Méthodes

La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 4

This entry is part 5 of 12 in the series La méthode du flocon

L’étape 4 – Description des personnages et des lieux (1h/personnages et lieux principaux)

Une phrase, un paragraphe et deux heures plus tard, votre cerveau devrait déjà être en feu. Soit parce que vous l’avez forcé dans une ligne directrice inhabituelle – et, croyez-le ou non, agiter de nouveaux neurones, ça fatigue –, soit parce que vous êtes impatient de continuer, soit parce que les idées bouillonnent avec toute cette réflexion. Vous voyez des scènes, devinez des fils conducteurs, entendez des dialogues, un peu comme à l’étape 1 de ruminage, mais cette fois-ci en moins chaotique, vous commencez à sentir OÙ et COMMENT cela va s’imbriquer. Parfait ! Continuons la construction avec les personnages et les lieux.

Comme avant, nous ne sommes pas encore là pour détailler, mais juste répertorier les personnages principaux et, si besoin, les lieux (ce n’est pas obligatoire s’il n’y en a pas qui tienne une place majeure dans votre histoire, c’est plus important si vous partez sur un huis clos dans un sous-marin ou une base lunaire…). Comme en peinture, touche par touche, rassurez-vous : il y aura une étape pour créer des fiches détaillées et vous pouvez revenir à tout moment ajouter un personnage oublié ou qui prend plus d’importance au fur et à mesure que vous concevez ou écrivez.

Après une ligne et un paragraphe, la suite logique est de remplir une page ! Et comme vous allez le voir, nous reprenons les exercices des étapes précédentes pour les aligner cette fois avec nos personnages.

1 page par personnage ou lieu

Il est temps de trouver des noms à vos protagonistes (pas toujours si simple d’ailleurs… pourquoi croyez-vous que je reste toujours jusqu’à la fin des génériques dans les salles de cinéma ?)

Lorsque c’est fait, appliquez la même logique que pour l’étape 2 : résumez en UNE phrase l’histoire de ce personnage (pas sa biographie, on s’entend bien, plutôt le résumé de ce qui lui arrive au cours de l’histoire, mais cette fois avec le personnage comme point focal, et non l’intrigue générale).

Définissez succinctement ses motivations et ses besoins (ce qu’il veut de manière abstraite et ce qu’il lui faut de manière concrète pour y arriver), ainsi que ses conflits (ce qui l’empêche d’atteindre son but) et son épiphanie (ce qu’il apprend, ce qui le fait changer / grandir).

Enfin, appliquez la méthode de l’étape 3 à ce personnage, en développant la simple phrase en un résumé d’un paragraphe de ce qu’il vit au cours de l’histoire.

Avec ces pages, vous avez désormais une vue générale des personnages et des lieux principaux. Ne vous inquiétez pas, les détails arriveront en temps et en heure. Pour le moment, le but est de continuer sur notre élan et non d’analyser à outrance. Rebondissez de personnage en personnage, puis passez à l’étape suivante.

À noter

Les personnages apprennent souvent beaucoup à leur auteur à propos de l’histoire. Il est très fréquent de revisiter l’accroche et la 4e de couverture des étapes précédente à ce stade : n’hésitez pas un instant, allez les ajuster avant de continuer.

Exemple

Voici ce que cela pourrait donner avec notre projet fictif Et si je te sauvais ? :

Fiche du protagoniste :

Nom :

Kevin Craft (Kev).

Accroche :

Dévasté par la mort de sa femme, il cherche par tous les moyens à changer le passé pour empêcher son assassinat.

Motivation (abstrait) :

Sauver sa femme.

Besoin (concret) :

Briser les barrières du temps.

Conflit(s) :

Il est aveuglé par sa tâche, ce qui lui fait prendre des décisions dangereuses (bafouer les protocoles de l’ONU, ignorer les lois sur la vie privée, expérimenter sur lui-même…).

 Il est sociopathe (pas au sens « tueur en série » du terme, plutôt trouble de la personnalité genre Asperger / évitante / obsessionnelle-compulsive), sa femme était celle qui lui permettait  de fonctionner en société. Livré à lui-même, ses repères sont faussés.

