeau. Si vous êtes vraiment sérieux à propos de l’écriture, le meilleur talent dont vous puissiez vous munir, c’est la persévérance !

Documents & références

Vous trouverez ci-dessous tous les supports finaux qui illustrent cette série.

Les sources d’informations :

Si vous voulez aller plus loin :

  • New Novelist – Un logiciel d’aide à la conception et écriture de roman.
  • oStoryBook – Un logiciel d’aide à la structure de roman ou scénario.
  • Freemind – Un logiciel gratuit de gestion d’idées.
  • Final Draft – La référence en terme d’outil de création scénaristique et scripts.
  • Comment ne pas écrire des histoires ­­– pleins de conseils réalistes sur les erreurs les plus communes des primo-romanciers.
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7 réponses à La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Épilogue incluant les trackbacks et les pings.

  1. kak a dit :

    articles très intéressants, et très constructifs; j’ai adoré.
    bravo et merci pour l’aide apportée.

  2. Penguin a dit :

    Wow, c’était très inspirant, tous ces articles ! Merci pour les conseils, ça me sera utile je pense 🙂 C’est vrai qu’une méthode n’a pas a être suivie scrupuleusement mais adaptée ; après, ça ne coûte rien d’essayer… sauf du temps ! (et de l’énergie, j’admets)
    J’essaierai de m’y mettre prochainement ; en attendant, merci à vous pour le détail, j’ai beaucoup ri sur certains exemples !

    Bien à vous,

  3. Mélanie a dit :

    Merci pour cette super méthode !
    J’ai toujours écrit, au feeling. Pour les nouvelles, aucun soucis… mais là, je me suis lancée dans mon premier roman. Je me suis rendue compte que l’histoire ne tenait pas du tout la route ! J’arrivais plus du tout à écrire, j’ai tout mis en pause pendant des mois… Et puis j’ai lu cette méthode ! C’est magique. Les idées me viennent, fusent. J’ai revu toute mon histoire à zéro. Tout est lié… C’est magique. J’ai envie d’écrire. Je me retiens en attendant de finir toutes les étapes de cette méthode.
    J’en suis à l’étape 6 et franchement c’est super.
    Ca permet de développer les personnages, tous, pas seulement les principaux (jusqu’à présent, je n’avais l’histoire que des deux héros.) et franchement je la conseille à toutes les personnes qui veulent écrire !

    Merci encore pour tout 😉

  4. favdb a dit :

    Bonjour,

    Juste un petit correctif : StoryBook n’existe plus, c’est maintenant oStorybook disponible ici: http://ostorybook.tuxfamily.org/
    J’assure la maintenance et le développement de ce logiciel et j’envisage d’y intégrer un assistant basé sur cette méthode des flocons. Votre série est donc une aide précieuse pour ce développement. Merci beaucoup pour les auteurs en herbe.

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