Méthodes

La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 5

This entry is part 5 of 12 in the series La méthode du flocon

L’étape 5 – Développer la 4e de couverture en un synopsis de l’intrigue (1j)

Avec les personnages principaux ébauchés, vous devriez maintenant avoir une bonne vision générale d’où va votre histoire et notamment, si elle fonctionne dans les grandes lignes (ou pas). Cet investissement de quelques heures peut vous faire économiser des mois d’écriture avant de vous apercevoir que le récit tombe à l’eau.

Continuons notre cheminement logique : il est temps de mêler  l’intrigue générale avec celles des personnages pour obtenir un petit synopsis de référence. Rien de bien long, une ou deux pages maxi, une touche supplémentaire qui sera elle aussi détaillée par la suite en un synopsis complet.

Reprenez votre paragraphe de l’étape 3 et tâchez d’en faire un synopsis de quatre paragraphes.

  • Développez la 1ère et 2nde ligne ensemble dans un premier paragraphe ;
  • Développez les lignes 3, 4 et 5 chacune en leur propre paragraphe.

Cela devrait donner :

  • Trois paragraphes (lignes 1+2, 3 et 4) qui s’achèvent chacun sur l’un de vos écueils ;
  • Un dernier paragraphe (ligne 5) qui s’achève par le dénouement lui-même.

Soyez explicite. C’est un outil pour vous, pas un exercice littéraire. Le style n’a pas besoin d’être soigné et chaque mot pesé comme pour votre manuscrit final. Dû à mon passé canadien, il m’arrive d’avoir carrément des mots ou des phrases en anglais dans mon document de conception, ce n’est pas un problème, c’est pour MOI ! Le document de conception N’EST PAS À PARTAGER, ni avec un éditeur ni avec un agent littéraire, c’est le journal intime de votre roman. Bâtissez-le comme vous l’entendez et comme il vous sera le plus facile à utiliser. Quand viendra le moment de préparer une fiche de présentation de votre roman pour partir à la pêche aux éditeurs, vous verrez que ce travail pourra servir. Moyennant un simple effort pour remettre le tout au propre, tous les éléments seront déjà à votre disposition, un gain de temps appréciable.

Idées et toujours… CONFLIT !

C’est le moment de faire évoluer les idées et de développer le conflit, n’en restez pas aux principaux écueils utilisés jusque-là et qui ne sont autres que :

  • « L’incident déclencheur » (écueil #1, la situation qui fait basculer le protagoniste dans le récit) ;
  • « Les éléments perturbateurs » (écueils #2 et #3, qui sont les échecs principaux à l’avancée de la résolution) ;
  • « Le point culminant » (climax final ou tout se joue / est dévoilé).

Injectez dans chaque paragraphe de nouvelles idées, directions, conflits et obstacles locaux, tensions…

Vous devriez maintenant avoir une histoire solide entre les mains. Toutes les zones sont en place sur le tableau. Il est temps de poser les grosses brosses, de choisir des pinceaux plus fins et de commencer à détailler un peu les traits sur la toile.

Exemple

« Kevin Craft est un génie à part qui, sans le support inconditionnel de sa femme, serait sans doute juste une autre âme errante aux fins fonds d’un asile miteux, rejeté par cette société dont il ne comprend pas les règles. Sous sa tutelle, le sociopathe a pu s’épanouir et briser de remarquables limites en matière de modélisation informatique et projection statistiques. Subventionnés par l’ONU, ils appliquent ses recherches à la prédiction des grands maux de notre époque dans l’espoir que l’organisme puisse sauver des vies en prévenant des catastrophes majeures. Rythmé au fils chaotique de la psyché de Kevin, le couple vit une vie marginale, mais heureuse. Elle sereine de son choix et son rôle important, lui plus fonctionnel qu’il ne l’a longtemps été. Un soir de gala, Kevin, pris dans ses travaux, laisse sa femme partir en avant et c’est le drame. Elle est attaquée et assassinée dans une ruelle adjacente au bâtiment où se déroule l’événement.