Épiphanie :

Il parvient à remonter dans le temps, mais réalise que le destin n’est pas de ces pages que l’on peut réécrire (version sombre et complexe avec paradoxe temporel où les méchants gagnent à la fin – à la Kanata [150 ventes])

                                                       O U ↓

L’amour est plus fort que tout et il parvient à vaincre les barrières du temps pour sauver sa femme et reprendre le cours de leur vie là où il avait été interrompu. Lui seul gardera le souvenir de ces terribles épreuves, un fardeau bien facile à porter lorsqu’il se noie dans les yeux de sa dulcinée… (version bisounours et simple – à la Levy [150 000 ventes])

Résumé :

Génie à l’intellect et au QI hors norme, Kevin Craft ne serait qu’un marginal asocial si ce n’était pour sa femme et assistante grâce à qui il peut vivre en société et déployer ses talents de chercheur. Lorsque cette dernière est assassinée, il prend le blâme et se tourne vers ses recherches pour pouvoir réparer, coûte que coûte, ce qu’il considère être son erreur. Sans guide et sans repères, il s’enfonce dans une spirale qui l’amène à fréquenter un consortium tenu de main de fer par un certain « Black », dont le seul but est d’usurper ses recherches à des fins de domination mondiale. Le savant, peu concerné par les motifs de son employeur, parvient à mettre au point un système pour le ramener sur les lieux du crime quelques minutes avant le drame, mais Black intervient pour l’empêcher de sauver sa femme afin que cette invention puisse voir le jour et devenir sa propriété.

Fiche de l’antagoniste :

Nom :

Eugene Black

Accroche :

Un financier fou mégalomane prêt à tout pour soutenir le projet de voyager dans le temps.

Motivation (abstrait) :

Dominer le monde.

Besoin (concret) :

Plus d’argent, plus de pouvoir, plus d’emprise.

Conflit(s) :

Il est cloué dans un fauteuil roulant et doit s’entourer d’hommes de main pour mener à bien ses actions. Un complexe de supériorité qui lui fait sous-estimer ses adversaires et/ou collaborateurs.

Épiphanie :

Il réalise que son « protégé » doit échouer dans son sauvetage sinon, paradoxalement, le voyage dans le temps ne sera pas inventé. Au-delà d’accroître son emprise sur le monde, cette invention est la seule qui puisse lui permettre à ses yeux de retrouver sa stature d’Homme (qu’il considère perdue depuis la perte de l’usage de ses jambes)  et de se tenir debout à nouveau.

Résumé :

Milliardaire assoiffé de pouvoir, Black est à la tête d’un consortium international qui agit dans l’ombre sur les marchés financiers, joue avec l’agroalimentaire, la politique, les pays émergents et le Tiers-Monde comme autant de pions sur son échiquier personnel. Blasé par les acquisitions trop faciles, il s’est tourné vers la manipulation des foules avec délectation. Lorsqu’il apprend qu’un savant génial est peut-être en train de trouver une solution pour voyager dans le temps, il est aux anges et voit enfin une possibilité d’assouvir ses envies de domination les plus folles. Il s’imagine déjà maître du monde et se lance dans un financement sans limites du projet. Il perçoit bientôt le frein du projet : son créateur ne cherche qu’à changer un évènement et le principe est de faire voyager uniquement la conscience présente d’une personne dans son corps passé afin de pouvoir agir. Bien sûr, entre ses mains, Black pourrait tout de même s’en servir pour considérablement accroître encore sa fortune, mais ce qu’il y voit surtout, c’est la possibilité de retrouver ce qu’aucune fortune ne peut lui apporter : l’usage de ses jambes ! Dès lors, il décide de laisser le savant achever son dessein et de l’éliminer avant qu’il ne puisse sauver sa femme, s’assurant ainsi de la pérennité de l’invention.

Fiche BONUS « juste pour rire » :

Nom :

Marie Dupont

Accroche :

Un personnage pour illustrer le tutoriel

Motivation (abstrait) :

Exister dans le vrai monde.

Besoin (concret) :

Être lue.

Conflit(s) :

N’étant qu’une suite de caractères sur une page blanche, elle peut difficilement agir directement sur le monde réel et doit le faire par l’intermédiaire d’un lecteur.

Épiphanie :

Elle décide de passer au format numérique et peut ainsi se télécharger dans le cerveau du lecteur, le posséder et enfin agir dans le monde réel.

Résumé :

Un geek jouant à l’auteur pète les plombs en essayant de faire partager sa méthode de conception de roman de fiction sur Internet, car il a l’idée saugrenue que cela pourrait servir, si ce n’est à changer le monde, du moins à aider, qui sait, ne serait-ce qu’une âme perdue. Dépassé par l’ampleur de la tâche, il sombre dans des nuits sans sommeil et bourrées de caféine au cours desquelles il monte de toutes pièces une trame bidon pour servir dans les exemples de ses articles. Mais plus il avance, plus il lui paraît évident que les exemples prennent plus de temps à écrire que les articles eux-mêmes. Il décide alors d’avoir recours à un subterfuge : tirer à la ligne ? NON ! ÇA JAMAIS ! Plutôt laisser une page blanche !

Et c’est ainsi, pour étoffer ses exemples afin de ne pas avoir juste UNE malheureuse description de personnage qui traîne, qu’il a créé du contenu de toutes pièces, de l’en lieu, du « faux personnage juste pour remplir l’espace et donner une idée de la tronche du document à ses 4,37 lecteurs (selon les statistiques Google) ». C’est ignoble. Mais c’est ainsi que MARIE DUPONT naquit ! Six mois plus tard, maintes fois reproduite sous forme de virus informatique transportée par ePUB, elle décimait l’Internet, devenait Reine du Cyber World et décrétait la fin du monde réel. Son plan s’acheva le 21 décembre 2012, à 8h03 GMT, instant où seul son créateur demeura conscient, épargné par la déesse magnanime. Mais comprenant que la production de fraises Tagada ne pourrait désormais plus être assurée, l’auteur, ne pouvant faire face à une vie sans ce goût synthétique sur ses papilles et le bout de ses doigts rougis par le colorant, préféra se donner la mort en avalant son clavier (QWERTY, s’il vous plaît).

Dans les derniers spasmes de la mort, son genou heurta le bouton de son ordinateur qui s’éteignit, emportant Marie Dupont – qui durant tout ce temps avait opéré son plan machiavélique depuis cette unique station – dans le néant…

Bon, assez rigolé ! Je vais vous faire saigner de la truffe. La prochaine fois on s’attaquera… au synopsis (le petit d’abord, on y va étape par étape…).

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37 réponses à La méthode dite « du flocon » expliquée et illustrée – Étape 4 incluant les trackbacks et les pings.

  1. Cécile Ama COURTOIS a dit :

    Cette étape 4 représente une sacrée masse de boulot !
    J’ai beaucoup de personnages principaux et beaucoup de secondaires intéressants, et beaucoup de lieux importants ou déterminants… mais je pense que cette étape est essentielle pour vraiment donner de l’épaisseur aux personnages et de la cohérence à l’ensemble.
    Bon, ben… au boulot !

    • Alice a dit :

      Dans un univers aussi riche que le tien, je pense que cette étape est essentielle, surtout pour les personnages. Pour les lieux, tu n’en as pas tant que ça à développer, ton équipe ne fait que passer dans la plupart des endroits. Ils sont intéressants pour le développement de l’univers, mais pas de l’intrigue. Je ne sais pas si je suis claire?…
      En tous cas, ce sera finalement du temps de gagné car cela te permettra, au fur et à mesure de ton avancée dans l’écriture, constituer un dossier-source complet auquel tu pourras te référer. Méthode du flocon + questionnaire world building = des heures de boulot mais combo gagnante pour ton récit!

      • Cécile Ama COURTOIS a dit :

        Exact. Au début, j’écrivais à l’arrache, comme ça venait, mais j’ai dû très vite noter à part certains détails pour éviter d’avoir à constamment les rechercher dans ce que j’avais écrit plus tôt (ne serait-ce que l’orthographe d’un nom ou la couleur d’un vêtement… important pour la cohérence).
        Maintenant, si j’avais réellement fait une fiche complète par personnage, ça m’aurait grandement facilité la vie… mais il n’est jamais trop tard, je vais m’y mettre de suite !

      • Alice a dit :

        Un jour je prendrai une photo de mon lutin dédié à Demi-fée, histoire que tu vois la masse d’infos que j’ai accumulées… Et sans méthode du flocon ni world building, juste le world quizz qu’il y a sur mon blog et qui est beaucoup plus court!