Livré à lui-même et son chagrin, Kevin est incapable de gérer la situation, il n’a tout simplement pas les outils et facultés sociales nécessaires. Les conversations les plus banales et les interactions quotidiennes lui sont déjà un effort surhumain, alors des démarches policières à l’enterrement, de la succession au suivi quotidien de la maison, il est en territoire inconnu. L’entourage d’abord compréhensif se lasse rapidement de son comportement. Peu à peu, il sombre, se renferme, redevient le phobique social qu’il était, rongé de l’intérieur par une pensée très simple : il est le seul responsable de la mort de sa femme. S’il avait été là, s’il l’avait suivie, rien de tout ceci ne serait arrivé. Abusant de ses droits et prérogatives, il utilise le matériel de son labo pour modéliser les événements autour de l’incident, outrepassant toutes les lois sur la vie privée. Il récolte la moindre parcelle d’information pour parfaire son modèle. Exaspérés par son comportement, ses responsables décident de le suspendre du projet et exige qu’il se fasse suivre par un psychiatre avant d’envisager son retour.

Kevin ne peut se résoudre à abandonner, son esprit ne le lui permettrait pas de toute façon, il est entré dans un état obsessionnel intense. Aucune action, aucune notion ne peuvent le dissuader d’atteindre son but. Il va utiliser ses algorithmes pour projeter sa conscience dans le passé, « posséder » son propre corps quelques minutes, juste au bon moment pour éviter le drame. Pour cela, il lui faut voler ses dernières simulations, toujours emprisonnées au cœur des systèmes de l’ONU, et trouver des financements pour monter rapidement le matériel nécessaire à son expérience. Lorsqu’il est contacté par le magnat d’un mystérieux consortium, désireux de savoir s’il voudrait appliquer ses recherches probabilistes à des fins plus lucratives, il n’hésite pas une seconde et s’engage avec le troublant Eugene Black. Ce dernier l’espionne de près et comprend vite que la réelle motivation du chercheur est de briser la barrière du temps, un pouvoir auquel Black ne saurait résister et dont il décide de s’emparer.

Les expériences progressent et Kevin approche du but en surmontant les difficultés techniques grâce à l’appui de Black qui ne recule devant aucun crime pour lui procurer les composants les plus rares. Le soir de son premier test, Kevin se projette quelques minutes dans le futur et surprend sa propre mise à mort par les sbires du magnat. De retour dans le présent, il n’a que le temps de se projeter, cette fois dans le passé. Une seule et unique chance de tout régler. S’il parvient à sauver sa femme, rien de tout ceci n’arrivera et la vie reprendra son cours normal, sans Black et sans voyage dans le temps. De retour au labo quelques semaines plus tôt, il réincarne son corps juste après le départ de sa femme, lâche tout et se précipite à sa suite. Il est arrêté à la sortie du bâtiment par l’un des sbires de Black et ne peut, impuissant,  que regarder sa femme quitter le parking vers une destinée toute tracée… »

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14 réponses à La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 5 incluant les trackbacks et les pings.

    • Kanata a dit :

      Éh oui… pas de repos pour les guerriers et guerrières de l’écriture 😉
      Et ceci n’est que le « bébé » synopsis… on continu, étape par étape, touche par touche, à brosser notre tableau…

  1. Une petite question, quand même. J’écris une trilogie. Ce travail doit-il concerner la trilogie (l’histoire dans son ensemble) ou le premier tome ? Et recommencer pour chaque tome ?

    • Kanata a dit :

      Tout ce travail se concentre sur un opus. Bien sûr, cela n’empêche pas d’y intégrer des éléments préparatoires des suites à venir.
      Il serait possible aussi de faire ce travail trois fois (une fois par opus) avant d’entamer l’écriture… Ce serait vraiment long avant d’écrire la moindre ligne, donc à réserver pour les plus compulsifs d’entre nous. Les autres devraient préparer leur premier document de travail au complet pour le premier volume, l’écrire, et ensuite recommencer pour le second et le dernier. Il faut bien varier les tortures plaisirs 😛