    • Cécile Ama COURTOIS a dit :

      Kanata, une petite question linguistique… qu’entends-tu précisément par « épiphanie » ?
      Je connais la fête chrétienne de l’épiphanie, mais je soupçonne que ça n’a rien à voir.
      l’autre définition (que j’ai cherchée) parle d’expérience ou de détail dont découle subitement la résolution d’un problème. Mais ça ne me semble pas non plus coller.
      Donc je préfère m’en référer à la voix du maître…

      • Kanata a dit :

        Bienvenue dans mon monde… c’est un méchant anglicisme « To have an epiphany »)… en fait en français on dirait : « avoir une révélation ». Je corrige pour les prochains, merci de l’avoir noté.

      • Jo Ann a dit :

        J’ai remarqué qu’on utilise de plus en plus d’« épiphanie » dans le milieu de l’écriture, et même pas uniquement de ceux qui font des barbarismes comme toi et moi. Un peu comme procrastination, je suppose, ça commence à passer dans le langage courant. 🙂 C’est pour ça, d’ailleurs, que je n’ai pas tiqué à la correction (et Ness non plus, a priori ;-)).

    • Kanata a dit :

      Il y a du boulot, certes, mais ce n’est rien en comparaison de la fiche de personnage détaillée qui s’en vient 😉
      Pour le moment, on se concentre sur l’intrigue et les points conflictuels de chaque personnage, ensuite on entrera dans leur psychologie, pour apprendre à les connaître et pouvoir leur laisser la parole lorsque nous les mettrons en scène.Pour le moment : 1 heure max par perso 😉
      Allez ! Chop ! Chop !

    • Cécile Ama Courtois a dit :

      Encore une question, Maître Kanata : dans tes exemples, le « conflit » est un problème personnel du personnage, c’est interne, inhérent à sa personne. Mais le conflit peut-il être externe ? C’est à dire que le problème vienne d’éléments, évènements ou personnes extérieures au personnage ? Ou faut-il trouver ce qui l’empêche d’avancer, en lui ?

      • Kanata a dit :

        Tu fais bien de le noter Cécile. Il y a effectivement deux types de conflits (interne et externe). On commence à toucher du doigt des principes de dramaturgie qui seront abordés plus en détail dans une autre série d’articles 😉
        Les conflits internes sont les plus porteurs (car il y a plus facilement identification). Cependant, les conflits externes ne sont pas à bannir. Ils sont souvent à l’origine de « l’incident déclencheur » qui va forcer le protagoniste à sortir de sa routine (et entrer dans l’acte II 😉 ). Celui-ci est important à identifier.
        Pour les autres, dans le cadre de la description des personnages, ce sont plutôt les conflits internes qui seront remontés en priorité, car nous cherchons à cerner leur psychologie et apprendre à les connaître. Il y aura plus tard une fiche détaillée par personnage (avec une bio où tout un tas de conflits externes pourront être indiqués).
        Donc, oui, tu peux jouer des deux. Garde juste à l’esprit que les conflits internes sont plus important quand on parle des personnages, et les externes plus importants quand on parle de l’intrigue. Dans le contexte de l’étape 4, nous sommes plutôt penchés sur les personnages.

        • Cécile Ama Courtois a dit :

          Merci, super !
          J’ai plus de mal avec ces conflits internes, et je me suis rendu compte que c’était la raison pour laquelle je ne parvenais pas à donner « l’épaisseur », la « profondeur » que je voulais à mes personnages. Je me suis trop contentée de l’enveloppe, de l’extérieur. Ma caméra est trop restée focalisée sur ce que voit le narrateur et pas assez sur ce que ressentent les personnages. ça change tout de réfléchir à leurs conflits internes, de trouver pour quelles raisons profondes ils agissent comme ils le font.
          Dieu, cette méthode est vraiment chambouleversante !!!

          • Kanata a dit :

            Hé oui… Elle nous pousse dans nos retranchements. Et tu verras que tes personnages vont t’appendre des choses, voir te forcer la main sur certaines actions/scènes. Ce ne sont pas juste des marionnettes, c’est bien plus subtil que ça 😉

  2. … merci d’avoir éliminé Marie Dupont. ;D

  3. Que ferait le monde sans Kanata?

  4. Il mourrait… À non, attend, il fait très bien ça même avec moi…

  5. En attendant, je galère comme jamais avec cette étape. Mais, qu’est ce que c’est bon de se triturer le cerveau !!

  6. C’est la beauté de cette machinerie de pointe : plus on l’utilise, mieux elle se porte !

  7. Doris a dit :

    Haha ! Mon plus gros problème, c’est de trouver des noms de persos et de lieux. Je manque cruellement d’idée à ce niveau.
    Merci beaucoup du tuyaux ! Je regarderai les génériques d’un autre œil désormais ^^
    Je me rends compte aussi que j’ai rédigé plus de 100 pages word pour mon roman sans avoir créé la moindre fiche de lieu/personnage (hormis quelques lignes sur les persos secondaires, pour pas oublier qui est qui). J’ai tellement passé de temps sur la première étape (quoi… 2 ans ?) que je connais les principaux par cœur. Cependant, nos persos nous surprennent toujours. Cet exercice va peut-être m’en apprendre davantage sur eux 😉 (mais faut pas que je fasse ça en mode zombie, 22h, c’est pas une heure pour se concentrer…).
    En tous cas merci beaucoup pour cette méthode. Je vais la suivre pas à pas et publier les résultats sur mon blog. Il n’est pas certain que tout me servira (d’autant qu’une bonne partie est déjà rédigée), mais c’est une bonne expérience.

  8. Keidara a dit :

    Bonjour,

    je m’essaie à la méthode des flocons pour avancer mon projet qui stagne depuis des années. J’avais une question relative à cette partie sur les personnages :
    Dans les exemples donnés, les objectifs des personnages sont clairement établis dès le début. À votre avis, dans le cas où le personnage principal voit son objectif évoluer au cours de l’histoire, vaut-il mieux mettre l’objectif initial ou le final ? Cela influe sur l’accroche, la motivation, le besoin, etc…

    • Kanata a dit :

      Bonjour Keidara,

      En fait, ton protagoniste ne devrait avoir qu’un seul objectif GLOBAL. C’est celui qui change tout (qui lui donnera le plus de conflit, le plus de changement…). Il peut y avoir pléthores d’objectifs LOCAUX intermédiaires, je dirais même, plus il y en a et plus le narratif sera palpitant pour le lecteur.

      Par exemple, dans « de la Terre à la Lune » l’objectif est de propulser un projectile jusque sur la Lune. Pour y arriver, Impey Barbicane (le président de la « Gun CLub » et protagoniste) doit d’abord:
      – Trouver les fonds
      – Dépasser les contraintes techniques de fabrication
      Puis un Français s’en mêle, et émet l’idée d’utiliser un projectile creux afin de pouvoir embarquer un passager. Nouveaux objectifs (locaux):
      – Concevoir un projectile habitable
      – Faire accepter l’idée folle d’envoyer quelqu’un vers la Lune
      – Sélectionner qui envoyer

      Au final, le projectile est lancé et détecté en orbite autour de Lune quelques jours plus tard => L’objectif principal (global) est donc atteint dans cette histoire.
      À aucun moment l’objectif global n’a changé (la « Gun Club » veut envoyer un projectile sur La Lune).
      À noter que si l’objectif global avait été « Dans les années 1860, un Français décide d’être le premier astronaute », l’histoire aurait été complètement différente, le focus mis sur le français, et la « Gun Club » utilisée comme un moyen d’atteindre l’objectif. Alors que là… franchement, ce con de Français est plus un obstacle qu’autre chose 😉 (mais c’est bien le conflit qu’il ajoute qui rend l’histoire encore plus intéressante).

      Voilà, j’espère que cela t’aide un peu.

  9. Doris a dit :

    Après des mois, je me suis enfin lancée concrètement dans cette méthode.
    Il faut dire que le déménagement de la maison comme du site web n’ont pas aidé à la productivité…
    Mais comme je l’avais dis, j’ai publié mes résultats sur mon blog (http://lamagiedesmots.be/), pour les 3 premières étapes dans un premier temps.
    J’ai commencé l’étape 4, qui prend énormément de temps, mais qui m’aide beaucoup ! Tout en rédigeant ce que je connaissais déjà de mes personnages, j’ai pu placer de nouveaux éléments d’intrigue et de caractéristiques pour chacun. Ce qui va nettement renforcer leur crédibilité.
    Encore merci pour cette méthode, même si tout ne me sera pas forcément utile, jusque là, c’est très positif pour moi ! 🙂
    (j’espère que mon article ne pose pas de problème, si c’était le cas, n’hésitez pas à me le faire savoir et je le retirerai)

  10. Kanata a dit :

    Ha non, au contraire, ravi que ça te soit utile 😉
    Bon courage pour ton projet.