  2. Ok, je vais essayer comme ça. merci !

  3. Luna-Negra a dit :

    Je passe te remercier pour ton travail…
    Alors que le mot « organisation » me filait des boutons, j’ai du me résoudre à adopter une méthode plus carrée pour limiter un peu la casse sur mon projet actuel. Et, c’est étrangement rassurant d’avoir des bases sur lesquelles évoluer… Ça m’a permit de poser les choses et de me rendre compte que je m’étais lancée tête baissée dans une histoire que je ne connaissait même pas ! Avec des personnages « change-peau » et une intrigue inexistante.
    Donc me voila lancée sur l’étape 5 après avoir clarifié tout ça !

    Merci et bonne continuation ! =P

  4. Kanata a dit :

    Merci Luna-Negra,

    Tout le plaisir est pour moi. J’ai lutter avec les mêmes démons en mon temps, autant raccourcir le chemin pour d’autres 😉

  5. Pas facile comme exercice !!!
    Finalement, j’ai du mal à commencer…

    • Kanata a dit :

      Certes, mais c’est important, car cela va déboucher sur le plan… LE fil conducteur que l’on va pouvoir suivre quand le manque de temps nous forcera à segmenter nos séances d’écriture. THE outil accélérateur de temps pour toute la suite. Donc cela vaut le coup de s’y pencher sérieusement.
      ATTENTION, il ne s’agit pas ici de rédiger un beau synopsis bien ficelé pour les soumissions. À cette étape, il s’agit d’un outil de travail pour soi, donc on se fout pas mal du style. On peut y aller des conjonctions à outrance et des phrases bancales, du moment que cela fait du sens pour nous et sert d’étincelle pour ranimer toutes nos idées.

  6. Je me la suis jouée en 2 étapes… Lorsque j’avais un doute concernant mes écueils, je me posais des questions par écrit, du genre : comment X découvre-t-elle son appartenance à cette lignée ? Comment Y réagit-il face à cette situation ? et je me mets à leur place… En essayant que cela soit plausible. car même si j’écris du fantastique, je n’aime pas les romans abracadabrants ! avec des solutions qui semblent incongrues, comme tombées du ciel…
    Bon, avec les enfants, je crois que je vais mettre plus d’une journée à écrire ce synopsis, mais bon… c’est le jeu
    Par contre mes phrases – mes absences de phrases, devrais-je dire… car parfois c’est juste un Prénom et un adjectif, une flèche… une abréviation… Enfin, tant que je me comprends…
    MERCI encore pour cette méthode et ce blog… Je vais le suivre de près.
    😉

  7. Louve a dit :

    J’ai une petite question qui concerne à la fois cette étape et l’étape trois : si une histoire a plus de trois écueils, ça veux bien dire qu’on peut faire un résumé avec plus de cinq phrases et donc plus de paragraphes également ? Vu que mon histoire est un genre de quête initiatique pour le perso principale (qui cherche a retrouver quatre lieux légendaires réputés introuvables) il y aura beaucoup de rencontre, et surement pas mal de conflits culturels puisque cette quête nécessite de voyager.

    • Kanata a dit :

      Bonjour Louve,

      Question très pertinente. En effet, on essaie par cette méthode de mettre en exergue la structure en trois actes. On recherche donc les écueils « pivots » (les principaux), cela n’empêche nullement d’en avoir d’autres (plus il y a de conflit et mieux on se porte 😉 )
      Même en restant dans les trois actes, il existe une structure enrichie, je pense que vu la richesse que je devine dans ton récit, tu devrais y jeter un œil (Série « Scénarisation« , particulièrement le schéma de la structure en trois aces avec ses options, aussi appelée structure en trois actes enrichie).
      Au-delà des retournements de situation et autres histoires parallèles*, concentre-toi sur les moments vraiment pivots du récit.

      *Dans les cas vraiment extrêmes, je répète le travail pour chaque sous-histoire… Je ne le conseille pas à tout le monde, il faut vraiment que ce soit un découpage très particulier et aussi être un peu obsessif-compulsif sur les bords. 😉

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