  11. Estelle V. a dit :

    Bien le bonsoir 🙂
    Pour les lieux, quelle est la marche à suivre ? Parce que j’imagine bien que les motivations/conflits/besoins/… ne sont pas pareils pour une ville (par exemple).

    • Kanata a dit :

      😉 Les lieux ne sont pas assujettis aux mêmes règles que les personnages. En général il faut savoir laisser le lecteur s’approprier les lieux (lui donner juste assez d’information pour qu’il puisse reconstruire les espaces lui-même, basé sur sa propre expérience/vie/culture).
      Par contre : il est CAPITAL de parfaitement connaître les lieux particuliers qui ont une incidence importante sur le narratif. Par exemple, les distances si les personnages se déplacent. Les ombres et recoins s’ils doivent se cacher. Et bien sûr, en cas de huis clos vous devez connaître la place comme le fond de votre poche pour être crédible.
      Bien connaître les lieux, c’est plus pour éviter les erreurs de cohérence que pour la construction du récit (histoire sur un lieu particulier mise à part, bien sûr en cas de récit sur une maison hantée, il faut alors personnifier celle-ci et bien la détailler).

  12. Effectivement, comme vous le dites, Kanata, les personnages nous dictent leur histoire… Enfin, MES personnages… c’est l’impression que j’ai toujours eu !
    Certaines actions, certaines réactions me sont dictées.
    Avec leur psychologie, ils font avancer leur intrigue. Je ne suis que la plume…
    C’est un peu étrange, voire excentrique, de dire ça. Non !

    • Kanata a dit :

      Cela n’a rien d’excentrique, effectivement. Les personnages que l’on a écoutés et laissés s’exprimer sont toujours les plus réalistes et les plus forts pour porter le récit.
      Sinon ils deviennent des clichés, des potiches juste là pour servir l’histoire, et ça… c’est très difficile à faire passer auprès du lecteur, qui ne peut pas s’identifier ni ressentir la moindre empathie avec les protagonistes.

  13. Tamara Bitsch a dit :

    J’aimerais te remercier d’avoir rédigé cet article sur la technique du flocon de neige. Étant une jeune auteure, j’ai besoin d’apprendre comment planifier au mieux mon récit. J’écris un premier roman dans lequel j’ai du inventer un autre monde. En plus, j’ai pas mal de personnages et d’intrigues et sous-intrigues à traiter. Je voulais te demander : pour l’étape 1, j’ai fais la phrase à partir de mon premier personnage principal, mais j’en ai deux et ils ont tous les deux des buts différents. En gros, ils ont tous les deux quelque chose à perdre, une chose à gagner et dans ce but, ils doivent s’allier. Dois-je faire la phrase de l’étape 1 pour chacun des personnages ( comme ils sont très différents ) ou choisir un protagoniste principal entre les deux ? Parce que le problème, c’est que je ne peux pas articuler la phrase en tant que protagoniste principal en faisant un groupe ( duo ) à cause de leurs différences d’intérêts respectives. Voilà j’espère que t’as compris ahah.

    Encore merci pour ce blog topitop 🙂

    Bonne journée !!

  14. Tamara Bitsch a dit :

    J’aimerais te remercier d’avoir rédigé cet article sur la technique du flocon de neige. Étant une jeune auteure, j’ai besoin d’apprendre comment planifier au mieux mon récit. J’écris un premier roman dans lequel j’ai du inventer un autre monde. En plus, j’ai pas mal de personnages et d’intrigues et sous-intrigues à traiter. Je voulais te demander : pour l’étape 1, j’ai fais la phrase à partir de mon premier personnage principal, mais j’en ai deux et ils ont tous les deux des buts différents. En gros, ils ont tous les deux quelque chose à perdre, une chose à gagner et dans ce but, ils doivent s’allier. Dois-je faire la phrase de l’étape 1 pour chacun des personnages ( comme ils sont très différents ) ou choisir un protagoniste principal entre les deux ? Parce que le problème, c’est que je ne peux pas articuler la phrase en tant que protagoniste principal en faisant un groupe ( duo ) à cause de leurs différences d’intérêts respectives. Voilà j’espère que t’as compris ahah.

    Encore merci pour ce blog topitop 🙂

    Bonne journée !!

    • Kanata a dit :

      Il faut savoir être flexible 😉
      Selon la direction que tu vas donner à ton récit, tu peux par exemple élever complètement le propos de manière à englober tes protagonistes dans un « méta intérêt ». Par exemple :  » Un comédien raté et d’un écoterroriste repenti aux destins complètement aux antipodes déjouent les turpitudes de la fatalité chacun de leur côté pour sauver l’humanité dont l’extinction est programmée dans 72h. »
      Tu peux aussi, comme tu le suggères, garder une double approche (avec doubles enjeux, doubles obstacles et doubles actions), dans ce cas, tu décides quasi certainement d’avoir un style de récit découpé en deux lignes narratives distinctes. Ça se fait, ce n’est pas un problème. Lelouche peut même le faire avec 5 ou 6 personnages. 😉

  15. Fabiolo a dit :

    Bonjour Kanata et merci beaucoup pour cet article ultra complet sur la méthode flocon ! Je suis un tout jeune auteur, ou du moins j’aimerai le devenir :p, et j’ai dans l’idée de partir sur une série de roman fantasy. Cela fait plusieurs années que je traîne mes idées, des débuts de chapitres… mais rien de jamais vraiment fini. J’ai donc le sentiment que ton article va énormément m’aider à avancer, mais j’aurais quelques questions pour toi !

    J’en suis à l’étape 4, et à la partie sur l’épiphanie que va vivre mon perso principal. Dans mon esprit, mon héroïne va grandir lors du 2e roman, la fin du 1er marquant le moment où elle est au plus bas. Appliquant la méthode pour le 1er roman, faut-il nécessairement qu’elle est une épiphanie pendant le 1er roman, ou est-ce acceptable que cela n’arrive que plus tard ?

    J’ai également plusieurs personnages, qui ont chacun un but différent, avec souvent des sous-quêtes pour y parvenir. Elles ne font pas partie de l’intrigue principale du 1er roman, mais elles auront une finalité dans le 2e ou 3e. Aurais-tu un conseil sur comment traiter ces sous-quêtes ?

    Enfin penses-tu qu’il soit possible d’appliquer la méthode flocon à une série de roman et pas seulement à un seul (dont le but serait d’avoir un méta plan qui serait ensuite décliné en autant de plan que de roman)? J’ai finalement le sentiment que cela me permettrait de répondre à mes 2 premières questions ^^.

    Merci par avance pour ton aide qui sera précieuse !

  16. Fabiolo R. a dit :

    Bonjour Kanata et merci beaucoup pour cet article ultra complet sur la méthode flocon ! Je suis un tout jeune auteur, ou du moins j’aimerai le devenir :p, et j’ai dans l’idée de partir sur une série de roman fantasy. Cela fait plusieurs années que je traîne mes idées, des débuts de chapitres… mais rien de jamais vraiment fini. J’ai donc le sentiment que ton article va énormément m’aider à avancer, mais j’aurais quelques questions pour toi !

    J’en suis à l’étape 4, et à la partie sur l’épiphanie que va vivre mon perso principal. Dans mon esprit, mon héroïne va grandir lors du 2e roman, la fin du 1er marquant le moment où elle est au plus bas. Appliquant la méthode pour le 1er roman, faut-il nécessairement qu’elle est une épiphanie pendant le 1er roman, ou est-ce acceptable que cela n’arrive que plus tard ?

    J’ai également plusieurs personnages, qui ont chacun un but différent, avec souvent des sous-quêtes pour y parvenir. Elles ne font pas partie de l’intrigue principale du 1er roman, mais elles auront une finalité dans le 2e ou 3e. Aurais-tu un conseil sur comment traiter ces sous-quêtes ?

    Enfin penses-tu qu’il soit possible d’appliquer la méthode flocon à une série de roman et pas seulement à un seul (dont le but serait d’avoir un méta plan qui serait ensuite décliné en autant de plan que de roman)? J’ai finalement le sentiment que cela me permettrait de répondre à mes 2 premières questions ^^.

    Merci par avance pour ton aide qui sera précieuse !

    • Kanata a dit :

      Fabiolo,

      Bienvenue et bon courage, tu entres dans un univers de dépravés, de nuits blanches, de dépendance (à la caféine, au chocolat, ou même… aux fraises Tagada…)

      Alors pour « L’épiphanie » du protagoniste, ben… une épiphanie, ce n’est pas forcément « positif », une histoire a le droit de mal se finir. Par exemple, réaliser qu’on vient de toucher le fond, ça peut tout à fait être la révélation de ta protagoniste.

      Pour les sous-quêtes qui s’étalent sur plusieurs volumes, il faut juste veiller à ne pas être trop déceptif pour le lecteur. Tu peux être « conventionnel » et tacher d’avoir au moins un jalon pour les lignes secondaires qui corresponde à la fin de chaque volume. Tu peux aussi « piquer au vif », style cliffhanger, avec un bref clin d’œil sur une action décisive d’un personnage secondaire, alors que tout semble terminé côté story line principale. Ce qu’il faut éviter, c’est de simplement ignorer ces histoires secondaires, si tu n’en parles pas, si tu ne les « pitch » pas en fin de volume, le risque c’est que le lecteur les oublie et se demande en début de second volume, mais qui c’est ce perso déjà ? En fait, si tu ne dis rien, le lecteur va naturellement assumer que le sujet est clos…

      Tu peux tout à fait gérer la saga comme une entité à part entière, comme chaque volume. Ne perds pas de vue : ce n’est qu’une méthode, un outil pour t’aider à créer et en aucun cas un carcan qui dicte ton écriture. Tu peux utiliser un couteau pour couper ton pain, ton fromage, ou graver tes initiales dans un arbre, ou encore crocheter une porte d’hôtel (si, si, c’est mieux qu’une carte de crédit 😉 ). Ça reste un couteau…
      Le but de la méthode, c’est de te fournir un plan sur lequel t’appuyer (pour maintenir la cohérence et la dynamique). Si tu penses que segmenter en plusieurs plans (un master pour la saga, et un par volume) sera plus digeste pour toi… vas-y, fais-le. Veille simplement à la cohérence et la continuité entre les plans. Traditionnellement je suis plutôt auteur de one-shots, mais quand je fricote avec des idées de séries, j’aime me concentrer sur chaque volume en détail (j’utilise alors la méthode à fond), tout en ayant jeté le fil conducteur global (avec notamment les points d’adhérences qu’il peut y avoir à chaque volume).
      Pour cela, je traite « La saga » en version light. En gros je vais jusqu’à l’étape 5 avec juste les points principaux que seront chaque volume, leurs liens et dépendances. En quelque sorte je prends « L’histoire globale » ou l’univers de la saga comme « protagoniste » et je déroule une version simplifiée. Après… écris déjà le premier volume 😉

      En espérant que ça aide.

  17. Alexandre a dit :

    Bonjour Kanata,

    je découvre ton blog à la faveur de recherche sur les méthodes d’écriture. Je suis également un « tout jeune » écrivain et j’y trouve une mine d’or.

    J’ai une question concernant les fiches personnages. Je me rends compte à mesure de me raconter l’histoire dans ma tête que je vais être obligé d’introduire un narrateur qui sera également un personnage (en gros, il s’agira d’un journaliste qui va devoir mener quelques recherches sur un crime …). Est-ce que je dois faire une fiche pour ce narrateur sachant que ce n’est pas lui le personnage principal (le meurtrier étant mon héro) ?
    De même est-ce que ce narrateur doit se transformer au cours de l’histoire ? Ou n’est-il qu’un personnage extérieur qui raconte l’histoire ?

    • Kanata a dit :

      Hello Alexandre,

      Ravis que tu puisses trouver ici quelques idées et outils pour t’aider à avancer dans ton aventure.
      En ce qui concerne les « narrateurs » (voix-off, facilitateur…) ça dépend en fait complètement de l’usage que tu en fais.
      Si j’en crois tes propos, ton opinion est déjà faîte : « je vais être obligé d’introduire un narrateur qui sera également un personnage« .
      Si c’est un personnage, tu peux le traiter comme tel, avec sa fiche, sa progression, ses difficultés, son climax…
      L’autre manière d’utiliser se genre « d’entité » c’est effectivement de complètement la déhumaniser. Ça peut paraître froid, mais cela a son petit effet dans certains types de textes. On est alors sur un appui extérieur, immuable qui peut jeter une lumière différente sur une scène ou un personnage (jouer l’ironie dramatique à fond en annonçant que tout ce qui suit est un mensonge par exemple). ça peut être une divinité, un sage, un référentiel dnas l’univers exploité, ou pourquoi pas… l’auteur lui même ! (Yeah, attention, briser cette sacro sainte règle du roman n’est pas pour tout le monde. Passez d’abord quelques années à vous effacer de vos écrits avant de sortir cette carte 😉 )

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